BIOGRAPHIE
LUTZ Pierre, 1926-2009, Curriculum Vitae
A l’occasion du culte de son enterrement, en l’église St-Tomas de Strasbourg, par Yves Kéler
Chers amis, en prenant la parole devant vous, je m’exprime au nom de tous les membres de l’équipe hymnologique en Alsace-Lorraine.
A. A la fin des années 1960, Ernest Muller, qui avait réalisé le Recueil de cantiques alsacien-lorrain connu sous le nom de RA, crée un groupe de travail. Il cherche des personnes pour l’aider à faire des propositions à la Commission d’Hymnologie de la Fédération Protestante de France, dont il est membre. La Fédération envisage de refondre le Louange et Prière, datant de 1938. Par ailleurs, le développement du français dans les cultes en Alsace-Lorraine appelait à fournir des chants selon notre tradition, lesquels pourraient très bien prendre place dans le nouveau recueil projeté. Cela concernait donc premièrement la traduction en français des chants allemands de nos Eglises, dans un texte aussi proche que possible de l’original, pour en conserver le message. Dans un deuxième temps, le groupe a fait aussi des chants directement en français.
Ce groupe de travail autour d’Ernest Muller comprenait Jean Guerrier, Auguste Koch, Théo Metzger, Yves Kéler, Pierre Lutz, Georges Pfalzgraf, André Wagner. Roger Trunk nous a rejoints plus tard, et Jean-Louis Decker épisodiquement. Notre lieu de travail habituel était la salle paroissiale de St Thomas, dans laquelle Pierre nous accueillait. Le principe du travail était : chaque chant retenu était confié à l’un des membres, qui le traduisait, puis le chant était présenté au groupe de travail, qui proposait des corrections, et l’acceptait après souvent plusieurs examens. Le nom du traducteur responsable restait sous le cantique. Dans ce cadre et plus tard aussi, Pierre Lutz a composé un total de 17 cantiques (d’après mes renseignements).*
En 1977, Ernest Muller, Pierre Lutz et moi avons été désignés par nos directions d’Eglise pour les représenter à Paris, où se tenaient les réunions de la Commission d’Hymnologie, mais d’autres membres nous accompagnaient parfois. Le travail de ce groupe s’arrêta en 1989 après la parution de ABD, Alléluia, bénissez Dieu.
B. En 1979, dans Nos cœurs te chantent, le livre issu de ce travail, 3 chants de Pierre
Lutz furent retenus :
Des cieux vers nous s’avance Es kommt ein Schiff geladen N° 164
Veillez, enfants des hommes Mit Ernst, ihr Menschenkinder N° 160
Mon allégresse Dans la détresse In dir ist Freude N° 174
ue la volonté du Seigneur Was mein Gott will, das gscheh allzeit N° 285
En 1989 parut le Supplément alsacien-lorrain de NCTC, sous le nom de « Alléluia, bénissez Dieu ». Dans ce livre figurent 6 chants de Pierre Lutz, dont les précédents et 2 chants de baptême :
Je suis à toi par le baptême Ich bin getauft auf deinen Namen N° 534
Nous voici, Jésus Seigneur Liebster Jesu, wir sind hier N° 535
La même année 1989 a paru ARC en Ciel, dans lequel figure un re-travail, par les éditeurs de ce livre, du chant de baptême « Je suis à toi par le baptême », sous le nom de « Je t’appartiens par le baptême. »
Le dernier recueil français « Alléluia 2005 », reprend 4 chants de Pierre Lutz, dont le chant moderne
Chante, ciel, exulte, terre Erd und Himmel sollen singen. N° 41/32
Enfin, un travail nouveau et pas encore connu chez nous va paraître fin 2009 : le livre de cantiques des Eglises Luthériennes francophones du Canada, qui contient beaucoup de chants de l’équipe alsacienne. On y trouvera des chants de Georges Pfalzgraf, Yves Kéler, Pierre Lutz, Roger Trunk, et un Gloria-Laudamus d’André Wagner.
De Pierre Lutz, un total de 11 chants figure dans ce livre.
C. La poésie et la théologie des chants de Pierre se caractérisent par plusieurs
points :
1. l’exactitude et le respect de l’original
2. une poétique et une écriture classique
3. une sensibilité personnelle et une tendresse dans l’expression, un caractère intérieur
et méditatif
Le chant d’Eglise était pour lui une patrie spirituelle, une part de sa piété personnelle et ecclésiale. Peu de temps avant sa mort, au mois de juillet, il a encore traduit de mémoire 5 chants, dont le texte sera publié prochainement.
Voici un extrait de l’un d’eux, qui traduit « Wir warten dein, o Gottessohn » :
Nous t’attendons, ô Fils de Dieu,
Le cœur plein d’espérance.
Bientôt ton retour aura lieu,
Pour notre délivrance.
Celui qui croit,
Et te reçoit,
Tourne vers toi sa face :
Tu resplendis de grâce.
Nous t’attendons, ô Fils de Dieu,
Remplis de confi-ance ;
Bien que présent en chaque lieu
Sans concrète apparence,
Tu reviendras,
Et tu seras
A toute chair visible,
Dans un monde paisible.
* 29.1.2013 : les dernières recherches donnent le nombre de 32 chants
PIERRE LUTZ
Décédé le 17.08.2009, à Strasbourg
Notice « in memoriam »
de l’Almanach Luthérien de 2010
rédigée par Christian Lutz, son fils
Pierre Lutz est né le 1er septembre 1926 à Strasbourg, où son père, Emile, dirigeait la pharmacie du Corbeau et sa mère, Louise, s’occupait du foyer. Ses frères et sœurs, Evelyne et Jean-Jacques, l’avaient précédé dans la famille, et son frère, Erwin, les rejoindra six ans plus tard. Il fut baptisé le 17 octobre 1926 à l’église Saint-Thomas, par son grand-père, Ernest Westphal, pasteur à Rittershoffen et inspecteur ecclésiastique.
Pierre Lutz fut soumis à plusieurs influences déterminantes : les conversations avec son grand-père Ernest Westphal, les cours de religion du pasteur Rauzier, le catéchisme du pasteur Birmelé et la pratique du scoutisme aux éclaireurs unionistes de St-Paul, dont il devint plus tard un des chefs scouts.
La traversée de la guerre fut une épreuve intense. Après une évacuation à Chaumont, il passa à Strasbourg quatre années d’occupation qui le marquèrent fortement. Mais grâce à un accident de ski, il échappa à l’incorporation dans la Wehrmacht. Après la guerre, il entreprit des études scientifiques dans les classes de « math-sup » et « math-spé », mais il sentit qu’il faisait fausse route et que sa véritable voie était de devenir pasteur. Il suivit alors des études de théologie à Strasbourg, complétées par une année à Toronto au Canada.
A son retour, il épousa Yvette Jung, pianiste, de deux ans son aînée. Ils donnèrent naissance en 1961 à un fils unique, Chritian.
D’abord vicaire à la Robertsau, il fut chargé en 1955 de la paroisse de Reitwiller-Gimbrett, En 1959, il fut appelé à la paroisse de St-Thomas, sa paroisse d’origine. Il y passa 21 années, qui furent notamment marquées par la restauration de l’église, puis de l’orgue Silbermann. Son dernier poste pastoral fut celui de Westhoffen, jusqu’à sa retraite prise en 1991. Il revint alors à Strasbourg pour redevenir paroissien de St-Thomas, cette église si chère à son cœur.
Dans le cadre du groupe régional de la commission d’hymnologie de la F.P.F., il travailla aux recueils « Nos cœurs te chantent » et « Alléluia, bénissez Dieu. » La traduction en français de chorals allemands issus de la tradition luthérienne lui tenait particulièrement à cœur. Il était aussi soucieux de catéchèse et édita un recueil de schémas bibliques.
Suite à une grave opération subie en octobre 2008, il s’installa avec son épouse à la maison de retraite Emmaüs-Koenigshoffen. Après un regain de forme, il retourna au Diaconat pour une nouvelle opération chirurgicale en juillet 2009. Quelques jours avant l’opération, il traduisit encore cinq cantiques. La faiblesse générale du corps ne lui permit plus de reprendre le dessus ; c’est dans la paix qu’il quitta cette qu’il aimait tant, le lundi 17 août 2009.
Notes de Yves Kéler :
Pierre Lutz a accompli pendant la guerre des actes de courage qui lui ont valu d’être décoré de la Légion d’honneur
Son épouse est devenue impotente avec l’âge. On rencontrait souvent le couple à Strasbourg, Pierre poussant sa femme dans un fauteuil roulant. Yvette Lutz est décédée en janvier 2013, à Emmaüs-Koenigshoffen.