BOIS SUR LES EPAULES (trad) Holz auf Jesu Schulter, Passion, Semaine Sainte, Vendredi Saint to

PASSION 
Semaine Sainte             
Vendredi Saint

                           BOIS SUR LES EPAULES
                              Holz auf Jesu Schulter

                     
  Mélodie : Holz auf Jesu Schulter

   1. Bois sur les épaules
          De Jésus, maudit,
          Se transforme en arbre,
          Porte du bon fruit.
       
          Refrain :  

          Kyrie eleison, 
          Vois nous périssons !
          Viens, fais-nous renaître :
          Nous nous lèverons !

   2. Prions Dieu, le Père, 
          Qu’il marche avec nous.
          Paix que tous espèrent,
          Viens au rendez-vous !

          Refrain   

     3. Car le monde accuse 
         Les tiens, jour et nuit.
         Jésus le récuse :
          » Tout est accompli ! « 
 
         Refrain
 
     4. Louons notre Père,
         Le Dieu de clarté. 
         Son amour sévère 
         Juge avec bonté.
 
         Refrain

     5. Quand le monde pousse
         Les tiens vers la mort,
         Jésus  le repousse, 
         Nous dit :  » Restez forts ! « 

         Refrain

      6. Lourde à tes épaules, 
          Ta croix, Jésus-Christ,
          Devient ce bel  arbre 
          Lourd  de tant de fruits !

          Refrain

                           Texte:     Holz auf Jesu Schulter
                                          Jürgen Henkis 1977,
                                          d’après le néerlandais : 
                                          « Met  dem  Boom  det Levens »,
                                          de Willlem Barnard, 1963.
                                          EG 97
                                          frs :Yves Kéler, Sessenheim, 2001
            
                          Mélodie :   Ignace de Sutter, 1964,
                                           EG 97

 

Le texte

        Le texte hollandais s’appelle « Met de boom des levens » de W.Barbnard (1963), Lieboek voor de kerken,1973, n° 184. La traduction allemande est de Jürgen Henkys, « Holz auf Jesu Schulter » (1977), Evangelisches Gesangbuch 1995, EG 97. (Vous trouvez les deux textes à la fin de cette lettre, avec la traduction littérale). Barnard est considéré comme le plus important auteur de cantiques hollandais du 20e Siècle, Henkys comme un excellent traducteur de chants hollandais et scandinaves. Dans les deux livres, le chant est classé parmi les cantiques de la Passion. Ma traduction a été faite au départ sur le texte allemand, ce qui se retrouve dans plusieurs des choix de texte comme on le verra plus bas.
 

Analyse du texte français


a.    Le refrain :  
         

        Le texte hollandais et l’allemend ne disent pas la même chose : En hollandais : « wees met ons begaan – nous sommes orphelins », c’est-à-dire abandonnés. L‘allemand dit : « Sieh, wohin wir gehn – regarde où nous allons », c’est-à-dire à notre perte. J’ai choisi la forme allemande.

Le refrain contient 4 points : 2 pour la mort, 2 pour la vie :

Les deux premiers points, la mort, dans le texte allemand, sont une allusion à la Tempête apaisée : Matthieu 8/23-27 et parallèles .« Seigneur, sauve-nous, nous périssons », v. 25. Ce texte est la lecture du 4e dimanche après l’Epiphanie, sous le thème « Le maître de la nature » : Jésus se révèle comme tel, après s’être révélé comme Roi (l’or), le dieu (l’encens), le mortel (la myrrhe) et le Fils de Dieu (baprtême) à l’Epiphanie et au premier dimanche après l’Epiphani ; comme le Maître de la joie aux noces de Cana, au 2e dimanche ; puis comme le Sauveur des païens avec a guérison du fils du centurion de Capernaüm.

        Le thème de la tempête apaisée dans le temps de l’Epiphanie est une préfiguration de la victoire du Christ sur les forces du mal qui veulent engloutir l’Eglise. L’appel du verset 25 est transposé ici dans :

         Kyrieleison = aie pitié de nous = sauve-nous
         Vois, nous périssons , selon

Il s’agit de l’invocation forte de gens abandonnés qui vont vers la mort. « Wees met ons begaan – nous sommes orphelins » dans le sens de « abandonnés » (Je ne vous laisserai pas orphelins Jean 14/18). En allemand : « Sieh, wohin wir gehn – vois vers quoi nous allons = à la perdition. J’ai donc traduiten citant directement le texte biblique : « Vois, nous périssons »

Votre correction supprime ce sens en ramenant à une quelconque demande de prière. Elle supprime aussi le tragique  placés par les auteurs hollandais et allemansd dans cet appel.

Les deux derniers points, la vie,  prennent le contrepied des deux premiers, en plaçant dans la bouche des disciples l’appel à la vie : « Doe ons weer verijzen uit de dood vandaan. – fais-nous ressusciter hors de la mort », ce que Henkys traduit par « Ruf uns aus den Toten, Lass uns auferstehn – appelle-nous d’entre les morts, Fais-nous ressusciter. » La contrainte d’une finale féminine pour le vers libre m’a obligé de dire « renaître », et « lèverons », pour rimer avec « périssons ». Mais la notion de résurrection est claire, en face de celle de la mort.

        Il faut donc garder en fraçais ce contraste qui dans les deux textes originaux.

        b.     strophe 1 : maudit

        L’allemand introduit le thème de « maudit », qui n’est pas dans le hollandais : « Holz auf Jesu Schulter, von der Welt verflucht – Bois sur l’épaule du Christ, maudit par le monde ». il y a là une ambiguité : qui est maudit ? le bois ou Jésus ? les deux compréhensions sont possibles. Ma traduction laisse l’ambiguité ouverte.


        c.     strophe 3 : Car le monde accuse

        L’original dit, en hollandais:

 “Want de aarde vraagt ons   Om het zaad  des doods,
   Maar de hemel dragt ons  Op de adem Gods”
   Car le monde demande de nous  La semence de mort (que nous sommes),
   Mais le ciel nous porte sur le souffle de Dieu »

         En allemand :

„Denn die Erde klagt uns  An bei Tag und Nacht;
  Doch der Himmel sagt uns : Alles ist vollbracht“
  Car la terre nous accuse jour et nuit,
  Mais le ciel nous dit : Tout est accompli.

        Cette strophe se base sur Romains 8/33 : « Qui accusera les élus de Dieu ? Christ est mort, bien plus il est ressuscité ». Donc tout est accompli. Dans cette strophe, comme dans la strophe 5, l’opposition est faite entre la terre, symbolisant le mal et Satan, et le ciel, symbole du bien et de Dieu, par deux mots : aarde = Erde = terre, et « hemel = Himmel = ciel. Vous remarquez une nuance entre le hollandais et l’allemand. Le hollandais insiste sur le fait que la terre réclame son dû de semence de mort, et le ciel nous porte sur le souffle de la vie de Dieu. L’accent est mis sur l’opposition semence de mort – souffle de vie. L’allemand dit « accusation » et « réponse : « tout le salut est accompli ».

        Dans la traduction allemande, le monde est appelé deux fois « Welt », une fois au sens spirituel dans la strophe 1, et physique dans la strophe 2. (Dans le hollandais on a une fois aardse –terrestre, dans la strophe 2). Mais ici nous sommes hors de l’opposition terre-ciel. L’auteur emploie donc deux mots différents, selon le sens.

        Dans ma traduction, j’ai suivi l’allemand, et j’ai remplacé « terre » par « monde » et « ciel » par « Jésus », des termes spirituels, pour enlever le malentendu quant à une terre, matérielle, qui serait mauvaise et un ciel, immatériel, qui serait bon, comme on trouve dans la théologie manichéenne.

        d.      strophe 4

        « Son amour sévère » traduit littéralement « Streng ist seine Liebe – son amour est sévère. » L’opposition est faite entre 1° la sévérité « Père, qui châtie ceux qu’il aime » selon Proverbes 23/12 et Hébreux 12/4-11, où les chrétiens sont appelés à « supporter le châtiment, comme des enfants légitimes », « pour pouvoir participer à la sainteté de Dieu » ; 2° la grâce aimante du Père qui sauve.

        e.       strophe 5

        « Car le monde pousse les tiens vers la mort » traduit « want de aarde jaagt ons  Naar de diepte toe – car le monde nous chasse  Vers l’abîme », que l’allemand a traduit littéralement par « Denn die Erde jagt uns  Auf den Abgrund zu – Car le monde nous chasse  Vers l’abîme ». J’ai remplacé « l’abîme », à finale féminine, par « la mort », à finale masculine et résumant le thème. Christ repousse  le monde, ce qui traduit « de hemel draagt ons – le ciel nous porte », repris de la strophe 3. L’original dit « liefde wordt net moe – l’amour ne fatigue pas », que j’ai traduit, à cause de de la contrainte de la rime avec « mort », par « Restez forts », le contraire de « fatigué ». En fait je traduis là l’allemand, qui infléchit le texte et dit : « Warum zweifelst du ? – pourquoi doutes-tu ?»


Prosodie

        Le chant en allemand est constitué de 4 alexandrins courts de 11 syllabes, formés d’un premier hémistiche en 6 féminin et d’un second en 5 masculin. Dans le texte allemand, la rime tombe à la fin de cet alexandrin. En revanche le texte hollandais est un octomètre en VIII 6f.5, 6f.5 / 6f.5, 6f.5 . La rime tombe à chaque vers, en a-b , a–b . J’ai suivi le modèle hollandais, ce qui double le nombre des rimes et augmente  les contraintes.


Texte original allemand et traduction littérale

1. Holz auf Jesu Schulter,  von der Welt verflucht               6f + 5  = 11
    Wird zum Baum des Lebens  und bringt gute Frucht        6f + 5  = 11
          Bois sur l’épaule de Jésus, maudit par le monde,
          Devient arbre de la vie  et porte beaucoup de fruit.

Refrain : 
   
    Kyrie eleison,  sieh wohin wir gehn.                              6f + 5  = 11
    Ruf uns aus den Toten, lass uns auferstehn.                  6f + 5  = 11
          Kyrie eleison, vois où nous allons !
          Appelle-nous hors de la mort, fais-nous ressusciter

2. Wollen wir Gott bitten, dass auf unser Fahrt,
    Friede unsre Herzen und die Welt bewahr;    Refrain
          Nous voulons prier Dieu  que dans notre voyage
          Il garde la paix à nos cœurs et au monde.

3. Denn die Erde klagt uns   an bei Tag und Nacht.
    Doch der Himmel sagt uns: Alles ist vollbracht.   Refrain
          Car la terre nous accuse le jour et la nuit ;
          Mais le ciel nous dit : Tout est accompli.

4. Wollen wir Gott loben,  leben aus dem Licht.
    Streng ist seine Güte,  Gnädic sein Gericht;    Refrain;
           Nous voulons louer Dieu, vivre de la lumière,
           Sévère est sa bonté,  plein de grâce son jugement.

5. Denn die Erde jagt uns  aud den Abgrund zu.
    Doch der Himmel fragt uns: Warum zweifelst du?.   Refrain;
            Car la terre nous chasse  vers l’abîme.
            Mais le ciel nous demande : pourquoi doutes-tu ?

6. Hart auf deiner Schulter  lag das Kreuz, o Herr,
    Ward zum Baum des Lebens, ist von Früchten schwer;  Refrain.
             Dure à ton épaule   était posée la croix, o Seifgneur,
             Devint arbre de vie,  est lourde de fruits. 

   
   
              Text           Jürgen Henkys 1977,
                                Nach : « Met den boom des Levens »
                                Von Willem Barnard 1963
                                 EG 97

              Melodie     Ignace de Sutter 1964
                                 EG 97


Texte original hollandais et traduction littérale

1. Met de boom des levens  wegend op zijn rug,
    drog de Herre Jezus  Gode goede vrucht.   Refrein
         Avec l’arbre de vie   reposant sur son dos
         Le Seigneur Jésus  porta du bon fruit pour Dieu.

     Refrein

     Kyrie eleison, wees met ons begaan,
     Doe ons weer verrijzen  uit de dood vandaan.   Refrein
         Kyrie eleison,  nous sommes orphelins,
         Fais-nous ressusciter de la mort.

2. Laten wij dan bidden  in dit aardse dal
    dat de lieve vrede  ons bewaaren zal.   Refrein
         Prions dans cette vallée terrestre
         Que la chère paix  nous garde.

3. Want de aarde vraagt ons   om het zaad des doods,
    Maar de hemel draagt ons   op de adem Gods.   Refrein
         Car la terre nous réclame la semence de la semence,
         Mais le ciel nous porte   sur le souffle de Dieu.

4. Laten wij God loven,  leven van het licht,
    onze val te boven   in een evenwicht.  Refrein
         Louons Dieu, vivre de la lumière
         Surpasser notre chute   vers le haut.

5. want de aarde jagt ons   nar de diepte toe,
    maar de hemel draagt ons,    liefde wordt nit moe.   Refrein
         Car la terre nons chasse  vers l’abîme,
         Mais le ciel nous porte,   l’amour ne fatigue pas
.

6. Met de boom des levens  doodzwar op zijn rug
    droeg de Here Jesus  Gode goete vrucht.   Refrein
         Avec l’arbre de vie   d’un poids mortel sur le dos
         Le Seigneur Jésus porta   pour Dieu du bon fruit.

         Text         Met de boom des levens,
                         Willem Barnard, 1963 (*1920)
                         Liedboek voor de kerken ,
                         Nederland, 1973, n° 184

         Melodie   Ignace de Sutter, 1964
                         Liedboek voor de kerken ,
                         Nederland, 1973, n° 184