CHANTE, MON AME, CHANTE (trad) Du meine Seele, singe, Louange, 14e Trin

LOUANGE                                           N° 34
14e Dim après la TRINITÉ

CHANTE, MON ÂME, CHANTE 
               Du meine Seele, singe, Pr 1653

                      Der 146. Psalm Davids –
             Le 146e Psaume de David (E 1666/67)

                            Psaume 146

               Mélodie: Du meine Seele, singe

                                            VIII 7f.6, 7f.6 / 7f.6, 7f.6,

A. Loue Dieu : il est grand, l’homme est faible

Psaume 146      en italique : extraits du PS  143

1. Chante, mon âme, chante

    De joie pour ton Seigneur !

    Que ta voix monte, ardente,

    Vers Dieu, ton Créateur !

    Je veux louer mon Père

    Qui règne dans les cieux ;

    Je le louerai sur terre

    Autant que je le peux !

                        *

2. Humains, laissez-vous dire,

    Pour votre utilité :

    Le monde veut vous nuire

    Par sa futilité ;

    Ne faites pas confiance

    Au prince : sa faveur

    A peu de consistance :

    Tout comme vous il meurt !

3. Tout meurt de ce qu’est l’homme,

    Pâlit et disparaît.

    Il doit laisser son âme,

    Sans faute : rien n’y fait !

    Voilà comment s’achèvent

    Projets, vœux et desseins :

    Ils filent comme un rêve

    Dont il ne reste rien !

                        *

4. Heureux est qui regarde

    Au grand Dieu d’Israël,

    Qui se met sous la garde

    Du Dieu saint, l’Eternel !

    Sa part est la meilleure,

    Il tient le vrai trésor :

    Son cœur, à la bonne heure !

    A tiré le bon sort.

              B.  L’œuvre de Dieu

5. Voyez la grande force,

    Puissante et infinie,

    La grâce et la ressource,

    L’esprit et le génie

    Du Dieu qui fit la terre,

    Les cieux et leur armée,

    Les animaux, les êtres,

    Les flux et les marées !

6. Voyez sa providence ?

    D’injuste rien n’en vient !

    Voyez quelle abondance

    Dieu verse en votre sein ?

    Fidèle à sa Parole,

    Il dit et il le fait !

    Il calme et il  console,

    Il rend à tous la paix.

                        *

7. Il connaît cent manières

    Qui sauvent de la mort.

    Il entend les prières,

    Il sait changer le sort

    De l’affamé, du pauvre,

    Qui trouvent leur repas,

    Du vaincu, de l’esclave,

    Qui ne périront pas !

8. Lumière de l’aveugle,

    Il rend la vue aux yeux !

    Dieu, le soutien des faibles,

    Des indigents, des vieux,

    Relève les malades,

    Et vient en aide aux pieux,

    Les sauve des brimades

    Et d’un sort malheureux !

9. Il est l’abri et l’hôte

    Des gens venus de loin.

    Lui, notre Père, exauce

    La veuve et l’orphelin.

    Mais ceux qui le haïssent,

    Il les paie en retour :

    Leurs biens, leurs vies finissent

    Détruits, morts pour toujours !

              C.  Ma glorification de Dieu     

10. Comment lui rendre gloire ?

      Je suis bien trop petit !

      Lui, le Dieu des victoires,

      Moi, l’arbrisseau flétri !

      Je marche vers sa Tente,

      Vers la Sion du ciel :

      Sur le chemin je chante 

      La gloire à l’Eternel.

Du meine Seele, singe,     

Wohlauf und singe schön

Dem, welchem alle Dinge

Zu Dienst und Willen stehn.

Ich will den Herren droben

Hier preisen auf der Erd,

Ich will ihn herzlich loben,

So lang ich leben werd.

                        *

Ihr Menschen lasst euch lehren,

Es wird sehr nützlich sein:

Lasst euch doch nicht betören

Die Welt mit ihrem Schein.

Verlasse sich ja keiner

Auf Fürstenmacht und –gunst,

Weil sie wie unsereiner

Nichts sind, als nur ein Dunst. 

Was Menschist, muss erblassen

Und sinken in den Tod;

Er muss den Geist auslassen,

Selbst werden Erd und Kot.

Allda ists dann geschehen

Mit seinem klugen Rat

Und ist frei klar zu sehen

Wie schwach sei Menschentat. 

                        *

Wohl dem der einzig schauet 

Nach Jakobs Gott und Heil;

Wer dem sich anvertrauet,

Der hat das beste Teil,

Das höchste Gut erlesen,

Den schönsten Schatz geliebt,

Sein Herz und ganzes Wesen

Bleibt ewig unbetrübt.

  • Hier sind die starken Kräfte,

Die unerschöpfte Macht,

Das weisen die Geschäfte,

Die seine Hand gemacht:

Der Himmel und die Erde

Mit ihrem ganzen Heer,

Der Fisch unzählig Herde

Im grossen wilden Meer.

Hier sind die treuen Sinnen,

Die niemand Unrecht tun,

All denen Gutes gönnen,

Die in der Treu beruhn.

Gott hält sein Wort mit Freuden,

Und was er spricht, geschicht,

Und wer Gewalt muss leiden,

Den schützt er im Gericht.

                        *

Er weiss viel tausend Weisen,

Zu retten aus dem Tod,

Ernährt und gibet Speise

Zur Zeit der Hungersnot,

Macht schöne rote Wangen

Oft bei geringem Mahl,

Und die da sind gefangen,

Die reisst er aus der Qual.

Er ist das Licht der Blinden,

Erleuchtet ihr Gesicht,

Und die sich schwach befinden,

Die stellt er aufgericht;

Er liebet alle Frommen,

Und die ihm günstig seind,

Die finden, wenn sie kommen,

An ihm den besten Freund.

Er ist der Fremden Hütte,

Die Waisen nimmt er an,

Erfüllt der Witwen Bitte,

Wird selbst ihr Trost und Mann?

Die aber, die ihn hassen,

Bezahlet er mit Grimm,

Ihr Haus und wo sie sassen,

Das wirft er üm und üm;

Ach ich bin viel zu wenig,   

Zu rühmen seinen Ruhm!

Der Herr allein ist König,

Ich eine welke Blum.

Jedoch weil ich gehöre

Gen Zion in sein Zelt,

Ists billig, dass ich mehre

Sein Lob vor aller Welt. 

Texte :

Du meine Seele, singe
Paul Gerhardt 1653
CrSi 312/108 en 10 strophes
RA 325, 7 strophes ; EKG 197, 8 str. ; EG 302, 7 str.
fr. : Yves Kéler 2007

Mélodie :

Du meine Seele, singe
Johann Georg Ebeling 1666
RA 325, EKG 197, EG 302

Le texte

l’incipit et la fin du chant

Ce chant est la mise en forme du Psaume 146. Il est le premier des cinq psaumes de la série finale du Psautier, des n° 146 à 150, caractérisés par le fait qu’ils commencent et terminent par l’injonction : « Hallélu-Iah – Louez Iahvé. » Cette proclamation initiale et finale avait probablement une fonction liturgique précise, sous la forme d’une antienne chantée par des chœurs ou d’un répons chanté par le peuple.1

Dans le Psaume 146, le texte hébreu dit : « Hallélu-Iah, Halléli naphschi èt-Iahvé – Alléluia, loue mon âme Iahvé. » Hallélu est en hébreu l’impératif pluriel : louez, Halléli, l’impératif singulier féminin : loue (néphesh étant féminin). Martin Luther, dans sa Bible, a traduit littéralement par « Halléluia ! Lobe den Herrn meine Seele », laissant le premier impératif hébreu au pluriel, le second singulier. Segond fait de même en français et traduit : « Louez l’Eternel ! Mon âme loue l’Éternel. » Cette formulation rappelle évidemment le fameux Psaume 103 dans son texte allemand : « Lobe den Herrn, meine Seele – Loue le Seigneur, mon âme», qui traduit « Baraki naphshi èt-Iahvé ».

Dans son cantique « Lobet den Herren, alle die ihn ehren – Louez le Père, Qui créa la terre » , voir N° 23, Gerhardt avait employé le « Halleluja » de l’incipit et de la fin du Psaume 146, comme début du chant et refrain de chaque strophe en traduisant ce « Haléluja » en allemand : « Lobet den Herren ». Ici, alors qu’il transpose le Psaume 146 lui-même, il n’emploie pas du tout ce « Halléluia » initial, mais traduit le « Halleli » de la phrase suivante par« Singe », au lieu de dire « Lobe – Loue », et aboutit à la formulation : « Du meine Seele singe. » Il reprend peut-être l’idée du Psaume 149, qui emploie le mot « Shiru – chantez » au lieu de « Hallelu – louez », comme le font les 4 autres Psaumes 146, 147, 148 et 150. On trouve la même formulation : « Shiru laIahvé shir hadash – Chantez à Dieu un chant nouveau », au Psaumes 96 et 98. De plus, Gerhardt accentue le côté personnel du chant, en commençant par la deuxième partie de la phrase et par un fort : « Du –toi », qui n’est pas dans l’original hébreu. Il obtient là un puissant incipit : « Du, meine Seele, singe », qui monte en un seul jet à « singe – chante » : La mélodie ascendante de Ebeling 1666 donne à cette montée une grande force.

A la fin du chant, on retrouve le « Halléluja », que Gerhardt traduit en allemand par « Sein Lob vor aller Welt – Sa louange devant toute la terre. » Le Halléluja, traduit en allemand, forme ici, comme dans le cantique « Lobet den Herren », les deux parenthèses à l’intérieur desquelles se meut la louange du cantique. Il est vrai qu’ici cette parenthèse se sent beaucoup plus faiblement.

le texte de Gerhardt

Gerhardt suit le texte biblique, d’après la traduction de Luther, dont on retrouve des fragments. J’ai mis ceux-ci en italique. Il le suit verset par verset, selon l’habitude du temps, et fait correspondre ses strophes aux versets du Psaume : 10 versets donnent 10 strophes. Pas mécaniquement toutefois : il écrase les versets 1+2 dans la 1e strophe, et répartit le verset 6 sur les strophes 5 et 6. Gerhardt développe méthodiquement les thèmes de chaque verset, autant ceux qui visent les grands, injustes et mortels, les « Fürsten – les princes », que les pauvres, les malades, les veuves et les orphelins. Il reprend ainsi la critique sociale et politique, déjà présente dans le texte biblique. C’est une manière de parler franc, en se plaçant derrière le texte de la Bible, que personne, ni les grands, ni les petits, ne pourra contester.

Gerhardt a développé le verset 6 ab et 6c, dans deux strophes, la 5 et la 6. Ce faisant, il fait de la 5 une belle strophe sur la création de Dieu, et de la 6 une évocation de la providence de Dieu. Il lie les deux par la même formule : « Hier sind …», voulant montrer leur unité. Comme il a fondu les versets 1b et 2, en abandonnant le « Halléluia » initial, il gagne de la place, peut faire ce développement du verset 6, et se retrouve à la fin avec la concordance entre les versets du Psaume et les strophes.


La mélodie

Cranach-Sichart indique différentes mélodies qui ont été employées depuis 1653, jusqu’à celle qui est devenue définitive, de Ebeling en 1666. C’est ainsi que le chant fut chanté d’abord sur « Herzlich tut mich verlangen », de Hans Leo Hassler 1601, mélodie qui sera aussi celle de « O Haupt voll Blut und Wunden » de Gerhardt. Ce qui montre que cette mélodie, liée à l’enterrement et à la bénédiction des survivants, n’était pas, à cette époque, marquée de cette tonalité funèbre, liée à la mort du Christ, que l’usage du « Haupt voll Blut und Wunden » de Gerhardt a induit plus tard. Il est probable que cette mélodie avait été retenue par Gerhardt lui-même pour l’édition de 1653. La mélodie « Ich dank dir, lieber Herre », (RA 235 texte) employée pour le chant du même nom est signalée dans la Praxis. De même, une mélodie de Crüger : « Ihr Christen auserkoren », et une autre du même : « Dank sei Gott in der Höhe » (RA 221 texte et mélodie), sont signalées.

Finalement, la mélodie de Ebeling, composée pour ce texte de Gerhardt, a supplanté toutes les autres. L’accord entre le texte et la musique est parfait. Ebeling emploie la méthode de la montée rapide de l’incipit : do, mi, sol, do, mi. On retrouve cette manière, avec les mêmes 4 notes initiales, chez son contemporain Johan Schopp, dans « Lasset uns mit Jesu ziehen », de 1641 : do, mi, sol, do.


Emploi

Le Psaume 146 est le propre du 14e dimanche après la Trinité (15e Pentecôte), sous le thème du « Samaritain reconnaissant. » Le thème est clair : rendre grâces à Dieu pour la guérison, signe de sa victoire et de sa force créatrice. Les versets 1-2 et 5-10 du psaume sont plus précisément indiqués pour cet emploi : ils correspondent aux strophes 1 et 4-10 du chant de Gerhardt. Après la 1e strophe, on peut faire un choix dans les 7 strophes possibles. En revanche, le chant de Gerhardt n’est pas devenu un « Wochenlied – cantique de semaine. » Cela est dû probablement au fait qu’il avait disparu un temps de l’usage courant dans les paroisses, au 19e Siècle.