DEMEURE PAR TA GRACE (rév) Confiance, Tentation

CONFIANCE

        DEMEURE PAR TA GRACE
        Ach bleib mit deiner Gnade

    Mél : Christus, der ist mein Leben

1. Demeure par ta grâce
    Avec nous, Dieu Sauveur ;
    Quoique l’Ennemi fasse,
    Protège notre cœur.

2. Conserve ta parole
    Parmi nous ici-bas ;
    Qu’elle soit la boussole
    Qui dirige nos pas !

3. Eternelle lumière,
    Que ta vive splendeur
    Nous guide, nous éclaire
    Et nous garde d’erreur !
   
4. Augmente-nous tes grâces,
    Donne-nous ton Esprit :
    Fais-nous suivre les traces
    De ton Fils Jésus-Christ.

5. Quand l’Ennemi s’acharne
    Sur nous, ô Dieu Sauveur,
    Maintiens-nous sur nous ta garde,
    Sois notre Défenseur.
       
6. Garde-nous sous ton aile
    Et demeure à jamais
    Avec nous, Dieu fidèle,
    Pour nous donner ta paix.

   

         Texte        Demeure par ta grâce   
                          LP 184
                          Traduite de Ach bleib mit deiner Gnade 1627
                          Josua Stegmann 1588-1632
                          Rév. et trad. str. 5 : Yves Kéler 2010

         Mélodie    Christus, der ist mein Leben
                          Melchior Vulpius 1609
                          RA 461, EG 516
                          fr. : Demeure par ta grâce
                          LP 184, NCTC 389, ARC 889, ALL 62/78


Le texte

Le texte allemand

        Le texte allemand est un grand classique des chants de consolation. Il est basé sur la parole des disciples d’Emmaüs à Jésus dans Luc 24/29 « Bleibe bei uns, denn es will Abend werden – Reste avec nous, le soir s’approche ». Il en sort l’incipit « Ach bleib mit deiner Gnade Bei uns, Herr Jesu-Christ – O reste avec ta grâce Avec nous, SeigneurJésus-Christ. »  
        Chaque strophe reprend ce « Ach bleib mit… Bei uns », et intercale une des forces du Christ : 1° la grâce, 2° la parole, 3° la lumière, 4° la bénédiction, 5° la protection, 6° la fidélité. La traduction n’a pas repris cette répétition du cadre, mais les forces du Christ sont placées dans chaque strophe.

        Le texte allemand a 6 strophes. Il semble que dans le texte français de 1846, repris par LP 184, on ait fondu la 5e et la 6e en une seule. C’est un exemple de la manière qui apparaît dès le début du XIXe Siècle de raccourcir les chants. Ce mécanisme est appliqué à tous les chants, des Psaumes aux chorals hérités des temps anciens. Le phénomène se poursuit d’ailleurs inexorablement dans les livres récents, de NCT à ARC et ALL, où la plupart des chants sont méthodiquement raccourcis. En effet NCTC 389 et ARC 889 ont ramené le chant à 4 strophes,  ALL l’a ramené à 5 strophes.

Source du texte français

        Le chant français provient probablement des Psalmodies moraves du XVIIe Siècle, qui traduisaient méthodiquement les chorals allemands en français. J’ai trouvé dans l’édition de 1846, éditée à Nîmes, le chant avec 5 strophes, ce qui semble indiquer que les moraves ont eux aussi raccourci le chant, comme il le font pour d’autres dans cette édition. Le chant ne se trouve pas dans les Cantiques spirituels de Strasbourg de 1759 (luthériens), ni dans les suppléments de 1810. Ce qui montre bien que l’origine est chez les moraves.

        En 1850, donc 4 ans après l’édition des Frères moraves de 1846, le chant se trouve dans le Recueil luthérien français de France, dans la même forme. Ce qui montre que les luthériens l’ont pris chez les moraves. Le chant se retrouve dans le Recueil luthérien français de 1923, avec un texte corrigé. C’est ce texte qui sera repris en 1939 par Louange et Prière, qui fusionne les livres luthériens et réformés français. Le chant ne figure pas dans les Recueils des Eglises réformées de France de 1859 et de 1895. La filiation passe donc à l’évidence des Frères moraves aux luthériens français puis au Louange et Prière, et de là à NCTC, ARC et ALL.

        Le texte français affecte tout le chant à Dieu le Père, alors que l’allemand s’adresse au Christ. Ce déplacement surprend, car les traducteurs anciens suivaient d’habitude scrupuleusement le texte original.

Les corrections du texte

        Le texte de 1846 et 1850 a été corrigé en 1923, avec bonheur, avec le même nombre de 5 strophes, et s’est maintenu ainsi dans Louange et Prière. Mais avec NCTC commence une suite de corrections du texte qui en abiment le sens.

        La 1e strophe allemande dit : «  Dass uns hinfort nicht schade Des bösen Feindes List – Afin que la méchant ruse de l’Ennemi ne nous nuise pas » Le Diable est directement visé. Il réapparaît à la strophe 5 : « Dass uns der Feind nicht trutze – afin que l’ennemi ne nous affronte pas. ». Or les correcteurs de NCTC ont supprimé le Diable de la strophe 1, et placé un texte plat : « Que ta parole fasse la paix dans notre cœur », reprenant un bout de la strophe 2 concernant la parole. ARC et ALL reprenne l’Ennemi, avec justesse. Mais on introduit une nouvelle correction sans intérêt à la strophe 4 et à la dernière de même. 

        Par là on introduit aussi une torsion du sens et de la fonction de ce chant : on en fait un chant de sortie du culte, ce que révèle sa position dans ces livres, alors qu’il s’agit d’une prière au Christ de rester avec nous et de nous garder de 6 manières différentes. C’est pour cela qu’en allemand ce cantiques est le « Wochenlied- le chant de la semaine d’Invocavit, en rapport avec la tentation du Christ par l’Ennemi. Il faut absolument laisser ce thème dans le chant.

Le texte correct

        Il me semble que le meilleur texte est finalement l’ancien, auquel il n’y a rien à changer. J’ai ajouté la 5e strophe, à cause de de l’Ennemi.

        On peut employer le chant comme chant à l’intérieur du culte, entre autres comme graduel, en employant les 4 premières strophe. Si on veut garder la tradition de l’emploi comme chant de sortie, il faut prendre les 2 dernières strophes pour cela.