CE QUI EST FOU SELON LA CHAIR (trad) G.Kempf, Nicht gar viel Weisen dem Fleisch nach, Noël t.

NOËL

Chants de Georges Kempf

         CE QUI EST FOU SELON LA CHAIR t.
           Nicht gar viel Weise dem Fleisch nach

     Mélodie : Vom Himmel hoch da komm ich her


« Und es waren Hirten in der selben Gegend auf dem Felde bei den Hürden, die hüteten des Nachts ihrer Herde »
Lukas 2/8

Il y avait dans cette même contrée des bergers dans les champs, qui passaient les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux.
    

1. Ce qui est fou selon la chair,
    De peu de sens ou en a l’air,
    Tu l’as dans ta grâce appelé :
    L’orgueil, lui, tu l’as rejeté !

2. Nombreux les riches d’Israël
    Et les fidèles pris pour tels,
    Des scribes, beaucoup d’érudits,
    Savants, des gens de grand esprit.

3. Mais tu distingues les petits,
    Pour qu’ils accueillent Jésus-Christ,
    Petit troupeau, faible, apeuré,
    Que l’ange au ciel a informés.

4. Nous désirons, nous visons haut
    Et nous jouons et misons gros !
    Rends-nous très simples, silencieux,
    Que l’ange vienne à nous des cieux !

5. Nous célébrons Christ à grand bruit :
    Réchauffe-nous dans cette nuit !
    Console notre triste cœur
    Et donne-nous le vrai bonheur.

6. O Dieu, rends-nous confiance en toi !
    Fais que nous propagions la foi
    Et fais répandre ton salut
    Par tes enfants qui l’ont connu.

7. Dieu Père, à toi gloire et honneur,
    Ainsi qu’à toi, Jésus Sauveur,
    Comme à l’Esprit, dès maintenant,
    Jusqu’à la fin de tous les temps. Amen.
   
   
         Texte        Nicht gar viel Weise dem Fleisch nach
                          Georges Kempf, *1916
                          In den Weihnachten zu singen, années 1950
                          fr. : Yves Kéler 6.6.2012 Grasse   
   
         Mélodie:    Vom Himmel hoch da komm ich her
                          Matin Luther, 1535
                          EKG 16, RA 40, EG 24
                          fr: : Dieu le tout-puissant Créateur
                                 LP 92
                                 O Dieu, tout-puissant créateur
                                 NCTC 180, ARC 358, ALL 32/05


Le texte


Les pauvres et les petits : l’ébionisme

        Ce chant développe la théologie des pauvres et des petits envers lesquels est favorable, selon le modèle des Béatitudes: « Heureux les pauvres en Esprit, heureux les doux, heureux les pacifiques. » Cette tendance théologique, sensible dans la prédication de Jésus, a été appelée « ébionisme », ou « ébionitisme », du nom juif « ebion », le pauvre. Ce mouvement, de la 2e moitié du 1er siècle, était devenu une secte légaliste prônant la pauvreté volontaire. Mais ce thème théologique traverse toute la chrétienté et apparaît entre autres chez Saint-François et l’éloge de « Dame pauvreté. » St François a créé la crèche qu’on place dans les églises, avec cette idée de rendre justice au Christ pauvre et aux pauvres dans l’Eglise, en face d’une hiérarchie riche, puissante et méprisante du faible. Aujourd’hui encore, les crèches sont marquées par ce trait, même les plus somptueuses.

        Un des thèmes de l’ébionisme est aussi de reconnaître la pensée du pauvre en face du sage et du clerc. GK cite textuellement St Paul, I Corinthiens 1/26 : « nicht viel Weisen nach dem Fleisch – pas beaucoup de sages selon la chair. » La citation entière est : « Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés (= Eglise), il n’y pas beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. »

        Les bergers sont le type des pauvres dans le récit de Noël, en opposition avec les mages, dont la tradition médiévale a fait des rois. Dans strophe 3, GK les appelle « Des Sohnes Ehrenwacht – Garde d’honneur du Fils. » Il leur attribue aussi le titre de « Häuflein klein – petit troupeau », pris des paroles du Christ dans Luc 12/32 : « Ne crains pas, petit troupeau ! » Kempf attribue aussi à ce petit tas, « Häuflein klein »,  les caractéristiques du reste fidèle annoncé par les prophètes.

        Le terme de « Häuflein klein » a une forte résonnance en allemand, car il renvoie au fameux chant « Verzage nicht, du Häuflein klein, Obschon die Feinde willens sein, Dich gänzlich zu verstören – Ne désespère pas, petit tas, Même si l’ennemi a la volonté De te détruire entièrement », chant de Jacob Fabricius 1593-1654, qui fut un des chants de combat des protestants pendant la Guerre de Trente ans (1618-1648). On l’appelle le « Gustav Adolf-Lied – Chant de Gustave Adolphe », car il fut chanté par les Suédois et les troupes allemandes protestantes, et devint plus tard, en Prusse, la source de la devise « Gott mit uns –Dieu avec nous », à cause de sa finale : « Gott ist mit uns und wir mit Gott, Den Sieg wolln wir erlangen – Dieu est avec nous et nous avec Dieu, Nous remporterons la victoire. » Ce chant et cette devise est dans toutes les mémoires allemandes après la guerre. Les armées de 14-18 et celles de 39-45 le portaient sur leur ceinturon. L’insistance de GK à employer deux fois le mot me paraît être une allusion à ce chant et à son environnement. Avec la leçon suivante : maintenant le vrai « Häuflein klein » doit retourner à la source de la foi humble en Christ. C’est ce que développent les strophes 4 et 5.

        D’où aussi, dans la strophe 6, une considération pour les enfants, faibles mais vigoureux proclamateurs de la foi . La strophe cite Matthieu 11/25 : « Du hast es den Unmündigen geoffenbart – Tu l’as révélé aux enfants » et Matthieu 21/12-17 : « De la bouche des enfants et des nourrissons tu as tiré la louange. »


Texte original

1. Nicht gar viel Weise dem Fleisch nach,
    was töricht vor der Welt und schwach,
    has Du beruf’n ins Gnadenlicht;
    der Trotzige gefällt dir nicht.

2. Viel Reiche warn in Israel,
    viel Fromme ohne Fleck und Fehl,
    viel Männer, in der Schrift gelehrt,
    mit Geist uns Wissenschaft beschwert.

3. Du würdigtest solch Häuflein klein,
    des Sohnes Ehrenwart zu sein.
    Ein Häuflein still, ohn Witz und Macht,
    das wach blieb in der finstern Nacht.
   
4. Wir streben hoch und denken viel
    und treiben ein gefährlich Spiel;
    mach uns einfältig, still und fromm,
    das auch Dein Engel zu uns komm.

5. Wir feiern Dich mit vielem Lärm. –
    Herr, unser kaltes Herz erwärm!
    Und nimmst Du uns viel Schillerpracht:
    Lass uns wach bleiben in der Nacht
   
6. Hilf uns Dir trauen ohn Beschwer,
    ausbreiten auch die frohe Mär;
    der Du Dein Heil Lässt werden kund
    durch Kinder unmündigen Mund.

7. Gott Vater, Dein ist Ehr und Preis,
    und Deines Sohnes gleicherweis,
    des Heilgen Geists von Anfang her,
    jetzt, und in Ewigkeit noch mehr.