DOUCE NUIT, SAINTE NUIT (trad) Stille Nacht, heilige Nacht, Noël

NOËL

                DOUCE NUIT, SAINTE NUIT
                   (Stille Nacht, heilige Nacht )

                             comprenant
        les 3 strophes habituellement chantées
                 + 3 strophes de l’original

1 = 1 or
1. Douce nuit,  sainte nuit                   Stille Nacht, heilige Nacht,
    Tout s’endort,  veille encor              Alles schläft, einsam wacht
    Dans l’étable Joseph et Marie          Nur das traute hochheilige Paar,
    Près de Bethléhem, dans la nuit,     Das im Stalle zu Bethlehem war,
    Sur l’enfant nouveau-né                  Bei dem himmlichen Kind,
    Sur l’enfant nouveau-né                  Bei dem himmlischen Kind.

2 = 6 or
2. Douce nuit,  sainte nuit,                  Stille Nacht, heilige Nacht,
    Aux bergers  annoncé                     Hirten erst kundgemacht,
    Par les anges: Halléluia!                 Durch der Engel Halleluia,
    Paix sur terre, à Dieu Gloria !          Tönt es laut von fern und nah :
    Le Sauveur nous est né,                 Christ, der Retter, ist da,
    Le Sauveur nous est né !                Christ, der Retter, ist da !

3 = 2 or
3. Douce nuit, sainte nuit,                   Stille Nacht, heilige Nacht,
    Fils de Dieu, né des cieux               Gottes Sohn, o wie lacht
    Dans ta bouche rit l’amour              Lieb aus deinem göttliche Mund,
    Dans tes yeux brille le jour  :          Da uns schlägt die rettende Stund,
    Christ, viens naître en nos cœurs,    Christ, in deiner Geburt,
    Christ, viens naître en nos coeurs!   Christ, in deiner Geburt.

                 Les 3 autres strophes de l’original

4 = 3 or
 
   Douce nuit,  sainte nuit                  Stille Nacht,  Heilige Nacht,
    De là-bas   tu portas                      Die der Welt Heil gebracht
    Au monde un nouveau salut           Aus des Himmels godene H¨hn,
    Plein de grâce par Jésus,                Uns der Gnaden Fülle lässt sehn,
    Homme né parmi nous,                  Jesus in Menschengestalt,
    Homme né pami nous.                   Jesus in Menschengestalt.

5 = 4 or
  
  Douce nuit,  sainte nuit                   Stille Nacht,  Heilige Nacht,
    En ce soir   le pouvoir                     Wo sich heut alle Macht
    De l’amour de Dieu se répand         Väterlicher Liebe ergoss,
    Sur les hommes, ses enfants,         Und als Bruder hulvoll umscloss  
    Dans le monde entier,                    Jesus die Völker der Welt,
    Dans le monde entier.                    Jesus die Völker der Welt

6 = 5 or    

  Douce nuit,  sainte nuit,                  Stille Nacht,  Heilige Nacht,
    Le salut  fut prévu                          Lange schon  uns bedacht,
    Par Dieu dès le commencement :    Als der Herr vom Grimme befreit
    Pour sauver tous les croyants,         In der Väter urgrauer Zeit
    Un enfant nous est né                    Aller Welt Schonung verhiess,
    Le Fils nous est donné !                  Aller Welt Schobnung verhiess.

       Texte:         Stille Nacht, heilige Nacht
                                 Joseph Mohr,  (1818)1838
                                 RA 551, EG 46   
                                 Frs: Douce nuit, sainte nuit
                                        Yves Kéler, 1988,
                                        A partir de l’original et
                                        à partir de diverses traductions

               Mélodie :   Stille Nacht, heilige Nacht
                                 Franz Xaver Gruber (1818) 1838
                                 RA 551, EG 46
                                 Frs: Ailes de la foi 81
                                        Ps et Cant 267
                                        Ensemble (2002) 233
                                        Alléluia 2005  32/30

Le texte

    L’original comprend six strophes, dont on ne chante habituellement que trois.
On trouvera le total du chant à la fin de cet article.

        Ce chant est né en Autriche, de la collaboration d’un prêtre, Joseph Mohr ( 1792 Salzbourg – Wagrain 1848) et d’un organiste et chef de chœur, Franz Xaver Gruber (1787 Hochburg/Inn – 1863 Hallein). Le texte et la mélodie remontent à 1818, trois ans après la chute de Napoléon, et fut publié en 1838. De ce moment, il eut une fulgurante carrière.

        Le chant est souvent déprécié par des remarques négatives quant à son côté romantique, et son style prétendument sirupeux. L’abus commercial de son usage n’arrange pas les choses. Trois points fondamentaux sont à relever :

        1° le texte est une remarquable construction théologique, le plus souvent méconnue, surtout en français, où les traductions sont assez éloignées de l’original.
        2° le chant est à exécuter énergiquement, sur le rythme d’un choral luthérien avec lequel il a d’évidentes ressemblances. Bannir le style traînant et sentimental, qui ne caractérisait pas la musique de 1818. Cette époque est celle de Beethoven et d’un style héroïque, bien sensible dans ses symphonies ( la 9e est de 1822-1824). Si on respecte ces trois aspects, le chant prend une forte résonance.
         3° ce chant reflète l’amour des enfants et l’émerveillement devant cette vie nouvelle. On doit le sentir dans le chant, car la venue du Christ comme un petit enfant touche le cœur. Ce qui ne signifie pas que ce sentiment doive dominer le chant.

        Si on respecte ces trois aspects, le chant prend une forte résonance.

Les trois strophes habituellement chantées

        La première strophe décrit le couple des parents veillant sur l’enfant céleste. Le contraste entre  » l’étable à Bethléhem  » et  » l’enfant céleste  » est voulu : le Fils de Dieu s’anéantit sur terre, à Bethléhem, lieu précis de l’incarnation, dans l’étable, lieu précis de son abaissement. Le tout dans la nuit silencieuse, parce que sainte.  » Heilige Nacht  » est une des appellations de Noël en allemand. Mais c’est un titre pour cette nuit, la seule sainte, les autres étant le royaume des ténèbres où rode le diable,  » cherchant qui il pourra dévorer « . Ici tout est calme, car le Seigneur de la lumière veille dans la nuit, pendant que ses fidèles dorment. On retrouve les offices de la nuit qui mettent l’accent sur la lumière du Christ dans les ténèbres. On a l’exemple des nombreuses hymnes antiques et médiévales du soir et de la nuit :  » O Christ Sauveur, jour lumineux, tu resplendis du sein de Dieu, Tu dissipes l’obscurité, Tu répands sur nous ta clarté « , traduction de Christe, qui lux es et dies, par Richard Paquier (RA f 28 est le seul texte qui correspond à l’original de Paquier. Dans  Ps et Cant 243 et  Alléluia 49/07, on a un texte modifié).

        La deuxième strophe rappelle l’annonce aux bergers,  » erst kundgemacht « , les premiers informés. Allusion aux humbles, entre autres aux bergers des montagnes autrichiennes, les paroissiens qui ont les premiers chanté ce cantique. L’original dit :  » Durch der Engel  Halleluia « , par l’Alléluia des anges. Les anges ont chanté le  » Gloria « , appelé Gloria in excelsis ou Gloria des anges. On attendrait donc  » Durch der Engel Gloria « . Ici il y a la citation du Gloria de Noël, qui s’achève par un ou plusieurs Alléluia. On en a un bon exemple dans RA rot 13 = EG 046 : « Ehre sei Gott in der Höhe und auf Erden Fried und den Menschen ein Wohlgefallen. Halleluia, Halleluia. » Ce gloria se chante sur une mélodie des offices de Noël grégorienne. Les paroisses d’Autriche chantaient ce Gloria à Noël, et tout le monde le savait par cœur. Ce même Gloria est chanté dans différentes paroisses protestantes d’Alsace-Lorraine, entre autres à Sessenheim. L’allusion aux  » Halleluia  » du Gloria était une évidence pour ces paroisses. ( A Sessenheim, ce Gloria est chanté par l’assemblée dans la lecture de l’évangile de Noël, Luc 2/ 8-15, au moment où le lecteur atteint le verset 8)

        La troisième strophe développe le message d’amour du Christ, appelé  » Gottes Sohn « , Fils de Dieu. La parole de Dieu, qui sortira de sa bouche un jour mais que ce bébé ne peut pas encore prononcer, est donnée par le  » rire de sa bouche « . La naissance du Christ nous concerne :  » Da uns schlägt die rettende Stund Christ, in deiner Geburt « , maintenant que sonne pour nous l’heure du salut.

Les trois autres strophes de l’original

      Elles sont moins claires pour le texte, légèrement embrouillé. On comprend qu’elles ont été laissées de côté à l’usage. Elles sont néanmoins aussi intéressantes que les trois autres pour leur contenu théologique, qui peut être traduit en français avec clarté.

        La strophe 3 vise la nuit qui porta au monde le salut et la grâce dans l’incarnation du Fils :  » Jesus in Menschengestalt – Jésus en forme humaine « . Ces trois thèmes se retrouvent dzans le texte français. La strophe 4 vise le pouvoir et l’amour du Père pour les hommes du monde – die Völker der Welt. La strophe 5 est plus complexe dans sa formulation, et dit littéralement :  » Nuit déjà longtemps prévue pour nous, lorsque le Seigneur, délivré de sa colère, dans le temps gris des origines, promit d’épargner toute la terre « . C’est la thèse du salut du monde prévu de toute éternité, puisque Dieu, dans sa prescience, savait déjà que l’homme chuterait et qu’il fallait que le Fils naisse et meure pour racheter l’humanité. J’ai essayé dans la traduction de restituer ces différents thèmes.

La traduction    

       J’ai essayé dans ma traduction, en comparant diverses autres formes, de rendre le plus possible les caractères de ce chant, pour retrouver sa concision, plus proche de la liturgie du culte que de l’évocation romantique qu’on en a faite. Cette dernière est sensible dans le texte de Mélanie Melley 1864. A cette époque, plus de 30 ans après la composition du chant, on était dans une autre époque : celle du sentiment. D’autre part, les milieux protestants, dénués de liturgie et d’appréciation des racines de ce chant, ne pouvaient pas en rendre le caractère d’abord liturgique.

        Mélanie Melley a étendu le chant de Mohr, pour en faire plutôt un cantique en quatre strophes. Son texte s’éloigne fortement de l’original. Elle a repris la répétition finale du chant de Mohr :  » Christ, der Retter, ist da  » et  » Christ, in deiner Geburt « , et l’a étendue aux 4 strophes, sous la forme du  » Car l’Enfant nous est né, Le Fils nous est donné « , de Esaïe 9. Cette proclamation vient également de la liturgie d’entrée du culte de Noël.

L’emploi du chant

devra mettre en avant cette dimension liturgique. Il faudra le placer à un moment précis, en fonction des autres éléments du culte. Par exemple après les annonces et avant l’intercession. Dans une veillée de Noël, ne pas le mette à la fin, comme chant de sortie  » pour faire Noël « , mais dans la deuxième partie du culte, accompagné d’une lecture biblique, telle l’épître de Tite. Il faut que le chant entre dans le mouvement normal du culte, et ne soit pas compris comme une concession aux enfants ou au  » sentimentalisme des familles. »  Rappel de ce qui a déjà été dit :chanter avec allant et décision, comme un cantique classique.  

      
La mélodie

  Elle est construite sur un balancement, et est en fait une valse lente : ne sommes-nous pas en Autriche, pays de la valse ? Le prêtre a écrit le texte en partant de la culture liturgique de sa paroisse, l’organiste a composé sa mélodie en partant de la culture populaire des paroissiens. Cela explique l’immense succès du chant.

        Chaque phrase est double et les motifs se répètent. Cette répétition sous-tend le texte, qui lui aussi répète la structure des vers et les rimes. Le premier membre prépare le second, qu’on sent déjà arriver :

       Douce nuit,
       sainte nuit :                                   répétition simple
       Tout s’endort,
       veille encor :                                  répétition avec descente d’un ton
       Dans l’étable Joseph et Marie,
       Près de Bethléhem, dans la nuit,      répétition simple
       Sur l’enfant nouveau-né
       Sur l’enfant nouveau-né                  répétition du motif, avec descente
                                                           pour  résolution

        Les deux parties sont construites sur le même plan :

                    I    répétition simple
                         répétition avec descente d’un ton
                    II  répétition simple
                         répétition avec descente pour résolution

        Nous avons déjà parlé de la façon de chanter ce cantique. J’y renvoie.

                     TEXTE DANS L’ORDRE ORIGINAL

1. Douce nuit,  sainte nuit                  Stille Nacht, heilige Nacht,
    Tout s’endort,  veille encor             Alles schläft, einsam wacht
    Dans l’étable Joseph et Marie         Nur das traute hochheilige Paar,
    Près de Bethléhem, dans la nuit,    Das im Stalle zu Bethlehem war,
    Sur l’enfant nouveau-né                Bei dem himmlichen Kind,
    Sur l’enfant nouveau-né                Bei dem himmlischen Kind.

2. Douce nuit, sainte nuit,                  Stille Nacht, heilige Nacht,
    Fils de Dieu, né des cieux              Gottes Sohn, o wie lacht
    Dans ta bouche rit l’amour             Lieb aus deinem göttliche Mund,
    Dans tes yeux brille le jour  :         Da uns schlägt die rettende Stund,
    Christ, viens naître en nos cœurs,   Christ, in deiner Geburt,
    Christ, viens naître en nos coeurs!  Christ, in deiner Geburt.

3. Douce nuit,  sainte nuit                  Stille Nacht,  Heilige Nacht,
    De là-bas   tu portas                     Die der Welt Heil gebracht
    Au monde un nouveau salut           Aus des Himmels godene H¨hn,
    Plein de grâce par Jésus,               Uns der Gnaden Fülle lässt sehn,
    Homme né parmi nous,                 Jesus in Menschengestalt,
    Homme né pami nous.                  Jesus in Menschengestalt.

4. Douce nuit,  sainte nuit                  Stille Nacht,  Heilige Nacht,
    En ce soir   le pouvoir                    Wo sich heut alle Macht
    De l’amour de Dieu se répand        Väterlicher Liebe ergoss,
    Sur les hommes, ses enfants,        Und als Bruder hulvoll umscloss  
    Dans le monde entier,                   Jesus die Völker der Welt,
    Dans le monde entier.                   Jesus die Völker der Welt

5 or
    Douce nuit,  sainte nuit,                 Stille Nacht,  Heilige Nacht,
    Le salut  fut prévu                         Lange schon  uns bedacht,
    Par Dieu dès le commencement :    Als der Herr vom Grimme befreit
    Pour sauver tous les croyants,         In der Väter urgrauer Zeit
    Un enfant nous est né                    Aller Welt Schonung verhiess,
    Le Fils nous est donné !                  Aller Welt Schobnung verhiess.

6. Douce nuit,  sainte nuit,                  Stille Nacht, heilige Nacht,
    Aux bergers  annoncé                     Hirten erst kundgemacht,
    Par les anges: Halléluia !                 Durch der Engel Halleluia,
    Paix sur terre, à Dieu Gloria !           Tönt es laut von fern und nah :
    Le Sauveur nous est né,                  Christ, der Retter, ist da,
    Le Sauveur nous est né !                 Christ, der Retter, ist da !