Chants de Georges Kempf
10 Chant 8 Der Sohn Le Fils p. 12
Eh Welt und Zeit geschaffen war
AVANT QUE L’UNIVERS FUT FAIT t.
Eh Welt und Zeit geschaffen war
Mélodie : Vous saints ministres du Seigneur
Herr Gott, dich loben alle wir
« Und als sie daselbst waren, kam die Zeit, dass sie gebären sollte. Und sie gebar ihren ersten Sohn und wickelte ihn in Windeln und legte ihn in eine Krippe, denn sie hatten sonst keinen Raum in der Herberge.» Lukas 2/6-7
Pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, et elle enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.
1. Avant que l’univers fut fait,
Auprès du Père tu étais,
En toute gloire, Fils de Dieu,
Qui créas les temps et les lieux.
2. Le monde maintenant t’attend,
Tu viens comme un petit enfant,
Dans une grande pauvreté
Qui montre ton humilité.
3. Tu possédais auparavant
L’éclat des cieux pour vêtement ;
Toi, par lequel le monde tient,
Un bois de crèche te contient.
4. Déjà pousse un tout autre bois,
Avec lequel on fait ta croix.
Pour nous sauver, on t’y pendra :
Vaincu le diable se rendra.
5. Sur de la paille ou sur la croix,
Qui donc ici souffre avec toi ?
On continue de te railler
De rire en te voyant passer !
6. Tes langes sont des plus rugueux,
Et l’aubergiste n’est pas mieux !
La crèche de l’Eglise, un bois
Fragile, sans force et sans foi !
7. Tu t’es fait notre serviteur,
Pour nous un homme humble de cœur ;
Nous sommes tous, bons ou méchants,
Ton peuple heureux, reconnaissant,
8. Qui rend gloire à Jésus, le Fils,
A Dieu, Marie, au Saint-Esprit,
A la très sainte Trinité
Pour sa grâce et pour sa bonté. Amen
Texte Eh Welt und Zeit geschaffen war
Georges Kempf, *1916
In den Weihnachten zu singen, années 1950
fr. : Yves Kéler 4.5.09 Munich
Mélodie: Komm, Gott, Schöpfer, Heiliger Geist
Veni Creator Spiritus,
Kempten 1000
dans la forme simplifiée de Martin Luther
Erfurt 1524 et Luther 1529
RA 125, EG 126
fr. : Viens, Saint-Esprit, Dieu créateur
NCTC 220, ARC 504, ALLéluia 35/01
Mélodie Gesegn uns , Gott, die Gaben dein
Kassel 1601
RA 371, deest EG
Le texte
Str. 1 – 3 : Georges Kempf développe le thème de la kénose du Christ et de son abaissement de la dignité divine à la faible humanité. C’est un thème classique des hymnes médiévales. Le Christ Verbe auprès de Dieu (str.1), cocréateur avec le Père, s’incarne, dans une pauvreté qui saisit le cœur(str. 2). La répétition de « Eh », dans le sens de « avant que » (str. 1), puis dans celui de « auparavant » (str 3), encadrant le « Nun –maintenant » de la strophe 2, ainsi que le dialogue « Eh – nun- Eh – nun » de la strophe 3, met bien ce mouvement en relief. Je l’ai indiqué en écrivant ces mots en gras : dans le texte français, il est plus difficile de suivre cette structure.
Str. 3d + 4-5 : le bois de la crèche préfigure celui de la croix. L’abaissement du Christ à Noël est le début de ses souffrances et de sa Passion. Dans les versets 3 et 4, une suite de répétitions de mots fait ce parallèle entre la crèche et la croix : « Holz, Stolz, liegst, hängst .» Le travail de composition de cette partie est remarquable.
Georges Kempf a utilisé le même thème de la crèche préfigurant la croix et des pauvres langes dans le chant n° 15, Windeln und Krippe. Voir les commentaires de ce chant.
Str. 4 : Les langes misérable et la pauvre Eglise sont également comparées.
Str. 5 : elle est la conclusion du développement « Le « Wechsel – l’échange » entre le Christ glorieux et l’humain pauvre, et l’échange du pauvre pécheur avec son Sauveur sont le sens fondamental de Noël. GK en tire une conséquence intéressante : le Christ est maintenant un mélange entre la nature divine « reich- riche » et la nature humaine « arm – pauvre. » De la même manière, nous les hommes, nous sommes un mélange de bien et de mal, de nature tendant vers Dieu et de nature tendant vers la mort. Le Christ par sa mort pour nous détruira la partie mauvaise de nos vies.
La doxologie, str. 8
Elle a une formulation rare : « Nun sagen wir dem Sohne Preis, Gott und der Jungfrau gleicherweis – maintenant nous nous disons louange au Fils, à Dieu et à la Vierge de même. »
Cette formulation n’est pas une louange mariale qui ferait entrer Marie dans une « Trinité mariale », comme on peut en voir dans les représentations de Couronnement de la Vierge dans les églises catholiques. Là, Marie est élevée, comme, le Christ, dans la présence du Père et du Fils et prend la place du Saint-Esprit (pour corriger cette idée, certaines de ces représentations montrent le Sain-Esprit comme une colombe, forme animale, au dessus des trois personnages à forme humaine de Dieu, du Christ et de Marie.)
Dans la formulation de GK, il s’agit de rendre gloire à chaque protagoniste de l’histoire de la naissance du Christ, donc aussi à Marie en tant que mère terrestre du Christ homme et dieu. Nous sommes dans la théologie du Concile d’Ephèse, acceptée par la Réforme, qui déclare Marie « Theotokos – Mater Dei –mère de Dieu ». Cela signifie que Marie a enfanté du Christ dieu autant qu’homme, puisque Christ est « vrai Dieu et vrai homme » selon Nicée-Constantinople.
Cette doxologie rend gloire aux personnes divines et humaines de l’histoire de Noël : Dieu et le Saint-Esprit, qui sont Dieu, Christ qui est Dieu et homme, Marie qui est humaine et le reste.
Texte original
1. Eh Welt und Zeit geschaffen war,
warst du beim Vater immerdar,
des Höchsten Sohn in hoher Pracht,
durch den Er alle Ding gemacht.
2. Nun wirst du einer Frauen Kind,
dass einem das Herz im Leibe brinnt,*
wenn man von solcher Armut hört,
darin der Welt Herr eingekehrt.
* brennt : attraction de la rime de Kind
3. Eh war der Lichtglanz Dein Gewand,
nun liegst Du in dem Wickelband.
Eh war die Welt für Dich zu klein,
nun fasst das Krippenholz Dich ein.
4. Wächst auch schon auf ein ander Holz,
dran Du, des Vaters ewiger Stolz,
damit des Teufels Stolz Du kränkst,
bald zwischen Himmel und Erde hängst.
5. Du liegst auf Stroh und hängst am Kreuz
– und von uns allen, wer bereut’s ? –
Vertreiben Dich noch heutzutag,
wer ist’s der sich erbarmen mag ?
6. Die schlechtsten Windeln gib man Dir;
der ärmste Wirt weist dir die Tür.
Und Deine Krippe, die Gemein,
wie sieht so erbärmlich drein!
7. Dein Wechsel ist gar wunderbar,
des dankt Dir Deine Christenschar.
Du bist so arm und mächtig reich,
so sind wir schlecht und gut zugleich.
8. Nun sagen wir dem Sohne Preis,
Gott und der Jungfrau gleicherweis,
der Heiligen Dreifaltigkeit
um ihre grosse Barmherzigkeit.