C. 23 : Noël, 2e Dim : ACH GOTT, WIE MANCHES HERZELEID, BWV 58
C. 23 2ème dimanche après NOËL
2. Sonntag nach Weihnachten (Wustmann)
ACH GOTT, WIE MANCHES HERZELEID BWV 58
O Dieu, que de malheurs mon cœur
Thème : la Fuite en Egypte, Matthieu 2/13-23
Auteur du livret : inconnu Date: 1723 Leipzig I
NOTES quant à la Cantate
Le plan de cette cantate est particulier : il est en deux parties disposées symétriquement autour d’une Aria centrale. En effet, un choral de 4 vers, commenté par un air en 4 lignes, débute et achève la pièce. Un 1er Récitatif suit le premier Choral-Aria. Au centre se trouve une Aria de 5 vers, qui fait variante avec les deux arias de 4 vers, et qui forme la charnière entre les deux parties. Un 2ème récitatif précède le 2ème choral-aria, lui aussi de 4 et 4 vers. Seules deux voix sont utilisées : une féminine, le soprano, une masculine, la basse. On obtient le schéma suivant :
1. Choral + Aria S, B
2. 1er Récitatif B
3. Aria S
4. 2ème Récitatif S
5. Choral + Aria S, B
Le thème de base de la cantate est le fuite en Egypte, selon l’évangile du jour. Cette fuite est rappelée dans le 1er choral par « Der schmale Weg ist trübsalvoll – Le chemin étroit est plein de tristesses », et, dans le 1er Récitatif, par la mention d’Hérode, le meurtrier, et de l’ange qui parle en songe à Joseph. Mais le texte biblique n’est pas employé dans la cantate.
De fait, le thème de la fuite en Egypte est spiritualisé. Dans la 1ère partie, la route, ciomme vu à l’instant, devient le chemin étroit, mais Dieu n’y abandonne pas le fidèle : 1er choral + Air. La persécution est mentionnée dès le début de ce Récitatif : « Verfolgt dich gleich die arge Welt – si déjà le monde méchant te persécute ». L’Aria centrale introduit une méditation sur la souffrance née de cette persécution, développée dans le 2ème Récitatif, où les mots « verfolgen und hassen – persécuter et haïr » réapparaissent. Le Choral-Aria final revient sur le dur chemin du ciel. Le texte du choral est pris du cantique « O Jesu Christ, meins Lebens Licht – O Jésus-Christ, lumière de ma vie », dont il est la 2ème strophe. Ce chant est en fait un chant d’enterrement : « Ich hab vor mir ein schwere Reis – J’ai devant moi un dur voyage », lequel se termine dans la joie du ciel.
Remarquer que les deux arias des groupes Choral + Aria du début et de la fin se répondent. Le premier vers de la 2ère Aria dit : « Nur Geduld, Geduld, mein Herze – Aie patience, patience mon cœur ». Le 1er vers de l’aria finale dit : « Nur getrost, getrost, ihr Herzen – Ayez confiance, confiance, les cœurs » Les deux arias développent en fait le même thème : ayez patience et confiance, après les souffrances vient la gloire.
La Fuite en Egypte est un chemin de souffrance à l’aller, mais au retour vers la Galilée, il devient le chemin vers la paix et vers le ciel. La répartition des deux voix de basse et de soprano montre cette opposition entre la tristesse et la joie
Lectures bibliques du dimanche :
Epître : I Pierre 4/12-19 les souffrances du chrétien,
à l’instar du Christ, obligé de fuir en Egypte
Evangile : Matthieu 2/13-23 la fuite en Egypte
Voir : « les thèmes des cantates de l’Epiphanie »,
sous A. 01. Les textes des Cantates de Bach
Sources : 1er choral : Ach Gott, wie manches Herzeleid, str 1
Martin Moller 1587 (1547-1622)
Ici en 4 vers par strophe, alors que RA 426
le donne en 8 vers par strophe,
sur la mélodie de Luther « Vater unser im Himmelreich ».
2ème choral: O Jesu Christ, meins Lebens Licht, str 2
Martin Behm 1610 ( 1557-1622)
Texte complet dans RA 480 et EG 203
Bible : pas de citation directe de la Bible au début de la cantate, comme dans toutes celles
des dimanches après l’Epiphanie
Voix : ( S) Soprano, (A) Alto, (T) Ténor, ( B ) Basse
Structure poétique : la mention figurant entre parenthèse et en italique, après le titre des différentes pièces, indique : 1° par le chiffre romain, le nombre de vers dans le poème : VI par exemple signifie 6vers. 2° les chiffres arabes indiquent le nombre de syllabes dans le vers. Par exemple : 8 signifie vers de huit syllabes, avec fin masculine ; 9f signifie vers de neuf syllabes, avec fin féminine
Références : Wustmann, page 45
Neumann, page 58
Schmieder, page
TEXTE de la Cantate
Structure poétique
1. CHOEUR + ARIA ( duo : S, B ) ( IV régulier
+ IV régulier )
Choral : Ach Gott, wie manches Herzeleid 8
Begegnet mir zu dieser Zeit! 8
Der schmale Weg ist trübsalvoll, 8
Den ich zum Himmel wandern soll. 8
Aria: Nur Geduld, Geduld, mein Herze, 8f
Es ist eine böse Zeit. 7
Doch der Gang zur Seligkeit 7
Führt zur Freude nach dem Schmerze. 8f
Choral : O Dieu, que de malheurs mon cœur
Traverse en ce temps de douleur,.
Bien trouble est le chemin étroit
Qui me conduit aux cieux, chez toi.
Aria : Sois patient, patient, mon être,
C’est un dur temps de douleur.
Mais le chemin du Seigneur
Mène aux joies près de ton Maître.
2. 1er RECITATIF ( B ) ( XV irrégulier )
Verfolgt dich gleich die arge Welt, 8
so hast du dennoch Gott zum Freunde, 9f
der wider deine Feinde 7f
dir stets den Rücken hält. 6
Und wenn der wütende Herodes 9f
Das Urteil eines schmähen Todes 9f
gleich über unsern Heiland fällt, 8
so kommt ein Engel in der Nacht, 8
der lässt Joseph träumen, 6f
dass er dem Würger soll entfliehen 9f
und nach Ägypten ziehen. 7f
Gott hat ein Wort, das dich vertrauend macht. 10
Er spricht: wenn Berg und Hügel niedersinken, 11f
wenn dich die Flut des Wassers will ertrinken*, 11f
so will ich dich doch nicht verlassen noch versäumen. 13f
* ertränken : finale –inken,
à cause de la rime avec „niedersinken“
Si le monde ainsi te poursuit,
Dieu restera toujours ton aide ;
Si l’ennemi t’obsède,
Dieu te garde et te suit.
Quand même le furieux Hérode
qui fait du meurtre une méthode,
à notre Sauveur nuit,
vient l’ange de Dieu qui, la nuit,
dit à Joseph en rêve
qu’à l’égorgeur vite il échappe
et vers l’Egypte parte.
Dieu tient parole : aie confiance, il te suit.
Il dit : si monts et collines chancellent,
Si tous les flots du déluge déferlent,
Je ne te laisse pas, je te soutiens sans trêve.
3. ARIA ( S ) ( V régulier )
Ich bin vergnügt in meinem Leiden, 9f vers libre
Denn Gott ist meine Zuversicht. 8
Ich habe sichern Brief und Siegel, 9f
Und dieses ist der feste Riegel, 9f
Den bricht die Hölle selber nicht. 8
Je suis confiant, dans ma souffrance:
Mon espérance est toute en Dieu.
Sa lettre et son sceau véritable
Sont un verrou inviolable.
Le briser ? L’enfer ne le peut !
4. 2e RECITATIF ( S ) ( VII irrégulier )
Kann es die Welt nicht lassen, 7f
mich zu verfolgen und zu hassen, 9f
so weist mir Gottes Hand 6
ein andres Land. 4
Ach! könnt es heute noch geschehen, 9f
dass ich mein Eden möchte sehen! 9f
Le monde en rien ne laisse
de me poursuivre ainsi sans cesse.
Dieu montre de ses cieux
un autre lieu.
Se pourrait-il qu’aujourd’hui, Père,
je voie cet Eden que j’espère.
5. CHORAL + ARIA (duo : S, B ) ( IV régulier
+ IV régulier )
Choral : Ich hab vor mir ein schwere Reis 8
Zu dir ins Himmels Paradeis, 8
Das ist mein rechtes Vaterland, 8
Daran du dein Blut hast gewandt. 8
Aria : Nur getrost, getrost, ihr Herzen, 8f
Hier ist Angst, doch Herrlichkeit! 7
Und die Freude jener Zeit 7
Überwieget alle Schmerzen. 8f
Choral : Un dur parcours est devant moi
Jusqu’au Royaume et jusqu’à toi.
Là-bas se trouve ma partie.
Ton sang, Seigneur, pour moi l’ouvrit.
Aria : Oui, confiance, cœurs et âmes :
Crainte ici, la gloire là !
Et en vérité, la joie
Est plus forte que vos larmes.
Texte allemand : Wustmann, page 45
Trad. Française : Yves Kéler, Allevard, 2.7.2008