AVENT, 3e dimanche
Chants de Georges Kempf
08 Chant 6 Maria Marie p. 10
Sei gegrüsst, holdselige Frau
A TOI, FEMME, HOMMAGE EST DÛ tt
Sei gegrüsst, hodselige Frau
Mélodie : Nun komm der Heiden Heiland
« auf dass er sich schätzen liesse mit Maria, seinem Vertrauten Weibe,
die war schwanger » Lukas 2/5,
afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
1. A toi, femme, hommage est dû :
Pur exemple de vertu,
Mère du Dieu incarné
Et de Joseph l’épousée.
2. Dieu, tu l’avais préférée
Plutôt que d’autres beautés.
Par la grâce de l’amour,
Elle est heureuse à toujours.
3. L’appel l’avait effrayée.
Elle a pourtant accepté
D’accueillir le Fils très saint
Très humblement dans son sein.
4. Elle accomplit le dessein
Que Dieu a voulu le sien.
Mais elle a gros sur le cœur,
Entourée de tant de peurs ?
5. Bien pauvres tes serviteurs !
Faible reste leur bonheur.
Elle a accepté la croix,
Elle a pris Jean près de soi.
6. Prépare-nous tous, ô Dieu,
A vivre humbles sous tes yeux.
Père, Fils et Saint-Esprit,
Gloire à vous dans l’infini. Amen.
Texte Sei gegrüsst, hodselige Frau
In den Weihnachten zu singen, années 1950
Georges Kempf, années 50
fr. : Yves Kéler 5.10.2012 Bischwiller
Mélodie: Nun komm, der Heiden Heiland
Veni, Redemptor gentium
peut-être antique et d’Ambroise ?
dans sa forme allemande:
Einsiedeln 12e Siècle, Luther 1524
RA 12, EG 4
fr. : Viens, ô Sauveur des païens
NCTC 163, ARC 304, ALLéluia 31/03
Le texte
Salut, Marie !
Georges Kempf médite l’Annonciation à Marie, dans Luc 1/26-38. Il reprend la salutation de l’ange, mais dans sa forme biblique, c’est-à-dire sans sa torsion vers l’Ave Maria. En effet, le texte de Luc dit « Je te salue, pleine de grâce », dont GK fait « Sei gegrüsst, holdselige Frau – sois saluée, gracieuse dame. » Il s’agit là d’une salutation courtoise à la « dame de cœur » du Minnesang, le chant courtois du 12e Siècle. la charis – gratia – grâce divine devient la charis – gratia – grâce féminine et humaine. La scène rappelle les représentations médiévales de l’ange saluant une grâcieuse Marie dans sa chambre ou son jardin. L’inclusion mariale qui a transformé cette salutation en prière est d’ajouter « Marie » dans cette salutation : « Je te salue, Marie pleine de grâce. » Ici se trouve la compréhension protestante de la salutation, adressée à Marie par l’ange du Seigneur, et non pas par les chrétiens à une personne intercédante.
Strophe 1, GK relève la double dignité, « richesse », de Marie : Mère de Dieu et épouse, de Joseph bien entendu. Marie enfante le Christ, à la fois « vrai homme et vrai Dieu » selon Nicée-Constantinople, et pourvu de ses deux natures selon Chalcédoine. Ephèse précise que Marie est « anthrôpotokos kaî theotokos – Mater hominis et Mater dei – mère de l’homme et mère du dieu. »
La guerre et la souffrance
GK replace aussi cette intercession dans le cadre historique contemporain d’après la guerre. « Furcht und Not liegt um sie her – Crainte et nécessité s’étendent autour d’elle. » Les deux mots allemands sont plus forts qu’en français. « Furcht » voisine avec terreur, « Not » avec famine. Marie rappelle la vierge de Sion assise au milieu des ruines de Jérusalem après la guerre avec Babylone, dans les Lamentations de Jérémie. Le début de la strophe 5 : « Dass die rohe Welt erbarm – pour que le monde grossier aie pitié », semble faire référence à Lamentations 1/12 : « Vous qui passez ici, regardez et voyez s’il est une douleur semblable à ma douleur », et ayez pitié ! Cette phrase célèbre est inscrite sur beaucoup de calvaires : « O vos ommnes qui transistis per viam, attendit et videte si est dolor sicut dolor meus. » Elle a aussi inspiré de nombreux motets dans le texte latin.
D’ailleurs la suite de la strophe 5 le confirme : « Sie empfing mit dir das Kreuz, sprechend : ja, der Herr gebeut’s – elle a accepté avec toi (Dieu) la croix, Disant : oui, le Seigneur l’ordonne. » Marie accepte la décision de Dieu que le Christ mourra sur la croix. Ici l’allusion est celle des paroles de Sim éon dans Luc 2/35 : « Toi, une épée te transpercera l’âme. »
La fin du poème est un appel à être humble comme Marie, achevé par un bref Gloria Patri.
L’Avent
Ce chant est plutôt un chant de l’Avent, puisque l’Annonciation, suivie du Magnificat, est la lecture du 4e dimanche de l’Avent. Son ton grave correspond aussi au contenu pénitentiel de l’Avent, marqué au 2e dimanche par la lecture de la petite Apocalypse de Luc 21/25-33, et au 3e par celle de l’appel à la repentance de Jean-Baptiste dans Matthieu 11/2-10.
La mélodie
J’ai choisi celle du « Veni Redemptor gentium – viens, Rédempteur des nations », parce que cette hymne d’Ambroise, traduite par Luther, est un chant de l’Avent, et parce qu’elle s’émerveille sur la naisse du Christ : « Dass sich wunder alle Welt Gott solch Geburt ihm bestellt – que s’étonne tout la terre Que Dieu lui donne un telle naissance. »
Le rythme lent et méditatif de la mélodie s’accorde bien avec le texte.
Texte original
1. Sei gegrüsst, holdselige Frau,
Magd, wie reiner Morgentau,
keine ist wie Du so reich:
Gottes Mutter und Braut zugleich.
2. Gott, Du hast sie vorgewählt
allen, die Dein Auge zählt,
und durch Deiner Gnade Macht
mit dem höchsten Glück bedacht.
3. Die vor Deinem Gruss erschrickt,
sich alsbald in Demut schickt,
die das Heiligste empfängt,
gläubig hart zu Dir sich drängt,
4. zu dem höchsten Amt der Welt
ist sie, Herr, von Dir bestellt;
dennoch hat sie viel Beschwer,
Furcht und Not liegt um sie her.
5. Deine Diener sind so arm,
dass die rohe Welt erbarm.
Sie empfing mit Dier das Hkreuz,
sprechend: ja der Herr gebeut’s.
6. Also mach uns all bereit
zu Marias Niedrigkeit.
Vater, Sohn und Tröster hehr,
Die sei ewig Preis und Ehr.