CAREME – PASSION
VENDREDI SAINT
CHRETIENS, MEDITONS LA MORT, LA FAIBLESSE
LA PASSION
DE NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST
« AUTRES CANTIQUES
POUR PÂQUES
Pour la semaine avant et après Pâques.
L’HISTOIRE
De la Passion de notre Seigneur
JESUS-CHRIST »
Sur le Chant du Ps VIII (8), (Magnificat)
« Dieu tout puissant, ô Seigneur adorable »
Bénédict Pictet (1655-1724)
dans Cantiques sacrez pour les principales
solennitez des chétiens, Lausanne 1769
Le titre original du chant est :
Unissons pour admirer sans cesse
L’humilité, l’amour et la tendresse
Ce chant peut être chanté de la façon suivante :
– A l’unisson par toute l’assemblée, comme un cantique habituel
– En alternance entre :
deux parties de l’assemblée I et II
un goupe ou un chœur I et l’assemblée II
Les strophes principales sont chantées ensemble I+II par les
deux parties I et II
A. Le ministère du Christ
I+II 1. Chrétiens, méditons la mort, la faiblesse,
L’humilité, l’amour et la tendresse
Du Fils de Dieu, le Seigneur des seigneurs,
Qui s’est donné pour nous, pauvres pécheurs.
I. 2. Il était Dieu, Fils bien-aimé du Père,
Pour nous sauver, il s’est fait notre frère,
Il s’est chargé de nos iniquités
Et s’est soumis à mille indignités.
II. 3. Lui, Roi des rois, à qui vont nos louanges,
Qui dans le ciel est adoré des anges,
Fut au Jourdain par Saint Jean baptisé
Et au désert par le Diable tenté.
I. 4. Des gens nombreux admiraient ses paroles,
Ses guérisons, ses gestes qui consolent,
Mais d’autres, jaloux à en défaillir,
Pensaient surtout à le faire mourir.
I+II 5. Il fut livré par un traître exécrable,
Judas, qui mangeait avec lui à table.
Pour de l’argent, ce lâche et ce voleur
Vendit son Roi, son Dieu et son Sauveur.
B. Jésus à Gethsémané (Pause I)
I+II 6. Jésus savait sa traîtrise et sa haine,
Mais après l’institution de la Cène,
Il se rendit, des Onze accompagné,
Dans un jardin nommé Gethsémané.
I. 7. Il fut pris là d’une douleur amère,
Il invoqua jusqu’à trois fois son Père.
Là son esprit fit de si grands efforts
Qu’on vit sortir du sang de tout son corps.
I+II. 8. « Mon Père, ô Dieu, peux-tu, dans ta justice,
« Me dispenser de boire ce calice ?
« Tout t’est possible ! Ô Père, tu le peux !
« Mais non, mon Dieu, non pas ce que je veux ! »
II. 9. « Je me soumets à ta volonté sainte
« Et de plein gré, sans regret, sans contrainte. »
A peine avait-il fini de prier
Qu’un ange apparut pour le fortifier.
I+II 10. Comme il priait, on vit Judas paraître.
Plusieurs soldats accompagnaient le traître,
Et vers Jésus, à grands pas s’avançaient :
Dans le matin, à l’aube, ils le cherchaient.
C. Jésus est arrêté (Pause IIa)
I+II 11. Jésus voyait cette troupe assemblée,
Il connaissait leur dessein, leur pensée :
« Qui cherchez-vous ? », dit-il à ces soldats
Que conduisait le perfide Judas.
I. 12. Qui cherchaient-ils avec tant de furie ?
Ils dirent tous : « Jésus, fils de Marie,
De Nazareth, qui se cache en ces lieux :
Nous le cherchons, car c’est un séditieux ! »
II. 13. « C’est moi ! », dit-il. Sa voix, comme un tonnerre,
Les fit tomber en arrière et par terre !
Il aurait pu appeler ses armées,
Ses anges qui pouvaient les désarmer !
I. 14. Mais le Seigneur devait perdre la vie,
Mourir en croix et souffrir l’agonie.
Il se remit lui-même entre les mains
Des soldats du grand-prêtre et des Romains.
I+II 15. Notre Sauveur fut conduit chez Caïphe :
C’était le grand et Souverain Pontife.
Dans le Conseil, le Sacrificateur
Interrogea Jésus, le Rédempteur.
D. Jésus devant Caïphe ( Pause IIb)
I+II 16. Il demanda son nom, son origine,
Ses compagnons, ses amis, sa doctrine.
Jésus lui dit : « J’ai prêché sans détour,
« Au Temple même, en public, tous les jours. »
I. 17. « Je suis connu dans toute la Judée
« Et j’ai vécu longtemps en Galilée.
« Demande auprès de tous mes auditeurs :
« Ils savent tous ce que j’ai dans le cœur.»
II. 18. A cet instant, un sergent, plein de rage,
Vint le frapper et lui tint ce langage :
« Est-ce ainsi donc, tout comme un malfaiteur,
« Que tu réponds au Sacrificateur ? »
I+II 19. Jésus répondit, malgré l’insolence,
Et lui parla, tout plein de bienveillance :
« Qu’ai-je donc dit, pour être ainsi battu ?
« J’ai bien parlé ! Pourquoi me frappes-tu ? »
E. Jésus condamné à mort par le Sanhédrin (Pause III)
I+II 20. Deux scélérats bientôt se présentèrent,
Qui faussement contre lui déposèrent.
Jésus se tut, ignorant tous ces cris.
Le Souverain Pontife en fut surpris.
I. 21. « Pourquoi, dit-il, gardes-tu le silence,
« Si tu veux nous prouver ton innocence ?
« Déclare-nous, par le Dieu d’Israël :
« Es-tu le Christ, es-tu l’Emmanuel ? »
I+II 22. « Je le suis bien, et vous devez le croire :
« Je suis le Christ, je suis le Roi de gloire,
« Le vrai Messie, que de vos propres yeux
« Vous pourrez voir un jour venir des cieux ! »
II. 23. « Pourquoi chercher d’autre preuve nouvelle ?
« Dit le grand-prêtre, la Loi est formelle.
« Il ne faut plus d’autre éclaircissement ! »
Alors il déchira son vêtement.
I+II 24. « Ce criminel s’est condamné lui-même :
« Vous entendez son horrible blasphème ! »
Aussitôt donc, tout d’un commun accord,
Le Grand Conseil le condamne à la mort.
F. Jésus devant Pilate (Pause IV)
I+II 25. A ce moment, l’un le frappe et l’outrage,
Un autre crie, on lui crache au visage,
Et tous ensemble exercent leur fureur,
Lui font subir et l’injure et l’horreur.
I. 26. De grand matin, ils vinrent tous, en hâte,
Vers le Palais où se tenait Pilate.
« Nous t’amenons, disaient-ils tout furieux,
« Un criminel, de plus un séditieux ! »
II. 27. « C’est un menteur, plein de ruse et d’audace,
« Qui ameutait toute la populace,
« Un faux Prophète, en plus un imposteur,
« Qui se dit roi, malgré notre Empereur ! »
I. 28. Le Gouverneur entra dans le Prétoire
Avec Jésus, et lui dit : « Dois-je croire
« Ce que ces gens déposent contre toi ?
« Quel est ton crime, et te dis-tu donc roi ? »
I+II 29. « Oui, je suis Roi, mais mon règne est céleste :
« C’est dans l’amour seul qu’il se manifeste.
« Si j’exerçais mon Royaume ici-bas,
« Mes gens pour moi mèneraient le combat ! »
G. Jésus entendu par Pilate (PauseV)
I+II 30. « Je suis né Roi, pour rendre témoignage
« Au Dieu puissant, dont je porte l’image.
« Je suis venu prêcher la vérité
« Et je l’annonce avec autorité. »
I. 31. Pilate était un païen d’origine :
« La vérité ? Quelle étrange doctrine ! »
Laissant Jésus, il dit, l’air méprisant :
Aux chefs des Juifs : « Cet homme est innocent ! »
II. 32. « Je ne vois rien qui le rende coupable.
« Il ne peut pas vous être redoutable !
« Si vous voulez, pour ce jour solennel,
« Je ferai grâce : il n’est pas criminel. »
I+II 33. « Ah ! que non, il faut qu’il perde la vie !
« Il doit mourir, oui, qu’on le crucifie !
« Par Dieu ! Il a mérité le trépas :
« Relâche-nous le brigand Barrabas ! »
I. 34. Le Gouverneur, étonné de leur rage,
Pour détourner de Jésus cet orage,
Imagina qu’en le faisant fouetter
Il saurait à coup sûr les contenter.
II. 35. Alors on vit, spectacle lamentable !
Le Fils de Dieu, le Sauveur, l’Adorable,
Fouetté, battu par d’ignobles mortels,
Pour nous sauver des tourments éternels !
I+II 36. Tous ces soldats cruels, qui l’environnent,
Pour l’insulter d’épines le couronnent !
L’un le revêt d’un superbe manteau,
L’autre lui met dans la main un roseau !
H. Jésus défendu par Pilate (Pause VI)
I+II 37. Ainsi vêtu de la pourpre écarlate,
On le mena de nouveau chez Pilate.
Lui, le montrant, dit à ses ennemis :
« Voici l’homme, il n’y a pas de mal en lui ! »
I. 38. « Je ne vois pas de raison légitime
« De condamner Jésus pour aucun crime ! »
« Non, disent-ils, c’est un blasphémateur,
« Un faux Prophète et un agitateur ! »
I+II 39. « Nous demandons qu’on nous rende justice :
« Notre Loi veut qu’un tel homme périsse :
« Comment peux-tu dire : « Il est innocent ?
« Il s’est nommé Fils du Dieu tout-puissant ! »
I+II 40. Le Gouverneur voulait encore entendre
Ce que dirait Jésus pour se défendre :
« De quel pays es-tu ? » dit le Païen,
Mais le Sauveur ne lui répondit rien.
II. 41. Pilate alors, surpris de son silence,
Lui dit : « Ne connais-tu pas ma puissance ?
« Moi, je peux, seul, disposer de ton sort,
« Car j’ai sur toi droit de vie et de mort ! »
I+II 42. « Tu ne peux rien, dit Jésus, sur ma vie,
« Ni toi, ni les Juifs dans leur jalousie,
« Si ce pouvoir ne te venait des cieux
« Où règne, seul, Dieu, le Maître en tous lieux ! »
I. Jésus condamné par Pilate (Pause VII)
I+II 43. Pilate alors à nouveau fit connaître
Sa volonté pour Jésus, notre Maître,
Mais plus il veut protéger le Sauveur,
Plus contre lui les Juifs ont de fureur !
I. 44.« Serais-tu donc l’ennemi de Tibère ?
« Ne crains-tu pas sa terrible colère ?
« Vois, tu défends Jésus qui s’est fait roi !
« Il doit mourir, c’est selon notre Loi ! »
II. 45. Alors lassé, par lâche complaisance,
Il fit livrer Jésus à leur vengeance.
Mais, détestant ces actes inhumains,
En leur présence il se lava les mains.
I. 46. « Vous vouliez, leur dit-il, ce sacrifice :
« Vous serez tous chargés de l’injustice ! »
« – Oui, dirent-ils, heureux et triomphants,
« Que son sang soit sur nous et nos enfants ! »
I+II 47. Ils prirent donc Jésus et l’emmenèrent,
Puis d’une croix pesante ils le chargèrent
Un étranger avec lui la porta.
On le conduit ainsi au Golgotha.
J. Jésus est mis en croix (Pause VIII)
I+II 48. Il arriva sur le mont du Calvaire,
Horrible endroit, mais pour nous salutaire !
On voulut lui donner une boisson
Pour étourdir ses sens et sa raison.
I. 49. Jésus ne fit que goûter ce breuvage,
Il refusa d’en boire davantage.
Et bien qu’il fût le puissant Roi des rois,
Il se laissa clouer sur cette croix.
II. 50. Alors, au lieu d’accabler, de maudire,
Les malheureux qui causaient son martyre,
On entendit Jésus, notre Sauveur,
Prier pour eux son Père avec ferveur :
I+II 51. « Pardonne, dit-il, Père, leur offense !
« Ce qu’ils font là, c’est par pure ignorance ! »
Mais les bourreaux, dans leur zèle inhumain,
Clouaient toujours cruellement ses mains.
K. Les deux larrons, Marie et Jean (Pause IX)
I+II 52. Deux malfaiteurs, condamnés en justice
Pour leurs méfaits à ce même supplice,
Au Seigneur Jésus furent associés,
A sa gauche, à sa droite, et crucifiés.
I. 53. L’un d’entre eux, reconnaissant l’innocence
Du Rédempteur, il en prit la défense,
Et découvrit par les yeux de la foi
Que ce Jésus en croix était un Roi !
II. 54. Le cœur rempli d’une forte assurance,
« Seigneur, dit-il, montre-moi ta clémence !
« Quand tu seras dans ton règne éternel,
« Souviens-toi là d’un pauvre criminel ! »
I+II 55. « Puisque sur moi tout ton espoir tu fondes,
« Lui répondit le Rédempteur du monde,
« Aujourd’hui même avec moi, je te dis,
« Chez Dieu tu seras dans le Paradis ! »
I. 56. Près de sa croix se tient Marie, sa mère,
Le cœur percé de la douleur amère
De voir mourir ainsi cruellement
Son premier-né, qu’elle aimait tendrement.
II. 57. « Console-toi, dit Jésus à Marie,
« Si tu me vois perdre aujourd’hui la vie :
« Voilà ton Fils, et lui montrant Saint Jean,
« Regarde-le comme un de tes enfants. »
I+II 58. « Et toi, mon fils, le disciple que j’aime,
« Pour toi Marie sera ta mère même ! »
Jean prit chez lui la mère du Seigneur :
Ce fut vraiment pour lui un grand honneur.
L. La mort de Jésus (Pause X)
I+II 59. Jésus voyant sa vie bientôt éteinte,
Pria son Père, en disant cette plainte :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tulaissé,
« Sans ton secours et de tous délaissé ? »
I. 60. L’astre du jour, le soleil qui éclaire
Le monde entier, tel un grand luminaire,
Voyant mourir le Fils du Créateur,
S’assombrit à la vue de tant d’horreur !
II. 61. Jésus, souffrant de la douleur mortelle
Que lui causait une soif si cruelle,
Cria : « J’ai soif », et quelqu’un accourut,
Qui lui porta du vinaigre : il en but.
I. 62. Mais il ne prit qu’un peu de ce breuvage.
« Père, dit-il, j’ai achevé l’ouvrage
« Que je devais accomplir en ce jour.
« Reçois l’esprit de ton Fils en retour ! »
I+II. 63. Après ces mots, il inclina la tête.
Notre Sauveur, notre Roi et Prophète,
Rendit l’esprit et laissa là son corps,
Abandonné sur la croix, dans la mort.
M. Après la mort de Jésus (Pause XI)
I+II 64. Quand il fut mort, les rochers se fendirent,
Et des sépulcres plusieurs corps sortirent.
Lorsque Jésus n’eut plus de mouvement,
La terre trembla au même moment !
I. 65. On vit le grand voile au milieu du Temple,
Cachant le Saint des saints de ses plis amples,
Du haut en bas se déchirer en deux,
Pour honorer la mort du Roi des cieux !
I+II 66. Le Centenier, un païen de naissance,
Reconnut en Jésus-Christ l’innocence
Et s’écria dans ce terrible lieu :
« Certainement il est le Fils de Dieu ! »
II. 67. Jésus, ayant ainsi perdu la vie,
Dans les tourments, l’injure et l’infamie,
Un des soldats vint lui percer le flanc :
Il en sortit de l’eau avec du sang.
I+II 68. Chrétiens, méditez la mort, la faiblesse
L’humilité, l’amour et la tendresse
Du Fils de Dieu, le Seigneur des seigneurs,
Qui s’est donné pour vous, pauvres pécheurs ! »
Texte : Bénédict Pictet (1655-1725,
d’après un Psautier du Locle, 18e Siècle, édition 1831.
Révision : Yves Kéler, 2003
Mélodie : Ps 8 Dieu tout puissant, ô Seigneur adorable
Guillaume Franc 1542 Loys Bourgeois, Genève
1551, LP5, NCTC 8, ARC 8
=Magnificat : Mon cœur rempli des biens que
Dieu m’envoie,
LP 88, RAf rouge 17, NCTC 153, ARC 172
en allemand :
appelée „O höchster Gott, o unser
lieber Herre » dans RA 86 et 255;
appelée „Wie herrlich gibst du, Herr dich zu
erkennen », dans EG 271 et 476
Le texte
Le texte du chant donné ici provient d’un Psautier du Locle de 1831, et est déjà une révision de celui de Pictet. Le texte original figure encore dans une édition de Lausanne des oeuvres de Pictet de 1769, citée plus haut.
Cette Passion fait partie de la série de compositions faites par Bénédict Pictet en 1704, dans ses « Soixante-six chansons pour les fêtes sacrées des chrétiens. » Bénédict Pictet, théologien de Genève, a présidé la commission de rénovation du Psautier réformé. Le vieux Psautier de 1562, composé par Clément Marot et Théodore de Bèze, avait tellement vieilli à cause de la rapide évolution de la langue française, qu’il fallait le rénover. Pictet a repris le travail de Valentin Conrart, qui avait réécrit tout le Psautier, et dont l’œuvre avait été publiée en 1677, deux ans après sa mort.
A cette époque, une certaine lassitude de l’emploi exclusif du Psautier de l’Ancien Testament se faisait jour. Il manquait tout le Nouveau Testament, et en particulier la vie du Christ. Pictet entreprit de composer une série de chants racontant la vie du Christ : l’Annonciation et la Visitation, la Naissance de Jésus, sa Passion, son Ascension et la Pentecôte. De plus il traduisit et mit en forme le Magnificat, cantique de Marie : « Mon cœur rempli des biens que Dieu me donne », et le Benedictus, cantique de Zacharie : « Béni soit à jamais le grand Dieu d’Israël. » Ces deux Cantica ajoutés au Psautier de 1562, après la mort de Calvin semble-t-il, étaient sortis de l’usage. Seul le cantique de Siméon, le Nunc dimittis de Clément Marot « Laisse-moi désormais » avait survécu, et Valentin Conrart l’avait corrigé.
De même manquaient les grandes hymnes anciennes de l’Eglise, comme le Te Deum et le Veni Creator. Pictet traduisit et mit en forme le premier sous le nom « Grand Dieu, nous te louons », le second sous le nom « Esprit saint, notre Créateur. »
Toutes les compositions de Bénédict Pictet sont placées sur des mélodies des Psaumes de Genève. Entre les deux œuvres il y donc unité musicale. Ces compositions de Pictet furent imprimées dans les Psautiers, après les 150 Psaumes, en nombre variable selon les temps ou les lieux. Dans certains Psautiers on n’en compte que 14, dans d’autres plus de 20, le maximum allant jusqu’à 51, ce qui représente un quart du Psautier.
Il ne reste plus grand chose de cette œuvre impressionnante. De « Grand Dieu, nous te louons », en 14 strophes, ARC avait fait un chant méconnaissable en 4 strophes. ALL 41/04 a repris la forme suisse du chant avec 8 strophes, sans que l’on discerne clairement les 3 parties du Te Deum : le Père, le Fils, la prière. Quand au Veni Creator, il a complètement disparu des livres récents.
La Passion de Pictet compte 68 versets, divisés en 13 parties de 4 à 7 strophes, qui forment 13 unités de chant. La 1e unité est une introduction en 5 strophes, qui rappelle le baptême et la tentation, et qui, par une strophe sur la trahison de Judas, fait passer au Jeudi saint avec Gethsémané (2e unité), puis au Vendredi saint avec l’arrestation de Jésus (3e unité). Ensuite se déroule tout le Vendredi saint. Le texte s’arrête de façon un peu abrupte avec le coup de lance. La mise au tombeau n’est pas racontée. La dernière strophe 68, de conclusion, reprend la 1e strophe d’introduction.
Dans un culte du vendredi saint, en particulier dans les vêpres de l’après-midi, on peut employer plusieurs morceaux de cette Passion, qui n’est pas pensée pour être chantée d’un jet.