MARIAGE
MEMORIAL DU MARIAGE
20e dim après la Trinité
COMME IL EST BEAU, SEIGNEUR JESUS
Wie schön ist’s doch, Herr Jesu Christ
Mélodie: Wie schön leuchtet der Morgenstern
Brillante étoile du matin
1. Comme il est beau, Seigneur Jésus,
Quand deux amants se sont élus,
Qu’ils fêtent leur mariage !
Comme il est beau de voir tes dons
Venir par ta bénédiction
Sur leur nouveau ménage !
Unis, Bénis
Leur hardiesse, leur jeunesse, leur promesse
D’être ensemble en toi sans cesse !
2. Quand femme et mari sont unis,
Ce qu’ils feront sera béni
Par leur amour fidèle.
Un grand succès leur est ouvert
Et le bonheur leur est offert :
Jésus les y appelle !
Douleur, Malheur
N’ont de prise, ne divisent ni ne brisent
L’élan de leur entreprise !
3. Dieu donne sa grâce avant tout
A qui attend de lui beaucoup:
A ceux qui en Christ s’aiment.
Il tend sa main et chaque jour
Sur leur maison met son amour :
Il est, Dieu, l’amour même !
Allez, Marchez,
Intrépides : Christ préside, il vous guide
Sur sa route à pas rapides !
4. « Semblable à l’arbre est le mari,
Aux forts rameaux chargés de fruits, »
Comme a dit le Cantique !
Telle une grappe de raisins
Qui donne en son temps du bon vin ,»
L’épouse est magnifique !
Radieux, Tous deux,
Un bel homme, une femme, une flamme !
Dieu dit : « Ne soyez qu’une âme ! »
5. Par amour pour tous les humains,
Dieu mit au sixième matin
La fin à son ouvrage.
Pour faire un seul être de deux,
Qu’homme et que femme soient heureux,
Il créa le mariage.
Début, Issue,
Dieu les pose, les dispose, les propose :
« Je vous donne toute chose ! »
6. Pourtant aussi, quelques douleurs,
De la souffrance et des malheurs
Viendront croiser leur route ;
Ils remettront leur sort à Dieu :
Ce bon Sauveur saura le mieux
Chasser ce qu’ils redoutent.
La paix Renaît
En silence ! La patience, l’endurance,
Dieu les donne en sa clémence.
* prière des époux
7. Viens, notre Roi, approche-toi,
Viens aider à porter les croix
Et toutes les détresses !
Nous te rendons gloire et honneur,
Tous deux, nous te chantons, Seigneur,
Un chant plein d’allégresse !
L’amour, Un jour,
Nous emporte vers tes portes, nous amène
Au Royaume éternel. Amen.
Texte Wie schön ist’s doch, Herr Jesu Christ
Paul Gerhardt 1666/67
Cr Si 159/47
RA 333, EG deest
fr. : Yves Kéler 1.8.07
M élodie Wie schön leuchtet der Morgenstern
Philipp Niololai 1599
RA 61, EG 70
fr. : Brillante étoile du matin
LP 90
Oh quel éclat sur nos matins
NCTC 183, ARC 367, ALL 32/14
Le texte
La date de sa composition est incertaine. Il figure dans l’édition de 1666/67 de la « Praxis pietatis melica. » Cranach-Sichart le caractérise comme « Gelegenheitsgedicht – poème de circonstance », comme deux autres chants de mariage de Gerhardt, l’un paru dès 1643, l’autre en 1666. Il existe aussi de lui une mise en chant de la « Louange de l’épouse » de Proverbes 31/10-10, également de 1653. Ce qui donne un total de quatre chants de Gerhardt consacrés au mariage, dont seul celui qui nous occupe est parvenu à la notoriété dans les paroisses.
Les sources et l’acte à caractère sacramentel
Deux sources principales : la Bible et le « Traubüchlein – Livret de mariage » de Martin Luther.
1. Le psaume 128, qui fait avec le 127 un doublet concernant le mariage, la famille et les enfants. De là viennent les belles images de la strophe 4 : « Ta femme est comme une vigne féconde à l’intérieur de ta maison » Ps 128/3a. A cette citation du Psaume est ajoutée celle du Cantique des cantiques 2/3 : « Comme un pommier au milieu des arbres, est mon bien-aimé au milieu des garçons. »
2. Le « Traubüchlein » est un formulaire formant la base des liturgies luthériennes pour le mariage pendant des siècles.Des fragments de ce texte sont repris directement par Gerhardt : str 1 , « Die im Orden eines Lebens einig worden – ceux qui dans l’ordre d’une vie unique s’unissent » ; str 6 , « Wir sind es nicht, Die diesen Orden aufgericht – Ce n’est pas nous qui avons érigé cet ordre (du mariage). »
3. Genèse 1 et 2 : l’institution du mariage comme un ordre (Orden) de la création, qui constitue l’état de mariage (Stand der Ehe), le « status matrimonii » : « Wie schön… im Stande, da dein Segen ist, im Stande heilger Ehe – Comme il est beau …dans l’état, qui contient ta bénédiction, l ‘état du saint mariage. »
Ce chant entre dans la catégorie des chants de mariage, en tant qu’acte pastoral à valeur sacramentelle, parce qu’ordonné par Dieu, confirmé par Christ, et affirmé par les Apôtres dans la clarté du Saint-Esprit. C’est pourquoi on y trouve des références, tantôt au Christ : str 1 et 6, tantôt à Dieu : str 2 et 3. L’Esprit est moins affirmé.
La souffrance et l’éternité
Deux thèmes récurrents chez Gerhardt. Comme tous les auteurs du temps, Gerhardt parle librement de la souffrance et de la mort, expérience ordinaire de chacun. Le mariage n’est pas le bonheur romantique et rêveur, mais la vie conjugale avec ses joies, ses tristesses, la maladie et la mort, celle des parents et des enfants. Mais la souffrance et la mort n’ont pas le dernier mot : Dieu aide et console dans la douleur (str 7). Et la mort conduit au Royaume. C’est pourquoi louons Dieu !
La fin du chant reproduit la formule liturgique : « …von Ewigkeit zu Ewigkeit. Amen – …d’éternité en éternité. Amen. », dans le dernier vers : « Deinen Namen Ewig loben werden. Amen – Au Royaume éternel. Amen. » Ce qui explique, dans le texte français, que l’avant-dernier vers et le dernier riment en « mène » et « Amen », au lieu que l’avant dernier vers ait, comme ailleurs, une triple rime interne.
La mélodie
La mélodie est celle du chant de Philipp Nicolai, 1599 : « Wie schön leuchtet der Morgenstern – Brillante étoile du matin. » Gerhardt a repris le titre du chant dans son incipit « Wie schön ist’s doch, Herr Jesu Christ. »
Le chant de Nicolai est devenu un cantique d’Epiphanie, décrivant le Christ dans sa splendeur, comme « Bräutigam », l’époux de l’âme. Or ce texte dérive du Psaume 45, qui est un Psaume de mariage royal de la maison de Juda, intégré dans le Psautier au même titre que les Psaumes d’intronisation royale, tels que le Ps 2, le 72 ou le 110. La mélodie de ce chant concorde donc pour les thèmes nuptiaux à ceux développés par Gerhardt dans le sien. Gerhardt a repris la splendeur et la joie de ce chant, et deux idées qui s’y trouvent : le Christ appelé « König – Roi », trois fois, et « Bräutigam – l’époux. » Le mot de « König – Roi » apparaît deux fois, strophe 7 et 8, mais l’idée royale plusieurs autres fois. Gerhardt ne reprend pas le mot de « Bäutiganm – l’époux », les mariés étant ici les « époux ». Mais tous les participants au culte du mariage connaissaient le chant de Nicolai par cœur et sentaient toutes les références.