REPENTANCE
O DIEU, QUE TON COURROUX EST GRAND tt
Ach Gott, wie schrecklich ist dein Grimm
Johannes Heermann 1585-1647
Mélodie : Kommt her zu mir, spricht Gottes
A. Mon péché et le sacrifice suffisant du Christ
1. O Dieu, que ton courroux est grand,
Ta voix tonne en ton jugement !
Où trouverai-je une aide ?
Pourtant, mon Dieu, accorde-moi
Que je m’adresse encor à toi
Avant que je décède !
2. Vois, Dieu fidèle, ton cher Fils
Qui fit ce qu’il faut, lui le Christ,
Ce qu’étaient ses souffrances.
Il fut ton Fils obéissant,
Il a subi tant de tourments
Pour notre délivrance.
3. Il est, lui, Fils, moi serviteur,
Il voulut être mon Sauveur
Allant au sacrifice.
Il fut de Dieu l’unique enfant,
Jusqu’à la mort compatissant
Pour que ma mort finisse.
4. Sur cette croix où tu l’as mis
Pour qu’il me restitue la vie,
Tu m’en as fait l’offrande !
Il accomplit en un instant
Tout mon salut en détruisant
La mort à ta demande.
B. Description des membres du Christ en croix, et identification du fidèle
5. O Dieu, regarde donc et vois
Que ce grand œuvre de la foi
Est tout incomparable.
Le corps de ton Fils est pendu
Comme un drap rouge sang tendu
A la vue effroyable.
6. Aussi sanglantes sont ses mains,
Rougies par leur liquide saint.
Seigneur mon Dieu, pardonne
Tous les péchés que j’ai commis,
Tant de mes mains qu’en mon esprit :
Pour moi ta grâce est bonne
7. Vois avec quelle cruauté
On a percé son saint côté
Du coup d’un fer de lance.
Dieu, rends nouvelle par cette eau
Qui sort de son cœur comme un flot,
Toute mon existence.
8. Regarde aux pieds de ton enfant,
Pleins de crevasses, pleins de sang,
Fais que mon pied ne bute.
Le monde m’offre un sol glissant,
Sans toi je risque l’accident :
Préserve-moi de chute !
9. Vois donc comment sa tête pend,
A la vue de tous les passants :
Son sort les indiffère.
A cause de son sang versé,
Accorde-moi, Dieu, ta bonté,
Bénis ta créature.
10. Vois, son cœur est tout entr’ouvert,
Béant du coup porté du fer,
Ses joues sont toutes pâles !
Sa bouche blanche, corps perclus,
Ses bras, sans force, sont tordus,
Rompues sont ses épaules.
11. Ses yeux éteints, eux qui voyaient
Ce qui sur terre se passait !
Son sang descend ses cuisses,
Ce sang qui sort du corps meurtri,
Qui roule comme un flot de vie,
Produit pour nous la grâce.
12. De coups ses membres sont marqués,
Rien dans son corps n’est préservé,
Sans fin sont ses souffrances.
Dieu, songe à quelle punition
L’expose sa condamnation :
Dieu, cesse ta vengeance.
C. Prière
13. O Dieu fidèle, je t’en prie,
Par les mérites de ton Christ
Pardonne-moi mes fautes.
Car sur la croix il a détruit
Tous les péchés que j’ai commis,
Pour que toi tu me les ôtes.
Texte
Ach Gott, wie schrecklich ist dein Grimm
Johannes Heermann 1585-1647
Devota musica cordis 1630
fr. : Yves Kéler 2.11.2013 Bischwiller
Mélodie
Kommt her zu mir, spricht Gottes Sohn
1504, spirituel 1530, Nuremberg 1535
RA 410, EKG 245, EG 363
Le texte
Ce chant est une méditation sur le sacrifice nécessaire et suffisant du Christ, dont la mort satisfactoire ôte le péché de l’homme qui croit en lui. Le Christ est le Médiateur du salut. Celui-ci est accompli par lui dans sa mort et par l’attribution au fidèle de ses mérites. La justice du chrétien est rétablie par l’opération du Christ qui emporte mon péché dans la mort S’opère ainsi une substitution et un échange : le Fils prend mon péché et me donne sa justice. L’auteur demande à Dieu de regarder ce Christ dont la mort le délivre du péché, et de recevoir son sacrifice pour lui, et de lui pardonner le péché. C’est la doctrine luthérienne établie en cantique.
Heermann divise son chant en 2 grandes parties, encadrées par une prière à la première strophe et une à la dernière. La 1ère partie, des strophes 2 à 4, demande à Dieu de voir ce Christ et l’œuvre qu’il a accomplie. La 2e partie est une description du Christ en croix, que Dieu doit voir. L’idée est rare : d’ordinaire, le Christ en croix est décrit tel quel, ou bien le fidèle contemple le Christ, et le salue, comme dans les Salve, par exemple les 7 Salve de la croix d’Arnulfe de Louvain (le 7e, Ave caput cruentatatum – Salut, tête sanglante », est traduit par Paul Gerhardt sous le titre de « O Haupt voll Blut und Wunden – Chef couvert de blessures. ») Ici donc Heermann demande à Dieu de regarder ce Christ, et il emploie dans 6 strophes le mot « Schau – regarde », soit dans une sur deux des 13 strophes, et chaque fois en début de strophe. La 1ère partie est commandée par un « Schau » qui englobe les 3 strophes. Dans la 2e partie, les « Schau » sont concentrés et se suivent l’un après l’autre : aux strophes 5, 7, 8, 9, 10. L’insistance est évidente.
La description du corps meurtri est méthodique et se développe en deux groupes de 4 strophes. Dans les 4 premières, Heermann commence par le corps (5), continue par les mains (6), puis par le côté (7) et finit aux pieds (8). En 4 nouvelles strophes, il va de la tête (9) aux membres (12), en passant par le cœur, les joues, la bouche, les bras, les épaules (10), les yeux, les cuisses (11). La strophe 10 concentre le plus de parties du Christ : cinq.
Dans 2 strophes, la 6 et la 8, les mains et les pieds du Christ sont mis en relation avec « mes mains » et « mes pieds. » Ces rapprochements se trouvent dans d’autres chants, appliqués de façon méthodique dans l’idée de l’identification avec le Christ, selon le thème de l’image du Christ en moi, et de l’imitation du Christ.
La mélodie
La mélodie « Kommt her zu mir, spricht Gottes Sohn – Venez à moi, dit le Fils de Dieu » est celle d’un chant, en fait une ballade, dans laquelle Jésus appelle les gens à le suivre. Elle s’adapte bien au chant de Heermann qui appelle à contempler le Christ en croix. Il faut bien exécuter la fleur finale de 6 notes descendantes sur l’avant-dernière syllabe et la dernière qui est creuse.
Le texte original, recomposé en allemand moderne
1.) Ach, Gott, wie schrecklich ist dein Grimm,
Jetzt hör ich deine Donnerstimm’,
Ach, Hilfe will zerrinnen.
Doch, o mein Gott, vergönne mir,
Dass ich vorsprechen mag vor dir,
Eh denn ich muss von hinnen.
2.) Schau doch, o frommer Vater, an,
Den, der für uns hat g’nug getan,
Und was er hat erduldet.
Ist’s nicht der allerfrömmste Sohn,
Der ausgestanden Spott und Hohn
Für mich, der ich’s verschuldet?
3.) Er ist der Sohn, ich bin der Knecht.
Dennoch, auf dass ich leben möcht’,
Hast du ihn lassen töten.
Wie er denn auch gehorsamlich
Zum Kreuzestod gestellet sich,
Geholfen mir aus Nöten.
4.) Er ist’s, der mir dies alles schafft,
Den du erzeugt aus deiner Kraft,
Den du mir hast geschenket.
Der hat für mich zu rechter Zeit
Teilhaftig meiner Dürftigkeit,
Sich in den Tod gesenket.
5.) Darum, o Gott, schau doch und merk
Auf dieses große Gnadenwerk,
Dem keines zu vergleichen.
Dein’s Sohnes Leib hängt ausgespannt,
Gleichwie ein rotes Blutgewand:
Lass dies dein Herz erweichen.
6.) Wie sind die Hände doch, o Gott,
Vor lauter Blut an ihm so rot.
Vergib, was ich für Sünden
Mit meinen Händen oft getan,
Ob ich sie schon nicht zählen kann,
Dein’ Augen sie doch finden.
7.) Schau an, mit was für Grausamkeit
Hat seine allerheiligst’ seit’
Ein scharfer Speer durchdrungen!
Erneure mich mit großer Gnad
Durch dieses edle Wasserbad,
Aus seiner Seit’ entsprungen.
8.) Schau, o Gott, an, wie deinem Kind
Durchgraben seine Füße sind,
Lass meinen Fuß nicht gleiten.
Die Welt sehr schlüpfrig macht die Bahn,
ohn’ dich ich leichtlich straucheln kann,
Drum wollst du selbst mich leiten.
9.) Schau an, wie er sein Haupt geneigt
Am Kreuz und jedermann gezeigt,
Dass er den Tod nicht scheue.
Von wegen seiner Freundlichkeit
Sei zur Erbarmung mir bereit,
Dein arm’ Geschöpf erfreue.
10.) Schau, Herr, wie ist sein Herz entblößt,
Als man durch seine Seite stößt,
Wie blass sind seine Wangen.
Der Leib verschmacht, der Mund erbleicht,
Den Armen alle Kraft entweicht,
Die Bein’ gestrecket hangen.
11.) Die Augen brechen, die gesehn,
Was in der ganzen Welt geschehn,
Das Blut die Füße netzet.
Das Blut, das aus den Wunden fließt
Und sich wie eine Flut ergießt,
Das uns in Gnade setzet.
12.) Die Glieder sind ihm gar verwundt,
An seinem Leib ist nichts gesund,
Der Schmerze hat kein’ Ende.
Gedenke, was für schwere Straf’
Am Kreuze deinen Sohn betraf,
Von deinem Grimm dich wende.
13.) Ich bitte dich, o treuer Gott,
Um deines ein’gen Sohnes Tod,
Mir alle Schuld erlasse.
Denn er ja meine Missetat
Am Kreuz für mich getilget hat,
Der ich’s im Glauben fasse.
Autor : Johannes Gottfried Heermann
Melodie: Kommt her zu mir, sprich Gottes Sohn
oder : Geh aus mein Herz und suche Freud
In diesem Fall muss die letzte Zeile
zweimal gesungen werden