SAINTE CENE
JE TE BENIS, JESUS ! MA VIE EST PLEINE to
Adoro te devote, latens Deitas,
St Thomas d’Aquin
Mélodie : Dieu tout-puissant, ô Seigneur adorable Ps 8
= Mon coeur rempli des biens que Dieu m’envoie
1. Je te bénis, Jésus ! Ma vie est pleine
De tant de dons qui viennent de ta Cène.
Mon cœur t’attend et se soumet entier,
Il s’ouvre à toi : viens-y pour l’habiter !
2. Lorsque j’entends prononcer tes paroles,
J’apprends que par ces dons tu me consoles :
Je vois ton corps, qui s’offre dans ce pain,
Je vois ton sang, figuré dans ce vin.
3. Sur la croix ta divinité s’efface,
Ici ton humanité n’a pas place.
Tu viens à moi, Jésus, crucifié,
Je te reçois en Christ ressuscité.
4. Je n’ai pas vu la plaie de ta poitrine,
Comme Thomas, ni les trous des épines,
Mais je te dis : » Mon Dieu et mon Seigneur,
Accrois l’espoir et la foi dans mon cœur ! «
5. Jésus, que ta mort reste en ma mémoire,
Par le pain rompu, par ton sang à boire.
Donne à mon âme en paix le grand bonheur
De t’accueillir, pour vivre en toi, Seigneur.
6. Saint Pélican, qui offres par tendresse
Aux tiens ton sang et qui n’a pas de cesse
Qu’ils soient nourris du don ta bonté,
A ton autel pardonne mon péché !
7. Ici, je te vois comme à travers un voile :
Laisse-moi voir, à ta table royale,
Dans ton Royaume, ta face au grand jour
Et là contempler ta gloire à toujours. Amen.
(sur deux notes)
Texte : Adoro te devote, latens Deitas
St Thomas d’Aquin (1225 Aquino, près de Naples, –
1274 Fossa Nova, Italie)
Sources latines et
chants eucharistiques catholiques romains
frs : Yves Kéler, 13.3.2006
Mélodie : Dieu tout puissant , ô Seigneur adorable
Ps 8 Loys Bourgeois 1542
LP 5/Ps8, NCTC 8, ARC 8, ALL 8
RA alld 255, EG 271
= Mon cœur rempli des biens que Dieu m’envoie
Magnificat, de Bénédict Pictet 1705
LP 88, RA f 17 rouge
J’exalte Dieu et chante d’allégresses
NCTC 154, ARC 171, ALL 14/01
Commntaire commun à tous les chants de St Thomas d’Aquin
Saint Thomas d’Aquin et ses chants
St Tomas d’Aquin, 1225-1275, est un des plus grands théologiens de la chrétienté. Disciple d’Albert le grand, qui était un génie universel, Thomas devint un des grands professeurs de la Sorbonne de Paris. Il a écrit de nombreux livres, dont le plus connu est la Somme Théologique.
En tant que dominicain, de l’Ordre des Prêcheurs né de la lutte contre les Albigeois, il fut aussi engagé dans la vie de l’Eglise et dans la piété de son temps. Cela l’a amené à composer des chants. En particulier pour la messe, qui sont devenus des classiques de la liturgie catholique romaine.
Parmi ceux-ci, il faut citer :
1. Adoro te, latens Deitas
Je t’adore, Déité (= nature divine) cachée
2. Factus cibus viatorum
Devenu la nourriture des pèlerins
3. Lauda Sion, Redemptorem
Loue, Sion, le Redempteur
4. Pange, lingua, gloriosi corporis mysterium
Chante, ô langue, le mystère du corps glorieux
5. Supernum Verbum prodiens a Patre
Verbe d’en haut venu du Père
6. Tantum ergo sacramentum
Si grand est le sacrement
associé au Pange, lingua
Sont traduits sur ce site, sous le nom suivant :
1. Adoro te :
Je te bénis, Jésus ! Ma vie est pleine
2. Pange, lingua
Ma langue, chante Jésus-Christ str 1-4
6. Tantum sacramentum
Si grand donc est ce sacrement str 5+6 du précédent
5. Supernum Verbum
Verbe éternel venu des cieux, dans ABD 539
Ce dernier chant a été traduit en allemand par Rudolf Alexander Schroeder, en 1932-34, sous le nom de » Das Wort geht von dem Vater aus « , RA 291, EG 223.
Théologie des chants de St Thomas d’Aquin
De ses textes se dégagent trois sources, qui s’expriment dans un mouvement dynamique et précis, formulé dans une poétique excellente. 1° la source biblique, 2° la source dogmatique, dominée par la transsubstantiation, 3° la source de la piété personnelle et du peuple de l’Eglise. Les thèmes bibliques et ceux de la piété ne posent pas problème aux protestants. Au contraire, les formulations de Thomas sont différentes des expressions habituelles des protestants, surtout français, et apportent des idées et des images nouvelles.
En revanche, la transsubstantiation matérielle n’est pas acceptée par les Réformateurs. Luther soutient la consubstantiation, Calvin la représentation. Thomas d’Aquin va dans le sens de la présentation, c’est-à-dire que dans le pain et le vin sont présentés matériellement, physiquement et réellement le corps et le sang du Christ. Pour Luther, le corps et le sang du Christ ne prennent pas la place du pain, ils s’y associe. Pour Calvin, le corps et le sang du Christ sont présents réellement dans la Cène, spirituellement, mais pas nécessairement rattachés au pain et au vin. Ces nuances ne sont pas que subtiles. Elles sont décisives. Entre es catholiques romains et les protestants, la différence est insurmontable : pour les catholiques, pain et corps, et et sang s’identifient, pour les protestants ils restent côte à côte et différents. du
Le patrimoine du protestantisme
Les chants de St Thomas sont donc reçus par les protestants, pour leur source biblique et leur source de piété, mais pas pour leur dogmatique quant à la transsubstantiation. C’est dans cet esprit que ces traductions sont établies. R.A. Schroeder fit de même pour sa traduction du » Verbum Supernum prodiens « . Les chants de St Thomas d’Aquin font de cette façon partie du patrimoine du protestantisme.
Commentaire particulier au » Adoro te devote «
Je te bénis, Jésus! Ma vie est pleine
Le texte
Le texte est un cantique de St Thomas d’Aquin, » Adoro te devote, latens Deitas – Le t’adore avec foi, divinité cachée », destiné à la messe et plus particulièrement à l’adoration du Saint-Sacrement.
Le texte latin est composé de 4 vers de, dont 2 de 12 syllabes et deux de 11 syllabes, soit selon la structure : IV 12-12, 11-11. La structure la plus proche dans les chants protestants est celle du Ps8, de Clément Marot 1542, laquelle est IV 11f-11f, 10-10. La mélodie est de Loys Bourgeois, 1542 également. Bénédict Pictet a utilisé cette structure et cette mélodie pour le Magnificat, lui donnant une connotation d’action de grâces.
L’aspect de l’adoration du sacrement, proprement catholique romaine, disparaît dans la traduction proposée, et est remplacé par l’action de grâces. C’est pourquoi j’ai établi le rapprochement avec le Magnificat, qui est une action de grâces pour les dons de Dieu, ce qu’est aussi l’Adoro te. Le chant de Marie rappelle l’incarnation du Christ, laquelle est rappelée dans la Cène. Le climat général des deux chants a des similitudes.
La mélodie
J’ai donc aussi choisi la mélodie de Loys Bourgeois, employée pour le Magnificat, pour exprimer la reconnaissance du croyant. Elle se développe puissamment et soutient bien ce texte solide et ample.