DU POINT OU LE SOLEIL RENAÎT (trad) Christum wir sollen loben schon, Noël

DU POINT OU LE SOLEIL RENAÎT
                  A solis ortus cardine I
          Christum wir sollen loben schon

Mélodie : Christum wir sollen loben schon (à télécharger)

                                             Strophes et lettres    Sources
                                            de  l’original  latin    bibliques

1. Du point où le soleil renaît                      (1, A)  Ps 19/6-7
    Jusqu’aux lieux où il disparaît,                           Ps 113/3
    Il faut louer le Prince Christ,                             Actes 5/31
    Né de Marie, son premier Fils.                          Luc 2/7

2. Le Christ et Verbe, Créateur,                  (2, B)   Jean 1/1,14
    Se fait pour nous un serviteur ;                          Phil 2/7
    Pour sauver la chair par la chair,                
    Il prend un corps, s’offre et se perd.                  Phil 2/9

3. La grâce est entrée dans le corps            (3, C)   Matth 1/20-33
    De la Vierge, étonnant support !
    L’humble Marie porte en secret                
    Un enfant que seul Dieu connaît.

4. La maison pure de son cœur                  (4, D)   I Cor 6/19
    Devient le Temple du Seigneur.                          Ps 10/5
    Celle ainsi qu’aucun n’a touchée                         Luc 1./34
    Bientôt du Christ est accouchée.                        Luc 2/7

5. Conçu du Saint-Esprit, celui                    (5, E)   Luc 1/35
    Que Gabriel avait prédit,                                    Luc 1/26
    Par Jean-Baptiste est salué :                               Luc 1/41,44
    En Marie il l’a visité !                                         Luc 1/39

6. Sur le foin, dans la pauvreté,                   (6, F)  Luc 2/7,16
    Dans une crèche il est couché ;                 
    Un pauvre lait va le nourrir,                       image antique et
    Lui qui ne laisse aucun mourir.                  médiévale : Prov 27/27 ?

7. Le chœur au ciel se réjouit,                      (7, G)  Luc 2/13
    Chantant  » Gloire à Dieu  » dans la nuit,                Luc 2/14
    Et aux bergers est annoncé                                Luc 2/8
    Le Christ Sauveur, le bon Berger.                       Jean 10/11

8. Louange et gloire à toi, Jésus,                  (str. suppl.)
    Qui par Marie nous est venu,
    Avec le Père, avec l’Esprit,
    Dans tous les siècles infinis.   Amen.

            Texte            A solis ortus cardine
                                Caelius Sedulius, vers 430
                                Christum wir sollen loben schon
                                Martin Luther,1524
                                RA 21, pas dans EG
                                fr. : Yves Kéler, 30.12.2004

           Mélodie :         Eglise ancienne, Erfurt 1524
                                Martin Luther l’a simplifiée
                                RA 21

                           Voir sur ce site, sous « Etudes »

                                   « Les chants de Martin Luther »

Le texte

Caelius Sedulius et Martin Luther

        Le texte est de Caelius Sedulius, un poète chrétien latin de la première moité du 5e Siècle. Caelius a certainement connu St Ambroise, mort à Milan en 407, et St Augustin, mort à Hippone en 430. Originaire probablement de l’Italie, il vécut en Grèce, pense-t-on. Ses poèmes sont parmi les meilleurs de l’Eglise ancienne. Luther avait une grande estime pour lui, et traduisit en allemand son chant : A solis ortus cardine (notice biographique de EKG 1951).

Plan du texte

        La première strophe du chant donne déjà tout le programme :

        A solis ortus cartdine                  Du point du lever du soleil,
        Usque terrae limitem                  Jusqu’au bout de la terre,
        Christum canamus Principem,     Chantons Christ, le Prince,
        Natum Maria Virgine.                  Né de Marie, la Vierge.

        Que toute la terre chrétienne ( = nous : canamus) , chante le Christ et son œuvre. Le texte va se développer en trois parties :

        1° la naissance du Christ,  à Noël
        2° l’Epiphanie du Christ, sa manifestation devant les hommes et les disciples.
        3° le ministère, la mort et la résurrection du Christ.

        Plus tard, le chant sera divisé en ces trois parties et réparti sur le temps de l’année de l’Eglise concerné. Ici, nous avons la partie de Noël, telle que Luther l’a fixée (du moins en allemand, car le découpage signalé est probablement plus ancien, si l’on en juge d’après les offices des moines antérieurs à la Réforme). La deuxième partie se chantait pour l’Epiphanie. C’est sous cette forme que nous trouvons ces deux premières parties dans RA et EKG. Je n’ai pas pu trouver comment la 3e partie était employée.

        Cette répartition en trois montre que les trois grandes fêtes de l’Eglise chrétienne, Noël, Epiphanie et Pâques étaient déjà bien fixées, et que la partie du ministère public de Jésus entre l’Epiphanie et la Semaine l’était aussi. Les strophes suivent plusieurs évangiles qui se lisent encore actuellement dans ce cadre.

        Le chant a la particularité d’être alphabétique, et va de la lettre A à Z, selon l’alphabet latin ; qui ne distingue pas le I et le J, ni le U et le V. Cela donne 23 lettres, et donc 23 strophes (l’alphabet français a 25 lettres).

       On a ajouté aux deux parties pour Noël et l’Epiphanie une strophe de Gloria trinitaire. On le remarque au fait que cette strophe sort du cadre des 23 lettres de l’alphabet latin et commence par un I-J. Elle s’adresse au Christ, en l’appelant  » Jesu  » :  » Jesu, tibi sit gloria… « , ce qu’aucune strophe de Caelius ne fait : quand il nomme le Christ, il l’appelle toujours  » Christus « . Enfin, cette strophe de Gloria est à la 2ème personne, alors que toutes les strophes de Caelius sont à la troisième. Il est probable que l’auteur de cette finale a fait tout cela pour qu’on distingue bien le texte de Caelius du sien.

        Dans la traduction du chant, j’ai suivi le latin et l’allemand, car Luther a traduit très soigneusement l’original. Il donne certaines inflexions au texte, qu’on peut reprendre en français. J’ai aussi respecté le fait que Caelius parle toujours du Christ, et que la strophe finale, trinitaire, parle de Jésus. Luther égalise l’ensemble et met  » Christe  » aussi dans la finale.

       Luther a inversé les deux moitiés de la 1ère strophe et fait commencer le chant avec  » Christum canamus Principem – chantons Christ, le Prince  » :  » Christum wir sollen loben schon – Nous devons d’emblée louer le Christ « 

Le découpage en 3 chants

        Voici le plan des trois chants, avec, en gras, le nom sous lequel on les trouvera sur ce site:

1. str 1 à 7     A solis ortus cardine 
                            Christum wir sollen loben schon (Luther)
                                    Du point où le soleil renaît    (Kéler)

2.  str 8 à 14  Hostis Herodes impie
                            Was fürchst du, Feind Herodes, sehr ? (Luther)   
                                    Pourquoi, Hérode, crains-tu tant ? (Kéler)

3.  str 15 à 23 Petrus per undas ambulat
                            allemand ? Luther ?
                                    Sur l’eau Sazint-Pierre a pu marcher  (Kéler)

Les sources bibliques et dogmatiques du texte

        Dans la partie de Noël, Caelius suit essentiellement le récit de Luc. Matthieu n’est employé qu’une fois, dans la strophe 3, qui est entièrement consacrée au récit de 1/20-23. Philippiens 2 apparaît trois fois, comme un commentaire à la fois paulinien et nicéen de la conception et de la naissance du Christ. Il en va de même pour la citation de Jean 1/1 et 14, associée à Philippiens 2.

         » Princeps « , à la 1ère strophe, a une portée double. C’est une citation de Actes 5/31 :  » Touton ho théos archègon kai sôtéra upsôsen tè dexia autou – Hunc principem, et salvatorem Deus exaltavitdextera sua – Dieu a élevé celui-ci comme Prince et Sauveur à sa droite.  » Cette affirmation dogmatique sur le Christ le définit comme Sauveur et gouvernant du monde. Or  » Princeps  » est un des titres de l’Empereur, dès Auguste (63 avant – 14 après J.C). Il est évident que l’auteur des Actes, vers 70-80, savait cela, et aussi Caelius, bien entendu. Ici , au 5e Siècle, est affirmé, en face et en présence de l’empereur, devenu chrétien au 4e Siècle, que le véritable Princeps est le Christ. .

La mélodie

        Elle est très ancienne et remonte peut-être à la fin de l’Antiquité ou au début du Moyen-Age. La forme dans laquelle elle apparaît au 13e Siècle est très belle, somptueuse et raffinée. Luther, ou un de ses collaborateurs, l’a fixée dans une forme simplifiée, accessible à la paroisse. Il est dommage que ce chant tend à se perdre, car il donne une tonalité particulière à un culte de Noël.

        La mélodie est assez facile à apprendre. Si on n’a pas le temps de l’apprendre, on peut lui substituer  » Herr Jesu Christ, dich zu uns wend « , ou, à la rigueur :  » Vom Himmel hoch – Je viens à vous du haut des cieux « . 

Pour la comparaison entre les textes latin, allemand et français, voir la rubrique :

          Chants latins :               A solis ortus cardine 
                                           (Christum wir sollen loben schon)