CORPS DIVIN QU’ON BRISE (trad) Gottheit tief verborgen, Ste Cène

SAINTE CENE

      CORPS DIVIN QU’ON BRISE
            Gottheit tief verborgen

      Mélodie : Korn, das in die Erde 

1. Corps divin qu’on brise,
    En main je te prends.
    Dans ce pain, ce signe,
    Tu es là, présent.
    Vois comment mon cœur
    Te cherche, mon Sauveur.
    Je viens à ta Cène,
    Pauvre humain pécheur.

2. Yeux et mains et bouche
    Sont souvent trompés.
    Mais par ta parole
    Tout devient clarté.
    J’entends et redis
    Ce que Jésus a dit :
    « Je suis la lumière,
    Le chemin, la vie. »

3. Sur la croix se voile
    Ta divinité.
    Dans ce pain de même
    Ton corps est caché.
    Ma foi voit les deux :
    Le pain venu des cieux,
    Partagé, nous offre
    Le Christ, Fils de Dieu.

4. Lorsque Thomas doute
    Des plaies de tes mains,
    Moi je t’y retrouve,
    Mon Seigneur, Dieu saint !
    Christ meurtri en croix,
    Viens et grandis en moi,
    Avec l’espérance,
    L’amour et la foi.

5. Mémorial qui cite
    La mort du Seigneur,
    La vie qui t’habite
    Raffermit nos cœurs.
    Christ, tu nourris
    Notre âme et notre esprit.
    Donne-nous ta force,
    Quand l’espoir faiblit.

6. Pour les tiens tu offres,
    Tel le pélican,
    De ton flanc qui s’ouvre
    Ton si précieux sang.
    Une goutte ainsi
    Déjà réconcilie
    Avec Dieu les hommes
    Et les ennemis.

7. Christ, tu te révèles
    Tel le don de Dieu.
    Réponds à mon zèle,
    Mets en moi ton feu.
    Ouvre-nous les yeux,
    Que nous te voyions mieux,
    Un jour face à face
    Au règne des cieux.
    
    
         Texte        Gottheit tief verborgen
                          d’après « Adoro te devote »
                          Thomas d’Aquin 13e S.
                          Petronia Steiner 1951
                          Gotteslob 1975 N° 546
                          fr. : Yves Kéler 5.1.2013 Bischwiller

         Mélodie     Korn, das in die Erde
                          d’après « Noël nouvelet »  
                          France, 15e Siècle
                          EG 98

    
Le texte  
   

        Le texte allemand, à partir duquel est faite cette traduction, est lui-même composé à partir du chant latin « Adoro te devote », de St Thomas d’Aquin, au 13e Siècle. le chant de Thomas est une de ses hymnes destinées à la messe. La théologie de la transubstantiation et de la présence réelle physique du Christ dans le pain et le vin est fortement affirmée dans l’original. Mais jamais d’une façon brutale, qui ferait rejeter le chant par des gens d’autres tendances. Le titre allemand est révélateur : « Gottheit tief verborgen, Betend nah ich dir – Divinité profondément cachée, en adorant je m’approche de toi. » Dans le pain en particulier, le corps du Christ est caché, mais il est plus que le corps, il est la divinité du Christ incarnée dans ce pain. C’est la foi qui réunit les deux, en voyant la divinité cachée dans les espèces, et les espèces mêmes. Cette formulation peut être maximalisée, jusqu’à faire de l’hostie « Dieu lui-même », comme elle peut être minimalisée, pour exprimer la présence réelle du Christ dans le pain, mais associée à lui, comme dans la consubstantiation que prônait Luther.

        Dans la traduction, j’ai essayé de conserver la formulation de St Thomas, tout en la « minimalisant » pour que le fidèle protestant se retrouve dans sa théologie.  

Str. 2 : les sens humains sont trompés et ne reconnaissent pas le Christ dans le pain ou le vin. Mais les paroles du Christ, celles de l’Institution en particulier, rendent visible l’invisible. D’où l’importance de ces paroles. Sans elles, le pain resterait du pain. Luther dit la même chose : le sacrement, c’est un signe pris dans la parole du Christ. Ainsi le pain et le vin deviennent corps et sang du Seigneur.

Str. 3 : sur la croix de même, les sens sont trompés. Seule l’humanité du Christ est visible : sa divinité est voilée. Là aussi la foi voit les deux : nature humaine et nature divine.

Ste. 4 : la Cène est le mémorial du sacrifice du Christ. Ce mémorial contient la vie. Les paroles de l’anamnèse (= mémoriale, en latin) le rappellent. Mais elles n’ont de sens que si le mémorial de la mort du Christ est dans le sacrement, avant toute parole humaine.

Str. 6 : l’image du pélican qui offre son sang à ses petits affamés est reprise. Cette image provient d’une légende, née de la mauvaise compréhension de l’action du pélican. Celui-ci régurgite la nourriture qu’il a avalée et que les petits mangent. En aucun cas le pélican ne perce son sang pour nourrir ses petits. On a superposé au pélican l’image du cœur du Christ percé par la lance, source du sang que boivent les chrétiens dans la Cène.


La mélodie

        Celle proposée par Gotteslob provient de France, 17e-18e Siècles, mais est peu connue. Celle que je propose : « Korn, das in die Erde – Grain mis en terre » a la même coupe, est aussi une mélodie française du 15e Siècle, mais elle jouit d’une certaine notoriété.


Texte original

1. Gottheit tief verborgen
    Betend nah ich dir.
    Unter diesem Zeichen
    Bist du wahrhat hier.
    Sieh, mit ganzem Herzen
    Schenk ich dir mich hin,
    Weil vor solchem Wunder
    Ich nur Armut bin.

2. Augen, Mund und Hände
    Täuschen sich in dir,
    Doch des Wortes Botschaft
    Offenbart dich mir.
    Was Gott Sohn gesprochen,
    Nehm ich glaubend an;
    Er ist selbst die Wahrheit,
    Die nicht trügen kann.

3. Einst am Kreuz verhüllte
    Sich der Gottheit Glanz,
    hier ist auch verborgen
    Deine Menschheit ganz.
    Beide sieht mein Glaube
    In dem Brote hier;
    Wie der Schächer ruf ich
    Um Gnade zu dir.

4. Kann ich nicht wie Thomas
    Schaun die Wunden rot,
    Bet ich dennoch gläubig:
    „Du mein Herr und Gott!“
    Tief und tiefer werde
    Dieser Glaube mein,
    Fester lass die Hoffnung,
    treu die Liebe sein.

5. Denkmal, das uns mahnet
    An des Herren Tod!
    Du gibst uns das Leben,
    O lebendig Brot.
    Werde gnädig Nahrung
    Meinem Geiste du,
    Dass er deine Wonne
    Koste immerzu.

6. Gleich dem Pelikane
    Starbst du Jesu mein;
    Wasch in deinem Blute
    Mich von Sünden rein;
    Schon ein kleiner Tropfen
    Sühnet alle Schuld,
    Bringt der ganzen Erde
    Gottes Heil und Huld.

7. Jesus, den verborgen
    Jetzt mein Auge sieht,
    Stille mein Verlangen,
    Das mich heiss durchglüht:
    Lass die Schleier fallen
    Einst in deinem Licht,
    Dass ich selig schaue
    Herr, dein Angesicht.