A. 01. LES TEXTES DES CANTATES DE BACH

A. 01. LES TEXTES DES CANTATES DE BACH

Les thèmes des cantates de l’Epiphanie

 Les cantates de l’Epiphanie chez Bach se divisent en deux groupes, suivant les deux thèmes de ce temps liturgique à l’époque de Bach : un temps de joie pour la fête de l’Epiphanie du 6 janvier, et un temps de souffrance dans les dimanches qui suivent la fête, et qu’on appelle « Festlose Zeit – temps sans fête ». Ce dernier est caractérisé par la couleur verte, alors que de Noël 24/12 à l’Epiphanie 6/1,  la couleur liturgique est le blanc.

1er groupe : le temps de joie

 La fête de l’Epiphanie compte 3 cantates, dont la 6e partie de l’Oratorio de Noël (en 2ème  position), qui suit la 5ème partie prévue pour le 2ème dimanche après Noël. Ces 2 parties : « Ehre sei dir, Gott, gesungen », et « Herr, wenn die stolzen Feinde schnauben », reprennent l’évangile des mages de Matthieu 2. La cantate en 1ère position « Sie werden aus Saba kommen BWV 65 » reprend la lecture d’Ancuen Testament de l’Epiphanie : Esaïe 60/1-6. La 3ème cantate de l’Epiphanie « Liebster Immanuel, Herzog der Frommen BWV 123 » reprend les thèmes de la joie de l’Epiphanie, et ceux du Nouvel an et de la circoncision autour du « Jesusnamen – le nom de Jésus ». Dans cette cantate, que Wustmann a placé en 4ème position, les thèmes de la souffrance apparaissent déjà, et font la transition avec le groupe suivant de cantates à partir du 1er dimanche après l’Epiphanie.

2ème groupe : le temps de tristesse

 En effet, les thèmes de l’Epiphanie chez Bach, à partir du 2e Epiphanie, sont liés à la tristesse et à la joie que Christ ramène. Ces deux thèmes opposés et complémentaires dépendent certainement de l’Epiphanie considérée comme l’apparition du Christ de joie dans un monde difficile. Mais le temps après l’Epiphanie, surtout après le 1er dimanche, est compris comme un temps ordinaire, avec la couleur verte, marqué par l‘approche du Précarême et du Carême. Les catholiques romùains appellent dces dimanches après l’Epuiphanie « le premier temps ordinaire (ce qui est dommage, car le temps post-festif induit par les appellation, « … après l’Epiphanie » se perd. 

 Le 1er dimanche après l’Epiphanie, dans les trois cantates de Bach qui lui sont a pour évangile Luc 2/41-52 : Jésus a douze ans au Temple. Cet évangile est marqué par la crainte de perdre Jésus, que ces trois cantates développent. Cet évangile est aussi une des lectures du 2ème dimanche après Noël, sous le thème du Fils de Dieu : « Ne faut-il pas que je m’occupe des affaires de mon Père ? »

Mais la lecture principale de ce 2ème dimanche après Noël est la Fuite en Egypte  Matthieu 2/13-23. Bach reprend ce thème dans ses deux cantates pour ce dimanche « Ach Gott, wie manches Herzeleid III BWV 58 » et « Schau, lieber Gott, wie meine Feind BWV 153 »

 Actuellement les deux premiers dimanches après l’Epiphanie sont consacrés : 1.  au Baptême de Jésus, reprenant le 2ème évangile de la fête de l4epiphanie au 6 janvier, Matthieu 3/13-17 ;  2.  aux Noces de Cana, reprenant le 3e évangile de la fête de l’Epiphanie, Jean 2/1-11. Cet usage existait aussi du temps de Bach, mais le thème de la souffrance est manifestement dominant Mais Bach a employé

 A partir des 3ème et 4ème dimanches après l’Epiphanie, Bach se tient près des évangiles de ces dimanches : 3ème Epiphanie : la guérison du lépreux et celle du Fils du centurion, selon Malliu 8/1-13, et 4ème Epiphanie : la tempête apaisée, selon Matthieu 8/23-27. La cantate « Jesus schläft, was soll ich hoffen  – Jésus dort, que puis-je espérer BWV 81 » cite directement cet évangile.

Conclusion

Deux conclusions principales peuvent être faites :

 1. Le contenu des temps liturgiques a partiellement changé depuis Bach, et l’accent n’est plus le même pour nous. Cela vient essentiellement du fait que l’Avent et le temps après l’Epiphanie ne sont plus compris comme des temps de retenue et de préparation au Carême. Ils sont devenus des temps de fête, avant la fête de Noël et après celle-ci. La notion d’attente et de privation a été évacuée par celle de la jouissance et de l’immédiateté de cette dernière. Cela est dû à la prospérité de la population et au mercantilisme moderne.

 2. Bach suit les temps liturgiques de son Eglise luthérienne. Pour comprendre ses cantates, il faut les replacer dans leur contexte liturgique luthérien en général, et dans celui particulier de son époque. On ne peut donc pas traiter de ces cantates en ignorant cette dimension, car celle-ci préside au choix des textes et à celui des chants et de leurs mélodies dans les chorals.