12. SEIGNEUR, QUI VOIS COMME ON M’AFFLIGE, Cant VII (rév) Epreuve, Persécution

CANTIQUE VII
EGLISE
PERSECUTION

          SEIGNEUR, QUI VOIS COMME ON M’AFFLIGE
       
           Mélodie : Ps. 67  Dieu nous veuille être favorable

1. Seigneur, qui vois comme on m’afflige
    A cause de la vérité,
    Regarde tout ce qu’on m’inflige
    Pour rompre ma fidélité.
    Car c’est pour ton culte
    Qu’on me persécute
    Par tant de fureur ;
    Et là on me traîne
    Rien que pour la haine
    Que j’ai pour l’erreur.

2. Le nouveau genre de supplice
    Que les Démons ont inventé
    Inspire aux hommes le grand vice
    De redoubler de cruauté.
    Ton bras fortifi-e
    Celui qui se fi-e
    Dans ta grand’bonté,
    Et qui rend hommage
    Dans son esclavage
    A ta déité.

3. Je suis dans une fosse obscure,
    Privé de tout secours humain,
    Rongé de poux, couvert d’ordure,
    Où l’on me fait périr de faim.
    On veut que je mange
    Pourvu que je change
    De ma religion ;
    Mais je leur proteste
    Que mon cœur déteste
    Cette communion.

4. Alors pour vaincre mon courage,
    On vient multiplier mes maux.
    Seigneur, on met tout en usage
    Pour que s’augmentent mes fardeaux.
    Je suis aux ténèbres,
    Dans des lieux funèbres ;
    Tout remplis de vers,
    Et la solitude
    Ne m’est pas moins rude
    Que le sont mes fers.

5. Mais je me ris de leur attente
    Au milieu de tant de tourments,
    Et ma foi restera constante,
    Car Dieu soutient ses fondements.
    Oui, mon Dieu, mon Père,
    Tu sais que j’espère :
    Tu es le Dieu fort.
    Donne à ma constance
    La sainte assurance
    De vaincre la mort.

6. Remplis-moi de force invisible
    Pour accomplir ta sainte Loi ;
    Et que mon cœur soit inflexible
    Dans tous les combats de la foi.
    Et fais que ta grâce
    Se montre efficace :
    Que je sois vainqueur !
    Afin qu’à la suite
    Tu sois, sans limite,
    Maître de mon cœur.

         Texte        Seigneur, qui vois comme on m’afflige
                          Elie Neau 1701
                          dans Histoire des souffrances du sieur Elie Neau
                          sur les galères et dans les cachots de Marseille (1701)
                          Publications du Musée du désert en Cévennes, 1939
                          Cantique II, page 252
                          Révision du texte : Yves Kéler, 25.12.2010

         Mélodie    Ps. 67 Dieu nous veille être favorable
                          (Valentin Conrart 1677) LP 28 = Ps. 67
                          Loys Bourgeois 1551
                          Dieu nous soit doux et favorable
                          (Bèze 1554)
                          Que Dieu nous bénisse et nous garde
                          (Chapal 1989)
                          NCTC 67, ARC 67, ALL 67
   
   
Texte original d’Elie Neau


Les mots changés sont indiqués en italique

1. Seigneur, qui vois comme on m’afflige
    A cause de la vérité,
    Contemple tout ce qu’on m’inflige
    Pour briser ma fidélité.
    Car c’est pour ton culte
    Qu’on me persécute
    Avecque fureur ;
    Et là on me gesne
    Rien que pour la haine
    Que j’ai pour l’erreur.

2. Le nouveau genre de supplice
    Que les Démons ont inventé
    Inspire aux hommes l’ artifice
    D’enchérir sur la cruauté.
    Ton bras fortifi-e
    Celui qui se fi-e
    Dans ta grand’bonté,
    Et qui rend hommage
    Dans son esclavage
    A ta Déité.

3. Je suis dans une fosse obscure,
    Privé de tout secours humain,
    Rongé de poux, couvert d’ordure,
    Où l’on me fait périr de faim.
    On veut que je mange
    Pourvu que je change
    De Religion ;
    Mais je leur proteste
    Que mon cœur déteste
    Leur communion.

4. Alors pour vaincre mon courage,
    On multiplie mes maux.
    Seigneur, on met tout en usage
    Pour perpétuer mes travaux.
    Je suis en ténèbres,
    Dans des lieux funèbres ;
    Tout remplis de vers,
    Et la solitude
    Ne m’est pas moins rude
    Que le sont mes fers.

5. Mais je me ris de leur attente
    Au milieu de tant de tourments,
    Et ma foi sera très-constante,
    Car Dieu soutient ses fondements.
    Oui, mon Dieu, mon Père,
    Tu sais que j’espère :
    Tu es le Dieu fort.
    Donne à ma constance
    La sainte assurance
    De vaincre la mort.

6. Remplis-moi de force invisible
    Pour défendre ta sainte Loi ;
    Et que mon cœur soit inflexible
    Dans tous les combats de la foi.
    Fais que l’efficace
    De ta Sainte Grâce
    Me rende
vainqueur !
    Afin qu’à la suite
    Tu sois, sans limite,
    Maître de mon cœur.