T’AIMER, JESUS, TE CONNAÎTRE (rév) 1785-1839, Amour de Jésus

AMOUR DU CHRIST



              T’AIMER JÉSUS, TE CONNAÎTRE
             Rév. de « Aimer Jésus, le connaître »

Texte de la révision de Louange et Prière de 1938 n° 300

                 Mél : O du Liebe meiner Liebe

1. T’aimer, Jésus, te connaître,           str. 1
Se reposer sur ton sein,
T’avoir pour son Roi, son Maître,
Pour son breuvage et son pain,
Savourer en paix la grâce
De ta mort, puissant Sauveur,
Me tenir devant ta face :
Quelle ineffable douceur !

2. O bonheur inexprimable :               d’après str. 2
Le Seigneur est mon berger.
Toujours tendre et secourable,
Son cœur ne saurait changer.
Dans son dévouement suprême,
Il descendit ici bas,
Chercher sa brebis qu’il aime,
Et la prendre dans ses bras.

3. Il donna pour moi sa vie,                d’après str. 3
Il m’appelle par mon nom.
A sa table il me convie,
J’ai ma place en sa maison.
Il voit mes maux, ma faiblesse, «
Il veut bien s’en enquérir. «
Qu’il est bon ! il veut sans cesse «
Me pardonner, me guérir. «

4. Si Dieu marque, lui le Père,             str. 4
Sur les paumes de ses mains
S’il discerne, s’il repère
Entre les humains les siens,
Qu’importe alors si le monde
Méconnaît les saints, les hait.
Toi dont le regard nous sonde,
Toi, Jésus, tu nous connais.

5. Rien, ô Jésus, que ta grâce,             str. 5 prise du chant
Ne me rend saint, juste, heureux.        « Le Créateur de l’Eglise »,
Mon péché, rien ne l’efface,                 Ps. Mor. 1785-1839 n° 404
Que ton sang versé, précieux !
Ne me dites autre chose,
Sinon qu’il est mon Sauveur,
L’auteur, la source et la cause
De mon éternel bonheur !


Sources selon LP 300

Texte

T’aimer, Jésus, te connaître
Jérémie Risler 1785 ( LP 300)
ou E.Guers ( Rec. Cant. Luth. P-M-S 1923)
et Recueil des Eglises réformées de France
de 1859 : n° 57, et 1895 n° 145, en 5 strophes
La str. 4 : dans « Hymnes et cantiques »
Nancy 1879, n° 41
LP 300, de 1938
pas dans NCTC et ARC
rév: Yves Kéler, 2005
ABD 558, en 4 str ; d’après LP,
texte légèrement différent, de 1980

Mélodie

O du Liebe meiner Liebe
Bamberg 1732, Herrnhaag 1735
appelée aussi :
Herz und Herz vereint zusammen
d’après le chant de Zinzendorf 1725
RA 361, EG 251
fr. : T’aimer, Jésus, te connaître
LP 300, ABD 558
ou : O Jésus, tu nous appelles
LP 338, NCTC 243, ARC 528

Sources selon « Psalmodies moraves 1785-1839

Texte

Aimer Jésus, le connaître
original allemand non signalé
traducteur non signalé
dans Psalmodies moraves
1785 – 1839 : n°231, 1862, n°
rév. : Yves Kéler, 9.8.2014 Bischwiller

Mélodie voir plus haut

Le texte 

a. son origine 

Il remonte aux cantiques allemands dérivés de « O du Liebe meiner Liebe », daté de 1700, (Knapp 1835, n° 530), comme :

– Herz und Herz vereint zusammen,
1725, de Zinzendorf (1700-1760) RA 361, EG 251

– Bei dir, Jesu will ich bleiben,
1833, de Phi. Spitta (1801-1859) RA 346, EG 406

– Bleibt bei dem, der euretwillen,
1833, du même Philipp Spitta RA 430, EG 689

b. la forme française donnée plus haut

Je donne ici la révision qui figure dans LP 300, dont l’auteur n’est pas donné. Le Recueil des Eglises réformées de France de 1859 n° 145 dit : « E.Guers, d’après Ps. Morave », ce qui indique certainement le réviseur. Cette révision est d’importance : Guers garde la base des str. 1 et 4, avec quelques changements mineurs, mais il reprend fortement les str. 2 et 3, et il refait la str. 4. Il reprend la strophe 5 d’un autre chant des Psalmodies de 1785-1839, n°404, « Le Créateur de l’Eglise » et la place en conclusion de sa révision. Le résultat de ce travail est bon. Il est dommage que ce chant, que le Groupe hymnologique alsacien, dirigé par Ernest Muller, avait placé dans « Alléluia, Bénissez Dieu », Supplément à « Nos cœurs te chantent en 1988 », ait été rejeté par la Commission h’Hymnologie de la Fédération protestante de France. Un remarquable cantique a été perdu ainsi.

c. les « Nachdichtungen – Chants dérivés »

Ce chant, qui a disparu des livres et qu’on peut difficilement chanter aujourd’hui pour cette raison, s’est révélé très fertile, car on a composé à sa suite plusieurs autres « Nachdichtungen – chants dérivés », qui ont joué un rôle énorme dans la piété protestante, allemande puis française. Les seuls noms de Zinzendorf et de Spitta le laissent deviner.

En français, deux textes sur la mélodie originale sont bien connus. Celui que les frères moraves ont publié en 1846, dans leur Psalmodie :  » O Jésus, tu nous appelles « , LP 338, qui lui aussi a joué un grand rôle dans le protestantisme français. Et  » T’aimer, Jésus, te connaître « . D’après LP, le texte de ce dernier serait de Jérémie Risler 1785, qui est probablement un pasteur du Pays de Montbéliard. Le « Recueil de Cantiques » luthérien, Paris-Montbéliard-Strasbourg, attribue le texte à un auteur appelé E. Guers, sans date.

b. le contenu du chant:

Ce chant fait partie de la  » Jesu Frömmigkeit – la piété de Jésus  » de la fin du 17e Siècle, période qu’on appelle  » pré-piétisme « , et dont nous avons plusieurs exemples dans les livres français.

Ici, deux thèmes principaux s’enchevêtrent : celui du bon Berger et celui de Cène, appuyé sur Jean 6 : « Pour son breuvage et son pain » (1ère strophe). « Le Seigneur est mon Berger », à la strophe 2, est évidemment une citation directe du Ps 23, à laquelle la parabole de la brebis perdue de Matthieu 18/12 et celle du bon Berger de Jean 10/11 sont rattachées. Une forte théologie de la mort expiatoire du Christ sous-tend le texte, lui donnant une solide armature. Le texte ne tombe jamais dans la mièvrerie, même si le langage a des aspects sentimentaux. Là encore, on retrouve la mystique et le bonheur de la foi qu’on trouve auprès du Christ : « Me reposer sur ton sein,…Quelle ineffable douceur », repris tout de suite par « O bonheur inexprimable,… Et la prendre dans ses bras. »

c. l’emploi du chant

Pour les raisons évoquées plus haut, ce chant peut très bien servir au 2e dimanche après Pâques, Misericordias Domini, qui est le dimanche du bon Berger : le Psaume 23 est le propre de ce dimanche, ainsi que l’évangile du bon Berger, de Jean 10. La référence à la Multiplication des pains, de Jean 6, permet de l’employer comme chant d’entrée pour la Sainte Cène. On peut aussi l’employer au 7e dimanche après la Trinité (8e après la Pentecôte), consacré au Mémorial de la sainte Cène, et dont l’évangile propre est Jean 6/1-15.


La mélodie 

La mélodie a un caractère double : elle est simple, presque enfantine, et correspond au vœu que Zinzendorf exprimait : que le chant des chrétiens soit celui des enfants heureux du Père. L’autre caractère est une joie interne, qui correspond bien à celle exprimée par le texte. Il faut la chanter dans ce double esprit, sur un rythme allant.