2007. 22 : 22e Dim après la TRINITE (4e St Michel)

Dimanche4 novembre 2007

Notre dette envers Dieu

Michée 6,6-8

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Frères et soeurs en Jésus-Christ,

Ne l’avons-nous pas appris par coeur, jadis au catéchisme, ce dernier verset de notre texte de prédication qui résume succinctement la volonté de Dieu consignée dans les Dix commandements ? Peut-être même l’un ou l’autre l’a-t-il récité, dans le cadre de l’examen des confirmands », dans la version de Luther ou dans celle de la Bible Segond qui nous était familière : « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l’Eternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu. « 

Par la bouche du prophète Michée, Dieu a adressé ces paroles aux habitants du Royaume de Juda vers l’an 700 avant notre ère. Le Royaume du Nord avec sa capitale Samarie vient d’être envahi par les Assyriens. Jérusalem a échappé, cette fois encore, au désastre, mais tout danger n’est pas écarté. La menace pèse sur Juda et la ville du Temple, au point que les habitants se sentent abandonnés de Dieu et désespèrent de lui. Mais en même temps, ils se détournent de ses exigences de justice, de droiture et de bonté. C’est pourquoi le Seigneur entre en débat avec son peuple, en lui rappelant d’abord ce qu’il a fait pour lui dans le passé, où il s’est révélé comme le Dieu des délivrances et des victoires.

Ce rappel semble avoir eu son effet. Les Juifs sont prêts à revenir à l’Eternel, mais ils pensent ne pas pouvoir se présenter devant lui les mains vides : « Avec quoi me présenterai-je devant le Seigneur ? Avec des holocaustes, avec des taurillons d’un an ?  » Les habitants de Jérusalem avaient l’habitude des sacrifices d’animaux qui étaient pratiqués au temple tout au long de l’année, en l’honneur de Dieu et en réparation des péchés. Mais à présent, conscients de la gravité de leurs manquements et de leur infidélité, ils se demandent s’il ne faut pas aller plus loin : « Donnerai-je mon premier-né pour ma transgression, le fruit de mon ventre pour mon péché ?  » Les immolations d’enfants, bien que formellement proscrites par la Loi, sont encore attestées pour le temps des premiers prophètes. Il n’est pas sûr que les contemporains de Michée aient vraiment envisagé de se racheter par le sacrifice de leurs enfants, mais leurs propos laissent clairement entendre que leur conception de l’Alliance restait largement tributaire de pratiques sacrificielles et de rites cultuels par lesquels ils pensaient pouvoir satisfaire les exigences de Dieu. C’est pour, cela que le prophète doit rappeler à son peuple en quoi consiste réellement la volonté divine et ce  que Dieu attend de ceux qui se réclament de lui : « On t’a fait connaître, ô humain, ce qui est bien, ce que le Seigneur exige de toi : c’est que tu agisses selon l’équité, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu.  » Ce verset, quelle que soit la traduction que l’on adopte, est à ranger sans aucun doute parmi les textes fondamentaux de l’Ancien Testament et de la Bible dans son ensemble. Abordons cette parole en partant de la fin : « que tu marches humblement (ou modestement) avec ton Dieu ». Rappelons-nous le début du Décalogue : « Je suis le Seigneur (Yahwé), ton Dieu. . .  » Pas le Dieu des philosophes, pas un principe impersonnel et abstrait, encore moins une idole comme en vénèrent les païens, anciens ou modernes, mais « ton Dieu » ! Celui qui t’a appelé à l’existence et qui tient ta vie entre ses mains ; celui qui te guide et te protège jour après jour ; celui qui trace ta route et avec lequel tu peux marcher en toute confiance, avec humilité et modestie. La vraie confiance, en effet, est liée à la modestie ; celle-ci étant le contraire de l’orgueil et de la suffisance. L’humilité face à Dieu n’est autre chose que le respect devant lui, la conscience de notre petitesse et de notre dépendance de ses bienfaits et de sa grâce. L’Ancien Testament parle plus couramment de la « crainte de l’Eternel », crainte qui n’a rien à voir avec la peur devant lui. La crainte de Dieu, l’humble marche sous sa conduite : voilà le commencement, le fondement et la quintessence de toute sagesse humaine véritable. Regardons autour de nous, nous verrons où en arrive l’homme dès lors qu’il croit pouvoir se passer de Dieu pour se laisser guider par sa seule intelligence, par sa raison, ses désirs et ses instincts. « Ce que le Seigneur exige de toi, c’est que tu agisses selon l’équité, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu.  » L’humilité face au Seigneur est à la base de toute relation personnelle qu’un être humain peut avoir avec lui. Elle est le secret d’une vie conforme à la volonté divine. C’est cette humilité qui conditionne aussi la manière de vivre et d’agir du croyant à l’égard de son prochain, qui lui permet d’aller à sa rencontre et de le traiter en frère. Ce serait une erreur que de prétendre qu’au nom de l’action éthique et sociale, Michée et d’autres prophètes ont condamné tout culte rendu à Dieu au Temple. La justice et la miséricorde que Dieu exige ne germent et ne prospèrent pas sur le terreau de la seule bonne volonté ou de l’effort moral. Elles sont des fruits de l’amour de Dieu et de la compassion qu’il suscite et fait mûrir dans le coeur croyant, et pour lesquels celui-ci lui rendra grâces en le louant et en l’adorant. Encore faut-il que nous laissions l’amour de Dieu agir en nous et à travers nous. En tant que chrétiens du XXIe siècle, nous devons êtres conscients que le Seigneur veut faire de nous des instruments au service

de l’équité et de la miséricorde, non seulement dans nos relations personnelles, dans notre voisinage immédiat, mais en tant que citoyens du monde, de ce monde où la violence, l’injustice et la misère augmentent de jour en jour. Sans doute ne faisons-nous pas partie du cercle restreint des grands décideurs. Mais en tant qu’hommes et  femmes attentifs à ce qui se passe autour de nous, nous trouverons mainte occasion de témoigner notre solidarité à l’égard des pauvres et des opprimés, de tous les laissés-pour-compte des progrès économiques, sociaux et culturels dont nous sommes, nous, les heureux bénéficiaires. Et cela, trop souvent, aux dépens des peuples et des personnes qui ne peuvent en profiter. En tant que membres du peuple de Dieu nous sommes appelés à contribuer, partout où nous le pouvons, à établir ou à renforcer des relations et des structures sociales et économiques compatibles avec l’Evangile, avec l’amour que Dieu nous a manifesté en son Fils Jésus-Christ. C’est là le message que le prophète Michée nous adresse à nous aujourd’hui. Et c’est dans la force de l’Esprit du Christ agissant en nous que nous pourrons répondre, en toute humilité, aux exigences de justice, de bonté et de compassion de notre Dieu. Amen.

Fredy Langermann, pasteur

Lectures bibliques (Péricopes du dimanche)

Epitre Philippiens 1,3-11 Evangile Matthieu 18,21-35

Cantiques proposés

NCTC ARC ALLELUIA

Seigneur, écoute ma prière (Ps. l43) – 143 143

Ta volonté, Seigneur mon Dieu 284,1-3 608,1-3 45/01 1,2,4

Comme un enfant qui sert son père 296,1-5 428,1-5 44/03 1-5

Tu me veux à ton service 302,1-3 427,1-3 44/07 1-3

¼ – Service des Lecteurs – SL – 46 – 04.11.2007 – Fredy LANGERMANN