ROGATE
CE QUE JE PRIE, O DIEU
Was ich dich bitt, o Gott
Mélodie : O Gott, du frommer Gott
I ou II
Heermann Johann
Exercitium Pietatis 1644
Jean 16/23 – 28, 33, évangile du jour
Prier au nom de Jésus
.
1. Ce que je prie, ô Dieu,
Par Jésus-Christ, mon Maître,
Tu le feras au mieux,
Je le crois de mon être :
Que je vive en chrétien,
Que je meure en ta paix.
Lorsque mon heure vient,
Je quitte satisfait.
.
2. J’appelle à toi, ô Dieu :
Par Jésus-Christ, de grâce,
Ote la croix, l’épieu
Qui cause ma souffrance.
Je sais que qui par Christ
S’adresse à toi, ô Dieu,
Par toi est accueilli,
Dieu Père dans les cieux.
.
Texte allemand
1. Was ich dich bitt, o Gott,
In Jesu Christi Namen,
Das wirst du geben mir
Es ist gewiss und Amen.
Gib, dass ich Christlich leb,
Und selig sterbe dir,
Wenn du das Stündlein schickst,
O Gott, so gnüget mir.
.
2. Ich ruf, o Gott, zu dir,
Um Jesu Christi willen,
Nimm weg das schwere Kreuz,
Tu meinen Kummer stillen.
Ich weiss gewiss, wer dich
Durch Christum rufet an,
Dass ihn dein Vaterherz
In Not nicht lassen kann.
.
Texte Was ich dich bitt, o Gott
Johann Heermann 1644
Exercitium pietatis 1644, p. 31
Dominica Vocem jucunditatis = Rogate,
Dimanche La voix de la joie = Rogate
fr. : Yves Kéler, 7.10.2014 Strasbourg, au « Romulus »
Mélodie O Gott, du frommer Gott II
Regensburg (Ratisbonne)1675,
Meinigen 1693, 1854
RA 384, EKG 383, EG
fr. : Je suivrai Jésus-Christ
LP 253, ALL 44/10
O Gott, du frommer Gott I
Braunschweig 1648
RA deest, EKG 383, EG 495
fr. : Je veux répondre, ô Dieu
LP 246
Le texte
Le texte suit l’évangile du dimanche Rogate, la prière au nom de Jésus. Les deux premiers vers de chaque strophe répètent « In Jesu Christi Namen – Au nom de Jésus-Christ », avec un début semblable : « Was ich bitt, o Gott – Ce que je demande, ô Dieu » et « Ich ruf, o Gott, zu dir – J’appelle à toi, ô Dieu. » La demande est de vivre en bon chrétien, et de mourir en Dieu. Heermann emploie la majuscule pour « Christlich – Chrétiennement », selon une habitude d’écrire avec une majuscule tout ce qui est Dieu et Christ et ce qui est en rapport avec eux : Bible, Parole, Chrétien, etc…, parce que participant au sacré.
L’insistance sur la souffrance est un des traits de Heermann. L’Exercitium Pietatis a été écrit en 1644, quatre ans avant la fin de la Guerre de Trente ans. La souffrance et la mort sont sans cesse à l’arrière plan, comme chez Paul Gerhardt, qui commence à écrire à la même époque, vers 1643.
Le nom du dimanche
Le dimanche est appelé ici « Vocem Jucunditatis – la voix de la joie », du début de l’antienne du Psaume du jour, Ps. 66. Le texte latin de cette antienne, prise dans Esaïe 48/20, est : « Vocem iucunditatis annuntiate, et audiatur, alleluia:
annuntiate usque ad extremum terrae:
liberavit Dominus populum suum, alleluia, alleluia.
Annoncez la voix de la joie, et on l’entendra, Alleluia,
Annoncez jusqu’à l’extrémité de la terre :
Le Seigneur a libéré son peuple, Alléluia, Alléluia. »
Le texte de cette antienne est différent de celui de la Vulgate. En revanche, le texte du Ps. 65 (H 66) est celui de la Vulgate selon les LXX :
« Iubilate Deo, omnis terra,
psalmum dicite nomini eius:
date gloriam laudi eius -. Antienne + Gloria Patri.
Jubilez, terre entière,
Dites un psaume à son nom :
Donnez gloire à son mérite. »
L’autre nom de ce dimanche, Rogate, ne provient pas de l’antienne latine, comme le précédent. Il fait allusion aux trois jours de prières pour les champs et les récoltes, appelées Rogations, qui le suivaient jusqu’au jeudi de l’Ascension, soit les lundi, mardi et mercredi.
HERR
Heermann écrit HERR avec 4 majuscules. Ce titre écrit ainsi transcrit le tétragramme IHVH, Iahvé, qui désigne Dieu dans l’A.T. Il applique ce titre au Christ, puisque avec le Père et avec l’Esprit, il est de nature divine et Seigneur : « Dieu, né de Dieu, Dieu, Lumière né de la lumière », selon Nicée-Constantinople. Luther a déjà agit ainsi dans son « Ein feste Burg ist unser Gott – C’est un rempart que notre Dieu », où il appelle Jésus « der Herr Zebaoth – le Seigneur des armées », qui traduit l’hébreu « Iahvé Sabaoth – Iahvé des armées. » Dans sa Bible de 1534, Luther transcrit toujours l’équivalent de Iahvé par HERR, avec les 4 majuscules, d’après les substituts Kyrios – Dominus du grec et du latin. Heermann montre ici qu’il est un luthérien affirmé.
En revanche, Jesus ou Christ ne sont jamais en majuscules. De même les « Er –lui » ou « Du –Tu. » Le nom propre de Jésus, ou le titre propre du Christ = le Messie, n’expriment pas sa divinité. Seul son titre de SEIGNEUR – HERR le fait.
Cette graphie de HERR se trouve méthodiquement dans l’ensemble de l’Exercitium Pietatis.
Enjambement
Heermann emploie une fois ici l’enjambement, dont il est coutumier dans beaucoup de ses chants.
« wer dich / Durch Christum – qui te / par Christ », comme à l’accoutumée après le pronom personnel.
Répétition de certains mots-clés
Heermann répète volontiers certains mots dans ses chants. Tantôt le mot apparaît 2 fois dans la même strophe, tantôt il est répété de la 1ère à la 2e strophe.
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