AVENT
RAMEAUX
CHRÉTIENS, VENEZ, FIDELES
Auf, auf, ihr Reichsgenossen
Mélodie : Aus meines Herzens Grunde
Von Gott will ich nicht lassen
1. Chrétiens, venez, fidèles, EKG 1, RA 1, EG 1
Voir votre Roi des cieux ! Knapp 1
Recevez, pleins de zèle,
Un Roi si merveilleux.
Vous, peuple saint de Dieu,
Ouvrez-lui les portiques,
Chantez-lui vos cantiques
« Hosanna dans les cieux ! »
2. Sortez de la détresse, EKG 2, RA 2, EG 2
Le Roi veut s’approcher. Knapp deest
Bénissez sa tendresse,
Car il vient vous tirer
De peine et de tourment.
Il vient, ilvous console
Par sa sainte parole
Et par ses sacrements.
3. Ce grand Roi vous adresse, EKG 3, RA 3, EG 3
Contre le désespoir, Knapp 2
Au cœur une allégresse
Qui vous redonne espoir.
Ce Dieu puissant et fort
Descend dans vos souffrances,
Prêter son assistance
Jusqu’à vaincre la mort.
4. Pécheurs, dont l’injustice EKG 6, RA 7, EG 5
Vous fait trembler de peur, Knapp 3
Rejetez la malice
Le Christ voit dans vos cœurs !
Il lit de bout en bout
Le fond de vos pensées,
Vos volontés cachées
Le Roi prend garde à tout.
5. Amis, devenez sages : EKG 6, RA 7, EG 5
Il sait tous vos sentiers. Knapp 3
Laissez l’esprit volage
Il vous veut tout entiers.
Il est fidèle en tout
Supportez sans murmures
Les maux et les injures,
Gardez un esprit doux.
6. Si les fureurs des guerres EKG 4, RA 5, EG deest
Enlèvent tous nos biens, Knapp deest
Que nul ne désespère
Christ sait nourrir les siens.
Et si la mort ravit
Nos proches de bonne heure,
Le ciel est leur demeure
Il reçoit leur esprit
7. Ayez de la confiance EKG 5, RA 6, EG 4
Dans ce Roi qui prend soin Knapp 6
De vous dans sa clémence,
Pourvoit à vos besoins.
Lui qui chaque matin
Donne à tous leur pâture
Fait que la nourriture
Arrive dans vos mains.
8. Jamais il ne nous donne EKG 9, RA 10, EG 8
Des maux sans un appui, Knapp 8
Jamais il n’abandonne
Celui qui croit en lui.
Il nous mène ici-bas
Jusqu’à l’heure dernière,
Sa main, douce et légère,
Ne nous délaisse pas.
Texte
Auf, auf, ihr Reichsgenossen
Johann Rist 1651 (1607-1667)
EKG 8, RA 1, EG 542,
Knapp 1835 n° 313
Traduction française
Cantiques Spirituels de Strasbourg 1723
Révision : Yves Kéler 15.2.2010
Mélodie
Aus meines Herzens Grunde Hamburg 1598, 1627,
Lyon 1557, geistlich Erfurt 1563
Pour le chant de Ludwig Helmbold de ce nom 1563
EKG 283, RA 448, EG 365
Texte original, selon quatre livres
Auf, auf, ihr Reichsgenossen EKG 1, RA 1, EG 1, Knapp 1
Auf, ihr betrübten Herzen EKG 2, RA 2, EG 2, —
Auf, auf, ihr Vielgeplagten EKG 3, RA 3, EG 3, Knapp 2
Hôrt’s auch, ihr frechen Sünder — , Knapp 4
Seid fromm,ihr Untertanen — , RA 4, — , Knapp 5
Und wenngleich Krieg und Flammen EKG 4, RA 5, — ,
Frisch auf in Gott, ihr Armen EKG 5, RA 6, EG 4, —
Frisch auf, ihr Hochbetrübten EKG 6, RA 7, EG 5, Knapp 3
Seid froh in Gott, ihr Armen — , Knapp 6
So lauft mit schnellen Tritten EKG 7, RA 8, EG 6, —
Er ist so reich für aile — , Knapp 7
Der Kônig will bedenken EKG 8, RA 9, EG 7, —
Nun, Herr, du gibst uns reichlich EKG 9, RA 10, EG 8, Knapp 8 Le texte
Les strophes
On constate un réel désordre entre les strophes d’un livre à l’autre, pour les trois livres modernes EKG de 1951, RA de 1952 et EG de 1989, même si dans chaque livre une certaine progression est observée. Et approximativement la succession des strophes y est la même.
En revanche, le texte donné par Knapp, de 1835, présente, d’une part des variations de texte à l’intérieur des strophes, d’autre part un autre choix de strophes. Knapp fait une remarque en fin de son texte : « J.Rist, verând ; (ert) ». C’est qu’il existe un texte plus ancien. Le tableau synoptique ci-dessus montre que la strophe « Frisch auf, ihr Hochbatrübten » est en 3eme position chez Knapp, et que la parallèle qui a le même début « Frisch auf in Gott, ihr Armen » n’est pas donnée. Knapp donne 3 strophes qui n’existent pas dans les trois livres récents.
En sorte qu’on peut dire qu’il y a deux traditions du texte : celle recensée par EKG – RA – EG d’une part, et celle de Knapp d’atre part. C’est l’indice que le chant était plus long que les recensions citées, puisque le nombre total des strophes du tableau synoptique se monte au moins à 13.
La traduction de Cantiques Spirituels de Strasbourg de 1723 semble suivre à peu près le plan de Knapp, ce qui montrerait que cette forme du texte est assez ancienne. En effet, le chant, composé en 1651, n’avait que 72 ans d’âge en 1723. EKG -RA – EG ont repris des strophes abandonnées dans cette forme ancienne.
Le texte de Rist
Le texte du chant est une réflexion sur l’entrée de Jésus à Jérusalem, célébrée deux fois au I ,r de l’Avent et aux Rameaux.
Les 3 premières strophes de EKG – RA et Eg commencent par l’injonction « Auf, auf », complétée par « ihr Reichsgenossen », « ihr betrübten », et « ihr Vielgeplagten ». L’accent est mis sur la joie de l’arrivée du Cherist dans un monde difficile. Comment aujourd’hui ce Roi pourra-t-il nous rencontrer, puisqu’il ne va pas venir sur un âne parmi les siens ? Dans sa parole et dans les sacrements, donnés dans le texte inversés : « Da wir ihn finden können Im Nachtmal, Tauf und Wort – Où nous pouvons le trouver dans la Cène, le Baptême et la Parole. »
La strophe EKG / 4 = RA / 5 fait allusion à la Guerre de Trente ans, 1618-1638, terminée trois ans avant le chant de Rist de 1651. Les destructions et les pertes, la mort des enfants, sont citées. Cette strophe est bien traduite dans la strophe 6 du français. La voici, dans le texte allemand et sa traduction littérale
Und wenn gleich Krieg und Flammen
Et même si la guerre et les flammes Uns ailes rauben hin,
Nous arrachent tout,
Geduld ! weil ihm zusammen
Patience ! Parce qu’à lui
Gehört doch der Gewinn.
Appartient le bénéfice
Wenn gleich ein früher Tod
Si même une mort précoce
Die Kinder uns genommen,
Nous a pris les enfants,
Wohlan, so sind sie kommen
Eh bien, ils sont parvenus
Ins Leben aus der Not.
A la vie après la détresse.
Les strophes EKG/5-6 = RA/6-7 = EG/4-5 forment une paire et un deuxième groupe répétitif, en reprenant l’injonction « Auf, auf » des 3 premières strophes. Pour varier, Rist fait commencer ses 2 strophes par le mot « Frisch », ce qui donne « Frisch auf, ihr Armen » et Frisch auf, ihr Hochbetrübten. » Ici l’auteur veut consoler les pauvres et les malheureux après la guerre. La dimension est plus pratique : « Ernähren – nourrir », que spirituelle.
Les strophes EKG / 6-7 = RA / 8-9 = EG 6-7 nous ramènent à l’entrée de Jésus à Jérusalem et à son accueil aujourd’hui : le roi vient sur sa monture, allons à lui. La strophe finale « Nun, Herr, Du gibst uns reichlich », reprend le « Hosianna » de la 1 ère strophe, et forme une prière et une acclamation finale.
Le chant est nettement marqué par le souvenir de la Guerre de Trente ans. On y retrouve les mêmes allusions que dans les chants de contemporains, comme Paul Gerhardt, qui commence son oeuvre vers 1648. La traduction française des Cantiques Spirituels de Strasbourg atténue ces accents. Malgré tout, les guerres du 18e Siècle n’ont pas atteint l’horreur de celle de Trente ans, et elles moins ravagé l’Ouest de l’Allemagne et la France de l’Est que cette dernière l’avait fait.
La mélodie
Plusieurs sont possibles. RA donne celle de « Aus meines Herzens Grunde », de Hambourg 1598. EKG et EG donnent une mélodie de Thomas Selle de 1651, année de la composition du texte par Rist. C’est probablement la mélodie originale, mieux connue en Allemagne, mais inconnue en Alsace-Lorraine. Une autre mélodie est possible : « Von Gott will ich nicht lassen », qui donne un caractère plus retenu au chant. Il semble que cette mélodie s’adapte mieux au texte français que celle de Hambourg, plus sautante.