Ravensbrück polonais 1952
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EN AUTOMME, C’EST SÛREMENT LE RETOUR A LA MAISONIm Herbst geht es bestimmt nach HauseZaklete kolo – der Zauberkeis – Le cercle magique |
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1. En automne, c’est sûrement le retour à la maison 1. Im Herbst geht es gewiss nach Hause
L’automne rebat certainement les cartes, L’automne arrive, colore le feuillage Couleur de rouille, dorée, rouge écarlate. Le brouillard flotte - tendre, bleu pigeon Toile d’araignée gris-argent - Sur les champs, les prés les ombrages. Du lac monte un orage Roule de lourds nuages vers le ciel… Des sanglots traversent la forêt, Les lamentations des sans-patrie Auxquelles le ciel lui-même s’associe.
Ne pas pleurer, à Noël, nous serons Sûrement sur le sol de la patrie.
Au dessus de la neige, l’étoile de Noël, Le vaste monde enveloppé de blanc, Balayés par la neige le chemin et la pente, Et la pensée court vers la patrie, A la nuit de Noël, dans le cercle de famille: Le sapin, le rire clair des enfants, Les chants de Noël familiers, Sous la nappe une poignée de foin - Et une émotion sans nom nous étreint - O Dieu, nous sommes perdues ! Fais-nous oublier, Jésus, Que tu es né le soir de Noël ! A travers les minces murs des baraques Le vent de l’orage sanglote sans fin.
Ne pas pleurer, bientôt l’hiver est passé, Au printemps nous serons certainement chez nous. Le printemps approche, la belle ête de Pâques, La longue ronde des souvenirs - Le lapin de Pâques,les oeufs peints de couleurs, Les chatons argentés, la première alouette chante, La cloche sonne la Résurrection Et partout fleurit une nouvelle vie. Le mal du pays rend fort en ce lieu triste.
Ne pleure pas - le tournant s’approche Aux moissons, la guerre sera finie.
Dehors, à la chaude lumière du soleil, Bruissent les vagues dorées du seigle Les bleuets, les pieds d’alouette, Le pavot rouge et le chardon des chemins. Les épis de seigle se penchent, lourds, Le beau chant des moissonneuses - Ô riche moisson, bénie soit ma Pologne ! Devant la baraque une longue plate-bande, Dessus, de la sauge, et une trace de sang Et toujours pareil le même train - Le méchant cercle magique du tourment.
Ne pas pleurer, le tournant s’approche - En automne notre torture prendra fin. .. L’automne s’approche…
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Der Herbst mischt sicher neu die Karten Da kommt der Herbst, verfärbt das Laub Rostfarben, golden, scharlachrot Hängt Nebel auf – zartes Taubenblau Und Spinngewebe silbergrau - Über die Felder, Wiesen, Auen. Vom See her zieht ein Sturm herauf Wälzt schwere Wolken überm Himmel... Schlurzen, Gewimmer durchdringt den Wald Der Heimatlosen triste Klagelieder, in der der Himmel weinend einstimmt.
Nicht weinen! Weihnachten sind wir Gewiss auf heimatlicher Erde!
Über dem Schnee der Weihnachtsstern, im Weiss gehüllt die weite Welt uns schneeverweht sind Weg und Steg, und heimwärts der Gedanke eilt, zum Weihnachtsabend im Familienkreis: der Tannenbaum, helles Kinderlachen das wohlvertraute Weihnachtslied, unter dem Tischtuch eine Handvoll Heu - und es ergreift namenlose Rührung - O Gott, wir sind verloren! Vergessen lass uns, Jesu, dass du Am Weihnachtsabend bist geboren! Durch der Baracken dünne Wände Der Sturmwind schluchzt ohne Ende.
Nicht weinen, bald ist der Winter um, Im Frühjahr sind wir ganz bestimmt daheim. Der Frühling naht, das schöne Osterfest Der lange Reigen von Erinnerungen - Des Osterhase, die Ostereier buntgemalt, Silbrige Weidenkätzchen, dieerste Lerche singt, die Glocke läutet Auferstehung und allerorts erblüht ein neues Leben. Heimweh erstarkt im trostlosen Gelände.
Weine nicht – es naht die Wende, zur Erntezeit geht der Krieg zu Ende!
Draussen im warmen Sonnenlicht Rauschen des Roggens goldne Wogen Kornblumen blau und Rittersporn Der rote Mohn und Wegedorn. Schwer neigen sich die Roggenähren, der Schnitterinnen schöner Klang - o reiche Flut, gesegnet sei meon Polenland !
Hier bleibt der Alltag immer gleich - Steinig, zerschundnes Schmerzenreich. Vor der Baracke ein langes Beet, Darauf Salbei und blutige Spur Uns stets der immer gleiche Trott - Der böse Zauberkreis der Qual.
Nicht weinen, es naht die Wende - Il Herbst hat unsre Qual ein Ende...
Es naht der Herbst....
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Texte Zakete lolo – - Der Zauberkreis - le cercle magique Anonyme, polonais, 1942 traduction allemande Henryk Bereska dans Europa im Kampf 1939-1944 Internationale Poesie aus dem Frauen-Konzentrationslager Ravensbruck (Poésie internationale du camp de concentration pour femmes de Ravensbruck) édités par Constanze Jaiser et Jacob David Pampuch Metropol Verlag Berlin, 2005, 2e édition revue 2009 page 63 fr. : Yves Kéler 24.11.2014 Bischwiller
Mélodie ne semble pas avoir été chanté
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Le texte(Commentaire du poème dans le livre) Les poèmes provenant de la résistance politique polonaise, ou ceux comme le chant allemand « Kopf hoch –Tête haute » (voir texte page 52 du livre : « Welch Fäden auch das Schiksal spielt », traduction « Quels que soient les fils que tisse le destin. »), insistent sur la croissance de la force de ceux qui parlent par procuration ou bien la demande exhortation à une puissance extérieure au moi d’intervenir pour libérer. Dans des poèmes comme celui-ci l’aspect protecteur est mis en avant. Celui-ci peut être compris comme une sorte de magie de défense, dans laquelle pour les concernés il en va de vaincre le cercle magique du camp qui vous bannit, camp dans lequel les femmes sont tombées, au moyen d’une magie contraire. Comme cercle de bannissement est comprise la violente pression de se subordonner à un déroulement du temps imposé de l’extérieur, qui dépossède du passé et de l’avenir. Ceci est ressenti comme un arrêt du temps ou une retour en forme cercle d’évènements ou de souffrances. Pour dire cela, dans les poèmes apparaît fréquemment le concept de « cercle magique ou infernal. Ici l’éternel retour des saisons est mis en rapport avec les jours de fête et avec l’espérance d’une libération prochaine, qui ne se remplit pourtant jamais. Le ban de la captivité tire plus loin son cercle – rien ne change. (op. cit. page 66)
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