D’UN ARBRE SECULAIRE (rév + trad ) Es ist ein Ros entsprungen, Noël, Enterrement

NOËL
ENTERREMENT

            D’UN ARBRE SECULAIRE
             Es ist ein Ros entsprungen

                        Esaïe 11/1

      Mélodie : Es ist ein Ros entsprungen
                     D’un arbre séculaire

1. D’un arbre séculaire,              
    Du vieux tronc d’Isaï,
    Durant l’hiver austère,
    Un frais rameau jaillit ;
    Et sur le sol durci,
    Dans la nuit calme et claire,
    Une rose a fleuri.

2. Par la parole ardente
    Du prophète Esaïe,
    Dieu, de sa voix clémente,
    Promettait un Messie,
    Roi de Jérusalem :
    Fils de Marie, la Vierge,
    Il naît à Bethléem.

3. Jésus sans apparence,
    Des pauvres tu es Roi.
    Tu connais nos souffrances,
    Guéris-nous par la foi.
    Nous t’en prions, Seigneur,
    Comble notre espérance
    Pour un monde meilleur.

4. Exauce nos prières,
    Faible Fils du Dieu fort,
    Toi qui pris nos misères,
    Sur la croix, dans ton corps.
    Quand nous devrons mourir,
    Fais-nous franchir la porte
    Du Royaume à venir.

             Texte        Es ist ein Ros entsprungen
                              str1-2 Trèves 1587
                              str 3-4 notées par Friedrich Layrotz 1844
                              EG 271-3, EG 30/1-4
                              frs: D’un arbre séculaire
                              L.Monastier,
                              LP 103,  str 1, 2, 3
                              Rév : Yves Kéler 1973

                              Str 4, trad. Yves Kéler 1973
                              de la 15e strophe allemande :
                                 Wir bitten dich von Herzen
                                 Du edles Kindelein,                
                                 Durch alle deine Schmerzen,  
                                 Wenn wir fahren dahin,       
                                 Aus diesem Jammertal,          
                                 Du wollest uns geleiten
                                 Bis in der Engel Saal.

                             
             Mélodie      Es ist ein Ros entsprungen
                              16e S., Livre catholique de Cologne, 1599
                              mise en forme : Michael Praetorius,
                              dans ses Cansiones Sioniae 1609
                              fr. : D’un arbre séculaire
                                    LP 103, NCTC 167, ARC 351, ALL 32/16

Le texte

        Le texte de ce cantique en français comprend d’ordinaire trois strophes. C’est ce que donne LP 103, NCTC 167 et ARC 351.

a.  la composition du texte original

   En fait, le texte est plus long et surtout plus compliqué. On trouvera à la fin de ce commentaire un texte allemand, tel que je l’ai trouvé dans une forme de 16 strophes, qui semble contenir les différentes parties du chant. (d’après EKG Biblischen Quellen der Lieder, p. 62, l’original aurait 23 strophes) Si on étudie ce texte, on peut faire les constatations suivantes :

a.   Il semble qu’il ait eu une racine de quelques strophes, probablement les strophes 1 et 2, qui remontent à Trèves 1587. Ce texte paraît complet, car il se termine sur la naissance du Christ. C’est ce que Praetorius a senti : il a ramené son texte à ces deux premières strophes, aux quelles il a ajouté la prière finale de  » Wir bitten dich von Herzen « . Cette dernière se trouve déjà dans le recueil catholique de Cologne 1599. 

b.   De la strophe 3 à la 11, démarre une Visitation introduite par l’évangéliste Luc, présenté comme un récitant. Ce texte termine avec la grossesse de Marie..
    
c.  De la strophe 12 à 13, se développe une Nativité, qui était peut-être la suite de la Visitation, mais semble avoir quelques différences de style qui seraient l’indice d’un autre auteur. Elle se termine par la naissance du Christ.

       On a donc deux , ou trois, fragments successifs, se terminant par la naissance de Jésus.

d.  La strophe 14 forme un Gloria simple, en deux lignes, qui rappelle ceux qui achèvent d’ordinaire les cantiques dérivés des hymnes latines, qui finissent toujours par un Gloria Patri, légèrement étendu pour tenir dans les 4 vers de la strophe. Ce gloria est suivi de deux prières, l’une à la Vierge, l’autre à l’enfant Jésus.

e.   La strophe 15 forme une première prière, très belle :  » Wir bitten dich von Herzen « . RA 27 la donne comme strophe finale. Elle est traduite dans la 4e strophe du français.

f.    La strophe 16 est une nouvelle prière, d’une autre origine, laborieuse et un peu lourde de style. Elle commence par un commentaire du  » Amen  » final des cantiques et des hymnes latines, qui rappelle le célèbre commentaire de Martin Luther à la fin de son  » Vater unser im Himmelreich – Dieu Notre Père dans les cieux. ». ( On peut d’ailleurs se demander si cette strophe n’a pas subi l’influence de Luther. Celui-ci dit :  » Amen, das ist es werde wahr,… So sprechen wir das Amen fein « . La strophe 16 dit:  » So singen wir all  » Amen « ,  Das heisst : Nun wird es wahr « . A moins qu’une telle formulation, usuelle à l’époque, aurait fourni le modèle aux deux auteurs) 

        RA 27 donne trois strophes, en réunissant les deux premières strophes retenues par Praetorius, qui suit le thème du  » Röslein « , et la prière au Christ, de 1599:  » Wir bitten dich von Herzen « . C’est une bonne formule : en associant ces deux parties poétiquement et textuellement parfaites, on garde au texte sa concision et son unité.

       EG 30 en revanche, est formé de quatre strophes, regroupées autour du leit-motiv  » das Blümlein « , selon le choix de Layritz 1844 pour les strophes 3 et 4. Ce qui donne un caractère assez différent du texte de RA : moins concis, mais plus méditatif. Le thème de la souffrance et de la mort est plus accentué dans cette forme. Les deux formes permettent l’emploi du chant dans un enterrement pendant le temps de Noël.

        Ce texte composite a connu d’autres variantes de strophes, selon les livres catholiques, qui accentuaient la mariologie, et les livres protestants, qui l éliminaient. Le texte de Praetorius recentre sur le Christ et le désigne clairement comme la fleur née du rejeton, qui est Marie. Ce qui nous amène à la question suivante :

b. qui est la rose ?

  Esaïe parle d’un  » rejeton de la racine de Jessé « . C’est l’image, soit  de la souche de l’arbre coupé qui produit des rameaux nouveaux à partir de l’écorce restée vivace, soit de l’arbre vieillissant et mourant, qui depuis ses racines jette des pousses nouvelles. Quoi qu’il en soit, l’image vise la venue d’un roi nouveau, qui ne provient pas du tronc des rois descendants charnellement de David, mais sortant directement de la racine d’Isaï, le père de David. Ce  » rameau parallèle  » formera un David bis, qui sera le véritable roi, le messie.

       Dans les évangiles de Matthieu 1/1-17 et de Luc 3/23-38, nous trouvons les généalogies de Jésus. Celle de Luc passe par Joseph, indirectement :  » Etant, comme, on le croyait, fils de Joseph « , alors que celle de Matthieu passe directement par Marie. Le cantique de Cologne 1599 se rattache à cette tradition matthéenne. Mais, au lieu de faire directement de Jésus le rejeton, il crée une étape supplémentaire en faisant de Marie ce rameau, duquel une fleur naîtra, Jésus. S’ajoute le fait d’un jeu de mot en allemand entre  » Reis « , le rameau, et  » Ros « , la rose, avec leurs diminutifs  » Reislein  » et  » Röslein « . Le texte dit :  » Es ist ein Ros entsprungen » : ici  » Ros  » est à l’évidence la substitution de  » Reis « . cette  » Ros = Reis  » produit ein  » Blümlein – petite fleur « .

        Qui est cette petite fleur ? Les livres catholiques disent : Marie. Voici le texte de la strophe 2, dans   » Louange à Dieu  » , LàD 812, livre du docèse de Strasbourg, 1975, dont le texte est déclaré de Mainz 1585 et Cologne 1599 :

         » Die Rose die ich meine,                  La rose que j’évoque
          Davon Isaias sagt,                         Dont parle Esaïe,
          Maria ist’s die reine,                       C’est Marie, la pure,
          Die uns das Blümlein bracht.           Qui nous a donné la petite fleur;
          Aus Gottes ewgem Rat,                  Par décision éternelle de Dieu,
          Hat sie ein Kind geboren,                Elle mit au monde un enfant,
          Und blieb doch reine Magd « ..         Et resta pourtant Vierge pure.

         Ici, Marie est  » la rose – qui produit une petite fleur – qui est Jésus « . Cette strophe, au style lourd et laborieux, est en fait un commentaire de la première :  » die Rose  » reprend  » Ros = Reis « , et  » das Blümlein  » précise  » ein Blümlein. « 

        Praetorius a génialement ramené ce texte centré sur Marie vers le Christ :

          » Das Röslein, das ich meine,           La petite rose que j’évoque,
           Davon Jesaja sagt,                        Dont parle Esaïe,
           Hat uns gebracht alleine                Nous a donnée seule
           Marie, die reine Magd.                  Marie, la pure servante.
           Aus Gottes ewgem Rat,                Par décision éternelle de Dieu,
           Hat sie ein Kind geboren               Elle mit au monde un enfant,
           Wohl zu der halben Nacht.            Exactement à minuit.

       Cette forme me paraît la meilleure : le  » Ros=Reis  » reste Marie, le  » Röslein – petite rose  » (ou «  Blümlein – petite fleur « ), est Jésus. L’image d’Esaïe a été développée, avec le rameau intermédiaire de Marie, repris de la généalogie, mais le tout reste bibliquement juste. 

c.  la traduction de L.Monastier

  Elle date de 1926, selon les tables de LP 103. Elle suit à l’évidence la forme de Praetorius, en trois strophes. La troisième strophe reproduit une prière finale qui semble différente de la strophe 15  » Wir bitten dich von Herzen « . Il existe en effet des variations pour cette prière finale, composées probablement plus tard. C’est ce qui m’a amené à ajouter au texte de Monastier une quatrième strophe.

La mélodie

  Elle est aujourd’hui dans la forme de Praetorius. L’original est de Cologne 1599.

        Elle a la particularité de répéter trois fois le même motif : 2 fois en entrée, avec une blanche, marquant un mouvement de marche lente, très net dans le deuxième et le quatrième vers. Et une fois à la fin, avec une noire, dans la partie qui accélère. A la fin, le motif ralentit et le dernier vers reprend le rythme des deux premiers. Une étonnante économie de moyens, qui donne une atmosphère calme, par un mouvement tournant à l’intérieur du même thème.

        Il faut donc bien respecter ce rythme. Par chance, LP 103 a donné tout de suite le bon rythme, au contraire de certains livres, qui proposent un rythme égalisé sans blanches. LàD propose cette variante à côté de l’original. NCTC 167 et ARC 351 ont repris ce bon rythme, ainsi que Alléluia 32/16. Ce livre reprend le texte de EG pour la version allemande : elle ne correspond au français de L.Monastier.

                         TEXTE ORIGINAL ALLEMAND
                  ( révision par Yves Kéler pour chantabilité )

                 ES IST EIN ROS ENTSPRUNGEN

  Marienlied,15. Jhdt, Catholisches Gesangbuch Köln 1599
     Zu Christuslied von Michael Prätorius umgedichtet, 1609

             Kann folgender Art gesungen werden:

           A: Gemeinde oder ganze Gruppe oder Chor
           I : 1. halbe Gemeinde oder Gruppe oder Chor
           II: 2. halbe Gemeinde oder Gruppe oder Chor

A.    1. Es ist ein Ros entsprungen 
            Aus einer Wurzel zart,
            Wie uns die Alten sungen,  
            Aus Jesse kam die Art,
               Und hat ein Blümlein bracht, 
               Mitten im kalte, Winter,
               Wohl zu der halben Nacht.

A    2. Das Reislein das ich meine,  (Röslein)
           Das uns das Blümlein bracht     
           Ist Mari-a, die reine, 
           Von der Jesaja sagt;
                Nach Gottes ewgem Rat,
                Hat sie ein Kind geboren
                Und bleibt doch reine Magd.

I     3.  In seinem Buch vermerket 
           Lukas mit treuer Hand,
           Wie Gabriel, der Engel,  
           Vom Himmel ward gesandt
               Zu einer Jungfrau fein,
               Die Gott sich auserwählte:
               Sie sollte Mutter sein.

II    4.  Dem Engel war es eilig; 
           Er fuhr ins jüdisch Land
           Gen Nazareth. Andächtig,
           Mari-a er da fand
                In ihrem Kämmerlein.  
                Er sprach sie an so freundlich:     (ganz)
               » Gegrüsst sei, Jungfrau rein! 

I     5.  « Gnad ist dir widerfahren,
           Der Herr will mit dir sein.
           Hoch über alle Frauen  
           Will er dich benedein »
                Die Jungfrau ed’l und zart,
                Vom Engel so begrüsset,       
                Wie sie erschrocken ward!

II     6. « Du sollst dich nicht entsetzen,
            O Jungfrau, sprach er schon! 
            Mein Wort lass dich ergötzen:
            Ich komm aus Himmels Thron
                Froh’ Botschaft bring ich dir:
                Bei Gott hast du gross Gnade
                Gefunden, glaube mir! »

A.   7.   » Ein Kindlein wirst du tragen    
            In deinem keuchen Leib,
            Davon die Schriften sagen,  
            Wirst überselig Weib!
                Sein Nam ist Jesus Christ:
                Der Herr will ihm verleihen
                Seins Vaters David Sitz. »

I      8.  Da sprach die Jungfrau reine,  
            Ganz einfach, mit Verstand:
            « Wie soll mir das geschehen, 
            Kein Mann ist mir bekannt? »
                Der Engel sprach zu ihr:
                « Dies Wunder wird verschaffen
                Der Heilig Geist an dir »

II     9. « Es wird dich überschatten    
            Des Allerhöchsten Kraft
            Der Heilig Geist zustatten
            Wird zeigen seine Macht, 
                Denn dieses Kindlein schön,
                Das von dir wird geboren,
                Ist Gottes ewger Sohn. »

I     10. Da sprach mit Feud und Wonne  
            Die edle Jungfrau rein,
            Als sie vernahm, sie solle  
            Sein Mutter unsres Herrn:
                 » Mir geh wie du gesagt:
                Ich will Gott gerne dienen
                Und sein des Herren Magd! »

II    11. Aus Gottes Geistes Kräften
            Mari-a bald empfing
            Den ewgen Himmelsfürsten:
            Schaut an das Wunderding !
                Neun Mond er bei ihr war;
                Sie wurde Gottes Mutter.
                Auch Joseph freut sich gar !

A.  12. Wohl zu denselben Zeiten,
            Der starke Fürst und Held
            Augustus, römisch Kaiser, 
            Wollt zählen alle Welt:
                Den Zins von allen nahm.    
                So Joseph mit Mari-a
                Auch nach Bethlehem kam.

I    13.  Herbergen waren teuer,             
            Sich fand kein Aufenthalt
            Als eine alte Scheuer; 
            Da war die Luft sehr kalt.
                Noch in der selben Nacht
                Marie gebar den Fürsten,
                Der Frieden hat gebracht.

                      Strophe d’une autre source : LàD 812/3
             13a   Den Hirten brachte Kunde
                      Davon der Engel Heer,    
                      Und sagte, wo zur Stunde
                      Christus geboren wär;
                      Zu Bethlehem im Stall
                      Dort sie das Kindlein fanden,
                      Gar hoch sich freuten all.

II    14. Lob Ehr sei Gott, dem Vater, 
             Dem Sohn und Heilgem Geist.
             Mari-a, Gottes Mutter,
             Dein Kind uns Hilfe leist:
                Erhör uns, Kindelein,
                Dass Gott durch deine Güte
                Uns gnädig will verzeihn.

        
A    15. Wir bitten dich von Herzen, 
             Du edles Kindelein,                
             Durch alle deine Schmerzen,  
             Wenn wir fahren dahin,       
                Aus diesem Jammertal,          
                Du wollest uns geleiten
                Bis in der Engel Saal.

A    16. So singen wir all « Amen »,  
             Das heisst: « Nun wird es wahr! »,      
             Und bitten dich zusammen:  
             « Herr Jesu, hilf uns gar          
                In deines Vaters Reich;     
                Da wollen wir dich loben.
                O Gott, uns das verleih ! 

                        ( ist Vers 15 ein zusätzlicher Vers,
                                der nicht von Prätorius wäre ?
                             ist Vers 16 ein zweiter zusätzlicher Vers,
                                oder der Abschlussvers des Originals ? )

           Texte :      Es ist ein Ros entsprungen
                            Catholisches Gesangbuch Köln 1599,
                            nach « WWW. Hymncarolsofchristmas.com »
                            rev: Yves Kéler, 15.12.2004

           Melodie:    Es ist ein Ros entsprungen,
                            Catholisches Gesangbuch 1599
                            Michael Praetorius, 1609, Cansiones Sioniae
                            RA 27, EG 30-31