CATASTROPHE NATURELLE
SECHERESSE
REPENTANCE
DANS NOS MISERES NOUS VENONS
In grossem Elend kommen wir
Mélodie : Wenn wir in höchsten Nöten sein
Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort
1. Dans nos misères nous venons
Vers toi, Seigneur, et t’implorons.
Nous te cherchons dans nos malheurs,
Réveille-toi, ô Dieu Sauveur !
2. Loin de ta face et de ton cœur
Ne nous rejette pas, Seigneur,
Regarde notre désespoir,
Réponds-y, Dieu, par ton pouvoir.
3. Les champs sont durs et crevassés,
Par la chaleur secs et brûlés,
Le sol éclate et devient nu,
La terre a soif et n’en peut plus.
4. Il ne pleut rien sur le terrain
Que la poussière, de ta main !
La terre qui nous nourris
Comme du bronze s’est durcie.
5. Nous sommes humbles devant toi,
Sans espérance, pleins de foi ;
Nous regardons nos tristes champs
Sans fruit ni récolte en son temps ;
6. Aucune plante ne grandit,
La jeune pousse dépérit ;
Bientôt plus rien ne sera vert,
Tout devient jaune en ce désert !
7. Nous t’invoquons, Dieu, Père saint :
Donne-nous le pain quotidien !
Fais nous sortir de ces malheurs :
Toi seul es notre Dieu Sauveur.
8. Que les nuages jusqu’à nous
Couvrent les cieux de bout en bout ;
Ouvre pour nous le ciel fermé,
Que la pluie tombe sur nos prés.
9. Oui, fais pleuvoir au bon moment,
Fleuris nature, bois et champs,
Abreuve le sol assoiffé
D’une eau qui puisse y pénétrer.
10. Ne nous punis pas, bon Seigneur,
Par la famine et par la peur ;
Pardonne-nous tous nos péchés
Dans ton amour et ta bonté.
11. Pitié pour nous par Jésus-Christ,
Qui règne avec toi et l’Esprit ;
Il intercède et prie pour tous :
Détourne ton courroux de nous.
12. Nous ne voulons plus t’offenser,
Mais, Dieu, à toi nous consacrer ;
Console-nous et garde-nous,
Fidèles, saints, heureux de tout.
Texte In grossem Elend kommen wir
Auteur non signalé
Sammlung Geistlicher Lieder
Bouxwiller 1783, n° 591
fr. : Yves Kéler 8.6.2010
Mélodie Wenn wir in höchsten Nöten sein
Johann Baptista Serranus 1567
EKG 282, RA 452, EG 366
(mélodie faite d’après
« Les dix commandements :
Lève le cœur, prête l’aureille »
Guillaume Franc 1543
Erheb dein Herz, tu auf dein Ohren
Strasbourg 1545, RA 185
= O dass doch bald dein Feuer brennte
EKG 219, EG 490)
Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort
Eglise ancienne, Martin Luther, 1543
RA 170, EG 193
fr: : Par ta parole, Dieu Sauveur, ABD 528
Seigneur, c’est toi notre secours
NCTC 237, ARC 544
Affermis-nous par ton Esprit
NCTC 390, ARC 884, ALL 62/74
Le texte
Wenn wir in höchsten Nöten sein
Ce chant a sa source dans le cantique « Wenn wir in höchsten Nöten sein – Quand nous sommes dans les grandes détresses », qui se chantait à toutes les occasions difficiles. Notre chant repart de la strophe 5 : « Drum kommen wir, o Herre Gott, und klagen dir all unsre Not – c’est pourquoi nous venons, ô Seigneur Dieu, Et nous lamentons de notre grande détresse », dont il reprend les mots « kommen wir » et « Not – détresse », qu’il transforme en « Elend –misère », pour aboutir à l’incipit : In grossem Elend kommen wir. Le chant reprend aussi la mélodie de sa source, en sorte que nous avons là une véritable « Nachdichtung – Composition dérivée »
Les deux partie du chant
Ce chant se divise en deux parties, elles-mêmes divisées en deux :
1ère partie :
Str 1 – 2 : une introduction : les fidèles s’approchent de Dieu
Str 3 – 6 : une description de la situation des champs
2e partie :
Str 7 – 9 : une prière pour la pluie
Str 10 – 12 : une confession des péchés et un appel au pardon
La 1ère partie
L’invocation des strophes 1 et 2 rappelle les Psaumes : le peuple se présente devant Dieu et l’implore. La description de la sécheresse est très vivante, malgré un style un peu convenu : le sol sec et crevassé, « aufgerissen », dur comme du bronze, « Erz », les plantes qui ne poussent pas, le « vert » des plantes, « ihr frisches Grün – leur fraîche verdeur », qui s’efface. Les thèmes sont exclusivement agricoles : aucune allusion n’est faite aux animaux et à l’élevage.
Une belle image, probablement issue de la géologie de l’Allemagne : « Für Regen streuet deine Hand Nur Staub und Asche auf das Land – En guise de pluie ta main répand Seules de la poussière et de la cendre .» En Allemagne du Nord et de l’Est, le sol d’origine glaciaire est très sableux et encombré de grosses pierres des moraines. Ces pierres étaient mises de côté et étaient réservées à la construction des châteux et des église, les « Feldstein Kirchen – Eglises en pierres des champs ». Quand le sol devient très sec, il forme une poussière si fine qu’elle coule comme de l’eau : quand on y marche, on dirait des flaques, le sable gicle comme de l’eau.
La 2e partie : le Catéchisme de Luther : « le pain quotidien », « le rejet du péché »
Dans la 2e partie, la prière se développe.
D’abord dans trois strophes introduites par la 4e demande du Notre Père : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien », formulée négativement : « Nimm uns nicht unser täglich Brod ! (sic) – ne nous ôte pas notre pain quotidien ». On retrouve ici le Petit Catéchisme de Luther, dans l’explication du Notre Père : « Que devons-nous entendre par le pain quotidien ? Toutes les choses nécessaires à la nourriture et à l’entretien de cette vie, telles que les aliments, la boisson, les vêtements, les chaussures, les champs, le bétail, l’argent et les autres biens, une femme pieuse, des enfants pieux, des domestiques pieux, des magistrats pieux et fidèles, des saisons favorables, la paix, la santé, l’ordre, l’honneur, de bons amis, des voisins fidèles et d’autres choses semblables » le pain quotidien est donc un concept large, qui englobe toute la vie matérielle et sociale. Les strophes 8 sur les nuages et 9 sur la pluie sur les champs reprennent « les champs » et « des saisons favorables » de l’explication de la 4e demande.
Les strophes 10 à 12 sont une confession des péchés et une demande de grâce,. La strophe 12 reprend également le Catéchisme de Luther, au 6e point : la pénitence et l’absolution. Plus précisément, il s’agit de la fin de la confession des péchés, qui est devenue la 3e demande-réponse des questions posées par le pasteur à l’assemblée ou au fidèle : « Ich will auch mit g¨ttlicher Gnade von Sünden abstehen und mein Leben täglich bessern – Je veux aussi par la grâce de Dieu m’écarter des péchés et améliorer journellement ma vie. »
Ce chant combine harmonieusement les quatre aspects que nous avons relevés.
La mélodie
„Wenn wir in höchsten Nöten sein“ est indiquée par le Bouxwiller 1783, avec justesse, car elle dérive de la mélodie française des „Dix commandements“ de Guillaume Franc 1545, empruntée d’un chant de Strasbourg, et légèrement modifiée par Loys Bourgeois.
En Allemagne, cette mélodie a été employée sous deux formes. L’une, sans changements, sous le nom de « Erheb das Herz, tu auf dein Ohren » selon la traduction allemande d’Ambrosius Lobwasse de 1565.
L’autre est une forme modifiée dans le rythme par Johannes Serranus (1540-1600, cantor à Ansbach/franken et pasteur à Vinzensenbronn bei Fürth), qui a introduit trans formé les vers 1 et 3 de féminins en masculins, par une flexion d’une double note dans la 1ère ligne et une égalisation dans la 3e. Cela donne un caractère retenu et plus mélodie à cette mélodie un peu carrée. L’intérêt de cette mélodie est qu’elle a été placée sur le texte de éponyme de « Wenn wir in höchsten Nöten sein », qui invoque l’aide de Dieu dans les grandes détresses « in grossen Nöten », et s’achève par deux strophes pénitentielles.