AU CHRIST LA GLOIRE, L’AGNEAU MORT SUR LA CROIX (trad) Preis sei dem Lamme, Passion, Vendredi saint tt

PASSION
RAMEAUX
SEMAINE SAINTE
VENDREDI SAINT

                 AU CHRIST LA GLOIRE,   tt
          L’AGNEAU MORT SUR LA CROIX
                     Preis sei dem Lamme

   Mélodie : Nun preiset alle Gottes Barmherzigkeit

                                  *    l’homme de douleur

1. Au Christ la gloire,   L’Agneau mort sur la croix,
    Pour la victoire   Qu’il remporta pour moi !
    J’ai le gain de son sacrifice :
    Il m’a choisi, mis à son service.                    bis.

2. Au sang la gloire   Qu’il a versé pour moi,
    Sang méritoire,   Qu’il perdit sur la croix.
    Ce sang qui coule de ses veines
    En moi suffit à guérir mes peines.                bis

3. Gloire aux blessures   Dont son corps a souffert,
    Aux meurtrissures   Dont il est tout couvert.
    Christ est le médecin des âmes :
    C’est de lui que ma vie se réclame.              bis

4. Par des lanières   Ils ont frappé son corps
    De déchirures   Que sa peau montre encor.
    Pour ses brebis le berger souffre
    Pour toutes les tirer de leurs affres.              bis

5. Ses hématomes,   Que les coups ont formés,
    Les marques blèmes,    Venues de mes péchés,
    Ôtent les maux qui m’envahissent,
    Sont des médicaments qui guérissent.          bis

6. Gloire aux souffrances    Que mon Sauveur porta,
    Et aux offenses   Dont chacun l’abreuva !
    Ma force vient de son martyre,
    Ma paix augmente quand lui soupire !         bis

7. Gloire à son âme   Qui souffre ce travail,
    Cuisante flamme,   Pressante comme un deuil,
    Qui donne la grâce éternelle,
    Et à son peuple la vie nouvelle.                    bis

8. Au corps louange,  Au saint corps de l’Agneau,
    Blanc comme linge,   Perdant le sang et l’eau !
    Comme un vivant pain il nous l’offre,
    Avant que, mis sur la croix il souffre.          bis

                                  *       la tête

9. Gloire à sa tête,   D’épines toute en sang, 
    Clarté défaite,   Dont la beauté pourtant
    Malgré les taches se révèle,
    Malgré les ombres du soir mortelles.           bis

10. Au front louange,   Sanglant et sans attraît
      Que le Christ penche   Vers moi, pécheur parfait,
      Pour m’élever jusqu’à sa  gloire :
      Je chanterai toujours à sa gloire !               bis

11. Aux yeux louange,    Dans le reflet des pleurs,
      Eux qui échangent,   Dans un regard songeur,
      Avec moi toute leur tendresse
      Et calment chaque jour ma détresse.          bis

12. Gloire aux oreilles   Qui ont tant entendu
      Cris de canailles,   Injures continues !
      Je peux lui dire quoi m’oppresse,
      Tout le malheur qui m’atteint sans cesse.   bis

13. Louez la bouche   Qui guérit tant de fois !
      Elle est la source   Du pardon sous la croix
      Qu’à ses bourreaux Jésus accorde.
      A moi aussi sa miséricorde !                      bis

14. Louez la gorge   Qui souffrit de la soif :
      Un feu de forge   Altère ici mon Roi !
      Terrible soif, quoi donc te calme ?
      Je souffre cette lutte en mon âme.              bis

15. Aux joues louange,   Si pâles, si creusées :
      Leur vue dérange,  Si maigres, si froissées.
      Toute beauté, Jésus, te quitte :
      Cette vision, mon Seigneur, m’habite !       bis
 
                                  *      le corps

16. Aux bras louange,   Sur la croix étendus,
      Posture étrange   Qu’il prend pour mon salut !
      Je voudrais que ces bras m’enlacent
      Et que ma bouche et mon coeur l’embrassent.      bis

17. Aux mains louange,   Marquées des trous des clous,
      Dont le sang venge   Les lourds péchés de tous,   
      Ces mains qui saignent mais bénissent
      Et rendent aux pécheurs la justice.                 bis

18. Aux pieds la gloire   Qu’on a pour moi blessés,
      Clous dérisoires   Qui les ont transpercés !
      Ils sont le socle, ils sont la base
      Sur quoi reposent l’amour, la grâce.               bis

19. Au dos louange   Qui supporta le poids,
      L’odieux mélange du fouet et de la croix,
      Qui veut porter mon existence
      Me soutenir, me donner patience.                  bis

20. Au côté gloire  D’où sortit eau et sang,
      Expiatoires,    De son corps pantelant.
      Je veux dans cette ler de grâce
      Plonger mes mains et laver ma face.              bis

     
21 Au cœur la gloire,    Que la lance a percé
      En offertoire   Pour tous les cœurs brisés.
      La place de l’amour ouverte
      Me montre que la grâce est offerte.                bis

                                  *     Gloria

22. Gloire à Dieu Père,   Qui m’a toujours aimé,
      Et me libère,   M’offrant son Fils aîné,
      Gloire à l’Esprit dont la lumière
      Ouvre le cœur, mène à la prière.                     bis

23. Louange et gloire   Au Christ souffrant pour moi,
      A la mémoire    De sa mort sur la croix.
      A lui mon cœur, à lui mon âme,
      Il est à moi, et je m’en réclame.                      bis
     
          
         Texte        Preis sei dem Lamme,
                          das für mich armen Staub 1761
                          Ernst Gottlieb Woltersdorf 1725-1761
                          dans « Lieder  von E.G. Woltersdorf »,
                          weiland engelisch-lutherischem Pfarrer
                          in Bunzlau, n° 11.
                          Amerikanishe Traktat-Gesellschaft,
                          New York, sans date, vers 1900
                          fr. : Yves Kéler 30/04/2011

         Mélodie    Nun preiset alle Gottes Barmherzigkeit
                          Matthäus Apelles von Löwenstern 1644
                          RA 336, EKG 380, EG 502


Le texte

les salutations des membres souffrants du Christ

        Ce chant est une méditation des souffrances du Christ, sous la forme d’une contemplation du corps et des membres du Christ. Il est dans la tradition des sept « Salve de la Passion » de saint-Bernard de Clervaux et de son disciple Arnulphe de Louvain, desquels Paul Gerhardt a tiré son célèbre « O Haupt voll Blut und Wunden – Christ couvert de blessures ».

         Arnulphe avait divisé ses Salve en 7 parties : salutation 1° aux pieds ; 2° aux genoux ; 3° aux mains ; 4° au côté ; 5° à la poitrine ; 6° au cœur ;7°  à la tête. Ces parties se retrouvent ici, dans un ordre différent.

        On peut diviser ce chant en 4 grandes parties. Cette division n’est pas imprimée dans le texte de base, qui donne les  23 strophes d’un tenant :

         1.   l’homme de douleurs, qui insiste sur les souffrances du Christ de façon générale, et
                   rappelle le « Ecce homo » présenté par Pilate au peuple. Cette partie forme les 6
                   premières strophes du chant.
         2.   la tête, décrite en détail, en 7 strophes.
         3.   le corps, décrit en 6 strophes, répartition qui rappelle celle d’Arnulphe.
         4.   Gloria final, en 2 strophes : la première est un Gloria trinitaire, rappelant la finale
               classique des hymnes. La seconde est une glorification du Christ souffrant, qui
               achève le chant à la manière des chants des la Passion.

        Les strophes se divisent en deux parties : 1° la salutation d’un deq « membres » du Christ. 2° une application spirituelle au croyant. De la contemplation j’apprends quelque chose sur le Christ et je l’applique à moi. Cela rappelle la phrase de Bengel, le réalisateur du « Gnomon », : « Applica te ad Texteum, applica textum ad te – colle-toi au texte, colle le texte à toui ». Ici le texte biblique est remplacé par sa source même, le Christ.

l’auteur

        Woltersdorf Enst Gottlieb, né à Friedrichsfelde près de Berlin, études de théologie à Halle, en 1748 pasteur à Bunzlau (Silésis), en 1758 directeur de l’orphelinat de cette ville selon le modèle de Halle (Johann Franck et le piétisme), écrivain et auteur de cantiques dans l’esprit du piétisme. (Notice biographique de EG 1995). L’édition de ses chants à New-York citée plus haut contient 66 titres, dont : « Das ist eine selge Stunde – C’est une heure bénie », cantique de culte (RA 197) et « Komm, mein Herz, in Jesu Leiden – viens, mon cœur, dans le souffrances de Jésu » (RA 522, EKG, 426 EG 594), chant de Sainte Cène. Woltersdorf illuste l’apect contemplatif christologique très important du piétisme, qui a développé une mystique surtout centrée sur le Christ, en qui je vis et qui vit en moi. 

la traduction

        La traduction du texte pose quelques problèmes. En effet, Woltersdorf commence toutes 
ses strophes parle mot « Preis – Louange-gloire », qui est est une finale masculine, et finit le premier vers par une féminine : « Preis sei dem Lamme – louange à l’Agneau ». A chaque strophe, un mot à finale féminine achève ce premier vers, et désigne une des parties du corps du Christ. Le jeu des datifs masculins en –e et des pluriels en –e permet d’avoir toujours une finale féminine et d’obtenir une structuration méthodique et uniforme, impossible à restituer en français. Il a donc fallu placer à la fin du premier vers tantôt « gloire », tantôt « louange », ou un mot féminin si le sens si prêtait : « souffrance, bouche, oreilles », par exemple. De ce fait, les incipit des strophes sont variés.  Ce qui ne présente pas de difficulté, et introduit en revanche une variété.

        Le texte serré et dru exige une économie de moyens. D’où l’emploi fréquent de « quoi » à la place de « ce que » ou « ce qui ». De même l’emploi de relatifs qui enjambent le mot « gloire » ou « louange ».

        Si on chante de ce cantique l’une des trois parties, en y ajoutant les deux Glorias finaux, on aura un chant complet, à la forme identique sans monotonie.

La mélodie

        Elle de Matthäus Apelles von Lôwenstern, un compositeur silésien, né en 1598, professeur et cantor, maître de chapelle de la cour à Oels-Bernstadt, conseiller impérial à Breslau, où il est mort en 1648. Son chant resté connu est « Nun preiset alle Gottes Barmherzigkeit – célébrez tous la miséricorde de Dieu », qui illustre la prophétie de Joël 2/18-27 sur la reconstruction d’Israël, grâce à la miséricorde de Dieu envers son peuple.

        La mélodie est ample et bien rythmée. Les deux premières lignes sont parallèles et montent du do inférieur au do supérieur. La coupe métrique est deux fois 5f + 6, et monte jusqu’au sommet de la courbe. De là la mélodie descend en 3 vers féminins, en prenant son départ sur un ré supérieur pour revenir au do inférieur du début. Ces trois vers se caractérisent par un rythme lent du premier, qui fait comme un frein au milieu du chant, avec 3 blanches sur 9 syllabes. Les deux vers finaux repartent rapides et saccadés. L’ensemble est dynamique. Il faut chanter énergiquement et bien rythmé, sans aller trop vite néanmoins.