SC. 01 | 02. Préparation VIENS, SANG DU CHRIST, COUVRE-MOI (trad) Sainte Cène

SAINTE CENE
PREPARATION

           VIENS, SANG DU CHRIST, COUVRE-MOI !
                    Jesu Blut, komm über mich

               Mélodie : Nun komm der Heiden Heiland


1. Viens, sang du Christ, couvre-moi!             1a

    Je demande dans la foi :
    « Sang du Christ, purifie-moi,                            I Jean 1/7
    Mon cœur, mon corps, mon esprit. »

2. Viens, sang du Christ, couvre-moi ;                1b
    Garde mon honneur, mes biens,
    Tout ce que j’appelle mien,
    Dans la communion des tiens.

3. Quand, sang du Christ, je te vois,                2a

    Je vois Jésus-Christ, mon Roi,
    Suspendu sur une croix
    Et sacrifié là pour moi.

4. Viens, sang du Christ, viens sur moi :               2b
    Coule, coule, sang du Christ !
    Mon esprit se réjouit :
    Il coule ainsi dans ma vie.

5. Tu veux, sang du Christ versé,                     3a

    Me laver de mes péchés.                                      Apoc 7/14
    Justifie-moi devant Dieu,                                      Rom 5/9
    Que je paraisse à ses yeux

6. Tout comme un de ses enfants                        3b
    Que sa grâce rend content,
    Dévoué, heureux, fervent,
    Envers lui reconnaissant.

7. Côté du Christ, flanc béant,                         4a

    Lèvre, tu dis, grand t’ouvrant :                              Jean 20/25, 27
    « Qui a soif s’en vienne à moi. »                            Jean 6/35
    Jésus, ô j’ai soif de toi !

8. Jésus-Christ, abreuve-moi,                              4b   Jean 6/55
    Viens  calmer la soif en moi.
    Par le sang coulé de toi
    Désaltère ici ma foi !

9. Sang du Christ, prépare-moi                        5a

    A recevoir dans la foi
    Dignement la communion                                      I Cor 11/27
    Dans la Cène, et le pardon.

10. Viens, sang du Christ, entre en moi,               5b
      Que je garde en moi les fruits                              Jean 15/5
      Des mérites saints du Christ
      Dans mon âme et mon esprit.

11. Sang du Christ, renforce en moi                 6a 

      Le courage de la foi,
      Garde-moi l’amour de Dieu,
      Chaque jour de mieux en mieux.

12. Viens, Jésus-Christ, viens en moi,                  6b
      Rends-moi juste, saint et fort,
      Que je fasse mes efforts
      A ta gloire et ton honneur.

13. Sang du Christ, console-moi                       7a

      Dans la peine et dans la joie,
      S’il me faut porter ma croix,
      Qu’avec la mort je me bats.

14. Viens, sang du Christ, garde-moi,                   7b
      Quand le monde me poursuit
      Par sa ruse et jalousie,
      Que sans raison je subis.

15. Demeure en moi, sang du Christ,                8a

      Dans ma vie, dans mon esprit,                              Jean 15/5
      Dans mon âme et dans mon corps,
      Et guéris-moi, rends-moi fort.                               Matthieu 8/8
   
16. Viens, sang du Christ, viens en moi,                8b
      Mon cœur soupire après toi
      Et t’invoque dans la foi :
      « Sang du Christ, viens, couvre-moi ! »
   
   

         Texte         Jesu Blut, komm über mich
                           Sammlung Geistlicher Lieder
                           Bouxwiller 1783, n° 246
                           fr. : Yves Kéler 11.9.2010

         Mélodie:      Veni, Redemptor gentium
                             peut-être antique et d’Ambroise ?   
                             dans sa forme allemande:
                             Nun komm, der Heiden Heiland
                             Einsiedeln 12e Siècle, Luther 1524
                             RA 12, EG 4
                             fr. : Viens, ô Sauveur des païens
                                   NCTC 163, ARC 304, ALLéluia 31/03


Le texte et la mélodie

        Ce chant est une méditation du sang du Christ, caractéristique le la mystique de Jésus et de la Jesusliebe du 18e siècle. Il est composé de 8 strophes de 7 vers, et placé sur une mélodie peu connue : « Zweyerley bitt ich von dir », en VII 7.7, 6.6 / 7.7.7, tous les vers étant masculins. Le poème est fait d’un quatrain aux rimes parallèles de 7 et 6 vers, et d’un tercet de trois vers en 7, à rimes identiques.

        Je n’ai pas trouvé de mélodie de remplacement. Je propose d’employer celle de « Nun komm der Heiden Heiland », et la structure du chant de Luther, qui est composé de 4 vers de 7 syllabes masculines : IV 7.7, 7.7. Dans la traduction, j’ai donc égalisé tout le chant en vers de 7 syllabes, et divisé les strophes en deux, en répétant le début de la strophe, avec plusieurs fois des variantes de texte. On obtient ainsi un chant en strophes de 4 vers de 7 syllabes, sur le modèle de « Nun komm, der Heiden Heiland ».  Mais les deux parties des strophes initiales restent liées par le sens, en sorte que j’ai réuni les strophes en groupes de deux, afin que le cantique soit chanté par paires de strophes. Cela donne 7 paires de strophes, qui peuvent être chantées au choix.

        L’auteur n’est pas indiqué dans le livre de 1783 à Bouxwiller, et l’Internet ne donne aucun résultat.

La mystique du sacrement : « Jesu-Liebe und Blut Christi – Amour de Jésus et sang du Christ »

        Le cantique est totalement centré sur le sang du Christ. Aucune allusion à l’élément visible du vin : il s’agit de l’élément invisible du sang du Christ. Les effets de la Cène, ses fruits, ne proviennent pas du vin, élément humain, mais du sang du Christ qui y est contenu, élément divin. De même, aucune référence au pain, sauf indirectement dans la strophe 5 : «  Würdiglich zu nehmen heut in dem heilgen Abendmahl  – recevoir dignement aujourd’hui dans cette sainte Cène », qui suppose le pain et le vin. Le cadre du chant est une Cène célébrée au culte, et le cantique est compris comme communautaire, et non pas comme un chant individuel d’une Cène privée.

        Le chant entre dans la catégorie mystique de l’amour de Jésus, ici dans le sacrement de la Cène. Cette manière d’illustrer la Jesus-Liebe est relativement rare. Le sang du Christ, par le fait que je le consomme « par la bouche », entre en moi et coule en moi (str.2) : « Mein Herz freuet sich darauf, willig zu fangen auf – Mon cœur se réjouit  De te recevoir volontiers en lui. » Il se produit une « divinisation » du fidèle, une « théosis », comme disent les Grecs, qui fait qu’une partie de divin entre en moi et me rend identique au Christ. Lui en moi et moi en lui. De là la demande : « Jesu Blut, das komm und bleib – Que le sang de Jésus vienne et reste (en moi). »

Les références bibliques

        La référence première est celle de l’incipit, qui provient de Matthieu 27/25 : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! », dans la version de Luther : « Sein Blut komme über uns und über unsre Kinder », littéralement : « son sang vienne sur nous. » La demande est ici : que le sang du Christ vienne sur nous, non pour la condamnation, comme dans le cri de la foule juive dans Matthieu 27, mais pour le pardon, comme dans le rite de l’aspersion avec l’eau et les cendres de la vache rousse (), pour le pardon. I Pierre 1/2 fait allusion à ce rite d’aspersion par le sang : « élus…, afin qu’ils participent à l’aspersion du sang de Jésus-Christ. » Cette référence est l’axe central du chant : les autres demandes qui suivent découlent de cette-ci

        Un certain nombre de références bibliques secondaires appuient la méditation du sang du Christ. Ces citations sont en rapport 1° avec le sang du Christ, 2° avec la vie nouvelle en Christ.

         1° Le sang du Christ sauve. Son sacrifice est la source du salut. Il lave des péchés, il produit la justification par les mérites du Christ (str. 5), il porte de fruits et ma fait enfant de Dieu (str 3).

        2° Le sang du Christ désaltère (str. 4), il console dans la souffrance et l’agonie, il me garde dans la communion des saints.