2. 2. 6 . Exerc. Piet. 2e dim. après Noël, TU DOIS, JESUS ENFANT (trad) Du musst, o Jesulein

1er DIMANCHE APRES NOËL

TU DOIS, JESUS ENFANT

Du musst, o Jesulein

Mélodie : O Gott, du frommer Gott

I ou II

Heermann Johann

Exercitium Pietatis 1644

Luc 2/13-18, évangile du dimanche,

La fuite en Egypte

.

1. Tu dois, Jésus enfant,

    Fuir en terre étrangère,

    Et précipitamment,

    Avec tes père et mère.

    Et tu le fais pour moi,

    Pour que j’aille avec toi

    Dans la patrie de Dieu

    Qui siège dans les cieux.

.

2. Pourquoi t’inquiètes-tu,

    S’il faut quitter ta terre

    A cause de Jésus

    Et vivre la misère ?

    Souviens-toi que ton Dieu 

    Se trouve en tout endroit,

    Qu’il t’aide de son mieux

    Pour adoucir ta croix.

.

3. Qui souffre ici la mort

    Pour Christ et le confesse,

    Vivra, venu au port,

    Avec Jésus sans cesse.

    Dieu se tient près de toi,

    De toi il se soucie,

    Quand tu deviens la proie

    Du Diable, l’Ennemi.

.

Texte allemand

1. Du musst, o Jesulein,

    Noch zart auf fremden Strassen.

    Bist kaum geboren, und musst

    Das Vaterland verlassen

    Das tust du mir zugut,

    Dass ich komm hin zu dir

    Ins rechte Vaterland.

    Du hast’s erworben mir.

.

2. Was trauerst du so sehr,

    Wenn du um Christi Willen

    Ins Elend wandern sollt?

    Tu deinen Kummer stillen.

    Gedenke, dass dein Gott

    An allen Orten sei,

    Und stehe dir mit Hilf

    In deinem Kummer bei.

.

3. Wer allhie wird den Tod

    Um Christi willen leiden,

    Der wird auch leben dort

    Mit Ihm (sic) in höchsten Freuden.

    Gott ist bei dir, Gott sorgt

    Für dich, wenn dich die Welt

    Verjagt, ja wenn sie dir

    Nach Leib und Leben stellt.

.

Texte Du musst, o Jesulein

Johann Heermann 1644

                          Exercitium pietatis 1644, p. 9

                          Dominica post Circulcisionem Domini,

                          Dimanche après la Circoncision du Seigneur =

                          2e dimanche après Noël

                          fr. : Yves Kéler, 29.9.2014 Bischwiller

Mélodie O Gott, du frommer Gott II

Regensburg (Ratisbonne)1675,

                          Meinigen 1693, 1854

                          RA 384, EKG 383, EG

                          fr. : Je suivrai Jésus-Christ
         
                                           LP 253, ALL 44/10

                          O Gott, du frommer Gott I

                          Braunschweig 1648

                          RA deest, EKG 383, EG 495

                          fr. : Je veux répondre, ô Dieu

                                 LP 246

Le texte

Str. 1 : Le texte est basé sur la fuite en Egypte, exposée dans la 1ère strophe. Christ quitte sa patrie et devient un exilé, pour que exilé dans ce monde, j’accède à la patrie de Dieu. Heermann emploie deux fois le mot « Vaterland –Patrie », mot à mot « pays du père ou des pères », mais la 1ère fois vise la patrie humaine : l’homme Jésus quitte Bethléem, patrie des ses pères, pour nous conduire à la vraie patrie céleste, « le pays du Père », soit Dieu. De fait, il fait un jeu de mots, qui passe bien en allemand, mais déjà plus difficile en français.

Heermann emploie le mot « Elend – Exil, misère », qui a les deux sens indiqués. « E-lend », primitivement, c’est « hors – ex-e du pays », qui a été remplacé dans le sens de l’étranger par « Aus – land –hors du pays. » Mais l’exil représentait aussi la misère et la douleur, d’où le 2e sens, resté seul en allemand moderne. Je pense que Heermann joue sur les deux sens du mot, encore compris de son temps.

Str. 2 :La consolation de l’émigré est qu’il retrouve Dieu ailleurs, et n’est donc pas lié à sa patrie pour sa foi. Il faut comprendre qu’à cette époque de persécution, les gens étaient souvent obligés de fuir dans une autre région, ou que certains s’en allaient parce qu’on les empêchait de pratiquer leur foi. Ils partaient pour retrouver Dieu ailleurs. Heermann a fait lui-même plusieurs fois cette triste expérience. Il caractérise cette épreuve par le mot « Kummer – Souci, Chagrin », qui indique la préoccupation : « sich darum kümmern – s’en occuper », en même temps que la douleur de l’âme. La souffrance n’est pas physique, mais spirituelle.

Ste. 3 : Ici on franchit un pas. Il ne s’agit plus de l’exil, mais de la mort. Qui meurt ainsi rejoint la patrie divine. C’est le monde, die Welt, qui « Verjagt – chasse », et qui « Nach Leib und Seele stellt – En veut à ton corps et à ton âme. » En fait ce sont les catholiques qui persécutent qui se cachent derrière le mot « Welt. » Peut-être Heermann veut-il relever le côté mondain et peu chrétien de l’agissement de l’Eglise romaine.

HERR

Heermann écrit HERR avec 4 majuscules. Ce titre écrit ainsi transcrit le tétragramme IHVH, Iahvé, qui désigne Dieu dans l’A.T. Il applique ce titre au Christ, puisque avec le Père et avec l’Esprit, il est de nature divine et Seigneur : « Dieu, né de Dieu, Dieu, Lumière né de la lumière », selon Nicée-Constantinople. Luther a déjà agit ainsi dans son « Ein feste Burg ist unser Gott – C’est un rempart que notre Dieu », où il appelle Jésus « der Herr Zebaoth – le Seigneur des armées », qui traduit l’hébreu « Iahvé Sabaoth – Iahvé des armées. » Dans sa Bible de 1534, Luther transcrit toujours l’équivalent de Iahvé par HERR, avec les 4 majuscules, d’après les substituts Kyrios – Dominus du grec et du latin. Heermann montre ici qu’il est un luthérien affirmé.

En revanche, Jesus ou Christ ne sont jamais en majuscules. De même les « Er –lui » ou « Du –Tu. » Le nom propre de Jésus, ou le titre propre du Christ = le Messie, n’expriment pas sa divinité. Seul son titre de SEIGNEUR – HERR le fait.

Cette graphie de HERR se trouve méthodiquement dans l’ensemble de l’Exercitium Pietatis.

Toutefois dans ce chant, une exception, à la strophe 3, où il est écrit « mit Ihm – avec lui », avec une majuscule. Erreur de typographe, habitué à mettre des majuscules à tout ce qui concerne la divinité ? Probable, puisque les autres pronoms dans le texte sont écrits en minuscules.


Enjambement

Heermann n’emploie pas ici l’enjambement, dont il est coutumier dans beaucoup de ses chants.

Répétition de certains mots-clés

Heermann répète volontiers certains mots dans ses chants. Tantôt le mot apparaît 2 fois dans la même strophe, tantôt il est répété de la 1ère à la 2e strophe.

Voir les deux mots répétés : « Vaterland » et « Kummer » signalés plus haut.