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- 06. Poèmes de la Guerre 1870
LITT E TÔT LE MATIN, A QUATRE HEURES, S’EST LEVE
LITT E POEMES DE LA GUERRE DE 1870
TÔT LE MATIN, A QUATRE HEURES, S’EST LEVE
Frühmorgens um vier, eh’ die Hähne noch krähn
Der Ulan
Emmanuel Geibel (octobre 1870)
1. Tôt le matin, à quatre heures, s’est levé
Avec son cheval le uhlan.
Il s’en va vers l’ennemi, pour le repérer
Guidant son armée, tout devant.
2. Il court par la plaine, il jaillit hors du bois,
Fait flotter son fanion au vent.
Il observe d’en haut, tel l’oiseau sur le toit,
Choisit la route, en avant !
3. Il saute gaiement dans le bourg endormi,
Met pied à terre à la mairie.
« Monsieur le maire, versez-moi ce vin gris,
Et un petit dejeûner aussi ! »
4. « Et amenez-moi de ces beaux et grands boeufs
Qu’à l’entrée j’ai vu sur les prés
De l’avoine pour vingt escadrons, Monsieur,
Car les Prussiens sont arrivés ! »
5. Joyeuse équipée, moment amusant,
Quand le maire en courbettes se fend !
Mais tout heureux se sent le cœur d’un uhlan,
Lorsque la bataille reprend,
6. Quand, les rènes lachées, la lance en avant,
Les vagues fondent au galop
Sur les fantassins et déciment leurs rangs,
Marquant de « Hurrah ! » leurs assauts,
7. Que crachent les mortiers leurs charges de feu,
La route se couvre de morts,
L’air devient plomb, la terre est rouge au ciel bleu :
Les uhlans sont un et font corps !
8. Et coule le sang sur sa tempe et sa joue,
Méprisant la balle et l’obus,
Il traverse les rangs, la mitraille et la boue
Et ramène une aigle de plus.
9. Le cri de « Victoire » surgit du combat,
Déjà plient les rangs ennemis,
Leur reflux devient course, fuite à grands pas :
Le uhlan y pousse à l’envi !
10. Il passe les fleuves, les ponts et les lits,
Passe les fermes vides, les champs,
Avec Dieu, pour le roi, la patrie.
Uhlan, à Paris, en avant !
11. Là-bas une danse de fer vous attend,
Avant que tombe le français.
Là-bas Guillaume, triomphant,
Dictera au Louvre la paix.
12 Et quand, la sanglante tâche achevée,
Eut sonné l’heure du retour,
Marche fier, le Uhlan, dans le défilé
Par la porte de Brandeboug.
13. Là, aux Tilleuls, l’attend une fille debout,
Rose de désir, de fierté :
« Je t’aime, mon gars, avec les marques des coups
Et la croix de fer en collier ! »
Texte Frühmorgens um vier, eh’ die Hähne noch grähn
Emanuel Geibel (octobre 1870) 1815-1884
dans Auswahl Deutscher Gedichte für höhere
Schulen, Theodor Echtermeyer, 34. Auflage
1903 (1. 1836), 978 Seiten
Halle, Verlag des Waisenhauses, page 412
fr. : Yves Kéler, 9.11.2011
GEIBEL Emmanuel, né le 14octobre 1815 à Lubeck, étudia (1835-1838) à Bonn et Berlin, vécut de 1838, à 1840 à Athènes et à son retour en différents lieux : Lubeck, Eschenburg, St Goar. En 1852 appelé comme professeur de littérature allemande à Munich. En 1868 il prit sa retraite, revint habiter dans sa ville paternelle, en fut nommé citoyen d’honneur, et mourut là le 6 avril 1884. (Echtenmeyer, p.964)