2. 5. 06. Exerc. Piet. Jubilate, ME FAUT-IL MAINTENANT (trd) Jetzt muss ich dir das Kreuz

MISERICORSIAS DOMINI 

ME FAUT-IL MAINTENANT

Jetzt muss ich dir ds Kreuz

Mélodie : O Gott, du frommer Gott

I ou II

Heermann Johann

Exercitium Pietatis 1644

Jean 16/16-23, évangile du jour

Annonce de son  départ par Jésus

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1. Me faut-il maintenant

    Porter la croix des larmes,   

    Passer ainsi mon temps

    En pleurs et en alarmes?                v. 20

    La croix ne dure pas,

    Car dans l’éternité

    La véritable joie                             v. 20

    Par Dieu sera donnée.

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2. Lorsque Dieu te châtie,

    C’est pour ton bien, ô homme!

    Plus aimé est l’ami,

    Plus rude est Dieu en somme.

    Je porte donc ma croix,

    Patient et espérant

    Que sa grâce et ma foi

    Me gardent en tout temps.

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Texte allemand

1. Jetzt muss ich dir das Kreuz,

    HERR Jesu, stets nachtragen,

    Verbringen meine Zeit

    Mit Weinen und Wehklagen.     v. 20

    Doch tröstet mich : das Kreuz

    Währt eine kleine Zeit.

    Im Himmel folgt darauf

    Bei dir die wahre Freud.           v. 20

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2. Wenn dich Gott stäupt, o Mensch,

    Tut er es dir zugute.

    Je lieber ihm das Kind,

    Je grösser ist die Rute.

    Drum trag du mit Geduld

    Das Kreuz, hoff auch dabei,

    Dass Gottes Gnad und Hilf

    Im Kreuz nicht ferne sei.

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Texte Jetzt muss ich dir das Kreuz

Johann Heermann 1644

                          Exercitium pietatis 1644, p. 29

                          Dominica Jubilate, Dimanche Jubilate

                          fr. : Yves Kéler, 7.10.2014 Bischwiller

         Mélodie    O Gott, du frommer Gott II

                          Regensburg (Ratisbonne)1675,

                          Meinigen 1693, 1854

                          RA 384, EKG 383, EG

                          fr. : Je suivrai Jésus-Christ

LP 253, ALL 44/10

                          O Gott, du frommer Gott I

                          Braunschweig 1648

                          RA deest, EKG 383, EG 495

                          fr. : Je veux répondre, ô Dieu

                                 LP 246

Le texte

Le texte illustre l’évangile lu au temps de Heermann ce dimanche, qui est Jean 16/16-23 (aujourd’hui : Jean 15/1-8.) Ce même évangile se trouve à la base des trois cantates de Bach pour Jubilate : BWV 12 « Weinen, klagen, Sorgen, Zagen – Pleurer, se lamenter, se soucier, hésiter »; BWV 103 « Ihr werdet weinen und heulen – Vous pleurerez et vous lamenterez », v. 20 ; BWV 146 « Wir müssen duch viel Trübsal – Nous devons traverser beaucoup de tristesses. »  

Jésus annonce son départ aux disciples, dans les discours d’adieu. Cette parole est placée à Jubilate comme préparation à l’Ascension et au départ du Christ, mais aussi des tribulations et souffrances que subira l’Eglise. Jésus dit en effet : » En vérité, en vérité, je vous le dis : Vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira, et vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse sera changée en joie », v. 20. Heermann emploie pour ces souffrances le mot de « Kreuz –Croix », qu’il faut porter pour suivre le Christ. Jésus ne parle pas de la croix dans cette péricope. Mais comme ces paroles ont été prononcées avant la mort du Christ sur la croix, Heermann en reprend l’image pour la placer après Pâques dans un sen spirituel.

Heermann développe le thème de la souffrance en la justifiant par l’amour de Dieu qui punit ceux qu’il aime, selon Proverbes 3/12 « Celui que Dieu aime, il le châtie », le fameux « Qui Deus amat, eum castigat. » La fin de ces douleurs endurées sera la grâce salvatrice de Dieu qui se tient près du fidèle. Ce salut se passe sur la terre, encore avant la mort, pas au ciel.

 HERR


Heermann écrit HERR avec 4 majuscules. Ce titre écrit ainsi transcrit le tétragramme IHVH, Iahvé, qui désigne Dieu dans l’A.T. Il applique ce titre au Christ, puisque avec le Père et avec l’Esprit, il est de nature divine et Seigneur : « Dieu, né de Dieu, Dieu, Lumière né de la lumière », selon Nicée-Constantinople. Luther a déjà agit ainsi dans son « Ein feste Burg ist unser Gott – C’est un rempart que notre Dieu », où il appelle Jésus « der Herr Zebaoth – le Seigneur des armées », qui traduit l’hébreu « Iahvé Sabaoth – Iahvé des armées. » Dans sa Bible de 1534, Luther transcrit toujours l’équivalent de Iahvé par HERR, avec les 4 majuscules, d’après les substituts Kyrios – Dominus du grec et du latin. Heermann montre ici qu’il est un luthérien affirmé.

En revanche, Jesus ou Christ ne sont jamais en majuscules. De même les « Er –lui » ou « Du –Tu. » Le nom propre de Jésus, ou le titre propre du Christ = le Messie, n’expriment pas sa divinité. Seul son titre de SEIGNEUR – HERR le fait.

Cette graphie de HERR se trouve méthodiquement dans l’ensemble de l’Exercitium Pietatis.

Répétition de certains mots-clés

Heermann répète volontiers certains mots dans ses chants. Tantôt le mot apparaît 2 fois dans la même strophe, tantôt il est répété de la 1ère à la 2e strophe.

Le mot « Kreuz – Croix » est repris dans chaque strophe, ce qui fait 4 occurrences, et marque fortement les souffrances comme une croix à porter, ce qui n’est pas dit en ces mots dans l’évangile.