05. DEVANT TA CRÈCHE ME VOILÀ (trad) Ich steh an deiner Krippe hier Noël

NOËL                                                                N° 5

            DEVANT TA CRÈCHE ME VOILÀ
          Ich steh an deiner Krippe hier 

            Traduction de Georges Pfalzgraf Mélodie : Ich steh an deiner Krippe hier
                   Es ist gewisslich an der Zeit

Pour le texte allemand, voir chant précédent N° 4 :
« Devant ta crèche tu me vois » 

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1. (1)Devant ta crèche me voilà,         I

    O Christ Jésus, ma vi-e.   /

    Les biens que j’ai, je te les dois,    II

    A toi je les dédi-e.   +

    Accepte-les et prends aussi          I + II

    Mon cœur, mon âme et mon esprit :

    Prends tout à ton service !

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2. (3) Je n’étais pas encore né, 

    Tu vins pour moi au monde.   /

    Depuis toujours tu m’as aimé

    D’une amitié profonde.   +

    Avant que ta main ne m’eut fait,

    Dans ta sagesse tu savais

    Comment sauver ton œuvre.

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3. (4) Plongé dans l’ombre de la mort, 

    J’étais dans la détresse.    /

    Soleil, tu vins changer mon sort,

    Me rendre l’allégresse.    +

    Depuis que tu t’es révélé

    Par tes rayons et ta clarté,

    Je marche à ta lumière.

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4. (5) Je me plais à te contempler,   

    A regarder ta face.    /

    Je ne saurais le faire assez :

    Pourtant je ne m’en lasse.    +

    Que ne suis-je un vaste océan

    Pour t’embrasser un seul instant,

    Toi qui remplis l’espace !

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5. (13) Les biens du monde et leur attrait 

    Ne peuvent te séduire.    /

    Ce qui nous tente ou qui nous plaît

    N’est pas ce qui t’attire.   +

    Tu viens dans notre pauvreté,

    Tu souffres pour nous racheter :

    A Dieu tu nous ramènes.

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6. (14) O mon Sauveur, accorde-moi 

    De vivre en ta présence.    /

    En tout je veux compter sur toi,

    O Christ, mon espérance !  

    Choisis mon cœur pour ton séjour,

    Fais-en la crèche où ton amour

    S’invite à prendre place !

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Ce chant est présenté avec une possibilité
d’alternance entre deux groupes I et II : 
vers 1-2 : groupe I ; vers 3-4 : groupe II ; vers 4-6 : groupe I + II.
       

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Texte :

Ich steh an deiner Krippe hier
Paul Gerhardt1653
RA 33, EKG 28, EG 37
frs : Georges Pfalzgraf,
d’après la forme en 6 strophes de RA 33
Alléluia, bénissez Dieu, ABD 1989 n° 502

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Mélodie :

Ich steh an deiner Krippe hier
J.S.Bach, 1736
RA 33, EKG 28, EG 37
fr. : Devant ta crèche tu me vois
ABD 502

ou Es ist gewisslich an der Zeit
Wittenberg 1539, Martin Luther ?
RA 147, EKG 120, EG 149
fr. : Devant ta crèche tu me vois
LP 100, NCTC 175, ARC 370, ALL 32/09

Le texte

             Pour les commentaires du texte et de la mélodie, voir plus haut, au N° 4.         

            La traduction de Georges Pfalgraf se base sur la forme du texte de RA 33, qui ne donne que 6 strophes sur les 15 de l’original (EG donne 9 strophes) : voir plus haut, sous N°4. Depuis longtemps le chant figure sous sa forme raccourcie dans les livres allemands. La traduction de Georges Pfalzgraf remonte à l’édition de « Alléluia, bénissez Dieu » ABD 1989, le Supplément Alsace-Lorraine de NCTC. A l’époque, Georges Pfalzgraf avait repris la 4e strophe de LP 104 : « Devant ta crèche prosterné ». Entre temps, il a fait une traduction personnelle de cette strophe, en sorte qu’on a une traduction intégrale indépendante des deux formes de LP 100 et LP 104, qui forment la base du texte français de la version précédente du chant, sous le N° 4.

                    Georges Pfalzgraf a repris la belle image du Christ-Soleil à la strophe 3, que Charles Ecklin avait laissée. Gerhardt fait rimer « Sonne-soleil » avec « Wonne-joie », et emploie trois fois le mot, ce qui donne une insistance particulière à cette image. 

            De même, à la strophe 4, il reprend l’image du « Abgrund », l’abîme, le tréfonds des mystiques allemands, en particulier rhénans. Cette puissante image vient de la mystique antique, en particulier de la gnose, qui voyait dans le cœur de l’homme un immense trou, appelé le fond de l’âme, dans lequel le Christ, en s’abaissant vers moi, descendait en moi et me sauvait depuis le fond, « a fundo = à fond ». Ce « tréfonds » de l’âme est un abîme, c’est-à-dire un océan, aussi vaste en moi que l’est l’espace extérieur à moi dans lequel vit le Christ. Mon intérieur est l’inverse de ce qui est à l’extérieur de lui : en quittant sa gloire extérieure, le Christ descend dans ma misère intérieure (voir commentaire du chant précédent, N° 4).

            La strophe 5 fait allusion aux souffrances du Christ. La Psalmodie morave parle de « martyre ». Le Christ naît pour mourir sur la croix, mais aussi pour mourir à lui-même en descendant en moi. Cette image prolonge l’image mystique précédente du fonds de l’âme. Quand le Christ aura « touché le fond », il remontera. S’il touche ce fond en moi, je remonte avec lui, je ressuscite de mon mal « profond » et parviens, avec lui, à la vie nouvelle, ici, puis plus tard dans la vie éternelle. C’est pourquoi la prière finale de Gerhardt à la strophe 6 est : « Viens, Jésus, couche-toi dans le fond de mon cœur, qui est comme ta crèche : le lieu où tu t’abaisses. »