COMBAT SPIRITUEL N° 46
DEUIL
MALADIE
ENTERREMENT
PATIENCE EST NÉCESSAIRE
Geduld ist euch vonnöten, Pr 1661
Hébreux 10/35-36
Mélodie: Nun jauchzet all, ihr Frommen
Von Gott will ich nicht lassen
VIII 7f.6, 7f.6 / 6.7f, 6.7f
A. la patience humaine
SIE – ELLE
1. Patience est nécessaire
Quand chagrins et soucis,
Ou deuils, qui nous enserrent,
Assaillent notre vie.
Vous les élus de Dieu,
Qu’avez-vous donc à craindre ?
La mort ne peut atteindre
Vos cœurs en ces-bas lieux !
Hébr. 10/35
Ps. 94/13
Geduld ist euch vonnöten,
Wann Sorge, Gram und Leid
Und was euch mehr will töten,
Euch in das Herze schneidt,
O auserwählte Zahl.
Soll euch kein Tod nicht töten,
Ist euch Geduld vonnöten:
Das sag ich noch einmal.
2. Patience n’est qu’humaine,
Une herbe au goût amer,
Lorsque souffrance et peine
Atteignent notre chair.
Le tendre esprit s’effraie,
Que le bonheur égare,
Lorsque sans crier gare
L’adversité paraît !
Geduld ist Fleisch und Blute
Ein herbes, bittres Kraut;
Wenn unsers Kreuzes Rute
Uns nur einwenig draut,
Erschrickt der zarte Sinn.
In Glück ist er verwegen,
Kommt aber Sturm und Regen,
Fällt Herz und Mut dahin.
3. Patience, à porter lourde,
Sur la terre ici bas !
Mais l’âme devient gourde,
S’il n’y a que des joies !
Car Dieu nous l’a bien dit :
« Je frappe ceux que j’aime,
Jusqu’à mes enfants même,
Comme un Père accompli ! »
Prov. 13/24
Geduld ist schwer zu leiden,
Dieweil wir irdisch seind
Und nur in lautern Freuden
Bei Gott zu sein vermeint,
Der doch sich klar erklärt :
Ich strafe, die ich liebe,
Und die ich hoch betrübe,
Die halt ich hoch und wert.
B. la patience est don du Père, de l’Esprit et du Christ
SIE – ELLE
4. Patience est don du Père
Et vient du Saint-Esprit,
Qui nous pousse à bien faire,
Quand viennent les soucis.
Ce grand Consolateur
Nous calme et nous libère,
Rend douces les misères
Que souffre notre cœur.
Rom.15/5
Gal. 5/22
Geduld ist Gottes Gabe
Und seines Geistes Gut,
Der zeucht und löst uns abe,
Sobald er in uns ruht,
Der edle werte Gast,
Erlöst uns von dem Zagen
Und hilft uns treulich tragen
Die grosse Bürd und Last.
5. Patience vient de croire
Dans ce que Dieu nous dit.
Sa Parole est la gloire
De l’âme et de l’esprit.
Elle est le puissant mur
Qui défend et protège
Du mal et de ses pièges,
L’abri parfait et sûr.
Rom 15/4
Geduld kommt aus dem Glauben
Und hängt an Gottes Wort;
Das lässt sie ihr nicht rauben,
Das ist ihr Heil und Hort,
Das ist ihr hoher Wall,
Da hält sie sich verborgen,
Lässt Gott den Vater sorgen
Und fürchtet keinen Fall.
6. Patience fait confiance
Au Christ mort et vivant,
Repousse avec vaillance
L’attaque de Satan !
Et dit : « Fi du courroux
Du diable ! Il ne dévore
Que qui le craint encore :
Je suis hors de ses coups ! »
Rom. 15/3
Geduld setzt ihr Vertrauen
Auf Christi Tod und Schmerz,
Macht Satan ihr ein Grauen,
So fasst sie hier ein Herz
Und spricht : Zürn immerhin,
Du wirst mich doch nicht fressen,
Ich bin zu hoch gesessen,
Weil ich in Christo bin!
7. Patience est satisfaite
Du bon conseil de Dieu,
Lui qui la rend parfaite
Par sa grâce en tout lieu.
Elle entend calmement
L’accusation injuste
Et pense : « Dieu est juste
Et Maître assurément ! »
Geduld ist wohl zufrieden
Mit Gottes weisem Rat,
Lässt sich nicht leicht ermüden
Durch Aufschub seiner Gnad,
Hält frisch und fröhlich aus,
Lässt sich getrost beschweren
Und denkt: Wer wills ihm wehren,
Er ist doch Herr im Haus!
C. la patience donnée par Dieu agit en nous
8. Patience fait apprendre
A tromper notre ennui ;
Nous enseigne à attendre
Comme en un paradis.
Car le salut de Dieu,
Selon les Ecritures,
Nous garde et nous assure
Contre Satan au mieux.
SIE – ELLE
Geduld kann lange warten,
Vertreibt die lange Weil
In Gottes schönem Garten,
Durchsucht zu ihrem Heil
Das Paradies der Schrift
Und schützt sich früh und späte
Mit eifrigem Gebete
Vor Satans List und Gift.
9. Patience accomplit toute
La volonté de Dieu,
Nous garde sur la route
Qui nous conduit aux cieux.
Se moque qui voudra !
Quand un chrétien fidèle
L’exécute avec zèle,
Son Dieu le sauvera !
I Cor. 6/4
Hébr. 10/36
Geduld tut Gottes Willen,
Erfüllet sein Gebot
Und weiss sich wohl zu stillen
In aller Feinde Spott.
Es lache, wems beliebt:
Wird sie doch nicht zu schanden
Es ist bei ihr vorhanden
Ein Herz, das nichts drauf gibt.
10. Patience veut la gloire
De Dieu, le Créateur,
Accepte les déboires
Et aime son Seigneur !
Sa ferme volonté
C’est de louer le Père :
Si même il est sévère,
Il règne avec bonté !
* les fruits de la patience
Prov. 13/24
Geduld dient Gott zu Ehren
Und lässt sich nimmermehr
Von seiner Liebe kehren;
Und schlüg er doch so sehr,
So ist sie doch bedacht,
Sein heilge Hand zu loben,
Spricht: Der im Himmel droben
Hat alles wohl gemacht.
11. Patience nous fait vivre,
Augmente nos années,
Nous console et délivre
Du mal et des menées !
Elle est comme un éclat,
Une lumière claire,
Que fait briller le Père
Pour diriger nos pas !
SIE – ELLE
Geduld erhält das Leben,
Vermehrt der Jahre Zahl,
Vertreibt und dämpft daneben
Manch Angst und Herzensqual;
Ist wie ein schönes Licht,
Davon, wer an ihr hanget,
Mit Gottes Hilf erlanget
Ein fröhlichs Angesicht.
12. Patience donne grande
Joie, qui nous vient de Dieu,
Elle est une guirlande
Autour d’un cou gracieux !
Elle est comme un bouquet
Fleuri de mille plantes
Parfumant notre attente
De la céleste paix !
Geduld macht grosse Freude,
Bringt aus dem Himmelsthron
Ein schönes Halsgeschmiede,
Dem Haupt ein edle Kron
Und königlichen Hut;
Stillt die betrübten Tränen
Und füllt das heisse Sehnen
Mit rechtem guten Gut.
D. la prière personnelle pour la patience
13. Patience est ma demande,
La joie, l’espoir du cœur !
En moi l’attente est grande,
Tu le sais, mon Sauveur !
Dieu de grâce et d’amour,
Exauce ma prière :
Accorde-moi l’entière
Patience chaque jour !
ICH – MOI
Geduld ist mein Verlangen
Und meines Herzen Lust,
Nach der ich oft gegangen:
Das ist dir wohl bewusst,
Herr voller Gnad und Huld,
Ach, gib mir und gewähre
Mein Bitten! Ich begehre
Nichts andres als Geduld.
14. Patience est ma prière
Que j’adresse ardemment
À toi, Seigneur et Père,
Tant que je suis vivant.
Viendra mon dernier jour :
Accorde-moi la grâce
D’abandonner la place,
Béni par ton amour !
Geduld ist meine Bitte,
Die ich sehr oft und viel
Aus dieser Leibeshütte
Zu dir, Herr, schicken will.
Kommt dann der letzte Zug,
So gib durch deine Hände
Auch ein geduldig Ende!
So hab ich alles gnug.
Texte :
Geduld ist euch vonnöten
Paul Gerhardt 1661
pas dans RA, EKG et EG
CrSi 270/91
fr. : Yves Kéler 25.8.2007
Mélodie :
Nun jauchzet all, ihr Frommen
Johann Crüger 1640
RA 11, EKG 7, EG 9
ou Von Gott will ich nicht lassen
Lyon 1557, Erfurt 1563
RA 448, EKG 283, EG 365
Traduction littérale de quelques passages
Str 6 : Und spricht : Zürn immerhin | Et (mon âme) dit (au Diable): Irrite-toi tant que tu veux, |
Du wirst mich doch nicht fressen, | Tu ne pourras pas me dévorer, |
Ich bin zu hoch gesessen, | Je suis assis trop haut, |
Weil ich in Christo bin! | Puisque je suis en Christ ! |
(Sous entendu : dans le ciel, où ma vie est cachée en Jésus-Christ, selon Colossiens 3/4) | |
Str 12 : Geduld macht grosse Freude, | Patience donne grande joie, |
Bringt aus dem Himmelsthron | Apporte du trône céleste |
Ein schönes Halsgeschmiede, | Un beau collier d’orfèvrerie, |
Dem Haupt ein edle Kron | Pour la tête une noble couronne |
Und königlichen Hut. | Et un chapeau de roi ! |
Le texte
Ce chant date de 1661 et se trouve édité dans les « Pauli Gerhardi Geistliche Andachten » en 1666/67. Il exprime comme un résumé de la pensée et du caractère de Gerhardt, déjà plus âgé. Depuis 1657, soit quatre années, il est dans le ministère pastoral. On sent qu’il est mûri par l’expérience personnelle et pastorale.
Le texte est un commentaire d’Hébreux 10/35-37, particulièrement du verset 36, qui revient plusieurs fois : « Geduld ist euch nötig, auf dass ihr den Willen Gottes tut, und die Verheissung empfanget – La patience vous est nécessaire, afin que vous accomplissiez la volonté de Dieu, et receviez la promesse (ce qui vous a été promis).» L’incipit du chant reprend le début du verset 36a : « Geduld ist euch vonnöten. » On retrouve le verset 36b : « Accomplir la volonté de Dieu » à la strophe 9.
Gerhardt dit d’abord, dans les strophes 1 à 3, que la patience humaine est faible et ne donne pas la solution de la souffrance. Il l’appelle « Ein herbes, bittres Kraut – une herbe dure et amère », « schwer zu leiden – difficile à supporter. » Dans les strophes 4 à 7, il présente la vraie patience comme un don de l’Esprit saint, selon le catalogue des dons fait par St Paul dans Galates 5/22 : « Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la patience, l’amitié, la bonté, la foi, la douceur, la pureté. » Il reprend d’ailleurs certains de ces dons : la bonté, str. 4 ; la foi, str. 5 en Dieu et 6 en Christ, et str. 10 la glorification de Dieu ; str. 12, la joie. A partir de la strophe 8, il montre les fruits que cette patience offerte donne. Les deux dernières strophes, les 13 et 14, sont sa prière personnelle et son habituelle finale dans la vie éternelle, très bien rattachées à la méditation générale de la patience. Ces deux dernières strophes sont en ICH – MOI : la patience devient ma prière, alors que des strophes 1 à 12 Gerhardt parlait de la patience à la 3e personne.
le plan du chant et le style
Le texte se répartit en 4 parties :
A. 3 strophes : | 1–3 : | la patience humaine | SIE – ELLE |
B. 4 « : | 4-5 | la patience, don de Dieu et de l’Esprit | « « |
6-7 | « « , don du Christ | « « | |
C. 5 « | 8-10 : | la patience, don de Dieu agit en nous | « « |
11-12 : | les fruits de la patience | « « | |
D. 2 « | 13-14 : | la prière personnelle pour la patience | ICH – MOI |
Quelques belles images, comme Gerhardt les affectionne. Strophe 6, il apostrophe le Diable : « Du wirst mich doch nicht fressen – Tu ne pourras pas me dévorer ! » : le Diable n’attaque que ceux qui croient en son pouvoir ; le vrai fidèle sait qu’il n’a rien à craindre. Strophe 7 : « Geduld lässt sich getrost beschweren – la patience se laisse attaquer sans inquiétude », car elle sait que Dieu est juste et fera éclater la justice du fidèle.
La plus belle image est dans la strophe 12 : « Geduld macht grosse Feude, … Ein schönes Halsgeschmeide,… eine edle Kron – La patience donne grande joie,..un beau collier d’orfèvrerie au cou,…une couronne d’or pur ». A cause des difficultés prosodiques rencontrées, j’ai transposé partiellement ces images prises de l’orfèvrerie dans l’image florale de la guirlande et du « bouquet de mille plantes ».
La mélodie
Deux mélodies sont proposées par Ebeling :
Celle du chant de l’Avent « Nun jauchzet all, ihr Frommen – Exultez donc, fidèles », mélodie profane du XVIe Siècle devenue spirituelle en 1598 à Eisleben, ville natale de Luther. C’est une mélodie joyeuse, exprimant la joie de la venue du Christ. Ebeling proposa en 1661 celle de « Von Gott willl ich nicht lassen, Denn er lässt nicht von mir – Je ne laisserai pas Dieu, Car lui ne me laisse pas », qui à mon avis est mieux accordée au texte. Cette mélodie, elle aussi profane, vient de Lyon en 1557, et est devenue spirituelle dès 1563 à Erfurt. Elle doit son nom au chant que Ludwig Helmbold, qui fut professeur à Erfurt et Superintendent à Mülhausen, en Thuringe, plaça sur elle en 1563. Elle exprime la confiance en Dieu contre les ennemis et l’adversité. On n’y trouve pas le mot « patience », mais celle-ci affleure dans le texte.
On pourra chanter les deux mélodies. La première dans le temps pascal, par exemple à Misericordias Domini ou à l’Ascension et à Exaudi, selon que la prédication s’y prête. La seconde servira pour d’autres temps, et aussi pour les enterrements.