L. 86. LITURGIE DE SAINTE CENE CHANTEE
Cette liturgie donne un ensemble de répons de forme strophique, chantés sur des mélodies de chorals. Les textes sont des développements des répons classiques. Les mélodies sont indiquées sous chaque chant. La table des mélodies donnée plus bas fournit les références aux recueils existants.
Il est difficile d’employer l’intégralité des chants dans un même culte. On pourra faire des ensembles, comme par exemple : « Psaume – Confession des péchés – Paroles de grâce »,
Ou ne prendre que les pièces pour la Cène même, sinon toutes, du moins plusieurs. Par exemple : « Sanctus – Mémorial – Agnus Dei –Action de grâces. » Ou encore réunir les pièces universelles : « Psaume – Confession de foi – Offertoire – Notre Père. »
Les mélodies possibles sont indiquées, selon leur original allemand et leur équivalent français. Pour les cultes bilingue, des mélodies figurant seulement dans les recueils allemands sont indiquées.
ORDRE DU CULTE ET REPONS STROPHIQUES
CHANT D’ENTREE
1. PSAUME (Gloria Patri) Gloire soit au Père, gloire au Fils,
gloire au Saint-Esprit, comme au
commencement, aujourd’hui, toujours,
et d’éternité en éternité. Amen.
1. Adoration et gloire
A toi, Père éternel !
A toi seul la victoire
Sur terre et dans le ciel !
Oui, chaque créature
Que tu fis de ta main
Reflète ta figure,
Seigneur, Dieu grand et saint. (23)
Mél : Valet will ich dir geben
= Jésus sort de la tombe ALL 43/11
Herzlich tut mich erfreuen
Herzlich tut mich verlangen
= Chef couvert de blessures
= O douloureux visage ALL 33/13
éventuellement :
Du meine Seele, singe
2. CONFESSION DES PECHES (Kyrie) Seigneur, aie pitié de nous,
Christ, aie pitié de nous,
Seigneur, aie pitié de nous. Amen.
2. 1. A toi, ô Dieu, nous élevons
Nos cœurs avec confiance.
En toi nous nous réjouissons,
Mettons notre espérance.
Délivre-nous de nos péchés
Pour nous permettre d’approcher
De l’autel de la Cène.
2. Envoie sur nous ta vérité
Et qu’elle nous entraîne
Au temple de ta sainteté
Où ton Esprit nous mène
Pour recevoir d’entre les mains
Du Christ, ton Fils, le pain, le vin,
Et pour te rendre grâces. (22)
Mél : Allein Gott in der Höh sei Ehr
= Gloire à Dieu seul au plus hauts cieux
= Louange et gloire aux plus hauts cieux ALL 41/01
3. PAROLES DE GRACE ET ABSOLUTION (Gloria)
Gloire soit à Dieu au plus haut des cieux,
Paix sur la terre,
Aux hommes que Dieu aime.
3. 1. Aux cieux soit toute gloire
A toi, Dieu tout-puissant !
Que chantent ta victoire
Les anges dans leurs chants !
Nos voix et nos prières
Proclament ton amour.
Au ciel et sur la terre,
Toujours et chaque jour.
2. Ta volonté sans cesse
Partout soit accomplie.
Ta paix dans nos détresses
Est notre sûr abri.
Déjà aux jours d’épreuve
Tu donnes ton salut :
Ta grâce est fraîche et neuve,
Seigneur, pour tes élus. (39)
Mél : Von Gott will ich nicht lassen
= Après la longue attente ALL 31/05
Wie soll ich dich empfangen
éventuellement :
(Valet will ich dir geben
= Jésus sort de la tombe ALL 34/11
Herzlich tut mich erfreuen
Du meine Seele, singe)
4 + 5. LECTURES BIBLIQUES
4. Après l’A.T ou l’épître : chant graduel
5. Avant l’Evangile : Alléluia
Après l’Evangile : Louange à toi, ô Christ
CONFESSION DE LA FOI (Credo) Je crois en Dieu, le Père,…
6. En foi et confiance
Je crois au Dieu qui crée
Par sa toute-puissance
Les cieux, le monde entier.
Dieu, qui fait toutes choses,
Les mène par l’Esprit ;
Il jugera les hommes
Par son Fils Jésus-Christ. (32)
Mélodie : Lob Gott getrost mit Singen
=
Valet will ich dir geben
= Jésus sort de la tombe ALL 34/11
éventuellement :
(Wie soll ich dich empfangen
Befiehl du deine Wege II Gesius 1603)
7. CHANT DE SAINTE CENE
7. Ici, pour introduire la 4e partie du culte
(1e. liturgie d’entrée ; 2e. prédication ; 3e. Intercession)
qui est la Cène, on peut chanter un cantique de Sainte Cène.
Sur mon site www.chants-protestants.com , se trouve une rubrique
contenant des chants de Sainte- Cène.
8. OFFERTOIRE
8. 1. Nous offrons sur ton ordre,
Seigneur, ce pain, ce vin.
Qu’à tous ce don accorde
Le calme de leur faim,
Fais qu’aux pécheurs, aux pauvres,
Il donne force et paix,
Et justifie et sauve
Qui à Dieu se remet.
2. En plus de nos offrandes
Nous nous offrons, Seigneur.
Exauce nos demandes
Et sanctifie nos cœurs.
Tant de bienfaits nous viennent
De toi par ta bonté.
Fais donc qu’ils te reviennent
O Dieu, pour te louer. (33)
Mél Du fond de ma détresse Ps 130
éventuellement :
(Herzlich tut mich verlangen
= Chef couvert de blessures
= O douloureux visage ALL 33/13)
9. SANCTUS après la PREFACE, ici sans BENEDICTUS
Saint, Saint, saint est le Seigneur, notre Dieu !
(original : Seigneur des armées = Sabaoth)
La terre entière est remplie de sa gloire.
(Hosanna, Hosanna dans les cieux !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
Hosanna, Hosanna, Hosanna dans les cieux !)
9. Que trois fois « Saint » l’on chante,
Seigneur, Dieu des armées !
Dieu, Trinité vivante,
Trois fois sois-tu louée !
Tout est plein de ta gloire,
La terre et les grands cieux,
Tout chante ta victoire,
Seigneur Dieu, notre Dieu ! (42)
Mél : Wie soll ich dich empfangen
éventuellement :
(Valet will ich dir geben
= Jésus sort de la tombe ALL 34/11
Du meine Seele, singe)
10. MEMORIAL (ANAMNESE)
10. O Jésus, mon Roi, mon Maître,
Je te vois saigner en croix,
En esprit, sur le calvaire,
Sur le mont du Golgotha.
Tu es mort à cette place
Pour que j’aie par toi la grâce.
Mille et mille fois merci,
Mon Sauveur, doux Jésus-Christ. (35)
Mélodie : Jesu, meines Lebens Leben
(Alle Menschen müssen sterben I
= Saint-Esprit, Dieu de lumière ALL 35/07
= Parfait et vivant modèle)
11. NOTRE PERE
11. 1. Dieu, notre Père, dans les cieux,
Que seul ton nom soit sanctifié
Et que ton règne vienne,
Que chaque jour ta volonté
Soit faite sur la terre,
Comme elle est faite dans le ciel.
2. Donne le pain de chaque jour.
Pardonne nos offenses,
Comme nous pardonnons aussi
A ceux qui nous ont offensés ;
Garde-nous loin des tentations
Et nous délivre du malin.
Doxologie :
3. Car c’est à toi seul que revient
Le règne et la puissance,
Et à toi, Dieu seul, que convient
L’honneur de toute gloire,
Hier, aujourd’hui et pour toujours,
Dans tous les siècles. Amen.
Mélodie : Vater unser im Himmelreich
= Dieu notre Père dans les cieux ALL 62/44
12. AGNUS DEI et PAROLES D’HUMBLE ACCES
1. Christ, Agneau de Dieu,
qui ôtes le péché du monde,
Oh ! prends pitié de nous
2. Christ, Agneau de Dieu,
qui ôtes le péché du monde,
Oh ! prends pitié de nous
3. Christ, Agneau de Dieu,
qui ôtes le péché du monde,
accorde-nous ta paix. Amen.
12. 1. Saint Agneau, c’est toi qui portes
Tout le poids de mes péchés.
Je reçois de toi la force
De renaître et d’espérer ;
Je suis un pécheur coupable
Qui de tout t’est redevable.
Lave-moi de mon péché,
De mon mal, dans ta bonté.
2. Maintenant, Jésus, j’aspire
A manger ton corps, ton sang.
Viens en moi, je te désire
Dans mon cœur en cet instant.
Je ne suis pas, Maître, digne :
Dis un mot et fais un signe.
Si tu entres sous mon toit,
Je serai guéri par toi. (28)
Mélodie : Alle Menschen müssen sterben I
= Saint-Esprit, Dieu de lumière ALL 35/07
= Parfait et vivant modèle
VARIANTE DU CHANT 12 : autre traduction
12a. 1. Saint Agneau de Dieu qui portes
Le péché du monde entier,
Fais que ta douleur m’apporte
L’aide : prends de moi pitié !
Vois, j’attends devant ta face,
Bon Sauveur, tout de ta grâce.
Guéris-moi de mon péché,
Et m’accorde ta bonté.
2. O Jésus, que je reçoive
Maintenant ton corps, ton sang.
Viens calmer ce qui m’entrave,
Toi le vin, le pain vivant.
Je ne suis pas, Maître, digne
De ce blé, de cette vigne.
Dis un mot, je suis guéri :
Entre en mon cœur, Jésus-Christ ! (28)
Mél : Alle Menschen müssen sterben I
= Saint-Esprit, Dieu de lumière
13. ACTION DE GRACES
13. Tu m’as donné la Cène,
Reçue de ton autel,
Agneau de Dieu, toi-même,
Pain descendu du ciel.
Maintiens-moi ta présence,
Jésus, et ton amour.
Accorde-moi ta grâce
Et ton pardon toujours. (21)
Mélodie : Herzlich tut mich verlangen
= Chef couvert de blessures
= O douloureux visage ALL 33/13
SOURCES DES TEXTES ET DES MELODIES
Les textes
Textes proviennent de :
Gesänge aus dem katholischen Andachtsbuche „Laudate“,
im Gebrauch bei den Volksandachten im Bistum Augsburg
(17. Auflage) Augsburg, Schmid 1904
Chants issus du livre catholique de méditation« Laudate »,
en usage dans les méditations du peuple dans le diocèse
d’Augsbourg (17e édition) Augsbourg, Schmid 1904
(Le titre de ce livre édité en 1900 a été en usage jusqu’en 1962.
Le livre a connu 40 éditions)
1. Anbetung, Dank und Ehre, Nr 23
Adoration et gloire
2. Zu dir, o Gott, erheben wir, Nr 22
A toi, ô Dieu, nous élevons
3. Anbetung, Preis und Ehre Nr 39
A Dieu soit toute gloire
6. Wir glauben und bekennen Nr 32
En foi et confiance.
8. Wir weih’n, wie du geboten Nr 33
Nous offrons sur ton ordre
9. O singet : « dreimal Heilig » Nr 42
Que trois fois « Saint » l’on chante
10. Jesus, du mein Heil und Leben Nr 35
O Jésus, mon Roi, mon Maître
12. O Lamm Gottes, das die Sünden Nr 28
Saint Agneau, c’est toi qui portes
13. Das Opfer ist vollendet Nr 21
Tu m’as donné la Cène,
sauf :
11. Vater unser im Himmelreich, en 3 strophes
Dieu, notre Père, dans les cieux,
d’après le «Vater unser im Himmelreich »
de Martin Luther
Les mélodies :
Toutes les mélodies du « Laudate » dans les « Singmessen – Messes chantées » sont des octomètres (VIII.) Elles sont au nombre de 13 et se regroupent en trois coupes différentes :
a. un premier groupe massif de 10 mélodies en VIII : VIII 7f.6, 7f.6 / 7f.6, 7f.6, structure simple et claire, illustrée par « Valet will ich dir geben – Jésus sort de la tombe. »
1. Befiehl du deine Wege
Bartholomäus Gesius 1603 (1560-1613)
Philipp Telemann 1730 (1681-1767)
EKG 294, EG 361
2. Du fond de ma détresse Ps 130
Strasbourg 1539, Genève 1542, Bourgeois 1547
NCTC 130, ARC 130, ALL 130
alld : Zu dir von Herzens Grunde
RA 272
Gott wohnt in einem Lichte
(Gott, segne unser Wandern)
EG 678
4. Du meine Seele, singe
Johann Jakob Ebeling 1666
RA 325, EG 302
5. Herzlich tut mich erfreuen
Wittenberg 1545 profane, spirituel 1557
RA 148, EKG 311, EG 148
6. Herzlich tut mich verlangen
Hans Leo Hassler 1601, 1613
(1564 Nürnberg – 1612 Frankfurt)
O Haupt voll Blut und Wunden
RA 76, EG 85
fr. :Chef couvert de blessures
LP 119
O douloureux visage
NCTC 200, ARC 452, ALL 33/13
7. Jesu, meines Lebens Leben
Claus Wessnitzer 1661
1629 – 1697 Celle
EKG 65, RA 75, EG 86
8. Valet will ich dir geben
Melchior Teschner 1584-1635
né à Fraustadt (Silésie), Kantor à Fraustadt,
pasteur de la paroisse voisine d’Oberpritschen,
où il mourut en 1635.
Mélodie 1614 pour chant acrostiche du même nom de
V.a.l.e.r.i.u.s Herberger 1614
RA 483, EG 523
fr. : Jésus sort de la tombe
LP 144, NCTC 203, ARC 483, ALL 34/11
9. Von Gott will ich nicht lassen
Lyon 1557, geistlich Erfurt 1563
pour le chant de Ludwig Helmbold
de ce nom 1563
EKG 283, RA 448, EG 365
fr. : Il est pour le fidèle LP 354, LP 404
NCTC 281, ARC 640, ALL 48/01
10. Wie soll ich dich empfangen
Crüger Johann 1653
(1598-1662)
RA 17, EG 11, CrSi 31/1
Comment, céleste Maître ? Pfalzgraf
fr. : Comment te reconnaître
NCTC 161, ARC 311, ALL 31/09
b. un deuxième groupe de deux mélodies en VIII, pour un même cantique :
VIII 8f.7, 8f.7 / 8f.8f, 7.7
11. Alle Menschen müssen sterben I
Christoph Anton 1643, 1681
EKG 329, RA 460, EG 639
fr : Parfait et vivant modèle
LP 282
Saint-Esprit, Dieu de lumière
NCTC , ARC 507, ALL 35/07
12. Alle Menschen müssen sterben II
1643, Jakob Hintze 1678, 1690
RA 399 sous ce nom
dans EG 573, sous le nom :
Jesu, Seelenfreund der deinen
fr : Tu me veux à ton service
LP 258, NCTC 302, ARC 427, ALL 44/07
c. une mélodie d’une coupe autre, heptamètre, en VII : VII 8.7f, 8.7f / 8.8.7f
13. Allein Gott in der Höh sei Ehr
Nikolaus Decius , 1539
EKG 131, RA 135, EG 179
fr : Gloire à ton nom, ô Dieu de paix
LP 213, NCTC 214, ARC 261, ALL41/01 et 41/02
d. La mélodie employée pour le Notre Père n’est pas dans « Laudate. » Le texte proposé ici dérive de celui du chant de Luther, et la mélodie proposée est celle de Luther pour son chant. Elle a une autre coupe, d’hexamètre en VI : VI 8.8.8 / 8.8.8.
Vater unser im Himmelreich
15e Siècle, frères moraves 1531
Martin Luther 1539
RA 211, EG 344
fr. : O Père qui es dans les cieux
NCTC 235, ARC 576, ALL 62/24
COMMENTAIRES AUX TEXTES ET MELODIES
Les textes
Source des messes chantées
Les textes qui forment cette liturgie de Saint Cène proviennent de la tradition catholique allemande des « Singmessen – Messes chantées. » Cette forme de messe en allemand remplaçait les chants classiques de la messe latine par des paraphrases allemandes. Les chants de la messe sont au nombre de 5 : 1° Kyrie – Seigneur, aie pitié de nous; 2°Gloria in excelsis – Gloire soit à Dieu au plus haut des cieux; 3° Credo – Je crois en Dieu; 4° Sanctus – Saint, Saint, Saint; 5° Agnus Dei – Christ, Agneau de Dieu. J’ai placé ces chants en italique, en français, à chaque répons concerné, pour une meilleure identification.
Cette tradition des messes chantées par le peuple dans sa langue est née en Allemagne à la fin du 18e siècle, et s’est maintenue jusqu’après la Guerre de 14-18. Elle est un effet du rationalisme et aussi de la Réforme protestante, influente dans le catholicisme allemand et autrichien, qui poussaient à moderniser et à faire la messe dans la langue vulgaire. Mais seuls les chants furent traduits en allemand, le canon chanté par le prêtre restant en latin. Il s’agit d’une tentative d’aller dans le sens de la messe en langue vulgaire qui s’imposera avec Vatican II : le canon et les chants sont passés dans la langue du peuple, et les chants latins de la messe grandement écartés. Ces chants allemands ont été composés au cours du 18e Siècle, pour autant que j’ai pu le vérifier. On les trouve déjà établis en 1800 dans la une forme identique à celle de « Laudate » en 1904. Ils sont composés sur le modèle du choral luthérien.
Ce phénomène de « messe chantée » dans la langue du peuple ne s’est pas produit en France. A l’époque, les français ne chantaient pas dans la messe, ils « l’écoutaient », « lue » et chantée par le prêtre et des chœurs. C’est pourquoi le terme de « messe chantée » en français a un autre sens et désigne le fait que le prêtre chante toute la messe au lieu de la dire.
En Allemagne, vers 1900, une réaction contre ces messes chantées est née, et on a cherché à les supprimer pour revenir au latin. Cette tentative a réussi, et les chants allemands du peuple ont disparu. Il est vrai que vers la même époque, suite à l’attitude réactionnaire de Vatican I; de 1871, et au combat contre le gallicanisme, une volonté « ultramontaine » de se conformer à Rome et à sa messe cherchait à s’imposer. C’est ainsi qu’on introduisit partout la forme romaine et même la prononciation italianisante en France. C’est de cette époque que datent les « Maria virdjiné » les « tcheli », les « in extchelsis », particulièrement laids. Il fallait « chanter comme le pape ! » Les Allemands en revanche ont gardé leur prononciation, plus proche du latin classique. (en France on appelle parfois cette manière italienne « latin d’Eglise. » Cette appellation n’a aucun sens solide, les prononciations du latin variant, dans l’Eglise romaine et les autres, en fonction de traditions culturelles nationales différentes.)
Dans le Andachtsbuch – livre de méditations « Laudate » d’Augsbourg, 4 messes chantées complètes figurent, placées avant une messe latine (le canon chanté de celle-ci ne change pas.) Le plan des ces offices est le suivant : Entrée, Kyrie, Gloria in excelsis, Credo, Offertoire, Sanctus, Mémorial, Notre Père, Agnus Dei, Action de grâces, soit 10 pièces.
L’intérêt de ces textes chantés pour un culte de Sainte Cène
Le plan du culte protestant, particulièrement luthérien, est proche de celui de la messe latine. Dans le contexte actuel de quasi-destruction des répons liturgiques dans le culte en France, tant chez les réformés que chez les luthériens, d’une part, et de la pratique de chanter des fragments de cantiques à la place d’autre part, cette liturgie chantée de Cène présente deux avantages.
1. Elle élimine les chants hétéroclites employés le plus souvent :
Hétéroclites de deux façons : ils n’ont souvent qu’un lointain rapport avec les pièces d’origine. Exemple : après le Psaume se chante le « Gloria Patri – Gloire soit au Père », mais il n’est pas exagéré de dire qu’actuellement on chante à peu près n’importe quoi, sans rapport avec le fait qu’on a lu ou antiphoné un Psaume, en tant que louange vétéro-testamentaire dans l’Eglise chrétienne.
Dans cette liturgie de Cène chantée, les pièces dérivent des pièces classiques et conservent le contenu initial. Plus ou moins fidèlement il est vrai, mais tout de même l’unité de sens est réelle.
.
Hétéroclites aussi musicalement. La liturgie classique a une unité musicale issue du grégorien. Les chants employés aujourd’hui n’ont souvent aucune harmonie d’ensemble, puisqu’ils proviennent de divers chants de diverses époques, dont le principe, contrairement à celui de la liturgie, n’est pas l’unité musicale mais la diversité.
2. Elle donne une forme musicale et textuelle homogène :
Les chants de cette liturgie de la Cène ont la forme du choral, au texte fortement charpenté et aux mélodies claires et nettes. Ici il s’agit évidemment d’une forme classique du choral ancien, particulièrement luthérien. Avec ce type, on reste dans une ligne continue et bien identifiée d’un culte qui se développe avec logique, selon le principe du « drame », au sens étymologique du mot, c’est–à-dire de la marche en avant.
Comme je l’ai dit dans l’introduction, il est difficile d’employer toutes les pièces dans un même culte, et il faut faire des ensembles. Voir les propositions dans l’introduction.
Différence entre les pratiques catholique et protestante
Une difficulté est que les coupes prosodiques et mélodiques des chorals employés sont en nombre restreint. Le tableau plus haut montre 3 coupes prosodiques, et l’emploi massif de la même. Cela provient des originaux allemands, du fait que le peuple catholique connaissait beaucoup moins de chorals que le protestant. Il arrivait que dans une messe chantée la même mélodie soit employée deux fois. Cela provient peut-être d’une volonté d’homogénéité musicale, conservée du latin. Dans le « Laudate » d’Augsbourg figurent surtout des mélodies connues par les catholiques et inconnues chez les protestants. De ce fait, la plupart des mélodies que je propose ne sont pas celles du « Laudate », mais celles des recueils protestants connus chez nous. J’ai aussi essayé de choisir des mélodies adaptées au caractère des chants.
Dans « Laudate », les noms des auteurs et des compositeurs ne sont pas donnés, comme dans beaucoup de recueils catholiques de cette époque.
Les textes originaux allemands
Je ne donnerai que 8 textes originaux, à destination des cultes bilingues ou allemands. Les 5 autres sont peu utilisables. Les uns sont écrits dans une langue vieillie et difficile, d’autres sont empreints de la théologie romaine de la transsubstantiation et du sacrifice de la messe. J’ai gommé ces deux thèmes théologiques dans mes traductions.
Adoration et gloire, GLORIA
23. 1. Anbetung, Dank und Ehre / (comparer avec 39)
sei, ewger Vater, dir; /
dir dienen Engelchöre, /
dir huldigen auch wir. /
In jedem deiner Werke, /
in jeder Kreatur /
erglänzet deine Stärke /
und deiner Liebe Spur.
A toi, ô Dieu, nous élevons, ENTREE
22.1. Zu Dir, o Gott, erheben wir
die Seele mit Vertrauen.
Dein Volk erfreue sich in dir,
wollst gnädig niederschauen.
Lass leuchten, Herr, dein Angesicht,
erfüll uns mit der Gnade Licht
und schenk uns dein Erbarmen.
2. Dein Licht und deine Wahrheit rein
Send aus, uns zu geleiten
Zum heiligen Gezelte dein,
O Herr der Herrlichkeiten !
Dann nah’n wir froh uns dem Altar
Und bringen Dankesopfer dar
Dir, unserm Herrn und Gotte
3. Herr, zeige uns die Wege dein
und lehr uns deine Pfade.
Ganz nahe lass dein Wort uns sein
voll Wahrheit und voll Gnade.
Nimm Du hinweg der Sünde Schuld,
mit unsrer Schwachheit hab Geduld
und schenk uns dein Erbarmen.
Texte Heinrich Bone 1851, crorrections 1972
Strophes 1 et 3 dans Gotteslob 1975, Nr 462
Strophe 2 : dans Laudate, 1904, Nr 22
Mélodie originale Ulenberg Kaspar, 1583,
Saint Agneau, c’est toi qui portes, AGNUS DEI
28. 1. O Lamm Gottes, das die Sünden
Aller Welt getragen hat,
Lass mir Beistand bei dir finden,
Hilf mir zur erwünschten Gnad.
Ja, schau nieder auf mich Armen,
Liebster Heiland, voll Erbarmen !
Mach mich frei von aller Schuld,
Schenk mir wieder deine Huld.
2. O wie wünsch ich zu empfangen,
Jesus, jetzt dein Fleisch und Blut !
Komm uns stille mein Verlangen,
Meiner Seele höchstes Gut.
Doch nicht würdig bin ich Sünder,
Dieses Brots der Gotteskinder:
Sprich ein Wort, so bin ich heil,
Und dein Trost wird mir zum Teil.
En foi et confiance, CREDO
32. 1. Wir glauben und bekennen,
Dass aus höchst weisem Rat,
Gott, den wir Vater nennen,
Die Welt erschaffen hat,
Dass er uns Menschenkinder
Durch seinen Geist regiert,
Den Frommen wie den Sünder
Dort auch eins richten wird.
Nous offrons sur ton ordre, OFFERTOIRE
33. 1. Wir weih’n, weil’s du gegeben,
Dir, Herr Gott, Brot und Wein.
Lass allen die wir leben
Dies Opfer heilsam sein.
Dem Sünder wend es Frieden,
Dem Frommen Stärke zu.
Dem der in dir verschieden
Schenk, Gott, die ewge Ruh.
2. Wir opfern nebst der Gaben
Uns selbst mit frohem Sinn.
Nimm uns und was wir haben,
O Vater gnädig hin !
Du gabst es uns aus Güte
Zu unsrer Seligkeit.
Mit dankbarem Gemüte
Seis’s dir, o Herr, geweiht !
O Jésus, mon Roi, mon Maître, MEMORIAL
35. 1. Jesus, du mein Heil und Leben,
Dort am Kreuze blutend seh
Ich im Geiste dich jetzt schweben
Auf der Schädelstätte Höh !
Lieber wolltest du erblassen,
Als mich im Verderben lassen.
O wie dank’, wie dank’ ich dir,
Mein Erlöser ganz dafür.
A Dieu soit toute gloire, GLORIA
39. 1. Anbetung, Preis uns Ehre (comparer avec 23)
Sei, Allerhöchster, dir,
Dir dienen Egelchöre,
Dir huldigen auch wir.
Im Himmel und auf Erden,
Jetzt und in Ewigkeit,
Sollst du gepriesen werden,
O Herr der Herrlichkeit !
2. Stets wird von uns hienieden
Die Wille treu vollbracht,
Dann gibst du uns den Frieden,
Der wahrhaft glücklich macht.
Schon in der Prüfung Zeiten
Erfreut uns hier dein Heil,
Dort werden Seligkeiten
Ohn Ende unser Teil.
Que trois fois «Saint » l’on chante, SANCTUS
42. 1. O singet : dreimal Heilig,
Ist Herr Gott Zebaoth,
Dreieinig, dreimal heilig
Ist unser Herr und Gott !
Es ist von seiner Ehre
Die ganze Schöpfung voll;
Der Chor der Engel lehre,
Wie man ihn preisen soll !