ENTERREMENT
EN TERRE NOUS PORTONS CE CORPS
( Nun lasset uns de Leib begrabn )
Michael Weisse – Martin Luther
Mélodie : Nun lasset uns den Leib begrabn
1. En terre nous portons ce corps,
Nous remettons à Dieu son sort :
Au Jour, il ressuscitera
Et dans la gloire paraîtra.
2. Né de la terre, il doit rentrer
Dans la terre et y retourner ;
De là il va ressusciter,
Quand la trompette aura sonné.
3. Son âme retourne à son Dieu :
Jésus, pour son Royaume aux cieux,
Par pure grâce l’a lavée,
De ses péchés l’a purifiée.
4. Il a porté le joug du Christ,
Fortifié par le Saint-Esprit ;
Ses joies, ses peines, ses chagrins
Sont arrivés à bonne fin.
5. Dieu le reçoit dans son amour :
Ce corps attend qu’au dernier jour
Il soit par lui transfiguré
Et dans sa force restauré.
6. Ici il a vécu la peur,
Alors il verra la splendeur,
Il sortira de son sommeil,
Lumineux comme un clair soleil !
7. Laissons-le dormir dans la paix !
Rentrons chez nous et, désormais,
Vivons pour Dieu, gardons la foi :
La mort t’attend, prépare-toi !
(Luther)
8. Aide-nous, Christ et Défenseur,
Par ton sang notre Rédempteur ;
Rends-nous du mal par toi vainqueur :
A toi louange, gloire, honneur. Amen.
(sur deux notes)
Texte : Nun lasset uns den Leib begrab’n
Michael Weisse 1531, str 1 à 7
Martin Luther, 1540, str 8
RA 314, EKG 174
EG 520 donne une forme „oecuménique“
du texte, révision récente
frs: Yves Kéler, 7.2.2006
Mélodie: Nun lasset uns den Leib begrabn
Wittenberg 1544
RA 314, EKG 174, EG 520
Ou Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort
Martin Luther1543
RA 158, EG 193,
NCTC 390, ARC 884, ALL 62/74
Voir sur ce site, rubrique « Etudes » :
« Les chants de Martin Luther »
Le texte
Ce chant de Michael Weisse a paru dans le livre allemand des Frères de Bohème de 1531. Il dérive d’un original tchèque, lui-même remontant à un original latin d’Aurelius Prudentius Clemens, du 4e Siècle : « Jam moesta querella – Déjà la triste plainte». Les recherches ont montré que Michael Weisse s’est inspiré lointainement de ce texte latin, et qu’il n’a pas traduit directement le tchèque. A partir de la première strophe latine et du texte tchèque, il a composé un cantique original en allemand. A ces sept strophes de 1531, Luther a ajouté une invocation du Christ médiateur : « Das helf uns Christus, unser Trost – Que pour cela nous aide Christ, notre Défenseur », laquelle se termine en glorification du Christ. Cette invocation finale forme la strophe 8.
Le texte suit de près I Cor15/42 ss et Genèse 3/19, qui forment le centre biblique du chant. Le vocabulaire est concret et imagé, selon l’habitude ancienne d’un monde familiarisé avec la mort, à la fois naturelle : « Il est de terre et doit rentrer Dans la terre et y retourner » str 2, et violente : « Ici il vécut dans la peur », str 6. L’enterrement était une chose naturelle, dont on parlait avec naturel.
L’usage du chant
Ce type de chant est intéressant à redécouvrir aujourd’hui, où nous nous sommes habitués à des chants fades et sans caractère dans les cultes d’enterrement. On a perdu aussi l’habitude, surtout en ville, d’accompagner le corps au cimetière. Là où cette tradition est restée vivante, on peut employer un tel chant. Ailleurs, on pourra l’introduire. Cela permettra de renouveler le contenu et la forme des cultes d’enterrement.
Le chant est conçu comme chant de sortie du culte à l’église, au moment où l’on va emporter le corps. La paroisse entière emmène le corps du défunt et va l’accompagner au cimetière. Là-bas, d’autres chants sont prévus. Ici, le culte d’enterrement est conçu comme un tout : il commence à l’église, se poursuit par la marche vers le cimetière et s’achève par la mise en terre. Le chant termine la partie du culte à l’église, sans bénédiction, puisque le culte
continue, et fait transition entre l’église et le cimetière. Dans certaines paroisses, on commençait le chant dans l’église, au moment de la sortie du corps, et on le continuait sur le chemin. Une autre habitude était de chanter un autre cantique sur le chemin, tel que « Wohlauf, wohlan zum letzten Gang » et de chanter le « En terre nous portons ce corps » à la fin de la mise en terre, comme final de l’ensemble de la cérémonie d’enterrement. Plusieurs possibilités existent donc.
La mélodie
Celle de Wittenberg 1544 est une très belle mélodie, calme et mélodieuse, qui garde un rythme vivant, sans qu’on se hâte. La chanter très naturellement.
Si la paroisse ne la connaît pas et qu’on n’a pas le temps de l’apprendre, on peut la remplacer par « Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort », de Martin Luther. Son caractère, qui provient du Dies irae dont elle est dérivée, l’associe bien à ce texte.