C. 08 : Noël, 26|12, St Etienne : SELIG IST DER MANN, BWV 57

C. 08 : Noël, 26/12, St Etienne : SELIG IST DER MANN

C. 08. 26 décembre, 2ème jour de NOËL
           26 . Dezember, 2. Weihnachtsfesttag  (Wustmann)

               SELIG IST DER MANN,   BWV  57

                       HEUREUX EST CELUI

NOTES quant à la Cantate

Auteur du livret : inconnu (Piccander ?)            Date: vers 1740, Leipzig II
                         autre source : 
                         Georg Christian Lehms 1711,  la cantate datant de 1725,
                                                                     Leipzig I a

Lectures bibliques de la fête :

        Le 26 décembre est fêté comme fête du Christ et comme fête de St Etienne, le premier martyr chrétien, dont la mort rappelle celle à laquelle le Christ est destiné, au lendemain de la fête de sa naissance.

Epître :       2e Noël : Paul à Tite 3 / 4-7 : la miséricorde de Dieu
                                                             s’est révélée en Christ
                   St Etienne : Actes 6/8ss et 7/51-59 : le martyre d’Etienne,
                                                                         le diacre
Evangile :  2e Noël : Luc 2/15-20 : les bergers à la crèche
                   St Etienne :  Matthieu 23/34-39 : Jérusalem
                                                                   qui tue les prophètes

Thème de la cantate :  

La Saint-Etienne

        Le martyre du diacre Etienne est le leit-motiv fondamental de la cantate. Le verset de l’épître de Jacques, chanté comme Aria par la basse, vise le martyre de Saint-Etienne, selon Actes 7 : « Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation : car après avoir été mis à l’épreuve, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment. » Ce verset fait écho à cette parole de Paul, qui avait approuvé le meurtre d’Etienne, dans I Timothée 4/8 : « J’ai combattu le bon combat. Désormais la couronne de justice m’est réservée. Le Seigneur, le juste juge, me la donnera en ce jour-là, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront aimé son apparition. » Ainsi qu’à Hébreux 12/4 : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang en combattant contre le péché. »

         La Saint-Etienne, au deuxième jour de Noël, a joué un rôle important dans la piété ancienne et moderne. La mort du diacre Etienne rappelle que lui, le premier martyr, est en fait le second dans l’ordre, Christ étant le premier martyr de la foi. La fête de la St Etienne est la préfiguration de la mort du Christ le Vendredi saint, et rappelle que le Christ est né pour mourir, comme le dit la succession des termes dans le Crédo apostolique : « Qui est né de la Vierge Marie. Il a souffert sous Ponce-Pilate, il a été crucifié, il est mort. » : naissance et soufrance se cuccèdent immédiatement, la vie et le ministère terrestres du Christ sont complètement oblitérés.

L’illustration du martyre      
 
Le librettiste développe le martyre, en particulier dans le 1er Récitatif,  en faisant d’abord référence aux types de l’Ancien Testament. En premier Abel, en Genèse 4/ 3-16, puis l’agneau laissé sans défense devant la colère et la cruauté, auquel se compare Jérémie (11/19) : « J’étais comme un agneau sans défense qu’on mène à la boucherie, et j’ignorais les mauvais desseins qu’ils méditaient contre moi. » Parole qui rappelle l’agneau mené à la boucherie d’Esaïe 53/7, préfiguration du Christ, l’Agneau de Dieu. Puis il passe au Nouveau Testament, et fait référence aux paroles de Jésus envoyant les 70, dans Luc 10/3, « comme des agneaux au milieu des loups. »

        Ce faisant, Bach suit la tradition classique qui fait se succéder les lectures bibliques du culte dans l’ordre Ancien Testament – Epître – Evangile : l’épître est dans la phrase d’entrée de la 1ère Aria, l’Ancien Testament et l’Evangile sont dans le 1er Récitatif.

        Dans le 3ème Récitatif, ce n’est plus la souffrance d’Etienne qui est rappelée, mais sa vision du ciel ouvert, qui devient celle de l’âme. Le « Schoss – giron » qui ouvre le 3ème Récitatif, est une allusion probable au « Abrahams Schoss – le sein d’Abraham », dans lequel le pauvre Lazare, après sa vie de souffrances, est porté par les anges après sa mort (Luc 16/22). Les derniers mots d’Etienne : « Seigneur, reçois mon esprit », pris du Psaume 31/6, et de la bouche de Jésus dans Luc 23/46, sont placés dans la 4ème Aria qui suit immédiatement. La dernière allusion au martyre est dans le dernier mot de la cantate, à la fin du choral : « aus dem gemarterten Leibe – hors de ton corps martyrisé. »

Le dialogue de l’âme et de Jésus

        Le verset biblique de Jacques 1/12 et le choral final de Ahasverus Fritsch de 1668 sont deux pièces préexistant à la cantate, de caractère objectif. Ils forment les deux parenthèses entre lesquelles ce déroule un dialogue entre l’âme et Jésus.

        La première partie, qui comprend un 1er groupe : 1er Récitatif + 2ème Aria et un 2ème groupe : 2ème Récitatif + 3ème Aria, porte sur la souffrance de l’homme tenté et soumis au martyre, thème négatif. Le premier groupe développe la plainte de l’âme, qui cite les trois passages bibliques du martyre, le deuxième groupe est la réponse du Christ : « Je te tends la main et en même temps mon cœur. Oui, Oui, je peux battre tes ennemis »

        La deuxième partie passe à la vision du ciel ouvert d’Etienne, thème positif. Cette partie est formée d’un seul groupe, 3ème Récitatif + 4e Aria. Le Récitatif contient la vision d’Etienne et la 7e trompette d’Apocalypse 11/15 : «  die auf den Schall der Engel hoffen – et qui espèrent dans le son (de la trompette). » La fin de l’Aria est le don de l’âme à Jésus, avec une question : « Hier hast du die Seele, was schnkest du mir – voilà je te donne mon âme, que m’offres-tu, toi ? » Cette question forme la transition abvec le Choral final, dans lequel Jésus répond : « Oriente-toi sur moi et crois, et je te mènerai dans le ciel. » En fait, le choral final est intégré dans le dialogue de l’âme et de Jésus, en même temps qu’il fait la conclusion de la cntate : « Tu quitteras rton corps martyrisé pour entrer au ciel. » 

        Le plan de la cantate est :

1ère partie        2ème partie         3ème partie

1ère Aria           3ème Récitatif      Choral
1er Récitatif       4ème Aria
2ème Aria
2ème Récitatif
3ème Aria

Sources :  8. Hast du denn, Jesus, dein Angesicht, 6e strophe
                     Ahasverus Fritsch 1668 
                     (1629 Mücheln / Sachsen-Anhalt – 1701 Rudolstadt)
        A beaucoup souffert de la Guerre de Trente ans (1618-1648 durant sa jeunese. Etudes de droit à Halle ert Iena. En 1657, il entra au service de la famille princère deRudolstadt, il devint en 1679 chancelier et président du Consistoire Supérieur. Fondateur de la « Société porteuse de fruits de Jésus », qui favorisait la composition religieuse. Il poussa la contesse Ämilie von Rudolstadt à composer des chants encore employés aujourd’hui. Lui-même composa de nombreux chants influencés par le piétisme. 

Bible :  1.  Jacques 7/12 : citation directe de la Bible au début 
                                      de la cantate, texte de Luther
           2.   Allusion à  Genèse 4/3-16 : Abel tué par Caïn
                  Esaïe 53/7, l’agneau égorgé
                  Jérémie 11/19, l’agneau mené à la boucherie
                  Luc 10/3 : les agnaux au milieu des loups
                  Luc 16-22 : Lazare dans le sein d’Abraham
                  Psaume 31/6 et Luc 23/46 :
                                      je remets mon esprit entre tes mains
                  Actes 7 : le martyre d’Etienne
                  Apocalypse 11/15 : la dernière trompette

Voix :   ( S ) Soprano, ( A ) Alto, ( T ) Ténor, ( B ) Basse

Livres de cantiques cités : 

EKG 1951  Evangelisches KirchenGesangbuch Ekd Evangelische
                    Kirche Deutschlands, Eglise Protestante d’Allemagne
RA 1952    Recueil de cantiques de la Confession d’Augsbourg d’Alsace
                    et de Lorraine
EG 1995   Evangelisches Gesangbuch, EKD Evangelische Kirche
                    Deutschlands, Eglise Protestante d’Allemagne

Structure poétique : la mention figurant entre parenthèse et en italique, après le titre des différentes pièces, indique : 1°  par le chiffre romain, le nombre de vers dans le poème : VI par exemple signifie 6vers. 2° les chiffres arabes indiquent le nombre de syllabes dans le vers. Par exemple : 8 signifie vers de huit syllabes, avec fin masculine ; 9f signifie vers de neuf syllabes, avec fin féminine

Références :    Wustmann, J.S. Bachs Kantaten-texte  1982,   page 
                        Neumann, Handbuch der Kantaten J.S. Bach   
                                                          1947, page 57 ; 1970,  page 62 
                        Schmieder         ,   page
                        James Lyon, J.S. Bach, Chorals 2005,              page
                        Yves Kéler, Martin Luther 42 chants 2009,        page

TEXTE de la Cantate

                                                          Structure poétique
               1.   1er ARIA         ( B )       ( verset biblique )

« Selig ist der Mann, der die Anfechtung erduldet, /  denn, nachdem er bewähret ist,  wird er die Krone des Lebens empfahen »

« Heureux celui, qui, s’il est tenté résiste, /  car, lorsqu’il sera fortifié, il recevra la vie et sa couronne » 

               2.   1er RECITATIF         ( S )         ( XIV irrégulier )
                                       
(Die Seele) : Ach ! dieser süsser Trost
                             erquickt auch mir mein Herz,           12
das sonst in Ach und Schmerz                                        6
sein ewigs Leiden findet,                                                6
und sich als wie ein Wurm in seinem Blute windet.          13f  /
Ich muss als wie ein Schaf                                              6
Bei tausend rauhen Wölfe leben;                                     f
ich bin ein recht verlassnes Lamm,    (vers libre)              8
und muss mich ihrer Wut und Grausamkeit ergeben.      13f  /
Was Abeln dort betraf,                                                   6
erpresset mir auch diese Tränenflut.  (vers libre)           10   /
Ach! Jesu, wüsst ich hier                                                6
Nicht Trost von dir,                                                        4
so müsste Mut und Herze brechen,                                 9f
und voller Trauern sprechen:                                         7f

(L’âme) : Ah! la consolation me rassasie le cœur,   
tout empli de douleur,
d’éternelle souffrance,
qui se tord comme un ver*, loin de toute espérance.        /
Ou comme une brebis
doit au milieu des loups survivre,
je suis comme un agneau laissé            (vers libre)
qu’on meurtrit dans sa chair et qu’à leur rage on livre.      /
Et ce qu’Abel subit
me fait pleurer des lames en torrent.    (vers libre)
Jésus, si je n’avais
en toi la paix,
il me faudrait souffrir le pire
et plein de peine dire :
       (* le texte dit bien que le cœur se tord comme un ver

               3.   2ème  ARIA         ( S )   ( IV régulier )

Ich wünsche mir den Tod,                               6
Wenn du, mein Jesus, mich nicht liebtest.        9f
    Ja wenn du mich annoch betrübest,             9f
    So hätt ich mehr als Höllennot.                    8

    Je me souhaite mort,
    Si toi, mon Jésus, tu ne m’aimes.
       Et si tu me rejettes même,
       Bien pire encor serait mon sort.  

               4.   2ème RECITATIF   ( S, B )  ( V régulier )

(Jesus) :        Ich reiche dir die Hand                  6
                     und auch damit das Herze.           7f
(Die Seele) :     Ach! süsses Liebespfand,           6
                        du kannst die Feinde stürzen     7f
                        und ihren Grimm verkürzen.      7f
                    
    (Jésus) :     Vois, je te tends la main,
                     Mon cœur aussi de même.
    (L’âme) :       O gage d’amour saint,
                        Tu ruines l’adversaire,
                        Sa haine gît à terre.

               5.   3ème  ARIA         ( B )         ( VI régulier )

(Jesus) :        Ja ja ich kann die Feinde schlagen,           9f
                     Die dich nur stets bei mir verklagen,        9f
                     Drum fasse dich, bedrängter Geist.           8
                         Bedrängter Geist, hör auf zu weinen,    9f
                         Die Sonne wird noch heller scheinen,    9f
                         Die dir jetzt Kummerwolken weist.        8

    (Jésus) :       Oui, oui, j’abats tes adversaires
                        Qui certes n’ont pas mieux à faire         
                        Que t’accuser toujours chez moi !
                             Cœur menacé, cesse tes larmes,
                             Le soleil te donne des armes
                             Pour chasser les nuées d’effroi.

               6.   3ème RECITATIF         ( S,B )         ( XV irrégulier )

(Jesus) :        In meiner Schoss* liegt Ruh und Leben,       9f
                     dies will ich dir einst ewig geben.                9f   /
(die Seele) :  Ach ! Jesu, wär ich schon bei dir,                  8
                     ach striche mir                                           4
                     der Wind schon über Gruft und Grab,           8
                            so könnt ich alle Not besiegen.            9f
                     Wohl denen, die im Sarge liegen,                9f
                     und auf den Schall der Engel hoffen.           9f
                     Ach ! Jesu, mache mir doch nur,       8  vers libre
                          wie Stephano, den Himmel offen.           9f
                     Mein Herz ist schon bereit,                          6
                     zu dir hinauf zu steigen.                             7f
                     Komm, komm, vergnügte Zeit!                   6
                     Du magst mir Gruft und Grab                      6
                            und meinen Jesum zeigen.                  7f
                                                * au 18e S. , masc. ou fém.

    (Jésus) :    Là, dans mon sein, la paix repose :
                     Te donnerais-je autre chose ?      /
    (L’âme) :  Jésus, si près de toi j’étais,
                     si rugissait
                     le vent pardessus mon tombeau,
                     je vaincrais toutes les détresses.
                     Ceux pour qui le tombeau se dresse
                     attendent tous l’appel de l’ange.
                     Jésus, prends-moi donc dans le ciel,
                     comme Etienne, pour ta louange.
                     Vers toi mon cœur est prêt
                     à monter, à se rendre.
                     Viens, viens, temps de paix !
                     Montre l’endroit, le lieu, où Jésus veut m’étendre.

               7.   4ème ARIA         ( S )            ( IV régulier )

Ich ende   behende   mein irdisches Leben,            12f
Mit Freuden   z u scheiden  verlang ich jetzt eben    12f
    Mein Heiland, ich sterbe mit höchster Begier,      11f
    Hier hast du die Seele, was schenkest du mir.     11f

    J’achève   ma brève   vie sur cette terre,
    Je quitte    très vite :  c’est là ma prière.
       Seigneur, vois, je meurs, c’est mon plus grand désir,
       Je te rends mon âme : prends-y ton plaisir. 
    

               8.   CHORAL       ( V régulier )

Richte dich, Liebste, nach deinem Gefallen und gläube,   14f
Dass ich dein Seelenfreund immer und ewig verbleibe,    14f
Der dich ergötzt                                                            4
Und in den Himmel versetzt                                           7
Aus dem gemartertem Leibe.                                         8f

     Va donc, chère âme, là où ton plaisir nous entraîne,
     Et que je reste à toujours ton ami, car je t’aime.
     Je te conduis,
     Je te mène au paradis
     Loin du martyre et des peines.

                             Texte allemand : Wustmann, page 19
                             Trad. Française : Yves Kéler, Allevard, 18.6.2008