01. COMMENT, CELESTE MAÎTRE, ME FAUT-IL T’ACCUEILLIR ? (trad) Wie soll ich dch empfangen ? Avent

AVENT                                                       N° 1

          COMMENT, CÉLESTE MAÎTRE, 
            ME FAUT-IL T’ACCUEILLIR ?
     
Wie soll ich dich empfangen, P. 1653)

           Am ersten Sonntag des Advents –
    Au premier dimanche de l’Avent (E 1669)

           Matthieu 21/5-8, Luc 1/46-55 

          Traduction de Georges Pfalzgraf

       Mélodie : Wie soll ich dich empfangen                                                            

                                                 VIII  7f.6, 7f.6 / 7f.6, 7f.6


              A.  L’accueil du Messie

1. Comment, céleste Maître,      ICH-MOIWie soll ich dich empfangen,
    Me faut-il t’accueillir,                Und wie begegn ich Dir,
    Toi qui partout fais naître        O aller Welt Verlangen,
    Un vif et saint désir ?               O Jesu, meine Zier ?
    Jésus, que dans mon âme           O Jesu, Jesu, setze
    Se lève un jour nouveau,           Mir selbst die Fackel bei,
    Et que mon cœur s’enflamme  Damit, was dich ergötze
    Pour toi, comme un flambeau !Mir kund und wissend sei!
2. Sion couvrit ta route   Dein Zion streut dir Palmen
    De palmes sous tes pieds ;      Und grüne Zweige hin,
    Mes psaumes j’y ajouteUnd ich will dir in Psalmen
    Mes chants pour t’acclamer !    Ermuntern meinen Sinn ;
    Que tout en moi fleurisse         Mein Herze soll dir grünen
    Sans cesse en ton honneur ;   In stetem Lob und Preis,
    Que de mon cœur jaillissent  Und deinem Namen dienen,
    Des chants pour toi, Seigneur ! So gut es kann und weiss.

              B.  Le Messie s’abaisse jusqu’à moi

3. Plongé dans les ténèbres,        DU-TUWas hast du unterlassen
    Qu’étais-je alors sans toi         le ChristZu meinem Trost und Freud,
    Tu m’apportas ton aide,           Als Leib und Seele sassen
    Tu me remplis de joie !          In ihrem grössten Leid ?
    J’étais loin du Royaume          Als mir das Reich genommen,
    Où resplendit ta paix :             Da Fried und Freude lacht,
    Tu vins, Sauveur de l’Homme,Da bist du, mein Heil, kommen
    Et m’en ouvris l’accès !           Und hast mich froh gemacht.
4. J’étais lié de chaînes,                Ich lag in Todes Banden,
    Tu viens m’en délivrer.            Du kommst und machst mich los.
    J’allais subir ma peine,             Ich stund in Spott und Schanden,
    Tu viens m’en libérer.              Du kommst und machst mich gross
    Tu m’offres pour couronne    Und hebst mich hoch zu Ehren
    Ta grâce et ton amour.            Und schenkst mir grosses Gut,
    Ces biens que tu me donnes      Das sich nicht lässt verzehren,
    Subsisteront toujours.               Wie irdisch Reichtum tut.

                       *                                                                         *

5. Venu d’auprès du Père,         Nichts, nichts hat dich getrieben
    Poussé par ton amour,          Zu mir vom Himmelszelt
    Tu marches vers tes frères,  Als das geliebte Lieben,
    Pour leur porter secours.      Damit du alle Welt
    Ton cœur plein de tendresse,In ihren tausend Plagen
    Emu de compassion,            Und grossen Jammerlast,
    Les voit dans la détresse        Die kein Mund kann aussagen,
    Et veut leur guérison.          So fest umfangen hast.
6. Peuple abattu et triste,           DU-TUDas schreib dir in dein Herze,
    Inscris-le dans ton cœur,       le peupleDu hochbetrübtes Heer,
    Et sache qu’il persiste            Bei denen Gram und Schmerze
    A faire ton bonheur.              Sich häuft je mehr und mehr.
    Il frappe à notre porte,           Seid unverzagt, ihr habet
    Il frappe et il attend,              Die Hilfe vor der Tür ;
    Et son amour exhorteDer eure Herzen labet
    « Ouvrez-moi promptement ! »Und tröstet, steht allhier.

              C.  Il vient !

7. Inutile est la peine                   ER-LUI                  Ihr dürft euch nicht bemühen
    Qui cherche à le forcer,         Noch sorgen Tag und Nacht,
    Car toute force est vaine        Wie ihr ihn wollet ziehen
    Et ne peut l’attirer !              Mit eures Armes Macht.
    Il vient par sa tendresse,     Er kommt, er kommt mit Willen,
    Selon sa volontéIst voller Lieb und Lust,
    Et chasse la tristesse,           All Angst und Not zu stillen,
    La peur et le péchéDie ihn an euch bewusst.
8. Si vos nombreuses fautes    Auch dürft ihr nicht erschrecken
    Vous sont un lourd fardeau,Vor eurer Sünden Schuld ;
    Sachez que Christ les ôte,   Nein, Jesus will sie decken
    Qu’il est le saint Agneau :   Mit seiner Lieb und Huld.
    Il vient pour les coupables,Er kommt, er kommt, den Sündern
    Il vient pour les sauver       Zu Trost und wahrem Heil,
    Et leur dresse une table       Schafft, dass bei Gottes Kindern
    Parmi les héritiers !               Verbleib ihr Erb und Teil.

                        *                                                                      *

9. Que peuvent la malice        Was fragt ihr nach dem Schreien
    Et le cri des puissants ?        Der Feind und ihrer Tück?
    Rien ! le Seigneur disperseDer Herr wird sie zerstreuen
    Leur force en un instant !  In einem Augenblick.
    Il vient en Roi de gloire    Er kommt, er kommt, ein König,
    Et son bras infini               Dem wahrlich alle Feind
    Remporte la victoire           Auf Erden viel zu wenig
    Sur tous ses ennemis.       Zum Widerstande seind.
10. Il vient juger le monde,   Er kommt zum Weltgerichte
      Les morts et les vivants.  Zum Fluch dem, der ihm flucht,
      Tous lui renront des comptesMit Gnad und süssem Lichte
      Les bons et les méchantsDem, der ihn liebt und sucht.
      Oh ! viens, soleil céleste,Ach komm, ach komm, o Sonne,
      Nous prendre auprès de toi, Und hol uns allzumal
      Et nous vivrons sans cesse  Zum ewgen Licht und Wonne
      Dans l’éternelle joie !          In deinem Freudensaal.

Texte :

Wie soll ich dich empfangen
Paul Gerhardt, 1653
Cr Si 31/1
RA 17, EKG 10, EG 11
fr. : Georges Pfalzgraf, 1979,1981

Mélodie :

Wie soll ich dich empfangen,
Johann Crüger, 1653
RA 17, EKG 10, EG 11
fr. : sous : Saint envoyé du Père LP 98
sous : Comment te reconnaître
NCTC 161, ARC 31

Le texte

            Il se développe en trois grandes parties : 1° les strophes 1 et 2 : elles parlent de l’accueil joyeux du Christ au premier de l’Avent, qui est le thème premier. Ebeling écrit en effet : « Am ersten Sonntag des Advents – Au premier dimanche de l’Avent ».  2° Les strophes 3 à 6 : à la strophe 3 apparaît la raison de la venue du Christ : « Ich lag in TodesBanden,  Du kommst und machst mich frei – J’étais lié de chaînes, tu viens m’en délivrer ». L’œuvre salvatrice du Christ est décrite dans les strophes suivantes.  3° Strophes 9 et 10 :  en fait le Christ vient pour le jugement du monde, à la fin des temps, et pour l’entrée triomphale des élus dans le Royaume.

            La première strophe du chant ouvre le temps de l’Avent, la dernière renvoie à la fin de l’année de l’Eglise, avec le jugement dernier à l’Avant-dernier dimanche et avec la Jérusalem céleste au Dernier dimanche de l’année de l’Eglise. Le chant s’étend donc du 1er de l’Avent au dernier de la Trinité, et reflète la conception juste de l’Avent : ouvrir à toute l’année et à toute l’œuvre du Christ, depuis son premier avènement jusqu’à son deuxième et dernier.

Les références bibliques principales       

            La première référence biblique centrale est l’évangile de l’entrée de Jésus à Jérusalem, dans Matthieu 21/1-5. C’est la lecture initiale des Rameaux, dimanche de la Semaine sainte, transposée au cours du Moyen-Age au 1er de l’Avent et mise en rapport avec le Psaume 24 : « Laissez entrer le roi de gloire ». Ce récit apparaît donc deux fois dans les lectures de l’année, au premier de l’Avent, selon Matthieu 21, et aux Rameaux, selon Jean 12.

            La deuxième référence principale est le Magnificat, Luc 1/45-56, qu’on retrouve dans la 2ème strophe : « Mein Herze soll dir grünen  In stetem Lob und Preis – Mon cœur pour toi verdisse (allusion aux palmes de louange)  En continuels louange et honneur. »

            La troisième référence, à partir de la strophe 3, est le Psaume 40, qui est la complainte d’un malheureux que Dieu tire de la fosse, v. 2. Ici apparaît le thème de l’homme perdu au fond de l’obscurité du monde, obscurité dans laquelle le Christ de lumière descend pour le chercher, le faire remonter et le sauver. Ce thème, fortement développé par les gnostiques dans l’Antiquité, a été repris par les mystiques au 13e Siècle, en particulier rhénans, et a joué un rôle important dans la piété médiévale et dans le luthéranisme. Nous retrouverons souvent ce thème chez Gerhardt.   

La palme et le flambeau

            De là l’image du flambeau et de la lumière que le Christ place en ma main. La palme, que moi je tiens en main pour accueillir le Christ, devient le flambeau, que lui, le Christ, me donne, pour que je puisse sortir de ma prison obscure et le louer à la lumière. Mais dans la 2e strophe, « Palmen – les palmes » rime avec « Psalmen – les Psaumes », jeu de mots que l’allemand permet. Cette fois, la palme devient le Psaume, que le chantre offre au Christ. Vient immédiatement ensuite la citation du Magnificat : « Mein Herze soll dir grünen – que mon cœur pour toi verdisse ».

Il vient  

            Un thème récurrent traverse le chant : « Il vient », au 1er de l’Avent, en mon cœur, dans son peuple, pour le salut, pour le jugement. Ce thème imprime un mouvement au chant, qui va du début de l’histoire du salut à la fin des temps : 

           str 3 :   tu viens, apportant la joie dans mon abandon

           str 4 :   tu viens, et m’élèves dans la gloire

           str 7 :   il vient, volontairement et de lui-même

           str 8 :   il vient, pour sauver le pécheur

           str 9 :   il vient, comme un roi invincible

           str 10 : il vient, pour juger le monde :

                       Oh ! viens, nous prendre auprès de toi 

            Il y a une gradation : de la joie de l’accueil du Christ, on passe à son œuvre de salut, puis au Roi invicible qu’il devient, à son jugement sur le monde et au tri entre boucs et brebis selon Matthieu 25, et enfin au salut final. 

            Dans sa traduction, Georges Pfalzgraf a très exactement rendu ce thème. J’ai mis les occurrences de « viens-vient » en caractères gras, pour les relever, et aussi pour mettre en évidence la qualité de la traduction, qui suit méthodiquement l’original.

La mélodie

             La mélodie est de Crüger, en 1653, et remplace avantageusement « Valet will ich dirgeben » et « Herzlich tut mich verlangen », que d’ailleurs Crüger et Ebeling indiquent dans la Praxis. Ces deux mélodies ont été souvent employées jusqu’au 20e Siècle. On est revenu définitivement dans EKG 1951 et RA 1952 à la splendide mélodie propre de Crüger.

            Celle-ci se développe en deux parties, qui sont aussi deux courbes ascendantes puis descendantes. Les quatre premières lignes forment une courbe répétée, qui reste basse, allant du mi à la note la plus élevée, le la. Les quatre suivantes forment une longue courbe, plus haute et allant en deux notes du la, sommet de la première courbe, au ré. Après cet envol puissant et rapide, la courbe descend lentement jusqu’au mi, la note du début, avec laquelle recommence la strophe suivante. Les quatre premières lignes portent un texte de caractère objectif, une annonce de l’évangile, les quatre suivantes portent un texte subjectif, la réponse du croyant. Le sommet de la deuxième courbe, qui est aussi le sommet de la mélodie, reçoit les mots-clés du chant :  str 1 : Jesu –  Jésus, que  ;  str 2 : Mein Herze – Mon cœur ; str 3 : Als mir das Reich – Lorsqu’à moi le royaume ;  str 4 : Und hebet mich – M’élève ;  str 5 : Iihren tausend Plagen – Dans ses multiples peines ;  str 6 : Seid unverzagt – Sans crainte, … ; str 7 et 9 : Er kommt  Il vient ;  str 10 : Ach komm, ach komm – Oh ! viens, Oh ! viens.

            Cette mélodie est un exemple de « solo-artige Melodie – mélodie de type solo », qui fait chanter l’assemblée ce qui a la forme d’uin chant de soliste. Ces mélodies sont souvent très animées et d’une grande tessiture, et donnent au texte un habillage somptueux. Nous en rencontrerons plus d’un chez GerhardT.

            Chanter énergiquement, mais pas trop vite, cette mélodie bien charpentée et personnelle, pour lui laisser le temps de s’épanouir.