NOËL
COMME LES BÊTES AUTREFOIS tt
Christ annoncé par les animaux
Poème, de Bourgogne et Québec
Comme les bêtes autrefois
Parlaient mieux latin que françois,
Le coq de loin voyant le fait
S’écria : « Christus natus est ! » prononcer « èt »
Le bœuf, d’un air tout ébaubi,
Demande : « Ubi, ubi, ubi ? »
La chèvre, se tordant le groin,
Répond que c’est à « Bethléhem. » prononcer « in »
Maître baudet, curiosus
De l’aller voir, dit : « Eamus ! »
Et droit sur ses pattes le veau
Beugla deux fois : « Volo, volo ! »
Texte
Bourgogne 16e-17e siècle,
encore connu au 19e siècle
Québec 19e siècle
dans Ernest Myran
Noëls anciens de la Nouvelle France
(Québec), Etude historique Québec
Dussault et Proulx, imprimeurs 1899
201 pages
Mélodie
Aucune n’est signalée. Il est possible que le texte ait été chanté.
Le texte
Ernest Myran dit : « On avait soin de leur faire prononcer ce mot-là (Ubi) à l’italienne, cela donnait « Oubi », un meuglement parfait, la coqueluche des basses profondes ! » p. 109.
Cette remarque signale que le latin d’Eglise de l’époque suivait la prononciation française. On disait donc : « Christuss natuss èt », d’où la rime avec « fait. » Bethléem devait se prononcer « Bethléin » pour rimer avec groin. Il faudra donc que le récitant du poème tienne compte de cette prononciation.
La prononciation italienne dont parle l’auteur introduit une prononciation latine restituée et sonore, qui est bonne, sauf pour le chuintement du « c » et « g », qui fait de « in excelsis » in « exchelsis », quand ce n’est pas « extchelsis », et de « virgine » « virdjiné », ce qui est particulièrement laid. Une bonne prononciation est la restituée, qui fait prononcer le « c » et « g » à la française. Dans les textes allemands, la tradition fait du « c » un « tz », ce qui va donner « in ectzelsis », et du « g » un g dur, ce donnera « virguiné. »