Révision de LP 309 = ARC 634
et Cantiques Spirituels de Strasbourg 1747
Mélodie : O Welt, ich muss dich lassen
A Dieu seul j’abandonne
Deux textes sont présentés ici :
1. Le texte de LP 309 = ARC 634,
qui est une révision de l’original de Bonsen
de 1747. Aucune correction de ce texte n’ y
est nécessaire : le texte est bon.
2. Le texte des Cantiques Spirituels de Strasbourg
de 1747, de Bonsen, qui est l’original du texte 1
Ici des corrections sont nécessaires
1. Le texte de LP 309 = ARC 634,
révision du texte de Bonsen
1. A Dieu seul j’abandonne = LP et ARC str 1
Ma vie et ma personne,
Mes projets et mes vœux.
Sans lui rien ne prospère
Sans mon céleste Père,
Rien ne saurait me rendre heureux
2. Oui, de sa providence, = LP et ARC str2
Avec reconnaissance,
Je veux tout accepter.
Ce qu’il lui plaît de faire
M’est toujours salutaire :
Cesse, ô mon cœur, de t’agiter !
3. J’attends tout de sa grâce, = LP et ARC str 3
Qui jamais ne se lasse
Et je regarde à lui ;
Quand le péril me presse,
Il connaît ma détresse,
Et son amour est mon appui.
4. Oui, mon âme est tranquille : = LP et ARC str 4
Je trouve un sûr asile,
O Seigneur, dans ton sein.
Et bientôt cette vie
Pour moi sera suivie
D’un bonheur sans borne et sans fin.
Texte : A Dieu seul j’abandonne
Révision du texte de Bonsen 1747
qui traduit » In allen meinen Taten «
de Paul Fleming 1642
LP 309, ABD 585, ARC 634
Aucune révision : le texte est excellent
Mélodie : O Welt, ich muss dich lassen
Heinrich Isaak,
RA 481, EG 521
fr. : A Dieu seul j’abandonne
LP 309, ARC 634
2. Le texte original de Bonsen 1747,
dans Cantiques Spirituels de Strasbourg,
qui traduit » In allen meinen Taten «
( j’ai repris les révisions données par LP,
pour les strophes 1 et 6 de Bonsen,
car bonnes, et intercalé mes révisions
du texte original de Bonsen )
1. A Dieu seul j’abandonne = LP et ARC str 1
Ma vie et ma personne,
Mes projets et mes vœux.
Sans lui rien ne prospère
Sans mon céleste Père,
Rien ne saurait me rendre heureux
2. Si le monde s’agite, = Cant. Spir. str 2
Pour voir la réussite
De chaque vanité,
Dans la bonté divine
Et sans humeur chagrine,
Je trouve ma tranquillité.
3. J’accepte avec patience = Cant. Spir. str 3
Ce que Dieu, dans sa science,
Me fait porter de croix ;
Quand sa main me châtie,
Mon âme s’humilie
Et se plie à sa sainte loi
4. J’attends tout de sa grâce, = LP et ARC str 3
Qui jamais ne se lasse
Et je regarde à lui ;
Quand le péril me presse,
Lui seul sait ma détresse,
Et son amour est mon appui.
5. Et s’il faut que je meure, = Cant. Spir. str 5
Sans murmure, à toute heure,
J’accepte avec ferveur,
La volonté du Maître
Qui m’a donné de naître
Et m’offre l’éternel bonheur.
6. Oui, mon âme est tranquille : = Cant. Spir. str 6
L’Eternel, mon asile,
Prend soin de mon destin.
Et bientôt cette vie = LP et ARC str 4
Pour moi sera suivie
D’un bonheur sans borne et sans fin.
Texte : Au grand Dieu j’abandonne
Louis Eberhard Bonsen 1747
Cantiques Spirituels de Strasbourg 1747,
édition sans changement de 1808,
page 347
traduction en 6 strophes du texte:
In allen meinen Taten,
de Paul Fleming, 1648
Mélodie : O Welt, ich muss dich lassen
Heinrich Isaak,
RA 481, EG 521
fr. : A Dieu seul j’abandonne
LP 309, ARC 634
Le texte :
1. L’original et sa traduction
Le texte de Bonsen traduit 6 strophes de » In allen meinen Taten « , un cantique de Paul Fleming. Bonsen ne semble pas connaître la strophe 5 : » Er wolle meiner Sünden « , qui parle de la rémission des péchés et de l’absolution. A moins qu’il ne l’ait délibérément laissée de côté, car dans ce siècle rationaliste, il fallait qu’un luthérien affirmé comme lui compose sur certains points, pour que ses traductions soient acceptées (On retrouve ce phénomène actuellement, où la pénitence et l’absolution ont disparu de beaucoup de cultes. On peut voir par là que la théologie rationaliste réapparaît régulièrement.)
La longueur même du chant allemand n’est pas exactement définie d’un livre à l’autre. Albert Knapp 1837 donne 9 strophes, que Ernest Muller, qui a constitué le RA en 1952, reprend dans ce livre. Le cantique se découpe en deux grandes parties, conclues chacune par une strophe :
1 : str 1-4 : Confiance en Dieu et à sa grâce
conclusion, qui fait transition vers la partie 2 :
= str 5 : Rémission des péchés et absolution
2 : str 6-8 : Acceptation de la mort
conclusion générale :
= str 9 : Conclusion : Fais confiance à Dieu mo
La 1ère partie est générale, la deuxième est plus originale, et la transition assurée par la strophe sur la rémission des péchés et l’absolution est aussi une idée originale.
EKG 1951 donne les mêmes strophes que RA 1952, soit 9, mais ajoute de 10 à 15 un autre chant de Fleming : » Ich zieh in ferne Lande « , qui semble être une » Nachdichtung « , composition dérivée de « O Welt, ich muss dich lassen, und ziehen meine Strassen « . Albert Knapp 1837, n° 3092, le donne pour un chant indépendant en 9 strophes, dont EKG ne garde que 6.
EG 1995, en revanche, a supprimé le deuxième chant » Ich zieh in ferne Lande « , et raccourci le premier » In allen meinen Taten « , le ramenant à 6 strophes, qui curieusement correspondent au découpage retenu par Bonsen, si on excepte la strophe 5. Bonsen aurait-il connu une forme plus courte du chant ? C’est possible, parce que d’ordinaire Bonsen respecte la longueur du chant allemand d’origine et en traduit toutes les strophes. Dans le cas de ce chant, il est dommage que Bonsen n’a pas traduit les strophes sur la mort, relativement rares sous cette forme.
2. Les révisions du texte :
Le texte de LP 309 et ARC 634 provient d’une révision antérieure du texte de Bonsen. On trouve ce texte dans Recueil de Cantiques (luthérien) 1923 Paris – Montbéliard – Strasbourg , n° 220. Le texte n’a plus que 5 strophes : la 2e de l’original a disparu. La révision du texte a peut-être été faite au Pays de Montbéliard. Car le chant semble provenir de la tradition luthérienne, les traductions de Bonsen ayant été employées à Strasbourg dès 1747, à Montbéliard vers la fin du 18e Siècle seulement. Et il ne figure pas dans les livres réformés du 19e Siècle, sauf erreur.
Cette révision est bonne, et son langage n’a pas trop vieilli. LP l’a reprise sans changement, sauf à lui ôter une strophe, la 3e de l’original, et ARC l’a reprise également telle quelle de LP .
Sur la base du texte de Bonsen figurant dans les Cantiques Spirituels en 6 strophes, je propose une révision qui rétablit les deux strophes manquantes, soit la 2e et la 3e. Pour le reste du texte, je propose de conserver la révision retenue par LP, puisqu’elle est bonne si on la compare avec l’original de Bonsen.
La mélodie :
C’est une des plus célèbres mélodies allemandes. Elle remonte au chant de Heinrich Isaak, qui fut banni de Innsbrück et qui raconta son triste sort dans un chant, dont il composa le texte et la mélodie : » Innsbrück, ich muss dich lassen. « , en 1495. A Nürnberg, un inconnu composa un splendide texte pour l’enterrement : » O Welt, ich muss dich lassen « . En sorte que ce chant est connu dans sa version profane et dans la chrétienne. Son thème, porté par sa mélodie, donna naissance à un nombre important de cantiques développant les mêmes idées, dus à de grands auteurs, tels que :
Voyage: de Paul Fleming : » Ich zieh in ferne Lande « ,en 1633,
EKG 292/10-15
» In allen meinen Taten » en 1642,
RA 441, EG 368
Passion: de Paul Gerhardt : » O Welt, sieh hier dein Leben »
RA 79, EG 84
Soir: » Nun ruhen alle Wälder »
RA 261, EG
Soir: de Teersstegen: » Wenn sich die Sonn erhebet »
RA 266
Intercession: de B.Schmolk: » Herr, höre, Herr, erhöre »
RA 388, EG 423
Soir: de G. von Harless: » Es ist die Nacht nun kommen »
RA 256
Epreuve: de Fr.Weyermuller: « Sein Kreuz und seinen Frieden »
RA 445
Enterrement: de Gryphius : « Die Herrlichkeit der Erden »
EG 527
Le climat de cette mélodie, lente et méditative, et le thème de l’acceptation de la volonté de Dieu qu’elle porte, sont bien adaptés au texte.
Il existe deux rythmes différents :
1. celui de l’original allemand, en 4/4 – 6/4, qui alterne les blanches et les noires, et donne un caractère plus méditatif au chant. Il faut chanter fermement, sans traîner.
2. le rythme des livres français, qui ont adopté la forme simple, qui est une suite de noires, freinée par une blanche à l’avant dernière et dernière note. Cette forme tend à faire accélérer le chant : Il faut chanter fermement, mais pas trop vite.