NOUVEL AN
CIRCONCISION
POUR L’AN NOUVEAU, SEIGNEUR
Zum neuen Jahr, HERR Christ
Mélodie : O Gott, du frommer Gott
I ou II
Heermann Johann
Exercitium Pietatis 1644
Luc 4/116-21, évangile du Nouvel an
.
1. Pour l’an nouveau, SEIGNEUR,
Aurons-nous des étrennes?
Et que puis-je en mon cœur
T’offrir cette semaine?
Je m’offre tout à toi, Cant
Toi, donne-toi à moi :
J’en serai enrichi,
Heureux dans mon esprit.
.
2. O Jésus nouveau-né,
A toi, enfant, la gloire !
Le nom qui t’est donné
Est signe de victoire.
Je suis dans le péché :
Tu peux m’en purifier.
Tu t’es fait mon Sauveur,
Et mon grand Rédempteur.
.
3. Jésus, oh ! lave-moi
Par le sang qui découle,
Du bois de cette croix,
Pour moi et pour la foule.
Ton sang réconcilie
Avec moi Dieu ici
Et vers lui me conduit
Jusqu’en son paradis.
.
4. Le vieil an est passé,
Un tout nouveau commence.
Mon Dieu, tu m’as aidé,
Montré ta prévenance.
De nous veuille écarter
La mort et le danger.
Donne-nous pour bienfait
Un nouvel an de paix.
.
Texte allemand
1.) Zum neuen Jahr, HERR Christ,
Was willst du uns bescheren?
Was kann und soll ich dir
Hinwiederum gewähren?
Dir übergeb ich mich:
Gib du dich eigen mir,
So bin ich reich, so bin
Ich selig dort und hier.
.
2. O, neugebornes Kind,
O, Jesu, hoch gepreiset!
Dass du mein Heiland seist,
Dein Jesus-Name weiset.
Voll Sünden steckt mein Herz,
Ach, mache mich doch rein,
So wirst du auch mein Heil
Und Seligmacher sein.
.
3. O, Jesu, wasche mich
Mit deinem teurem Blute,
Das du vergossen hast,
Aus Liebe, mir zu Gute.
Dies Blut versöhnet mich
Mit Gott und öffnet mir
Die Tür ins Paradies
.
Zu Gott, des dank ich dir.
4.) Das alte Jahr ist aus,
Das neue eingetreten,
Geholfen hast du mir,
O Gott, wie ich gebeten.
Ach, wende ferner ab
Von uns Not und Gefahr,
Dein Wort erhalt und gib
Ein friedlichs neues Jahr.
.
Texte Zum neuen Jahr, HERR Christ
Johann Heermann 1644
Exercitium pietatis 1644, p. 8
Die Circumcisionem Domini
Jour de la Circoncision du Seigneur
fr. : Yves Kéler, 6.6.2014 St Junien
Mélodie O Gott, du frommer Gott II
Regensburg (Ratisbonne)1675,
Meinigen 1693, 1854
RA 384, EKG 383, EG
fr. : Je suivrai Jésus-Christ
LP 253, ALL 44/10
O Gott, du frommer Gott I
Braunschweig 1648
RA deest, EKG 383, EG 495
fr. : Je veux répondre, ô Dieu
LP 246
Le texte
Ce chant est destiné à la fête de la Circoncision le 1er janvier, mais ne fait qu’une allusion à cet événement : le don du nom de Jésus, selon Luc 2/21, à la strophe 2.
A cause de ce don du nom, l’année civile est placée sous le nom de Jésus. De là est née la tradition du mot d’ordre de l’année, « Jahreslosung », contenant au départ le nom de Jésus et visant à placer l’année sous ce nom. Plusieurs chants de Nouvel an rappellent la chose, dont « Jesus soll die Losung sein, da ein neuues Jahr erschienen – Jésus doit être le mot d’ordre, Puisque une année nouvelle et apparue », de BenjaminSchmolck en 1726. (voir RA 51 et EG 62. Voir sur ce site, chants français « Jésus, prends-moi par la main. » La circoncision et le Nouvel an sont liés de cette manière.
Pour le reste, le chant est entièrement centré sur le nouvel an. Il fait aussi allusion, je crois, à la tradition des étrennes, très vivante à l’époque, car il est dit : « Was willst du uns bescheren – Que veux-tu nous offrir en cadeau », « bescheren » ayant classiquement ce sens de « donner un ou des cadeaux » à une fête marquante, Noël, Pâques, anniversaire, mariage, etc…La question classique à l’époque apparaît : « Que puis-je t’offrir en retour », ce qui est aussi un trait germanique que tout cadeau doit être « vergolten – revanché, mot à mot. » La seule façon de le faire sera spirituelle, – car on ne peut échanger des cadeaux matériels avec le Christ – et d’échanger les personnes sous forme de don : « Dir übergeb’ ich mich, Gib du dich eigen mir – Toi offres-toi à moi, A toi je me donne, moi », exprimé en un raccourci d’expression génial. Cette image reprend celle du Cantique des cantiques 2/16 : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui », phrase qui a joué un grand rôle dans la mystique du Christ du Moyen-Age au 19e siècle.
La 2e strophe ramène à l’enfant Jésus, qui est prié de pardonner mes péchés. Cela rappelle la piété de l’enfant Jésus, « Kind Jesu Liebe – L’amour de l’enfant Jésus », qui devient une dépendance de la « Jesu Liebe – L’amour de Jésus. » Cette piété aussi a été très importante. On la trouve chez Paul Gerhardt, par exemple dans son « Ich steh an deiner Krippe hier – Devant ta crèche je me tiens. » Elle subsiste aujourd’hui chez les catholiques,tchèques et allemand en particulier, dans l’adoration de l’enfant Jésus, tel le « Prager Kind – l’enfant de Prague », vénéré dans cette ville. Cet enfant est né pour mourir pour mes péchés, c’est pourquoi je l’invoque.
C’est ce que précise la 3e strophe, qui cite le sang versé par ce futur sauveur, sang qui réconcilie Dieu avec moi. On passe de la théologie de l’enfant qui naît à celle du sauveur qui meurt sur la croix.
La 4e strophe est une prière pour une bonne année nouvelle.
Dans l’emploi unique ici du HERR Christ à la première strophe, qui ne sera plus répété, le fidèle passe du SEIGNEUR à l’enfant humain et au supplicié de la croix. Le Sauveur sera appelé « Jésus » dans les strophes 2 et 3. Le chant se termine avec un retour à Dieu, fin de la strophe 3 et strophe 4, Dieu qui reste le moteur de toute l’histoire sainte, de celle de l’Eglise et de ma personne.
Au total, ce chant de Nouvel an est un petit chef-d’œuvre de théologie et de piété, en 4 strophes d’un texte serré et concis.
HERR
Heermann écrit HERR avec 4 majuscules. Ce titre écrit ainsi transcrit le tétragramme IHVH, Iahvé, qui désigne Dieu dans l’A.T. Il applique ce titre au Christ, puisque avec le Père et avec l’Esprit, il est de nature divine et Seigneur : « Dieu, né de Dieu, Dieu, Lumière né de la lumière », selon Nicée-Constantinople. Luther a déjà agit ainsi dans son « Ein feste Burg ist unser Gott – C’est un rempart que notre Dieu », où il appelle Jésus « der Herr Zebaoth – le Seigneur des armées », qui traduit l’hébreu « Iahvé Sabaoth – Iavé des armées. » Dans sa Bible de 1534, Luther transcrit toujours l’équivalent de Iahvé par HERR, avec les 4 majuscules, d’après les substituts Kyrios – Dominus du grec et du latin. Heermann montre ici qu’il est un luthérien affirmé.
En revanche, Jesus ou Christ ne sont jamais en majuscules. De même les « Er –lui » ou « Du –Tu. » Le nom propre de Jésus, ou le titre propre du Christ = le Messie, n’expriment pas sa divinité. Seul son titre de SEIGNEUR – HERR le fait.
Cette graphie de HERR se trouve méthodiquement dans l’ensemble de l’Exercitium Pietatis.
Enjambement
Heermann n’emploie pas ici l’enjambement, dont il est coutumier dans beaucoup de ses chants.
Répétition de certains mots-clés
Heermann répète volontiers certains mots dans ses chants. Tantôt le mot apparaît 2 fois dans la même strophe, tantôt il est répété de la 1ère à la 2e strophe. Ici, les deux mots répétés sont Jésus et Dieu.