SAINTE CENE
VIENS, MON CŒUR, VOIS LES BLESSURES
Komm, mein Herz, in Jesu Wunden
Mélodie : Schmücke dich, o liebe Seele
1. Viens, mon coeur, vois les blessures
De Jésus, ses meurtrissures !
Son corps, le pain qu’il partage,
Son sang, le vivant breuvage,
Sont les preuves qu’il me donne
Du salut qui me pardonne :
Je reçois le bénéfice
Produit par son sacrifice.
2. Ce salut, je le possède
Quand à son saint sang j’accède,
Viatique et nourriture
Sur la route étroite et dure.
Que j’aie un Sauveur qui m’aime
Ainsi, jusqu’à la mort même,
Fait qu’ici rien ne m’attire
Que les fruits de son martyre.
3. Recevoir sa Sainte Cène,
C’est ce qui ce jour m’amène.
Ici mon cœur et mon âme
Peuvent prendre dans le calme
Son corps, son sang, qui m’accordent
Toute sa miséricorde,
Lui qui sur la croix succombe
Et qu’on couche dans la tombe.
4. (8) Pain sacré, que je bénisse (divin)
Ta force et que je m’unisse
A ce corps plein de blessures
Qui paya pour mes souillures,
Corps du Christ qui me rachète
De mes fautes, de mes dettes,
Qui fut mis en ce lieu sombre,
Pâle, exsangue, entouré d’ombre.
5. (9) Vin sacré, que je bénisse (divin)
Ton pouvoir : qu’il me guérisse,
Sang qui coule pour mes fautes,
Qui les lave et me les ôte.
Qu’il pallie la sécheresse
Qui m’assoiffe en ma détresse ;
Que ce vin me désaltère
Mieux que tous ceux de la terre.
6. (10) Il ordonne que je mange
A souhait, que ma vie change.
Il commande que je boive,
Qu’en la coupe je reçoive
Toute sa joie sur la terre
Que je laisse ma misère
Lavée par son sacrifice
Et le sang de son calice.
7. (12) Oui, Sauveur, je veux te prendre
Dans ma vie, ne plus te rendre ;
« Prenez tous ! » à tous s’adresse,
D’entrer, Jésus, tu nous presses ;
Avec joie, je viens, je mange,
Et je bois, à ta louange,
A ta table hospitalière,
Devant tous mes adversaires.
8. (13) Quelque chose me menace
Qui veut m’enlever la grâce,
Ou me retirer ma force
Et ma sève sous l’écorce ?
Le Sauveur que je possède
De la crèche au ciel accède,
De la tombe à la couronne,
Et me place sur son trône.
Texte Komm, mein Herz, in Jesu Wunden
Ernst Gottlieb Woltersdorf 1767,
revu 1819 à Berlin
1725 – 1761
RA 522 en 13 str.,
EKG 426 en 3 strophes, EG 594 en 7 str.
fr. : Yves Kéler, 16.5.2011
Mélodie : Schmücke dich, o liebe Seele
Johann Crüger, 1649
RA 370, EG 218
fr. : Pare-toi pour une fête
LP 205
Pare-nous pour cette fête
NCTC 230, ARC 581
L’auteur
WOLTERSDORF Ernst Gottlienb, néà Frierdichsfelde, près de Berlin, fils du pasteur du lieu, en 1725. Etudie la théologie à Halle, grand centre du piétisme. En 1748, pasteur à Bunzlau, Silésie, en 1758 directeur de l’orpelinat du lieu selon le modèle de Halle. Ecrivain et compositeur de cantiques dans l’esprit du piétisme. (Notice biographique de EG). Il a joué un rôle important dans les l’Eglise d’aAllemagne et chez les émigrés allemands aux Etats-Unis : un choix de ses 66 de ses chants a paru à New-York, dans un livret intitulé : « Lieder von Ernst Gottlieb Womltersdorf, weiland evangelisch-lutherischem Prediger in Bunzlau. Herausgegeben von der Amerikanischen Traktat-Gesellschaft, Neew-York, 150, Nassau-Strasse, Wolterdorf’s Hymns »
Le texte
Le texte est une méditation du corps et du sang du Christ, mystique et piétiste. Il s’inspire des thèmes de « Schmücke dich, o liebe Seele », de Johann Franck, de 1646-1653. Pour marquer dette inspiration, Woltersdorf est parti de la mélodie du chant, faite par Johann Crüger en 1649. J’ai raccourci l’ensemble, de 13 strophes dans RA, à 7 strophes, pour le ramener aux points forts et essentiels.
Chaque strophe commence par une première moitié qui évoque une des étapes de cette marche vers le Christ et de l’entrée dans la Cène et dans la communion au corps et au sang. La deuxième moitié commence par « Dass ich einen Heiland habe, Der… – Que j’aie un Sauveur Qui… », que je n’ai pas traduite de cette façon, à cause des difficultés de rimes. D’ailleurs, dans les 13 strophe de l’original, le mot « habe », est rimé – fois avec le mot « Grabe – tombe », 4 fois avec « labe – rassasie », ce qui fait un total de 10. Les autres rimes sont 2 fois « Gabe – don » et 1 fois « Stabe – bâton ». Cela montre la difficulté du procédé, dont j’ai préféré sortir.
le contenu
Le chant commence par une contemplation des blessures du Christ en croix, formulée dans une invitation à s’appocher d’elles et à y trouver la source de la joie. Ici est repris le thème des 7 blessures des 7 membres du Christ, qui remonte à St Bernard et aux 7 Salve d’Arnulphe de Louvain. Paul Gerhardt a traduit ces textes en 1653, dont les deux plus connus sont « O Haupt voll Blut und Wunden – O Christ, plein de blessures » et « Sei mir tausendmal gegrüsset – Sur la croix de tes souffrances. »
Les strophes 2 et 3 décrivent le communiant venant à la Cène, attiré par le bénéfice de la mort du Christ. Cette mort est fortement rappelée.
Les strophes 8 et 9 de l’original, ici 4 et 5, se concentrent sur les deux espèces, dans une formulation identique : « Heilges Brot, sei mir gesegnet ; Heilger Wein, sei mir gesegnet – Saint pain / saint vin, sois béni pour moi. » J’ai traduit « heilig » par « sacré », pour transposer les 2 syllabes du mot allemand, celui-ci désignant à la fois le « sacré » et le « saint ». Si le mot « sacré », quoique conforme à l’auteur allemand, paraît trop fort, on peut le remplacer par « divin », mais il ne faut pas affaiblir davantage l’expression, à cause de sa portée théologique. En effet, dans le luthéranisme, et le piétisme en est une forme différente dans l’expression mais pas dans la dogmatique, le pain et le vin contiennent, par la consubstantiation, le corps et le sang du Christ. Ceux-ci sont « représentés » par le pain et le vin, qui sont donc « saints » puisque la présence du Christ est réelle. Ces deux strophes sont donc importantes dans le chant, ce qui explique leur construction parallèle, le Christ entier, selon la dogmatique luthérienne, étant complet dans les deux espèces réunies. Le titre du recueil de 66 chants parus aux Etats-Unis appelle Woltersdorf : « pasteur évangélique luthérien », ce qui relève le caractère luthérien de ses chants.
EKG 426 ne retient que 3 strophes du chant : la 1ère et les 8 et 9, sur le pain et le vin, ce qui montre l’importance de ces dernières.
Les strophes 10 et 12, devenues 6 et 7, insistent sur le fait que la Cène est célébrée et la communion prise selon l’ordre du Christ : « Faites ceci en mémoire de moi. » Pas pour le seul souvenir, mais pour que la communion soit un moyen de grâce qui donne le salut. Et que celle-ci soit une « manducatio per orem –manducation par la bouche » véritable du corps et du sang, afin que ces deux entrent réellement dans le corps, l’âme et la vie du fidèle. D’où le rejet de la consommation apparente, comme celle qu’on voit à nouveau aujourd’hui, qui consiste à effleurer la coupe des lèvres mais sans boire le vin, sous des prétextes hygiénistes. Ou encore l’intinction, qui n’est qu’une communion de malades et pas de gens sains, qui prennent ostensiblement le pain puis le vin. D’où aussi le rappel du « Prenez tous », qui insiste sur le « prendre », qui introduit « mangez » et « buvez » et le rappel de « tous », afin que tous prennent les deux espèces, et pas seulement le pain. Comme dans les strophes 8 et 9, on est dans la théologie luthérienne de la Cène.
La strophe 13, devenue 7, est une strophe de consolation dans les souffrances. Si je souffre, j’ai un Sauveur qui m’aime, puisqu’il est passé de la crèche au trône céleste par le chemin de la souffrance. Ce qui est aussi mon chemin et me console ici-bas.
emploi du chant
Le chant est une préparation à la Sainte Cène et aussi de mémorial. Pour celle-ci, on peut faire le choix de EKG, c’est à dire les strophes 8-9, ici 4 et 5 :
préparation :
1ère strophe et les deux 8 et 9 sur le pain et le vin, ici les strophes 4 et 5.
ou 1ère strophe et les deux 2 et 3 sur la Cène
ou 1ère strophe et les deux 10 et 12, sur l’ordre de communier
mémorial
à chanter après celui-ci dans la liturgie, avant l’épiclèse:
strophes _ et 9, ici 4 et 5