MARIAGE N° 47
SOUFFRANCE
EPREUVE
ENTERREMENT
REMETS A DIEU TA ROUTE
Befiehl du deine Wege, Pr 1653/56
Befiehl dem Herrn deine Wege und hoffe auf ihn ; er wird’s wohl machen
Confie à Dieu ta route et espère en lui; il mènera tout à bien (Eb. 1666/67)
Psaume 37/5
Mélodie: Herzlich tut mich verlangen
= O Haupt voll Blut und Wunden
Befiehl du deine Wege
Valet will ich dir geben (Mariages)
VIII 7f.6, 7f.6 / 7f.6, 7f.6
.
A. exhortation au croyant dans le monde
1. Remets à Dieu ta route, DU-TOI
Ce qui pèse à ton cœur, le fidèle
Au Père qui t’écoute,
A Dieu, ton Créateur !
Lui qui dans le ciel guide
Les astres et les vents,
Offre un chemin solide
À tes pieds chancelants.
Befiehl du deine Wege
Und was dein Herze kränkt
Der allertreusten Pflege
Des, der den Himmel lenkt:
Der Wolken, Luft und Winden
Gibt Wege, Lauf und Bahn,
Der wird auch Wege finden,
Da dein Fuss gehen kann.
2. À Dieu seul fais confiance,
Si tu cherches ton bien.
Avec lui fais alliance,
Car il te mène loin.
Pour tes pleurs et tes peines,
Tes plaintes, tes travaux,
Dieu n’ôte pas tes chaînes :
C’est prier qu’il te faut !
* le Père
Dem Herren musst du trauen,
Wenns dir soll wohlergehn,
Auf sein Werk musst du schauen,
Wenn dein Werk soll bestehn.
Mit Sorgen und mit Grämen
Und mit selbsteigner Pein
Lässt Gott ihm* gar nichts nehmen,
Es muss erbeten sein.
* sic: aujourd’hui on met « sich »
3. Ta grande, forte, grâce, DU-TOI =
O Père, sait et voit Dieu
Quel remède efficace
Sera le bon pour moi.
Quoique alors tu choisisses
De ce qu’il t’aura plu,
C’est pour mon bénéfice,
Mon bien et mon salut !
Dein ewge Treu und Gnade,
O Vater, weiss und sieht,
Was gut sei oder schade
Dem sterblichen Geblüt:
Und was du dann erlesen,
Das treibst du, starker Held,
Und bringst zum Stand und Wesen,
Was deinem Rat gefällt.
4. Route heureuse, où je marche,
Conduit, Dieu, par ta main,
Route où ton cœur me cherche,
Où ton amour me tient,
Ta route est, Dieu, ton œuvre,
Ton œuvre est le moyen
Par lequel tu nous ouvres
L’accès à tous tes biens !
* le Diable
Weg hast du allerwegen,
An Mitteln fehlt dirs nicht,
Dein Tun ist lauter Segen,
Dein Gang ist lauter Licht.
Dein Werk kann niemand hindern,
Dein Arbeit darf nicht ruhn,
Wenn du, was deinen Kindern
Erspriesslich ist, willst tun.
5. Et même si le Diable
Veut s’opposer à moi,
Dieu reste inébranlable,
Il ne recule pas.
Ce qu’il dit qu’il va faire,
Qu’il veut mener à bien,
Surgit à la lumière,
Arrive à bonne fin.
Und ob gleich alle Teufel
Hier wollten widerstehn,
So wird doch ohne Zweifel
Gott nicht zurücke gehen:
Was er sich vorgenommen
Und was er haben will,
Das muss doch endlich kommen
Zu seinem Zweck und Ziel.
6. Espère en Dieu, mon âme,
En ton Dieu hardiment,
Car il te sort des flammes,
Des pièges, des tourments.
Il te sauve en sa grâce :
Attends l’heureux moment
Que brille sur ta face
Le soleil en son temps !
Hoff, o du arme Seele,
Hoff und sei unverzagt,
Gott wird dich aus der Höhle,
Da dich der Kummer plagt,
Mit grossen Gnaden rücken;
Erwarte nur der Zeit,
So wirst du schon erblicken
Die Sonn der schönsten Freud.
B. confiance en l’avenir
7. En toutes tes souffrances,
tes craintes, tes ennuis,
Dis : « Bonjour, espérance !
Tristesse, bonne nuit ! »
Tu n’es pas, toi, le maître
Du monde et de ton cœur ;
C’est Dieu seul qui peut l’être :
Il règne en Roi, vainqueur !
Auf, auf, gib deinem Schmerze
Und Sorgen gute Nacht!
Lass fahren, was dein Herze
Betrübt und traurig macht!
Bist du doch nicht Regente,
Der alles führen soll;
Gott sitzt im Regimente
Und führet alles wohl.
8. Lui seul a la puissance :
Il est sage et Seigneur !
Lui seul prend ta défense :
Tu es son serviteur !
Quand il fait à son heure
Ce qu’il a résolu,
Tu vois qu’il met en œuvre
Ce qui fait ton salut.
* l’abandon apparent par Dieu
Ihn, ihn lass tun und walten,
Er ist ein weiser Fürst
Und wird sich so verhalten,
Dass du dich wundern wirst,
Wenn er, wie ihm gebühret,
Mit wunderbarem Rat
Das Werk hinausgeführet,
Das dich bekümmert hat.
9. Il laissera peut-être
Passer un certain temps ;
Alors tu croiras être
Perdu un court instant !
Alors l’incertitude
Agitera ton cœur ;
Avec ton inquiétude
Reviendra ta douleur !
Er wird zwar eine Weile
Mit seinem Trost verziehn
Und tun an seinem Teile,
Als hätt in seinem Sinn
Er deiner sich gegeben,
Und sollst du für und für
In Angst und Nöten schweben,
Als frag er nichts nach dir.
10. Conduit par Dieu, fidèle,
Si tu maintiens ta foi,
Tu verras que son aile
Etait toujours sur toi !
Pour décharger ton âme
De son fardeau pesant,
Il briserar la trame
Des liens emprisonnants !
* bénédiction de Dieu, eschatologie
Wirds aber sich befinden,
Dass du ihm treu verbleibst,
So wird er dich entbinden,
Da dus am wen’gsten gläubst;
Er wird dein Herze lösen
Von der so schweren Last,
Die du zu keinem Bösen
Bisher getragen hast.
11. Tout, à ton avantage,
Se réalise et fait ;
Toi donc, rends-lui hommage
Pour ses dons, ses bienfaits.
Dieu placera la palme
De gloire dans ta main.
Tu chanteras des Psaumes
Dans l’éternel matin !
Wohl dir, du Kind der Treue,
Du hast und trägst davon
Mit Ruhm und Dankgeschreie
Den Sieg und Ehrenkron.
Gott gibt dir selbst die Palmen
In deine rechte Hand,
Und du singst Freudenpsalmen
Dem, der dein Leid gewandt.
12. A bonne fin, Dieu, mène
Ton œuvre commencée !
Mets fin aux maux, aux peines,
A nos nuits angoissées !
Ta grâce nous élève,
Afin qu’après la mort
Tous nos chemins s’achèvent
Dans ton ciel, dans ton port !
Mach End, o Herr, mach Ende
An aller unser Not!
Stärk unsre Füss und Hände,
Und lass bis in den Tod
Uns allzeit deiner Pflege
Und Treu empfohlen Sein,
So gehen unsre Wege
Gewiss zum Himmel hin.
Texte :
Befiehl du dein Wege
Paul Gerhardt 1653/56
CrSi 254/84
RA 429, EKG 294, EG 361,
fr. : Yves Kéler 20.7.2007
Mélodie :
Herzlich tut mich verlangen
= O Haupt voll Blut und Wunden
Hans Leo Hassler 1601
RA 429, EKG 63, EG 684 et 85
fr. : Confie à Dieu ta route
LP 308, NCTC 279, ARC 616, ALL 47/04
ou Befiehl du deine Wege
Bartholomäus Gesius 1603
arrangée par Georg Philipp Telemann 1730
EKG 294, EKG 294, EG 361
ou Valet will ich dir geben
Melchior Teschner 1614
RA 483, EKG 318, EG 523
fr. : Jésus sort de la tombe
LP 144, NCTC 203, ARC 483, ALL 34/11
Traduction littérale de la strophe 11
Str 11:Wohl dir, du Kind der Treue, | A la bonne heure, enfant de la fidélité, |
Du hast und trägst davon | Tu as et tu remportes, |
Mit Ruhm und Dankgeschreie | Avec gloire et cris de joie, |
Den Sieg und Ehrenkron. | La victoire et la couronne de gloire. |
Gott gibt dir selbst die Palmen | Dieu lui-même te place les palmes |
In deine rechte Hand, | Dans la main droite, |
Und du singst Freudenpsalmen | Et tu chantes des psaumes de joie |
Dem, der dein Leid gewandt. | A celui qui a détourné ta douleur. |
Le texte
Le texte est un acrostiche du verset 5 du Psaume 37, selon le texte de la traduction de Martin Luther, Ce verset comprend 12 mots, que Gerhardt suit mot à mot, obtenant 12 strophes : « Befiehl / dem Herren / deine / Wege / und / hoff / auf / ihn, / Er / wirds / wohl / machen –Remets / à Dieu / ta / route / et / espère / en / lui, / Il / conduit / tout / à bonne fin. » Le texte de la traduction française du verset suit le texte allemand, et n’est pas pris d’une version française de la Bible. Gerhardt reprend l’idée même de la composition du Psaume 37, qui est un acrostiche alphabétique. Ce qui montre chez lui une connaissance approfondie du Psautier, et une volonté d’en suivre la structure, pas seulement poétique, mais aussi celle de la foi. Le verset 5 résume tout le Psaume : de ce résumé Gerhardt repart pour faire un acrostiche, cette fois sur chaque mot de la phrase.
le plan du chant
On pourrait penser que Gerhardt suit simplement le verset biblique et se contenterait d’une suite de 12 strophes. Mais il structure son chant de deux façons. Il le divise en deux grandes moitiés de 6 strophes, qui se sentent bien. De plus, il répartit chacune de ces six strophes en paires de strophes, selon son habitude. Dans la première moitié, il évoque plutôt la situation actuelle du croyant : remets à Dieu ta route, il est le Père, et le Diable n’y changera rien. Dans la seconde moitié, il vise l’avenir : Espère en Dieu, malgré un abandon apparent, il te conduit au Royaume. Cela donne le plan suivant :
A. Exhortation au croyant dans le monde : situation actuelle
str.1-2 : | au croyant | DU – TU, adressé à l’homme |
str. 3-4 : | au Père | DU – TU, adressé à Dieu |
str. 5-6 : | le Diable | ER – IL |
B. Confiance en l’avenir : situation future
str. 7-8 : | au croyant | DU – TU, adressé à l’homme |
str. 9-10 : | Dieu | ER – LUI, il s’agit de Dieu |
str. 11-12 : | au croyant | DU – TU, adressé à l’homme |
12 : | à Dieu | DU – TU, adressé à Dieu |
Traduction littérale de la strophe 11
Les paires de strophes montrent aussi le changement des personnes : DU – TU, adressé à l’homme puis à Dieu, et une paire à la 3e personne, en ER – LUI, une fois pour le Diable, une fois pour Dieu. De plus, une certaine symétrie de ces changements de personne se remarque dans chaque moitié.
le développement du chant
A l’intérieur du plan signalé à l’instant, chaque strophe forme un commentaire pour soi, et est reliée à la précédente comme à la suivante. On retrouve les thèmes chers à Gerhardt : str. 1 à 3 Dieu est le tout-puissant, auquel il est bon de se confier. Str. 4 la route est l’œuvre de Dieu. Str. 5 le Diable, personnage récurrent chez Gerhardt, ne peut rien là-contre. Str. 6 l’espérance n’est pas résignée, mais active, conquérante presque ! A la str. 7, une expression typiquement allemande, qui se trouve dans d’autres cantiques : « Gib deinem Schmerze, Und Sorgen gute Nacht – Donne-à ta douleur et à tes soucis la bonne nuit », c’est-à-dire, quitte-les et va dormir en paix ! La str. 9 fait remarquer que si Dieu tarde, le fidèle croit qu’il nous abandonne. Mais la str. 10 donne la réponse : Dieu s’occupait de toi, mais tu ne l’as pas vu. La strophe 11 est la résolution finale, à la fois pour le fidèle et pour le poème : « tout concourt à ton avantage », et conduit à l’habituelle strophe finale, la 12e, avec sa perspective eschatologique.
En Allemagne, le premier vers de cette strophe est devenu proverbial : « Mach End, o Herr, mach Ende ! – Mets fin, Seigneur, mets fin ! » A la fois dans le sens profond : « Mets fin, Seigneur, à ces souffrances », que dans le sens ironique, quand un orateur n’en finit plus : « Mets fin, Seigneur, mets fin » à ce discours interminable, qui nous fait souffrir !
Le seul texte français qui a la volonté de traduire le chant de Gerhardt est « Confie à Dieu ta route ». Cette synthèse en 5 strophes a été faite de Charles Dombre, pasteur du Pays de Montbéliard et bon compositeur de cantiques. On trouvera cette traduction sous le N° 48 suivant.
La mélodie
La traduction de ce chant dans sa forme entière peut servir pour le combat spirituel, la maladie et l’épreuve, ainsi que pour l’enterrement. On abuse actuellement de « Confie à Dieu ta route », de Charles Dombre, devenu une rengaine dans les sinistres cultes d’enterrement protestants en France, vu la pauvreté des recueils de cantiques français en chants pour l’enterrement. Le texte complet de Gerhardt en français permet de choisir entre les strophes et de créer de la variété dans le culte.
les deux mélodies
Ce chant a la particularité d’avoir deux mélodies. Celle indiquée par la Praxis dès l’origine : « Herzlich tut mich verlangen = Chef couvert de blessures », de Hans Leo Hassler, de 1601.
Mais il existe aussi la belle la mélodie de Bartholomäus Gesius, de l’année 1603, qui a pris le nom de « Befiehl du deine Wege – Confie à Dieu ta route », et qui apparaît dans les recueils comme « eigene Melodie – mélodie propre ». Elle est excellente, plus joyeuse que « Herzlich tut mich verlangen », qui est la mélodie d’un chant d’enterrement du même nom. Les livres de cantiques allemands récents, tels EKG 294 en 1951, et EG 361 en 1995, ont fait délibérément ce choix, et c’est la mélodie qui s’emploie maintenant en Allemagne. Les français dans NCTC, ARC et ALL ont conservé la tradition de « Herzlich tut mich verlangen », connue en Alsace-Lorraine chez Spitta N° 300 en 1899, et dans RA 429 de 1952. Quoique les recueils luthériens d’Alsace-Lorraine AK alt de 1871 et AK neu de 1926 donnaient l’autre mélodie « Befiehl du deine Wege ». Mais cette mélodie était-elle vraiment employée dans les paroisses d’Alsace-Lorraine ? Je n’en ai pas souvenir.
Le chant peut aussi servir pour le mariage ou le baptême. On peut faire un choix judicieux de strophes selon les circonstances. Pour ces actes et fêtes, on pourra employer avec bonheur « Valet will ich dir geben – Jésus sort de la tombe », qui, malgré son origine dans un chant d’enterrement, donne un caractère joyeux au texte. La même chose peut être faite avec le « Confie à Dieu ta route » de Charles Dombre (voir le N° 48 suivant).
Ebeling en 1666/67 indique deux autres mélodie : « Ich dank dir, lieber Herre – Je te rends grâce, bon Père », qui est une mélodie parallèle à « Lob Gott,getrost mit Singen –Loue Dieu en paix par le chant », ainsi que « Lobet Gott, unsern Herrn – Louez Dieu, notre Seigneur. » Ces deux mélodies ne semblent plus être en usage depuis quelque temps, car on ne la trouve dans aucun recueil d’après 1950.