GUERRES DE LIBERATION (1813)
DE BERLIN EST SORTI UN GRAND HEROS
Es zog aus Berlin ein tapferer Held
Das Lied vom Schill (1812)
La chanson de Schill
Ernst Moritz Arndt
1. De Berlin est sorti un grand héros 10
Qui conduisait plus de six cents chevaux 10
Et six cents cavaliers qui les montaient, 10
Assoiffés de sang, de sang des Français. 10
2. Avec tous ces cavaliers et tous ces chevaux
Marchaient mille fusiliers, jeunes, beaux.
Fusiliers, que Dieu bénisse le coup
Qui allonge un Français comme un loup !
3. Ainsi sort Schill, en brave et courageux,
Se battre avec les Français : il le veut !
Aucun empereur ni roi ne l’envoie :
La patrie, la liberté, sont sa foi.
4. A Dodendorf, ses hommes, dans les champs
de Magdeburg, tachent le sol du sang
De deux mille Français sabrés, percés,
D’autres fuyant à grandes enjambées.
5. Ils prirent Dönitz, place fortifiée,
Chassèrent les Français, là retranchés,
Entrèrent tout joyeux en Poméranie :
Plus aucun « qui vive ! » n’y retentit.
6. Vers Stralsund ils sont allés d’un seul trait.
Si vous aviez eu des ailes, Français,
Et si des plumes vous avaient poussé !
Schill s’approche à cheval : Français, tremblez !
7. Il entre dans la ville, un vrai ouragan,,
- Là Wallenstein avait planté son camp
Et Charles XII passé la nuit -
Le rempart de la ville au soleil luit.
8. Malheur à vous, Français, vous êtes morts :
Teinter leurs lances, tel est votre sort !
Les cavaliers de leur sabre allemand
Frappent les Français, tombant dans le champ.
*
9. O Schill, ô Schill, le courageux héros,
Que se trame-t-il là-bas dans ton dos ?
Des gens débarquent au bord de la mer :
Les Danois, ces serpents armés de fer !
10. O Schill, ô Schill, le courageux héros,
N’attaques-tu pas avec tes chevaux ?
Pourquoi enfermer dans ces murs les tiens ?
A Stralsund, tu enterres ton destin !
11. O Stralsund, Stralsund, sinistre cité,
En toi le héros nous a quittés.
La balle troue sa poitrine et son cœur.
Mais ces sbires lui refusent l’honneur !
12. Déjà on entend la voix d’un Français :
« Qu’on l’enterre tel un chien et sans frais,
Comme un fruit de gibet mort sur la roue,
Que les corbeaux ont piqué de partout ! »
13. Ils portèrent, sans musique et sans chant,
Son corps, sans fifre et sans tambour battant,
Sans son de canon ni tir de fusil,
Sans les honneurs pour les braves prescrits.
14. Ils tranchèrent sa tête de son corps,
Et jetèrent celui-ci dans le trou des morts.
Il y dort jusqu’au jugement dernier,
Quand Dieu pour la joie le fera se lever.
15. Il repose là, le puissant héros,
Sans pierre ni stèle sur son tombeau.
Il n’a pas de sépulcre où l’honorer,
Mais son nom ne sera jamais oublié.
16. Car tout cavalier qui monte à cheval
Et brandit haut son sabre au coup fatal,
Toujours à nouveau crie : « Schill, mon héros,
Sur les Français je te vengerai bientôt ! »
Texte Es zog aus Berlin ein tapferer Held
Ernst Moritz Arndt 1812 (1769-1860)
fr. : Yves Kéler, 22.6.2011, Allevard
dans Auswahl Deutscher Gedichte im Anschluss an
die Geschichte der deutschen National Literatur
von Professor Dr. Hermann Kluge,
12. , verbesserte und vermehrte Auflage
mit zahlreichen Porträts in Holzschnitt
Altenburg, Verlag Oskar Bonde, 1908, page 1
ARNDT Ernst Moritz, né le 26 décembre 1769 à Schoritz sur l’île de Rügen, depuis l’érection de l’Université rhénane professeur d’histoire moderne à Bonn, de 1820 à 1840 contre sa volonté mis à la retraite, décédé le 29 janvier 1860