NOËL
CE SOIR L’ETOILE NOUS A DIT tt
Ons genaket die avontstar
Berceuse mariale
Mélodie : Vom Himmelhoch da komm ich her
1. Ce soir l’étoile nous a dit,
Qui sur nous veille, brille et luit :
« Marie chante à son nouveau-né :
Refrain : Dors, mon amour, mon bel enfant ! »
2. Peu de confort dans la maison
Où Christ est né petit garçon ;
Mais à son Fils Marie chantait :
Refrain : « Dors, mon amour, mon bel enfant ! »
3. Elle assit son fils dans son sein,
Baisa sa bouche, puis ses mains ;
Et puis tout doux lui a chanté :
Refrain : « Dors, mon amour, mon bel enfant ! »
4. Puis l’a assis sur ses genoux :
« Ta gloire doit se voir de tous ! »
Elle a chanté à son petit :
Refrain : « Dors, mon amour, mon bel enfant ! »
5. Puis l’a assis sur son bras droit,
L’a regardé, remplie de joie,
Et à ce fils elle a chanté :
Refrain : « Dors, mon amour, mon bel enfant ! »
6. Marie a préparé un bain
Pour le petit enfant divin,
En lui chantant cet air serein :
Refrain : « Dors, mon amour, mon bel enfant ! »
7. L’enfant frappait l’eau de ses mains,
Qui débordait de son bassin ;
Sa mère, calme, lui chantait :
Refrain : « Dors, mon amour, mon bel enfant ! »
8. Le bœuf et l’âne dans leur coin
L’adorent sur son lit de foin.
A son enfant Marie chantait :
Refrain : « Dors, mon amour, mon bel enfant ! »
Texte Ons genaket die avontstar
« ONS IS GHEBOREN,
Oude Printen en Teksten
Verzameld en toegericht door
Jan Poortenaar
Amsterdam, 1936, p. 6
Collection “De Uilenreeks”
fr : Yves Kéler 27.7.2013 Cannes
Mélodie: Vom Himmel hoch da komm ich her
Matin Luther, 1535
EKG 16, RA 40, EG 24
fr: : Dieu le tout-puissant Créateur
LP 92
O Dieu, tout-puissant créateur
NCTC 180, ARC 358, ALL 32/05
Le texte
Cette berceuse populaire décrit l’amour maternel de Marie.
La strophe 1, l’introduction, présente l’étoile du soir, qui l’étoile du berger, la planète Vénus de fait, comme l’annonciatrice de ces scènes. C’est un rappel de l’étoile des mages qui avait annoncé à ces derniers la naissance du Messie. Le contenu de l’annonce est : Marie chante un chant à son enfant. Incitation à ce que les mères en fassent autant.
La formule de berceuse « Susa ninna susa noe – tout doux, mon bébé, tout doux maintenant » revient comme un refain à la fin de chaque strophe. Elle se trouve aussi dans le chant de Martin Luther « Vom Himmel hoch da komm ich her – Je viens à vous du haut des cieux », à l’avant-dernière et 14e strophe : « …zu singen Das rechte Susaninne schön – pour bien chanter la vraie berceuse (Susaninne). » Ce qui montre que cette formule de berceuse existait dans toute l’extension germanique. La fin des strophes forme refrain avec la formule de berceuse, et dit « Jesus minne sprac Marien toe – Marie dit son amour à Jésus », sous la forme de ce « Susa ninna susa noe. » C’est la présence de cette formule qui m’a fait choisir la mélodie de Luther pour la traduction française.
Avec la strophe 2 commence la description de la vie de Marie et de l’enfant dans leur maison. D’abord la description de la « maison sans confort (hadde so menich gat – avait de nombreux trous), en fait l’étable, adoucie par le chant de Marie.
Aux strophes 3, 4 et 5, les trois attitudes classiques dans l’iconographie de Marie à la fin du Moyen-Age sont évoquées :
1. la mère assise, avec l’enfant dans son sein, attitude maternelle et humaine;
2. la mère assise, présentant le Christ, Fils de Dieu, au peuple chrétien et au monde : c’est la « maesta – majesté », la vierge de gloire, la theotokos, la mère de Dieu qu’est Le Christ. Le texte le dit clairement : « Si setten dat kint op haren scoot, Si sprac : groot eer moet u geschien – Elle assit l’enfant sur ses genoux, Elle a dit : grande gloire doit vous être rendue. » Marie emploie le « u », pluriel, qui correspond au français « vous », et non le « je », singulier, qui correspond à « toi. » Serait-ce une formule visant à relever le caractère divin du Christ ?
3. la vierge debout, tenant sur son bras droit le Christ assis et droit, autre représentation de la theotokos. Le sourire de Marie regardant l’enfant, qu’on trouve dans beaucoup de représentations, surtout statuaires, est relevé par le chant.
Ces 3 strophes suivent de très près l’iconographie et en développent bien la théologie.
Les strophes 6 et 7 présentent le bain de Jésus, autre thème iconographique médiéval fréquent. Le détail tendre de l’enfant qui frappe l’eau et la fait gicler fait partie du quotidien de toutes les familles et plaît autant aux adultes qu’aux enfants.
A la dernière strophe, la 8e, la boucle est bouclée : l’enfant, que Marie a levé et pris à la strophe 3 a été recouché dans sa crèche. Maintenant il dort, adoré et veillé par le bœuf et l’âne.
Texte original néerlandais
1. Ons genaket die avontstar
Die ons verlichtet also claer.
Wel was haer doe,
Susa ninna susa noe,
Jesus minne sprac Marien toe.
2. Dat huus dat hadde so menich gat
Daer Christus in geboren was.
Wel was haer doe,
Susa ninna susa noe,
Jesus minne sprac Marien toe.
3. Si setten dat kint op haren scoot
Si cussede ’t voor sijn mondekijn rot
Het was so soet,
Susa ninna susa noe,
Jesus minne sprac Marien toe.
4. Si setten dat kind haren knien,
Si sprrac : groot eer moet u geschien
Wel was haer doe,
Susa ninna susa noe,
Jesus minne sprac Marien toe.
5. Si seten dat kint op haren arm,
Met grosser vrouden sach sy ’t aen.
Wel was haer doe,
Susa ninna susa noe,
Jesus minne sprac Marien toe.
6. De moeder makede den kinde een bat,
Hoe lieflic dattet daerinne sat.
Wel was haer doe,
Susa ninna susa noe,
Jesus minne sprac Marien toe.
7. Dat kindekijn pleterde metter hant,
Dattet water uten becken spranc.
Wel was haer doe,
Susa ninna susa noe,
Jesus minne sprac Marien toe.
8. Die os ende ooc dat eselkijn,
Die aenbeden dat soete kindekijn;
Wel was haer doe,
Susa ninna susa noe,
Jesus minne sprac Marien toe.