C. 09 : Noël, 26/12 : CHRISTUM WIR SOLLEN LOBEN SCHON
C. 09. 26 décembre, 2ème jour de NOËL
26 . Dezember, 2. Weihnachtsfesttag (Wustmann)
CHRISTUM WIR SOLLEN LOBEN SCHON, BWV 121
IL FAUT LOUER LE PRINCE CHRIST
NOTES quant à la Cantate
Auteur du livret :2. à 5. recomposition Date: 1735-1744
par Piccander ? Leipzig II a
Lectures bibliques de la fête :
Le 26 décembre est fêté comme fête du Christ et comme fête de St Etienne, le premier martyr chrétien, qui rappelle la mort à laquelle le Christ est destiné, au lendemain de la fête de sa naissance.
Epître : 2e Noël : Paul à Tite 3 / 4-7 :
la miséricorde de Dieu s’est révélée en Christ
St Etienne : Actes 6/8ss et 7/51-59 :l
le martyre d’Etienne, le diacre
Evangile : 2e Noël : Luc 2/15-20 : les bergers à la crèche
St Etienne : Matthieu 23/34-39 :
Jérusalem qui tue les prophètes
Thème de la cantate :
« Chistum wir sollen loben schon », de Martin Luther
Cette cantate part de l’évangile du jour : les bergers à la crèche, selon Luc 2/15-20, et de la décision des bergers : « Allons à Bethléhem, voir ce que Dieu nous a fait connaître ». annocé. » L’étonnement des gens présents dans l’étable v. 18, et leur glorification de Dieu v. 20, forment le motif directeur de la cantate.
Ce motif est développé par le moyen du cantique de Martin Luther « Christum wir sollen loben schon », qui est la traduction très exacte de l’hymne latine « A solis ortus cardine », de Caelius Sedulius, composée vers 430. Cette hymne comporte 23 strophes, selon les 23 lettres de l’alphabet latin qu’elle suit, et raconte la vie du Christ de sa naissance à la résurrection de Pâques. Luther a retenu les 7 premières strophes du chant latin pour la fête de Noël, et les 4 strophes 8, 9, 11 et 13, pour « Was fürchst du, Feind Herodes, sehr ? », destiné à la fête de l’Epiphanie. Luther n’a pas retenu le reste du chant. En revanche, il a gardé la strophe de Gloria latine, ajoutée au chant au 8e – 10e Siècles. On la trouve à la fin des deux cantiques tirés du latin.
La parenthèse de la première et de la dernière strophe, la 8ème
Bach a repris les strophe 1 et 8 du chant, pour en faire la parenthèse des 4 développements en 2 Arias et 2 Récitatifs.
La 1ère strophe donne le programme : « Il faut louer le Christ ». Il s’agit bien d’un ordre : déjà le latin dit : « Christus canamus Principem – chantons le Prince Christ », « canamus » étant le subjonctif de « cano, canere », avec sens impératif. La dernière strophe, qui est une des formes du Gloria Patri final des hymnes, reprend cet impératif de la glorification du Christ : « Jesu, tibi sit gloria,…, Cum Patre et almo Spiritu – Jésus, à toi soit la gloire,…, Avec le Père et le bienfaisant Esprit.»
Le développement des strophes internes, de 2 à 7 est le suivant :
L’auditeur de la cantate est censé connaître le texte du cantique de Luther, car dans les 2 groupes Aria + Récitatif , on va retrouver des citations de ce cantique, qui suivent l’ordre des ses strophes, la 2ème à la 7ème. Le premier groupe 1er Aria+1er Récitatif reprend les strophes 2, 3 et 4 de Luther, le deuxième groupe 2ème Aria+2ème Récitatif reprend les strophes 5, 6 et 7 de Luther. » L’auteur de cette recomposition des strophes de Luther serait Piccander.
1ère Aria : Bach : « Gott will durch Fleisch des Fleisches Heil erwerben »
Dieu veut par la chair acquérir le salut de la chair
– Luther : « Dass er das Fleisch durchs Fleisch erwürb. » str 2.
Pour acquérir la chair par la chair
1er Récitatif : Bach : « Wenn sie sich in ein keusches Herze giesst.
Gott wählet sich den reinen Leib
zu einem Tempel seiner Ehren »
Quand elle se verse dans un coeur chaste.
Dieu se choisit le corps pur
pour temple de sa gloire »
– Luther : « Sich in die keusche Mutter goss. » str 3;
Se coula dans la chaste mère.
+ « Das züchtig Haus des Herzens zart
Gar bald ein Tempel Gottes ward. » str 4.
La chaste maison du coeur tendre
bientôt devint un temple de Dieu.
Ici Bach associe au chant de Luther un extrait de la prière de Salomon inaugurant le Temple de Jérusalem, dans I Rois 8/27, et le combine avec le « Tempel Gottes » de kla strophe 4 de Luther. Salomon dit : « Les cieux et la terre ne peuvent pas contenir Dieu, encore moins le Temple ». Ici, chez Bach, ce Dieu « unermesslich – incommensurable » (le mot est employé deux fois dans le texte : 1er et 2ème Récitatif), se trouve dans la crèche par son Fils. Le corps du Christ devient le Temple de Dieu, et la crèche le lieu du culte où cette présence de Dieu réside. C’est une image de l’Eglise, qui contient, sans l’enfermer, le Christ, dans sa parole et dans son sacrement.
2ème Aria : Bach : «Johannis freudenvolles Springen,
Erkannte dich, mein Jesu schon »
Les sauts joyeux de Jean
Te reconnurent, mon Jésus.
– Luther : « Den Sankt Johann mit Springen zeigt,
Da er noch lag in Mutterschoss. » str 5.
Celui que Saint Jean montre par ses sauts,
alors qu’il était encore couché dans le sein
de sa mère.
2ème Récitatif : Bach : « Doch wie erblickt es sich in deiner Krippe? »
Mais que voit-on dans ta crèche?
– Luther : « Er lag in Heu und Armut gross,
Die Krippe hart… » str 6.
Il couchait sur paille en pauvreté,
La crèche dure…
Bach: « Nimmt Knechtsgestalt und Armut an »
Prend la forme d’un serviteur et la pauvreté
– Luther: Zog an ein Knechtes Leib gering » str 2,
et str 6: « mit Armut gross ».
Prit le corps d’un simple serviteur,
en grande pauvreté.
A la fin du 2ème Récitatif, le librettiste de Bach combine deux chants. Il cite l’autre chant de Noël de Luther « Gelobet seist du, Jesu Christ », strophe finale 7 :
Bach : « Und weil er dieses uns zugut getan,
so lasset uns mit der Engel Chören
ein jauchzend Lob- und Danklied hören. »
Et parce qu’il a fait cela pour nous,
avec le choeur des anges
écoutons un joyeux chant de louange et de grâces.
Luther : « Das hat er alles uns getan,…,.
Des freu sich alle Christenheit
Und dank ihm des in Ewigkeit. »
Il a fait tout cela pour nous,…,
Que s’en réjouisse toute la chrétienté
Et l’en remercie pour l’éternité.
Il combine cette citation avec celle de « Christum wir sollen loben schon », strophe 7:
« Des Himmels Chör sich freuen drob,
Und die Engel singen Gott Lob. »
Les choeurs des cieux s’en réjouissent,
Et les anges chantent louange à Dieu.
L’admiration du Christ dans la crèche
Dans cette cantate, le thème du désaveu du monde, si cher à Bach, n’apparaît pas.Dans la fin de la 2ème Aria, il est dit : « So will mein Herze von der Welt Zu deiner Krippe brünstig dringen – Ainsi mon cœur enflammé veut s’introduire depuis le monde dans ta crèche ». L’idée est pas de quitter le monde mauvais vers le ciel, mais de passer ici-bas du monde profane au monde sacré de la crèche. Cette intention est déjà chez Luther, dans son chant d’Avent « Nun komm, der Heiden Heiland », traduction du « Veni Remptor gentium », à la strophe 7 :
« Dein Krippen gläntzt hell und klar, Die Nacht gibt ein neu Licht dar.
Dunkel muss nicht kommen drein, Der Glaub bleibt immer im Schein.
– Ta crèche brille, lumineuse et claire, La nuit produit
une nouvelle lumière.
L’obscurité ne doit pas y entrer, La foi reste toujours dans son éclat. »
La crèche est ce lieu séparé du monde extérieur, dans lequel on entre pour contempler le Christ, et dont on sort, pour retourner dans le monde, pour y louer le Christ et Dieu. C’est le programme de l’évangile du jour. Bach le combine avec une mystique contemplative, qu’il trouve chez Luther, lequel l’a reprise des anciens.
L’admiration du Christ dans la crèche est donnée comme un ordre dans les deux premiers vers de la 1ère Aria :
« O du von Gott erhöte Kreatur,
Begreife nicht, nein, nein, bewundre nur –
O toi créature élevée par Dieu,
Ne comprends pas, non, non, admire seulement. »
Cet ordre reprend l’ordre donné dans le Chœur : « Christum wir sollen loben – nous devons louer le Christ. » C’est le programme de toute la cantate.
Le plan de la cantate est :
1ère partie 2ème partie 3ème partie
Chœur = Choral
1ère Aria 2ème Aria
1er Récitatif 2ème Récitatif Choral
Sources : 1. Choeur : Christum wir sollen loben schon, str 1
Martin Luther 1524(1483 Eisleben – 1546 idem)
Moine augustin , commença la Réforme en 1517,
Professeur à Wittenberg,
organisateur de la nouvelle Eglise protestante naissante
Mélodie : Gelobet seist du, Jesu Christ
6. Choral : Christum wir sollen loben schon, str 8
Bible : pas de citation directe de la Bible au début de la cantate,
ni dans son corps.
1er Récitatif : allusion à I Rois 8/27 :
Voix : ( S ) Soprano, ( A ) Alto, ( T ) Ténor, ( B ) Basse
Livres de cantiques cités :
EKG 1951 Evangelisches KirchenGesangbuch Ekd Evangelische
Kirche Deutschlands, Eglise Protestante d’Allemagne
RA 1952 Recueil de cantiques de la Confession d’Augsbourg d’Alsace
et de Lorraine
EG 1995 Evangelisches Gesangbuch, EKD Evangelische Kirche
Deutschlands, Eglise Protestante d’Allemagne
Structure poétique : la mention figurant entre parenthèse et en italique, après le titre des différentes pièces, indique : 1° par le chiffre romain, le nombre de vers dans le poème : VI par exemple signifie 6vers. 2° les chiffres arabes indiquent le nombre de syllabes dans le vers. Par exemple : 8 signifie vers de huit syllabes, avec fin masculine ; 9f signifie vers de neuf syllabes, avec fin féminine
Références : Wustmann, J.S. Bachs Kantaten-texte 1982, page 21
Neumann, Handbuch der Kantaten J.S. Bach
1947, page 104; 1970, page 111
Schmieder , page
James Lyon, J.S. Bach, Chorals 2005, page 9
Yves Kéler, Martin Luther 42 chants 2009, page 91
TEXTE de la Cantate
Structure poétique
1. CHOEUR ( IV régulier )
Christum wir sollen loben schon, 8
Der reinen Magd Marien Sohn, 8
So weit die liebe Sonne leucht 8
Und an aller Welt Enden reicht; 8
Il faut louer le Prince Christ,
Né de Marie, son premier Fils,
Du point où le soleil renaît
Jusqu’aux lieux où il disparaît.
2. 1er ARIA ( T ) ( VI régulier )
O du von Gott erhöhte Kreatur, 10
Begreife nicht, nein, nein, bewundre nur: 10
Gott will durch Fleisch des Fleisches Heil erwerben. 11f
Wie gross ist doch der Schöpfer aller Dinge, 11f
Und wie bist du verachtet und geringe, 11f
Um dich dadurch zu retten vom Verderben. 11f
O toi créature élevée par Dieu,
Ne comprends pas, non, non, admire mieux :
Dieu veut sauver la chair par la chair faible.
Si grand, le créateur de toutes choses,
Toi si petit, si éperdue ta cause :
Pourtant Dieu sauve cette vie si frêle.
3. 1er RECITATIF ( A ) ( X irrégulier )
Der Gnade unermesslichs Wesen 9f
hat sich den Himmel nicht 6
zur Wohnstadt auserlesen, 7f
weil keine Grenze sie umschliesst. 8
Was Wunder, dass allhie Verstand und Witz gebricht, 12
ein solch Geheimnis zu ergründen, (vers libre) 9f
wenn sie* sich in ein keusches Herze giesst. 10
Gott wählet sich den reinen Leib 8
zu einem Tempel seiner Ehren, 17f
um zu den Menschen sich
mit wundervoller Art zu kehren. 15f
* sie = die Gnade
Dieu, de grâce incommensurable,
N’a pas choisi les cieux
Pour maison immuable :
Jamais ne l’enferme aucun lieu.
Quoi d étonnant, s’il faut esprit, science et les yeux
Pour déchiffrer un tel mystère,
Quand vient la grâce en un cœur vertueux.
Dieu se choisit un corps très pur,
En fait le temple de sa gloire,
Pour se tourner ainsi
vers l’homme : étonnante manière !
4. 2e ARIA ( B ) ( V régulier )
Johannis freudenvolles Springen 9f
Erkannte dich, mein Jesu, schon ; 8 vers libre
Nun da ein Glaubensarm dich hält, 8
So will mein Herze von der Welt 8
Zu deiner Krippe brünstig dringen 9f
Les sauts de joie de Jean-Baptiste
T’ont reconnu, Jésus, déjà.
Marie te porte dans ses bras.
Mon cœur brûlant va jusqu’à toi,
Jusqu’à la crèche qui t’abrite.
5. 2e RECITATIF ( S ) ( VIII irrégulier )
Doch wie erblickt es sich in deiner Krippe? 11f
Es seufzt mein Herz: mit bebender
und fast geschlossner Lippe 14f
bringt es sein dankend Opfer dar. 8
Gott, der so unermesslich war, 8
nimmt Knechtsgestalt und Armut an. 8
Und weil er dieses uns zugut getan, 10
so lasset mit der Engel Chören 9f
ein jauchzend Lob- und Danklied hören. 9f
Que vois je ainsi, en regardant ta crèche ?
Triste est mon cœur : la bouche close
et tremblante ma lèvre,
je m’offre à toi, reconnaissant.
Dieu, sans mesure et si puissant,
se fait un pauvre serviteur.
Il fait cela pour nous, le Créateur.
Chantez, avec le chœur des anges,
un chant de joie et de louange.
6. 2ème CHORAL ( V régulier )
Lob, Ehr und Dank sei dir gesagt, 8
Christ, geborn von der reinen Magd, 8
Samt Vater und dem heilgen Geist 8
Von nun an bis in Ewigkeit. 8
Honneur, louange te soient dits,
Christ, qui nous es né de Marie,
Avec le Père, avec l’Esprit,
Dans tous les siècles infinis.
Texte allemand : Wustmann, page 21
Trad. Française : Yves Kéler, Allevard, 2.7.2008