PAQUES N° 19
ASCENSION
DEBOUT, MON COEUR, ET CHANTE !
Auf, auf, mein Herz, mit Freuden, Pr 1648
Marc 16/1-7, Psaume 118
Osterlied – Chant de Pâques (E 1666/67)
Mélodie: Auf, auf, mein Herz, mit Freuden
VIII 7f.6, 7f.6 / 6.6, 6.6
.
A. Le triomphe du Christ
* la mort du Christ
1. | Debout, mon cœur, et chante, | ICH-MOI | Auf, auf, mein Herz, mit Freuden |
Car en ce jour béni, | Nimm wahr, was heut geschicht ! | ||
Après le deuil, l’attente, | Wie kommt nach langem Leiden | ||
Enfin le jour a lui ! | Nun ein so grosses Licht ! | ||
Jésus était couché | ER-LUI | Mein Heiland war gelegt | |
Au lieu où l’on nous met, | Da, wo man uns hinträgt, | ||
Quand la vie a quitté | Wenn von unser Geist | ||
Nos corps de vanité. | Gen Himmel ist gereist. |
2. | Quand Christ fut dans la tombe, | Er war ins Grab gesenket, | |
L’Ennemi fit grand bruit ! | Der Feind trieb gross Geschrei. | ||
Il en sort comme en trombe, | Eh ers vermeint und denket, | ||
Comme eau jaillie d’un puits ! | Ist Christus wieder frei | ||
Il crie : « Voyez, c’est moi ! » | Und ruft Viktoria ! | ||
L’étendard de la foi | Schwingt fröhlich hie und da | ||
S’agite au vent nouveau | Sein Fähnlein als ein Held, | ||
Sur la croix de l’Agneau ! | Der Feld und Mut behält. |
* la résurrection du Christ
3. | Debout, Christ, sur la tombe, | Der Held steht auf dem Grabe | |
Regarde autour de lui ! | Und sieht sich munter um, | ||
L’Ennemi, là, dans l’ombre, | Der Feind liegt und legt abe | ||
Lié, à rien réduit, | Gift, Gall und Ungestüm, | ||
Crache et bile et poison, | Er wirft zu Christi Fuss | ||
Vaincu et furibond, | Sein Höllenreich und muss | ||
Aux pieds du Christ vainqueur, | Selbst in des Siegers Band | ||
Du Fils triomphateur ! | Ergeben Fuss und Hand. |
4. | Et plus je le regarde, | ICH-MOI | Das ist mir anzuchauen |
Plus grand est mon plaisir ! | Ein rechtes Freudenspiel, | ||
Oui, je ne prends plus garde | Nun soll mir nicht meht grauen | ||
À ceux dont le désir | Vor allem, was mir will | ||
Est d’assombrir mon cœur, | Entnehmen meinen Mut | ||
De gâcher mon bonheur | Zusamt dem edlen Gut, | ||
D’avoir en Jésus-Christ | So mir durch Jesum Christ | ||
Amour, salut, la vie ! | Aus Lieb erworben ist. |
B. L’enfer et le monde
5. | L’enfer et ses menaces | DIE-ELLE | Die Höll und ihre Rotten, |
Me laissent calme et froid ! | Die krümmen mir kein Haar, | ||
Le mal et ses audaces | Der Sünden kann ich spotten, | ||
Sont sans danger pour moi ! | Bleib allzeit ohn Gefahr. | ||
La mort et son pouvoir | Der Tod mit seiner Macht | ||
N’ont pas chez moi d’espoir : | Wird nichts bei mir geacht’t, | ||
Que vois-je en leur miroir ? | Er bleibt ein totesBild, | ||
Morte ombre dans le noir ! | Und wär er noch so wild. |
6. | Le monde me fait rire : | DIE-ELLE | Die Welt ist mir ein Lachen |
Quel inutile effort ! | Mit ihrem grossen Zorn, | ||
A qui veut-il donc nuire ? | Sie zürnt und kann nichts machen, | ||
Tout son pouvoir est mort ! | All Arbeit ist verlorn. | ||
Nul trouble ne pourra | Die Trübsal trübt mir nicht | ||
Troubler mon cœur, ma joie : | Mein Herz und Angesicht, | ||
Malheur devient bonheur, | Das Unglück ist mein Glück, | ||
Douleur devient douceur ! | Die Nacht mein Sonnenblick. |
7. | À Jésus je m’attache, | ICH-MOI | Ich hang und bleib auch hangen |
Tel un membre à son corps. | An Christo als ein Glied, | ||
À la tombe il s’arrache, | Wo mein Haupt durch ist gangen, | ||
Il m’emmène au dehors ! | Da nimmt er mich auch mit. | ||
Et traversant la mort, | Er reisset durch den Tod, | ||
Brisant les murs, les bords | Durch Welt, durch Sünd, durch Not, | ||
Du tombeau grand ouvert, | Er reisset durch die Höll: | ||
Il s’arrache à l’enfer ! | Ich bin stets sein Gesell. |
C. L’Ascension du Christ
8. | Il va vers son Royaume, | ER-LUI | Er dringt zum Saal der Ehren, |
Je suis, j’entre avec lui. | Ich folg ihm immer nach | ||
C’est écrit sur mes paumes : | Und darf mich gar nicht kehren | ||
« Je suis chez moi ici ! » | An einzig Ungemach. | ||
Conteste qui voudra, | Es tobe, was da kann, | ||
J’appartiens à mon Roi : | Mein Haupt nimmt sich mein an, | ||
Il est mon Rédempteur, | Mein Heiland ist mein Schild, | ||
Mon Maître et mon Seigneur ! | Der alles Toben stillt. |
9. | Il m’amène à la porte | ER-LUI | Er bringt mich an die Pforten, |
Qui mène au paradis. | Die in den Himmel führt, | ||
Là retentissent, fortes, | Daran mit güldnen Worten | ||
Les phrases que voici : | Der Reim gelesen wird : | ||
« Qui fut là-bas peiné, | Wer dort wird mitverhöhnt, | ||
Est ici couronné ; | Wird hier auch mitgekrönt, | ||
Là-bas qui en est mort, | Wer dort mitsterben geht, | ||
Ici aborde au port » | Wird hierauch mit erhöht. |
.
Texte:
Auf, auf, mein Herz, mit Freuden
Paul Gerhardt, 1647 ou 1648
CrSi 100/26
RA 89, 9 str. ; EKG 86, 8 str. ; EG 112, 8 str.
fr. : Yves Kéler, 23.8.2005
Mélodie:
Auf, auf, mein Herz, mit Freuden
Johann Crüger 1647
RA 89, EKG 86, EG 112
fr: : Dépouille enfin tes chaînes
LP 148
Le texte:
l’étendard du Christ ressuscité
Le premier thème de ce chant est la résurrection du Christ, décrite avec l’image traditionnelle du Christ debout sur sa tombe, tenant à la main l’étendard de la victoire, dont le haut de la hampe est une croix, et dont le drapeau représente l’Agneau, généralement debout, parfois couché sur le livre aux sept sceaux d’Apocalypse 5. L’image se poursuit dans les strophes 3 et 4. Dans la 3e strophe, aux pieds de ce Christ triomphant, la représentation de la mort, sous la forme d’un dragon vaincu, lié et écumant, qui, couché là, est devenu inoffensif.
Cette image du Christ triomphant remonte à Esaïe 11/10 : « Le rejeton d’Isaï sera comme une bannière pour les peuples : les nations se tourneront vers lui. » Image reprise dans le verset 12 : « Le Seigneur élèvera une bannière pour les nations », et dans Esaïe 62/10 : « Elevez une bannière pour les peuples. » Le 2e Esaïe emploie huit fois cette image de la bannière, symbole du Messie à venir.
le plan du chant
Le chant se divise en 3 grandes parties :
A. 4 str. : le triomphe du Christ, debout sur sa tombe
B. 3 str. : la défaite de l’enfer et du monde
C. 2 str. : l’Ascension du Christ et l’entrée au Royaume du fidèle.
La 1e partie se répartit en 2 paires de strophes. Les strophes 1a et 4 sont en ICH – MOI, et forment un cadre dans lequel sont placées les strophes 1b, 2 et 3, qui décrivent le Christ et qui sont en ER – LUI. La 2e partie a trois strophes : les 5 et 6 pour « die Welt, die Hölle (deux mots féminins) – le monde, l’enfer », en SIE – ELLE, en français LUI. Une strophe conclusive en ICH – MOI. La 3e partie revient au ER – LUI du Christ. Le dialogue est donc triple : entre ICH-MOI, ER-LUI le Christ, et LUI-le monde.
Une suite de mots redoublés marque les parties B et C, soit 5 strophes finales successives. A la dernière strophe, ces mots forment deux couples enchevêtrés. Je les ai mis en italique et soulignés. Le travail du style chez Gerhardt est très soigné. Le lecteur peut constater que celui-ci emploie divers procédés poétiques et qu’il les varie d’une partie à l’autre et d’un chant à l’autre, pour échapper à la facilité et à la monotonie.
le rire de Pâques, das Ostergelächter, ou Osterlachen
A la strophe 6, Paul Gerhardt écrit : « Die Welt ist mir ein Lachen Mit ihrem grossen Zorn, Sie zürnt und kann nichts machen, …- Le monde m’est un éclat de rire Avec sa grande colère, Il s’irrite et ne peut rien faire… ». Cette image du rire fait allusion à un vieux rite de Pâques, qui consistait en ceci : après le récit de la résurrection et le constat que le Christ est maintenant vainqueur, que le diable est vaincu et ridiculisé, le prêtre appelait les fidèles à partir d’un grand éclat de rire, à la fois pour se moquer du diable et pour se réjouir de la délivrance.
l’Ascension
Le second thème de ce chant est l’Ascension, qui apparaît dans les strophes 8 et 9. La strophe 8 décrit l’Ascension du Christ, la 9 l’ascension du fidèle et son entrée au Royaume. La strophe 8 forme la transition vers la caractéristique strophe finale des chants de Gerhardt : tout converge vers le Royaume des cieux.
Gerhardt relève ici que l’Ascension achève le temps pascal. Ce chant servira particulièrement à Cantate, qui est le 2e dimanche avant l’Ascension : la glorification de Dieu qui a ressuscité le Christ ouvre sur l’Ascension de celui-ci, laquelle est sa destinée obligatoire : le Christ ressuscité ne peut plus rester sur terre. Son œuvre est achevée, il doit retourner auprès du Père qui l’a envoyé. De ce fait, le chant pourra servir à l’Ascension même, ainsi qu’à Exaudi, le dimanche après l’Ascension, auquel « l’Eglise en attente » chante le Christ ressuscité et monté au ciel, qui va envoyer l’Esprit à la Pentecôte.
La mélodie
Elle fait partie des sept mélodies neuves que Crüger a composées pour des chants de Gerhardt. En effet, Gerhardt a composé sept textes sur lesquels aucune des mélodies existantes ne passait. Nous avons ici un des chants les plus remarquables de Gerhardt, puisqu’il est une création complète, texte et mélodie.