REPENTACE
MALHEUR A MOI, CAR J’AI SOUVENT
Weh mir ! dass ich so oft und viel
Johannes Heermann 1585-1647
Mélodie : Es ist das Heil uns kommen her
Es ist gewisslich an der Zeit
A. le constat de mon péché
1. Malheur à moi, car j’ai souvent, MOI
Comme un sourd ou aveugle, Esaïe 42/18
Péché sans grand discernement Sophonie 1/17
Envers Dieu à toute heure,
Lui qui m’avait montré l’amour
Qu’il me portait au long des jours,
M’aimant par pure grâce.
2. Malheur à moi, car j’ai fermé MOI
Mon cœur au Dieu de grâce,
Alors qu’il m’a tant protégé
Et assuré ma place.
Mais j’ai commis tant de péchés,
Oublié toutes ses bontés,
Au lieu de rendre gloire.
*
3. Le cœur, l’esprit, m’ont convaincu, MOI
Je dois le reconnaître :
Je ne suis qu’un pécheur perdu,
Que pourrais-je être d’autre ?
Je te regarde, mon Sauveur,
Avec espoir, malgré ma peur,
Car tu viens à mon aide.
4. Pourtant, si grand est mon péché, MOI
Nombreuses mes offenses. Ps. 130/ 3, 4, 7
Ta grâce est bien plus élevée selon Luther
Que ce que l’homme pense.
Aussi grand que tu es, grand Dieu, TU
Si grande est aussi sous les cieux Ps. 103/11-12
Ta grâce, ta tendresse.
B. la grâce de Dieu
5. Jamais tu ne l’as refusée TU
Depuis qu’il y a la terre.
Qui se remet à ta bonté
Vite est tiré d’affaire.
En toi, mon Dieu, je me confie,
J’implore, espère et je te prie :
Accorde-moi ta grâce !
6. Je songe aux mots qui sont sortis MOI
Seigneur Dieu, de ta bouche, TU
Paroles qui me rassasient,
Promesses qui me touchent :
« O homme, tu as rejeté
Honneur, devoir, fidélité,
Et approuvé les autres. Ps 1/1
7. Mais viens, regrette tes méfaits, TU
Et tous tes faux langages,
Alors je te pardonnerai,
Les torts où tu t’engages. »
Mon Dieu, je veux te prendre au mot : MOI
Je crois, je viens tout aussitôt,
Sachant que tu m’accueilles !
C. description du pécheur
8. Je suis cette âme qui courait, MOI
Quand m’appelaient les autres,
Et loin de toi qui s’enfonçait
Dans la boue de ses fautes.,
Suivant ma pente et mes désirs
Qui ont causé ton déplaisir
Et qui au vent s’envolent.
9. Je suis semblable à l’avorton MOI
Qui de toi se détourne, I Cor. 15/8
Perd héritage et succession Le fils prodigue
Et dans le mal s’enfourne. Luc. 15/11, 31
J’ai rejeté le pain de vie,
Et désiré comme la truie
Me nourrir de caroubes ! Luc 15/16
*
10. Souvent je me suis révolté, MOI
Selon mon caractère.
J’ai satisfait ma volonté,
Fait ce que j’ai vu faire.
J’ai méprisé le plus haut bien,
Perdu mon temps avec des riens
Auxquels le cœur s’attache.
11. Je devrais donc, et pauvre et nu, MOI
Mourir dans ma misère
Et ainsi ne retrouver plus
Ton sein aimant de Père. fils prodigue
Mon âme irait après ma mort
Dans les enfers, sinistre sort ! Matth. 5/23, 29
Et la mort éternelle. Apoc 21/8
D. Prière
12. Mais par ta grâce je te prie, MOI
Oublie, Dieu, mes offenses ;
Ce que j’ai fait durant ma vie,
Loin dans la mer le lance ! Michée 7/18
O Dieu très bon, je te supplie,
Pardonne-moi par Jésus-Christ
Tous mes péchés et fautes.
Texte
Weh mir, dass ich so oft und viel
Johannes Heerman 1585-1647
Devota musica cordis 1630
fr. : Yves Kéler 8.11.2013 Bischwiller
Mélodie
Es ist gewisslich an der Zeit
15e S., Wittenberg 1529, 1533
mélodie du Dies irae
RA 427, EG 149
fr. : Devant ta crèche tu me vois
LP 100, NCTC 175, ARC 370, ALL32/09
Mélodie Es ist das Heil uns kommen her
Mayence 1390, Nuremberg 1523/24
RA 176, EKG 242, EG 342
Le texte
Ce chant est une méditation de l’état du pécheur et de la grâce de Dieu qui justifie celui-ci. Il se divise en 4 grandes parties :
Le MOI et le TU, les groupes de 2 strophes
A. le constat que je suis pécheur
B. la grâce de Dieu est plus forte que le péché de l’homme
C. la description de l’état du pécheur.
D. la prière finale
La 1ère partie est dominée par le Moi : Je… 4 strophes
La 2e partie « « « le Tu, qui est Dieu 3
La 3e partie « « « le Moi : Je… 4
La 4e partie « « « le Moi : Je… 1
Total 12 strophes
Heermann groupe les strophes par 2, selon le sens. Parfois, le groupe comprend 3 strophes, comme ici les strophes 5- 6 – 7 consacrées au TU de Dieu. Parfois une strophe unique de début, formant introduction, ou de fin, formant conclusion. Ici c’est le cas pour la strophe finale qui est une prière.
Cette importance du Moi est caractéristique du pré-piétisme, qui marque l’expression de la foi au début du 16e siècle. On retrouve cette forme chez Paul Gerhardt, qui publie ses chant de 1643 et 1648 à 1661. Chez lui l’alternance du MOI et du TU est courante. De même les groupes de 2 strophes sont une constante de Gerhardt.
Les deux auteurs se suivent, Heermann mourant en 1647, quand Gerhardt démarre la publication de ses chants en 1643. La proximité de leurs styles est évidente.
Les références bibliques
Luc 15 : Heermann exploite la parabole du fils prodigue dans l’évangile de Luc. Elle est un des leit-motiv : sa citation revient 3 fois, dans la partie 3 description du pécheur.
Psaume 130 : La strophe 4 développe l’antithèse entre la grandeur du péché et la grandeur de la grâce de Dieu, et reprend 5 fois le mot grand. Il cite le Psaume 130, verset 3-4, pas dans son texte biblique mais dans celle de Martin Luther : « Ob bei uns ist der Sünde viel, Bei Gott ist viel mehr Gnade – Si chez les péchés sont nombreux, Chez Dieu il y a bien plus de grâce. »
Quelques autres passages bibliques, tels celui de la géhenne de Matthieu 5 et de l’étang de feu d’Apocalypse 21, et celui du péché jeté dans la mer de Michée 7/18 complètent références
La mélodie
Je n’ai pas trouvé quelle mélodie est retenue par Heermann. Il semble que plusieurs propositions soient faites selon les livres :
« Es ist gewisslich an der Zeit », datée de 1529, qui est celle du Dies irae protestant de 1565, que certains attribuent à Luther. Cette mélodie porte le message du jugement dernier des pécheurs. Cette mélodie est plus retenue, il faut la chanter énergiquement et avec allant, sinon elle devient plaintive.
« Es ist das Heil uns kommen her », de Nuremberg 1523, pour le texte éponyme de Speratus de 1523. Cette mélodie porte le thème de la justification par la grâce seule et par la foi. La « seule grâce – lauter Gnade » est mentionnée dès la 1ère strophe de Heermann. Cette mélodie est dynamique et plus ferme que la précédente.
Texte original
A. Feststellung des Sünderstand
1. Weh mir ! dass ich so oft und viel, ICH
Als wär ich ganz verblendet, Jesaja 42/18
Gesündigt ohne Maas uns Ziel, Zephania 1/17
Von Gott mich abgewendet.
Der doch nichts als lauter Gnad
Und Wohltat stets erwiesen hat
In meinem ganzen Leben.
2. Weh mir! Dass ich für (vor) meinem Gott ICH
Mein Herz so fest verschlossen;
Des Schutz und Trost in meiner Not
Ich doch allzeit genossen!
Viel Missetat hab ich vollbracht;
Des Herren Guttat nicht bedacht,
Mutwillig sie vergessen.
3. Mich überzeuget Herz und Sinn, ICH
Und ich muss frei bekennen,
Dass ich ein grosser Sünder bin,
Darf mich nicht anders nennen.
Doch schau ich dich, mein Heiland, a
Mit nichten ich verzweifeln kann,
Du kannst und wirst mir helfen.
4. Gross ist zwar meine Missetat, ICH
Sehr viel ist meiner Sünden; Psalm 130/3, 4, 7
Doch ist weit grösser deine Gnad, nach Luthers Lied
Kein Mensch kann sie ergründen.
So gross, o grosser Gott, du bist, DU
So gross ist auch zu aller Frist
Bei dir die Gnad und Güte.
B. Die Gnade Gottes
5. Die hast du keinem je versagt, DU
So lang die Welt gestanden.
Wer dir vertaut und nicht versagt,
Wird nimmermehr zuschanden.
Ich bitt, ich fleh, ich ruf und schrei, ICH
Ich hoff auf deine Gnad und Treu;
Ach, lass mich Gnade finden.
6. Jetzt denk ich, welch ein teures Wort ICH
Aus deinem Mund gegangen, DU
Dass mich erquickt ; dann du, mein Hort,
Sprichst selber voll Verlangen:
« Du hast, o Mensch, zwar Pflicht und Treu
Hintan gesetzt, und ohne Scheu
Mit andern zugestanden. Ps. 1/1
7. Doch komm, bereu, was du getan, DU
Lass fremdes Buhlen fahren;
So nehm ich dich dann wieder an,
Und will dein Herz bewahren. »
Bei diesem Worte fass ich dich, ICH
Ich komm, und glaube festiglich,
Du wirst mich auch annehmen.
C. Beschreibung des Sünders
8. Dann (Denn) ich bin eben diese Seel, ICH
Die andern nachgesprungen,
Und sich von dir, Immanuel,
In allem Schlamm gedrungen.
Ich habe Freude, Lust gesucht,
Die nicht erfreut, die du verflucht,
Die wie ein Rauch verschwindet.
9. Ich bin das ungeratne Kind ICH
Das sich von dir gewendet, I Kor. 15/8
Und mit dem frechen Weltgesind der verlorene Sohn
Sein Erbteil hat verschwendet. Lukas 15/11, 31
Dich, als das Lebensbrot, dabei
Hintan gesetzt und wie die Säu
Nach Träbern sich gesehnet. Lukas 15/16
10. Ich habe dir oft widerstrebt ICH
Gefolget meinem Willen ;
Den bösen Lüsten nachgelebt,
Dass ich sie möchte erfüllen.
Das höchste Gut hab ich veracht,
Auf das, was zeitlich ist veracht,
Mein Herz daran gehänget.
11. Deswegen müsst ich nackt und bloss ICH
In meinem Elend sterben;
Ich könnte meine Vaters Schoss der verlorene Sohn
Nicht durch mich selbst erwerben. Lukas 15
Die Seele müsste nach dem Tod
In Höllenangst, in Pein und Not,
Die ewig quälet, büssen.
D. Gebet
12. Allein, ich bitte dich um Gnad, ICH
Du wollst nicht mehr gedenken,
Was ich verübt für Freveltat,
Ins Meer wollst du sie senken. Micha 7/18
Ich bitte dich durch Christi Huld,
Schank mir der Sünden Straf und Schuld,
Gib mir ein neues Herze.