2. 5. 07. Exerc. Piet. Cantate, CRAINDRAIS-JE, JESUS-CHRIST (trad) Was fürcht ich mich, HERR Christ

CANTATE

CRAINDRAIS-JE, JESUS-CHRIST

Was fürcht ich mich, HERR Christ
Mélodie : O Gott, du frommer Gott

I ou II

Heermann Johann

Exercitium Pietatis 1644

Jean 16/5-15, ancien évangile du jour

Annonce du départ du Christ et de l’arrivée de l’Esprit saint

.

1. Craindrais-je, Jésus-Christ,

    La mort et la détresse ?           v. 6

    De toi me vient la vie

    Et le secours sans cesse.

    Ta mort a transformé

    En moi ma propre mort,

    Changeant ma destinée

    En entrée dans le port.

.

2. Envoie-moi, SEIGNEUR Christ,

    Du ciel, depuis ton trône,

    Ton consolant Esprit,                      v. 7

    Que ton amour seul donne.

    Témoigne à mon esprit

    Que j’appartiens à Dieu

    Pour que j’atteigne en lui

    Le ciel et les hauts lieux.

.

3. Par ton chemin de mort

    Tu m’as ouvert la route.

    Ton ascension me sort            Actes 1/9

    Des craintes et des doutes.

    Que je prépare, ô Christ,

    Vers toi mon ascension,

    Attire en mon esprit

    Sur toi mon attention.

.

4. Dirige-moi, SEIGNEUR,

    Et fais que j’obéisse

    Au saint Consolateur,                v. 13

    Et fais qu’il me bénisse,

    Pour que, prédicateur,

    Je prêche patiemment

    Et me tourne, ô SEIGNEUR,

    Vers toi à tout instant.

.

5. Dieu Saint-Esprit, toi qui

    En vérité me guides,                  v. 13

    Qui répands jusqu’ici

    Parole, amour et aide,

    Maintiens-moi dans la foi

    Car tu m’as converti,

    Et chasse loin de moi

    Ce mal qui m’a tant nui.

.

Texte allemand

1. Was fürcht’ ich mich, HERR Christ,

    In Todesnot und Schmerzen?

    Aus deinem Mund hab ich

    Den Trost in meinem Herzen.

    Durch deinen Tod hast du

    Verwandelt meinen Tod,

    Dass er mir worden ist

    Ein Gang hinauf zu Gott.

.

2. O sende mir, HERR Christ,

    Vom hohen Himmelsthrone

    Den Heilgen Geist, dass er

    Mit Troste bei mir wohne.

    Bezeuge meinem Geist,

    Ich sei ja Gottes Kind,

    Damit ich ritterlich

    Not und Tod überwind.

.

3. Durch deinen Todesgang

    Hast du die Bahn gebrochen

    Zum Himmelreich, und mich

    An Feinden gut gerochen (gerächet)

    HERR Christ, hilf, dass ich mich

    Zu meiner Himmelfahrt

    Stets recht und wohl bereit,

    und drauf mit Freuden wart.

.

4. Regiere mich, HERR Christ,

    Dass ich dem heilgen (minusc. sic) Geiste,

    Dem Herrn des Predigtamts,

    Allzeit Gehorsam leiste;

    Auf dass ich werde durch

    Dies Amt bekehrt zu dir,

    Und bleib ein Erb’ und Kind

    Des Himmels für und für.

.

5. O Heilger Geist, der du

    Zur Wahrheit mich geleitet,

    Und dein wahrhaftes Wort

    Auf Erden ausgebreitet.

    Erhalte mich bei dem,

    Wozu du mich bekehrt.

    Treib ab, was dir dein Volk 

    Mit Lügengift beschwert. 

.

Texte Was fürcht’ ich mich, HERR Christ

Johann Heermann 1644

                          Exercitium pietatis 1644, p. 29

                          Dominica Cantate, Dimanche Cantate

                          fr. : Yves Kéler, 7.10.2014 Strasbourg au « Romulus »

         Mélodie    O Gott, du frommer Gott II

                          Regensburg (Ratisbonne)1675,

                          Meinigen 1693, 1854

                          RA 384, EKG 383, EG

                          fr. : Je suivrai Jésus-Christ

LP 253, ALL 44/10

                          O Gott, du frommer Gott I

                          Braunschweig 1648

                          RA deest, EKG 383, EG 495

                          fr. : Je veux répondre, ô Dieu

                                 LP 246

Le texte

Le chant suit la lecture de Jean 16, qui était la lecture d’évangile du temps de Heermann, que Bach a connue également et employée dans ses deux cantates pour Cantate : BWV 166 « Wo gehst du hin? – Où vas-tu ? » et BWV 108 « Es ist gut dass ich hingehe – Il est bon que je m’en aille. »

La lecture actuelle est Matthieu 11/25-30, la louange des tout-petits, en rapport avec le thème de « Cantate – Chantez » qui est le nom du dimanche. Or les lectures du temps de Pâques, depuis le dimanche des Rameaux jusqu’à la Trinité, sont toutes prises dans l’évangile de Jean et visent le départ du Christ et l’envoi du Saint-Esprit. C’est la théologie de Jean : le Christ meurt « pour être élevé » et pour emmener les siens dans le Royaume. Ce changement pour Matthieu est intempestif et trouble la suite des lectures. Il faudrait un jour décider de revenir à la lecture de Jean. Le thème du chant de la gloire chantée de Dieu ne vient pas de l’évangile, mais du Psaume du dimanche, qui est le 98 : « Chantez au Seigneur un chant nouveau. »

L’Ascension du Christ selon Actes 1/9-11 est citée à la strophe 4, et appliquée au fidèle qui veut suivre le Christ au ciel.

Les strophes développent les thèmes de l’évangile.

A la strophe 4, Heermann fait une application du « conduire dans la vérité » à son ministère de prédicateur. Il appelle le Saint-Esprit « der Herr des Predigtamtes – le Seigneur du ministère de la prédication. » Il écrit « Herr » avec 3 minuscules, ert non pas 4 majuscules, plus dans le sens de Maître que de Seigneur, plus dans le sens instrumental de celui qui dirige que dans le sens d’un titre de la 3e personne de la Trinité. Curieusement, à la strophe 2, « heiligen Geist –Saint-Esprit », et à la 4 : « O heiliger Geist », « heilig » est écrit avec une minuscule, contrairement à l’habitude du temps. Est-ce une vriante due au typographe ? Il est vrai qu’au 16e siècle, chez Luther par exemple, « heilig Geist » était écrit ainsi.

HERR

Heermann écrit HERR avec 4 majuscules. Ce titre écrit ainsi transcrit le tétragramme IHVH, Iahvé, qui désigne Dieu dans l’A.T. Il applique ce titre au Christ, puisque avec le Père et avec l’Esprit, il est de nature divine et Seigneur : « Dieu, né de Dieu, Dieu, Lumière né de la lumière », selon Nicée-Constantinople. Luther a déjà agit ainsi dans son « Ein feste Burg ist unser Gott – C’est un rempart que notre Dieu », où il appelle Jésus « der Herr Zebaoth – le Seigneur des armées », qui traduit l’hébreu « Iahvé Sabaoth – Iahvé des armées. » Dans sa Bible de 1534, Luther transcrit toujours l’équivalent de Iahvé par HERR, avec les 4 majuscules, d’après les substituts Kyrios – Dominus du grec et du latin. Heermann montre ici qu’il est un luthérien affirmé.

En revanche, Jesus ou Christ ne sont jamais en majuscules. De même les « Er –lui » ou « Du –Tu. » Le nom propre de Jésus, ou le titre propre du Christ = le Messie, n’expriment pas sa divinité. Seul son titre de SEIGNEUR – HERR le fait.

Cette graphie de HERR se trouve méthodiquement dans l’ensemble de l’Exercitium Pietatis.

Enjambement

Heermann emploie pas ici l’enjambement, dont il est coutumier dans beaucoup de ses chants.
Les enjambements, au nombre de 7, sont signalés par soulignement. Deux forment parallèle dans la strophe 1 « hab ich » – « hast du. » Il est à remarquer que 6 des enjambements se font après un pronom personnel : « mich » ou « du ».

Répétition de certains mots-clés

Heermann répète volontiers certains mots dans ses chants. Tantôt le mot apparaît 2 fois dans la même strophe, tantôt il est répété de la 1ère à la 2e strophe.

Quatre mots sont redoublés : « Tod –Mort »(3 fois), à la strophe 1, « Geist –Esprit » à la 2e, « Himmel –Ciel » à la 3e et « Amt –ministère » à la 4e strophe. La strophe 5 forme une sorte de conclusion et ne comporte plus de mot répété.