PÂQUES N° 18
REJOUISSEZ-VOUS EN TOUT LIEU
Nun freut euch hier und überall
Traduction de Georges Pfalzgraf
sur la base des 5 strophes de RA 104
Mélodie : Nun freut euch, lieben Christen gmein
VIII 7f.6, 7f.6 / 6.6, 6.6
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Strophes de l’original, pour le texte allemand voir le chant précédent N°17
.
1. (1). Réjouissez-vous en tous lieux : I
Christ est vivant, mes frères ! /
Car le Salut, victorieux, II
S’est relevé de terre !
Il est vivant, le Crucifié ! + I+II
Par son pouvoir il a brisé
Le joug de l’Adversaire !
.
2. (3). Avant que ne parût le jour,
Dans la lueur de l’aube, /
Un astre rayonnant l’amour
Surgit hors de la tombe.
Avant qu’on ait vu le soleil, +
Dieu éveilla de son sommeil
Le Christ qui nous éclaire.
.
3. (31). Le Lion qui naît de Juda *
Le Maître de la vi-e, /
Le Christ, qui pour nous terrassa
La Mort, notre ennemi-e,
Remporte pour notre bonheur +
La récompense du vainqueur,
La gloire incorruptible.
* Apoc 5/5.
.
4. (35). Je te bénis, toi qui répands
Parmi nous l’allégresse. /
Je prends la main que tu me tends,
Pour mon bonheur, sans cesse. +
En ton Esprit je veux mourir,
Uni à toi, pour obtenir
Le fruit de la victoire.
.
5. (36). Je veux par toi me relever
Du mal et de la Chute. /
Par toi je veux ressusciter,
Ne craindre aucune lutte.
En vue de l’éternel bonheur, +
Délivre-moi, mon Rédempteur,
De toute ma misère.
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La barre oblique et la croix indiquent les alternances du chant, I, II, I+II, si on veut faire chanter le texte par deux groupes : demi paroisse, chœur et paroisse, etc.
Texte :
Nun freut euch hier und überall
Paul Gerhardt 1653
RA 104, 5 strophes ; EKG et EG deest
fr. : Georges Palzgraf
Mélodie:
Nun freut euch, lieben Christen gmein
Nuremberg 1523, chez Martin Luther 1523
RA322, EKG 239, EG 341
ou Wenn mein Stündlein vorhanden ist
Francfort/Main 1569, Strasbourg 1616
RA 485, EG 522
Le texte
Cette forme abrégée du texte illustre la tendance apparue à la fin du XVIIIe et au XIX e Siècle de réduire la longueur de certains chants. Jusqu’au milieu du XVIIIe Siècle, les textes ont conservé leur longueur initiale. Ceci peut s’observer dans les recueils allemands du temps, ainsi que dans les traductions en français figurant dans des Recueils tels que « Cantiques Spirituels de Strasbourg » de 1758 ou « Psalmodies moraves ». Sous l’influence du rationalisme les chants trop bibliques ont semblé naïfs et lassants. Sous celle du piétisme, ils ont paru formels et « liturgiques », dans le mauvais sens du mot, par opposition à l’expression spontanée du sentiment. Le romantisme a renforcé cette tendance. En sorte que sous l’influence de ces deux mouvements, le caractère liturgique et contemplatif de ces chants a été récusé. Ils ont donc été raccourcis.
Dans le cas du chant de Gerhardt, toute la partie centrale biblique a été évacuée, puisqu’il ne subsiste que les strophes 1 et 3 de l’introduction, et les strophes 31, puis 35 et 36 qui forment la conclusion. L’invective contre le Diable des strophes 32-34a, ainsi que la confession de 34b ont été enlées. Ces 5 strophes sont le cadre du texte biblique original. De ce dernier il ne reste plus rien.
La « grande Passion de Sebaldus Heyden, citée dans le commentaire du N° 17, a connu le même sort : de ses 23 strophes, ne restent dans les recueils actuels que la première et la dernière, soit l’introduction et la conclusion.
Ces formes courtes n’ont évidemment plus la même fonction que les chants complets. Ceux-ci formaient une anamnèse pour les fidèles, et on en chantait ce qu’on choisissait selon la circonstance dans le culte. Ils servaient aussi dans les cultes d’après-midi, les vêpres, ainsi que dans des cultes du soir. Cette fonction disparaît au profit d’un simple commentaire avant ou après la prédication, pour le chant de Gerhardt, avant et après l’évangile pour le chant de Sebaldus Heyden.
C’est dans ce sens que la traduction de Georges Pfalzgraf de ces 5 strophes est utile. Cette forme du chant peut encadrer une prédication. Les deux premières strophes se placeront avant celle-ci, les 3 dernières après.