AMOUR DE JESUS
JESUS, COMMENCEMENT
Mit Jesu fang ich an
Johannes Heermann 15875-1647
Mélodie : O Gott, du frommer Gott I ou II
A. Ma journée avec Jésus
ICH-MOI
1. Jésus, commencement, Mit Jesu fang ich an
Avec qui tout termine, Mit Jesu will ich enden ;
En ce que j’entreprends Was ich nur immer tu’,
Où que mon cœur incline, Wohin ich mich mag wenden,
Je cherche de mes yeux, Soll meiner Augen Ziel
Mon seul Seigneur Jésus. Nur einzig Jesus sein ;
Dans mon cœur et mes vœux In meinem Herzen nichts différent
Il est dès le début. Als Jesus wohn’n allein. chez Knapp
2. Je l’ai pour mon ami : Hab ich nur ihn zum Freund :
Qu’importe donc la terre? Was frag ich nach der Erde ?
Tant de mal règne ici, Da ist kein Fall so schwer,
Mais lui se fait mon frère. Dass mir nicht Rettung werde.
Par lui, mon bon berger, Durch seine Hirtenhand
Les poids deviennent joies Wird jede Last zu Lust ;
Et dans les grands dangers Und auch in tiefster Not
Son calme habite en moi. Kommt Fried’ in meine Brust.
3. Avec lui je m’endors, Mit Jesu wach ich auf,
Avec lui je m’éveille. Mit Jesu geh ich schlafen ;
Et je me lève encor Nur Jesus einzig kann
En sa paix sans pareille. Der Seele Ruh verschaffen.
Avec Jésus j’irai Mit Jesu geh ich auch
Joyeux à mon tombeau, Ganz freudig in mein Grab ;
Sans crainte et sans danger, Nichts kann mir schädlich sein,
Et libre de mes maux. Wenn ich nur Jesum hab.
B. Christ me dirige
ICH – MOI +DU – TU
4. Seigneur, dirige-moi, Herr Jesu, führe mich,
Tant que je vis sur terre. So lang ich leb auf Erden ;
Fais que je ne sois pas Lass mich nie ohne dich
Laissé seul à le faire. Durch mich geführet werden !
Si je le fais sans toi, Führ’ ich mich ohne dich,
J’irai loin m’égarer, So werd ich bald verführt;
Si tu es près de moi, Wo du mich führest selbst,
Ma route est assurée. Tu ich was mir gebührt.
5.Tu fais que mes actions Du wirst das gute Werk,
Qu’avec toi je commence Das du in mir begonnen,
Ont une conclusion : Fortführen, bis du ganz
Ainsi ton œuvre avance. Mich für dein Reich gewonnen.
Moi, je m’attache à toi, Ich hänge fest dir an,
Je ne te laisse pas, Ich lasse nicht von dir
Pour que ta force en moi Bis deine Lieb’ und Treu
Couronne enfin ma foi. Vollkommen herrscht in mir.
* Je me donne à Christ
ICH – MOI
6. Je m’offre tout à toi, Ich opfre dir ganz auf
Mon cœur et ce que j’aime, Mein Herz, all mein Beginnen,
Mon moi, ce que je fais, Mein ganzes Ich, mein Tun,
Mes vœux, mes sens de même, Mein Lassen, alle Sinnen.
Reçois de moi, Seigneur, Ach nimm dies Opfer an,
Mon sacrifice et mets Lass dir’s gefällig sein!
L’image dans mon coeur Gib ganz dein Ebenbild
De ton amour parfait. In meine Seel hinein.
7. Je veux que chaque jour Ich will an jedem Tag
Grandisse en moi ce zèle Mich inniglich befleissen,
Qui me rend par l’amour Dein liebes, frommes Kind
Plus fort et plus fidèle ; Zu werden und zu heissen.
Et je veux t’obéir, Ich will gehorsam sein
En peine ou dans la joie, In Lieb’ und auch in Leid,
Tant que je peux jouir So lange du mich hier
De vivre ici en toi. Willst haben in der Zeit.
* Finale eschatologique
8. Et quand viendra le temps, Und kommt die Stunde mir
Mon heure, la dernière, Nach deinem Wohlgefallen,
Que mon corps vieillissant Dass meine Hütte wird (soll*)
Retombe à la poussière. In Erd und Staub verfallen :
Je te suivrai heureux, So folg ich fröhlich dir !
Marchant vers ta clarté, Du führst mich selber aus,
Dans la maison de Dieu, Und bleibst mein ew’ges Licht
Et vers l’éternité. In deines Vaters Haus.
Texte Mit Jesu fang ich an
Johann Heermann 1585-1647
Badisches Gesangbuch 1882, éd 1907, Nr 385
strophes 1,3,4,6
Knapp Albert Liederschatz 1837, Nr 2689
6 strophes
fr. : Yves Kéler 10.8.2009-08-10
Mélodie O Gott, du frommer Gott II
Regensburg (Ratisbonne)1675,
Meinigen 1693, 1854
RA 384, EKG 383, EG 495
Je suivrai Jésus-Christ
LP 253, ALL 44/10
O Gott, du frommer Gott I
Brauschweig 1648
RA deest, EKG 383, EG 495
Le texte
Il est de Johannes Heermann, qui fut le plus important auteur de cantiques entre Martin Luther et Paul Gerhardt. Il est mort en 1647, l’année où Paul Gerhardt prépare avec Johann Crüger ses premières éditions dans la Praxis Piatatis melica de 1648. Heermann a beaucoup souffert, dans sa santé, dans sa famille et du fait de la persécution de la Contre-Réforme, durant la Guerre de Trente ans, qui va de 1618 à 1648. Il n’a pas connu la fin de cette guerre, puisqu’il est mort un an avant. Il fut souvent très pauvre et famélique et très près de la mort, et dut changer souvent d’endroit.
Comme tous les compositeurs de son temps, ses cantiques sont des chants de paix et de confiance en Dieu, d’une part, et d’amour de Jésus, d’autre part. Ils ne laissent pas transpirer l’horreur du temps où ils sont nés. Ils en prennent plutôt le contre-pied.
La « Jesus-Liebe – l’amour de Jésus », qui est une forme de lien personnel avec le Christ, est le thème fondamental du chant. Tout se fait avec « Lui », du matin au soir (str 1), dans la nuit et au réveil (str 2), dans tous mes actes. Jésus doit me diriger, car je ne peux le faire seul, et si je le fais, je m’égare et me perds (str 3). La strophe 4 résume le tout : je m’offre en entier à Jésus, corps, âme et biens, obéissant, en attendant que Jésus me cherche à ma mort.
Le nom de « Jésus » est toujours employé dans ces chants, et non celui de « Christ ». Le lien est personnel, avec un Jésus humain, comme le Jésus historique et physique au milieu des siens dans les 4 évangiles. L’enracinement est biblique et surtout évangélique, directement appliqué au fidèle, qui s’insère dans la vie du Jésus des évangiles transposée dans le temps contemporain. Les épîtres jouent un rôle second, essentiellement dans la théologie de la justification et du don de soi. Ici, la justification n’apparaît pas, mais le sacrifice de soi. On remarque la même chose dans les cantates de Bach, fortement marquées par la « Jesus-Liebe »
Le titre de « Christ » a un usage plus liturgique ou plus théologique. Luther l’emploie beaucoup, car ses chants sont destinés d’abord à la structure du culte ou à l’année de l’Eglise, et ont donc une théologie communautaire. Ici, on est en dehors de ce cadre. S’il y a un enracinement liturgique, c’est celui du culte domestique ou personnel, le matin et le soir. Ce cantique peut donc servir à un office du matin ou du soir, où il sera chanté par une communauté.
La strophe 8
Les irrégularités des rimes
La strophe 8 est-elle originale ? Elle contient deux irrégularités de rime, ce qui n’est pas normal, la prosodie allemande étant très exigeante. Il pourrait s’agir d’une strophe en IV 13f.13f, 12.12, se chantant par exemple sur « Nun danket alle Gott = Gelobet sei der Herr », qu’on aura ajoutée au texte de Heermann, pour lui donner une finale ouvrant sur le Royaume de Dieu. Ces strophes étaient courantes au 17e et au 18e Siècles. Placé sur cette coupe et cette mélodie, le texte se présente de la façon suivante :
Und kommt die Stunde mir Nach deinem Wohlgefallen, 13
Dass meine Hütte soll In Erd und Staub verfallen : 13
So folg ich fröhlich dir ! Du führst mich selber aus, 12
Und bleibst mein ew’ges Licht In deines Vaters Haus. 12
La mort et le temps actuel
Remarquez que Heermann parle déjà de sa mort à le strophe 3. La 4e strophe commence par « So lang ich leb auf Erden – Aussi longtemps que je vis sur terre » et la 7e s’achève par le même thème : « So lange du mich hier Willst haben in der Zeit – Aussu longtemps que tu veux m’avoir ici dans le temps », c’est-à-dire « le siècle », par opposition à « in det Ewigkeit – dans l’éternité. » Or le chant se divise manifestement en deux parties :
1. str. 1-3 : Avec Jésus : tout commence et finit avec lui, jusqu’à la mort. Dans cette partie, les formulations « avec Jésus, moi avec Jésus, Lui avec moi » abondent.
2. str. 4-7 : Avec Jésus, que ferai-je dans ce temps que je vis : Christ me conduit (str. 4) ; il prduit des œuvres en moi (str. 5) ; je m’offre à lui en sacrifice (str. 6) ; je veux lui obéir.
Les deux parties se referment sur elles mêmes et se suffisent. Il n’est pas nécessaire d’introduire à nouveau la mort.
Ces divers éléments me font penser que la strophe 8 n’est pas de Johannes Heermann.
La mélodie
Le « Badisches Gesangbuch » de 1882 donne la mélodie O Gott, du frommer Gott, sans préciser I ou II. Ce sont les mélodies du cantique du même nom, également œuvre de Johann Heermann, et l’un des plus connus de ses cantiques. Knapp dans son Liederschatz donne la même mélodie, sans préciser.