EDIFICE DE CE MONDE, TU PLAIRAS A QUI TU VEUX (trad) Du, o schönes Weltgebäude Mort, Enterrt tt

MORT
ENTERREMENT



                  EDIFICE DE CE MONDE, TU PLAIRAS A QUI TU VEUX tt
                    Du, o schönes Weltgebäude, Magst gefallen, wem du willst

                              Mélodie : Alle Menschen müssen sterben I
                                            Jesu, meines Lebens Leben

1. Edifice de ce monde,

    Tu plairas à qui tu veux,

    Mais ta verve, ta faconde

    Sont perfides comme un feu.  

    Moi, tous ceux qui tant détestent

    Le Seigneur et le délaissent,

    Je les laisse à leur bonheur

    Et me tiens à toi, Sauveur.

2. Ceux que le travail épuise

    Et que brûle le soleil,

    Veulent que la nuit réduise

    Le temps jusqu’à leur réveil,

    Pour qu’après l’effort déposent

    L’âme et le corps toute chose

    C’est mon vœu et mon bonheur.

    D’être près de toi, Sauveur.

3. D’autres veulent que les vagues

    Les propulsent sous les vents

    Et que les tempêtes narguent,

    Forgent, leur tempérament.

    Vers le ciel, moi je m’envole

    Sur la foi et sur ses ailes

    Vers mon éternel bonheur

    Près de toi, mon bon Sauveur.

4. Je me plais donc à redire,

    Et le dirai mille fois,

    Qu’à ma tombe l’on me livre

    Pour dormir sous une croix.

    Ma meilleure part, mon âme,

    Libre de son corps réclame

    De trouver son vrai bonheur

    Près de toi, mon doux Sauveur.

5. Viens, ô mort, sommeil, mon frère !

    Viens donc et m’emporte au loin ;

    Que ma barque quitte terre

    Vogue vers le port certain !

    Si d’aucuns ici te craignent,

    Mort, j’attends que je rejoigne

    Le Royaume et son bonheur,

    Près de toi, mon bon Sauveur.

6. Que les liens du corps se brisent,

    Que je parte ce jour d’hui,

    Pour la terre un jour promise

    De la paix et de la vie,

    Là je veux, avec les anges,

    Chanter toute ta louange ,

    Te louer pour le bonheur

    D’être près de toi, Sauveur.

7. Si je ne suis pas encore

    Dans les saints parvis des cieux

    Pour en traverser les portes

    Mais ici, dans ces bas-lieux,

    Au combat dans les épreuves,

    Il faut que l’esprit s’élève

    Pour garder le grand bonheur

    D’être auprès de toi, Sauveur. 

1. Du, o schönes Weltgebäude,

magst gefallen, wem du willst;

ist doch deine eitle Freude

stets mit lauter Angst umhüllt.

Denen, die den Himmel hassen,

will ich ihre Weltlust lassen;

mich verlangt nach dir allein,

lieber Herr und Heiland mein!

2. Müde, die der Arbeit Menge

und der heiße Strahl beschwert,

wünschen, daß des Tages Länge

werde durch die Nacht verzehrt,

daß sie nach so vielen Lasten

könnten sanft und süße rasten.

Mein Wunsch ist, bei dir zu sein,

lieber Herr und Heiland mein!

3. Andre mögen durch die Wellen

und durch Wind und Klippen gehn,

ihren Handel zu bestellen,

und da Sturm und Not bestehn;

ich will auf des Glaubens Schwingen

aufwärts in den Himmel dringen,

ewig da bei dir zu sein,

lieber Herr und Heiland mein!

4. Tausendmal pfleg´ ich zu sagen

und noch tausendmal dazu:

Würd´ ich doch ins Grab getragen,

o so käm´ ich ja zur Ruh,

und mein bestes Teil das würde,

frei von dieses Leibes Bürde,

dort im Himmel bei dir sein,

lieber Herr und Heiland mein!

5. Komm, o Tod, des Schlafes Bruder,

komm und führe mich nur fort!

löse meines Schiffleins Ruder,

bringe mich zum sichern Port!

Mag, wer immer will, dich scheuen,

mich vielmehr kannst du erfreuen,

denn durch dich komm´ich hinein

zu dem lieben Heiland mein.

6. Ach daß ich des Leibes Bande

heute noch verlassen müßt,

käme zum gelobten Lande,

wo das Haus des Friedens ist!

Da wollt´ ich in heilgen Chören

mit den Engeln dich verehren,

rühmen deinen Gnadenschein,

lieber Herr und Heiland mein!

7. Doch weil ich die Friedensauen

und den goldnen Himmelssaal

jetzt nicht kann nach Wünschen schauen,

sondern muß im Tränental

noch im Prüfungskampfe leben,

soll mein Geist sich doch erheben,

unterdessen bei dir sein,

lieber Herr und Heiland mein!

Autre strophe, donnée comme la 3e par le « Colmarisches Lobopfer » de 1722

Si pour réchauffer mon âme

Je pouvais entre tes bras

Me placer près de ta flamme,

Je ne préférerais pas

L’or fin que d’Ophir on tire

A la place où tu m’attires

Et où je me sens si bien,

Doux Jésus, là dans ton sein

Ach ! möcht ich in deinen Armen

So wie ich mir wünschen wollt,

Allerliebster Schatz, erwarmen,

So wollt ich das feinste Gold,

Das in Ophir wird gegraben,

Nicht für dies’ Ergötzung haben,

Wann ich könnte bei dir sein,

Allerschönstes Jesulein.

Traduction française

1. Edifice de ce monde,
Tu plairas à qui tu veux,
Mais ta verve, ta faconde
Sont envenimées de peur. feu
Moi, tous ceux qui tant détestent
Le Seigneur et le délaissent,
Je les laisse à leur bonheur
Et me tiens à toi, Sauveur.

2. Ceux que le travail épuise
Et que brûle le soleil,
Veulent que la nuit réduise
Le temps jusqu’à leur réveil,
Pour qu’après l’effort déposent
L’âme et le corps toute chose
C’est mon vœu et mon bonheur.
D’être près de toi, Sauveur.

3. D’autres veulent que les vagues
Les propulsent sous les vents
Et que les tempêtes narguent,
Forgent, leur tempérament.
Vers le ciel, moi je m’envole
Sur la foi et sur ses ailes
Vers mon éternel bonheur
Près de toi, mon bon Sauveur.

4. Je me plais donc à redire,
Et le dirai mille fois,
Qu’à ma tombe l’on me livre
Pour dormir sous une croix.
Ma meilleure part, mon âme,
Libre de son corps réclame
De trouver son vrai bonheur
Près de toi, mon doux Sauveur.

5. Viens, ô mort, sommeil, mon frère !
Viens donc et m’emporte au loin ;
Que ma barque quitte terre
Vogue vers le port certain !
Si d’aucuns ici te craignent,
Mort, j’attends que je rejoigne
Le Royaume et son bonheur,
Près de toi, mon bon Sauveur.

6. Que les liens du corps se brisent,
Que je parte ce jour d’hui,
Pour la terre un jour promise
De la paix et de la vie,
Là je veux, avec les anges,
Chanter toute ta louange ,
Te louer pour le bonheur
D’être près de toi, Sauveur.

7. Si je ne suis pas encore
Dans les saints parvis des cieux
Pour en traverser les portes
Mais ici, dans ces bas-lieux,
Au combat dans les épreuves,
Il faut que l’esprit s’élève
Pour garder le grand bonheur
D’être auprès de toi, Sauveur.


Texte Du, o schönes Weltgebäude
Johann Franck 1618-1677
fr. : Yves Kéler 3.4.2014 Bischwiller

Mélodie :

Alle Menschen müssen sterben I
Christoph Anton 1643, 1681
EKG 329, RA 460, EG 639
fr : Parfait et vivant modèle
LP 282
Saint-Esprit, Dieu de lumière
NCTC , ARC 507, ALL 35/07

Mélodie

Jesu, meines Lebens Leben
Claus Wessnitzer 1661
1629 – 1697 Celle
EKG 65, RA 75, EG 86

Le texte

Le texte est de Johann Franck, auteur de « Jesu, meine Freude » et de « Schmücke dich , o liebe Seele », chefs-d’œuvre universellement connus. On retrouve ici la mystique luthérienne du « être en Jésus », sans son corollaire de « Jésus en moi. » Le couple mystique est d’ordinaire à deux faces : « Toi en loi, moi en toi », selon le Cantique des cantiques. Ici on trouve seulement la deuxième face « moi en toi. »

Johann Franck place cette idée à chaque fin de strophe, à l’avant-dernier vers (sauf strophes 5 et 6), dans la formulation : « in/bei dir allein/zu sein – en/près de toi seul/être. » Le dernier vers répète « lieber Herr und Heiland mein – Bon Seigneur et mon Sauveur. » J’ai traduit ces termes par le mot « bonheur » et « près de toi Sauveur. » j’ai fait le choix de garder « Heiland – Sauveur », et de laisser « Herr – Seigneur », ne pouvant conserver les deux pour des raisons de place. En effet, la pensée de Franck donne plus d’importance au Sauveur qu’au Seigneur, car ici il en va de ma mort et de mon salut, donc plus de l’œuvre du Sauveur actif que la présence passive du Seigneur.

On retrouve le classique mépris du monde et le rejet des mondains. Egalement le repos de la nuit après le travail harassant, qui fait oublier les soucis et raccourcit le temps conscient, rempli de peine et d’effort. Le sommeil est comme une évasion du réel, nécessaire à la survie. Les prisonniers ont souvent mis l’accent sur ce point. A la strophe 5, la mort (masculin en allemand) est appelée « des Schlafes Bruder – Frère du sommeil », l’analogie de la position couchée et de l’inconscience induisant cette formulation. Dans la même strophe, le passage de la mer de Galilée par Jésus et ses disciples est rappelé, comme symbole du passage de cette vie terrestre à la céleste sur l’autre rive. La libération de l’âme de son corps, lui permettant de rejoindre le Christ et le Royaume, est indiquée aux strophes 4 et 6.

Remarquez que le nom de Jésus n’est jamais cité. Seuls ses deux titres de « Herr – Seigneur » et « Heiland – Sauveur » sont utilisés. Alors que dans « Schmücke dich, o liebe Seele » les mots « Jesus » et « Herr » le sont, mais pas « Heiland – Sauveur. » Dans « Jesu, meine Freude », seul « Jesus » est employé, « Herr et Heiland » non. Cela montre que Franck, comme beaucoup d’auteurs classiques, attache un soin particulier au choix des tituilatures du Christ, pour rester dans le même chant théologique. « Jesus » est une personne, alors que « Herr » et « Heiland » sont des fonctions et des titres. Le type de relation mystique sera autre avec une personne et avec un personnage.


Texte original allemand

1. Du, o schönes Weltgebäude,
magst gefallen, wem du willst;
ist doch deine eitle Freude
stets mit lauter Angst umhüllt.
Denen, die den Himmel hassen,
will ich ihre Weltlust lassen;
mich verlangt nach dir allein,
lieber Herr und Heiland mein!

2. Müde, die der Arbeit Menge
und der heiße Strahl beschwert,
wünschen, daß des Tages Länge
werde durch die Nacht verzehrt,
daß sie nach so vielen Lasten
könnten sanft und süße rasten.
Mein Wunsch ist, bei dir zu sein,
lieber Herr und Heiland mein!

3. Andre mögen durch die Wellen
und durch Wind und Klippen gehn,
ihren Handel zu bestellen,
und da Sturm und Not bestehn;
ich will auf des Glaubens Schwingen
aufwärts in den Himmel dringen,
ewig da bei dir zu sein,
lieber Herr und Heiland mein!

4. Tausendmal pfleg´ ich zu sagen
und noch tausendmal dazu:
Würd´ ich doch ins Grab getragen,
o so käm´ ich ja zur Ruh,
und mein bestes Teil das würde,
frei von dieses Leibes Bürde,
dort im Himmel bei dir sein,
lieber Herr und Heiland mein!

5. Komm, o Tod, des Schlafes Bruder,
komm und führe mich nur fort!
löse meines Schiffleins Ruder,
bringe mich zum sichern Port!
Mag, wer immer will, dich scheuen,
mich vielmehr kannst du erfreuen,
denn durch dich komm´ich hinein
zu dem lieben Heiland mein.

6. Ach daß ich des Leibes Bande
heute noch verlassen müßt,
käme zum gelobten Lande,
wo das Haus des Friedens ist!
Da wollt´ ich in heilgen Chören
mit den Engeln dich verehren,
rühmen deinen Gnadenschein,
lieber Herr und Heiland mein!

7. Doch weil ich die Friedensauen
und den goldnen Himmelssaal
jetzt nicht kann nach Wünschen schauen,
sondern muß im Tränental
noch im Prüfungskampfe leben,
soll mein Geist sich doch erheben,
unterdessen bei dir sein,
lieber Herr und Heiland mein!