VENDREDI SAINT
SEMAINE SAINTE
JE TE SALUE, JESUS, EN CROIX to
Ich grüsse dich am Kreuzestamm
Valentin Löscher
Mél: Es sind doch selig alle, die
Que Dieu se montre seulement
Forme courte : strophes 2 et 4
1. Je te salue, Jésus, en croix,
Agneau de Dieu mis sur le bois,
Dans ta douleur immense.
Tu as livré tes mains, ton corps,
Obéissant jusqu’à la mort,
Brisé par la souffrance.
Pourtant ma foi peut attester
Que la gloire et la majesté
Dans tout ton corps habitent,
Et qu’on y voit ta dignité,
Ta seigneurie, ta royauté,
Ta grandeur sans limite.
2. Je t’aime, Christ, mon Rédempteur,
Tu pends à cette croix, Sauveur,
Où mon esprit t’embrasse.
Qui doute que tu voulais bien
Mourir et t’offrir pour les tiens,
N’a pas ici sa place.
Tu meurs pour nous avoir aimés,
C’est ton désir, ta volonté
Qu’ainsi tout s’accomplisse.
Tu vis en moi et mon malheur
Grâce à ta mort passe au bonheur
Que mon salut se fasse.
3. Je te reçois, Christ, ma rançon,
Toi qu’on a tué sans raison,
Dans une foi ardente.
Tu descendis vers nous des cieux,
Réconciliant le monde et Dieu
Par ta mort suffisante.
Grand-prêtre, tu as accompli
Tout de qui, Christ, me justifie,
Devant mon Dieu, mon Père.
Maintenant tu es élevé
Et mon salut est assuré
Au ciel et sur la terre.
4. Je veux te suivre en ma douleur
Où tu me conduiras, Seigneur :
Que rien ne nous sépare !
Tu vas devant sur le chemin,
Me fais franchir monts et ravins :
Jamais je ne m’égare.
Tout devient possibilité,
Jésus, par ta fidélité
Et ta mort exemplaire.
Je ne crains plus l’amère mort,
Sûr d’arriver jusqu’au bon port :
Qui croit tient son salaire !
5. Regarde-moi, Agneau de Dieu :
Seigneur qui règnes dans les cieux,
Viens habiter mon âme.
Tu es la source de ma vie,
Tu viens à moi comme un ami,
Tu fortifies ma flamme.
Ta peine brûle en mon esprit,
Ton amour aussi me saisit
Et ma foi se ravive.
Mon cœur éprouve ton pouvoir,
En toi il puise son espoir
Et sa raison de vivre.
Texte Ich grüsse dich am Kreuzesstamm 1722
Valentin Löscher 1673-1749
RA 72, EG 90
frs: Yves Kéler 17.4.2007
Mélodie Es sind doch selig alle die 1525
= O Mensch, bewein dein Sünde gross
Matthias Greiter 1490-1550
RA 72, EG 90
Que Dieu se montre seulement
Ps 68=LP29, NCTC 68, ARC 68, ALL 68
Le texte
Il est de Valentin Löscher, qui fut pasteur puis professeur à Wittenberg et superintendant à Dresde, où il mourut en 1749. Il est un contemporain de Bach (1685-1750).
Ce chant est donné aujourd’hui dans une forme raccourcie en 2 strophes, la 1ère et la 4e. Knapp 1837, Nr 506, en donne les 5 strophes. Il s’agit d’une méditation du Christ en croix, partant de la salutation, selon le modèle d’Arnulphe de Louvain et de Gerhardt. Les strophes se succèdent dans l’ordre des thèmes suivants :
1 Ich grüsse dich je te salue
2 Ich liebe dich je t’aime
3 Ich fasse dich je te saisis
4 Ich folge dir je te suis
5 O sieh’ auf mich Oh! regarde-moi
La première strophe et la dernière se répondent : dans la strophe 1, le fidèle regarde vers le haut, où se trouve le Christ en croix. Dans la strophe 5, le fidèle demande au Christ de regarder à lui, vers le bas, depuis la croix.
Les livres actuels n’ont gardé que 2 strophes, mais on sent que leur assemblage n’est pas heureux, et qu’il manque un développement intermédiaire. En effet, le style de l’actuelle 2e strophe ne s’accorde pas avec celui de la 1ère : le mouvement spirituel et poétique qui conduit à la 4e strophe originale est brutalement coupé.
La théologie du texte est résolument luthérienne et repose sur la justification par la foi au moyen de la mort du Christ, sacrifice expiatoire suffisant à effacer le péché. L’expression est mystique, sans devenir piétiste dans son style. L’ensemble du chant est en « Ich – moi », mais éprouvé en « Wir – nous » communautaire.
La mélodie
L’originale était peut-être « Ein Lämmlein geht » ou « An Wasserflüssen Babylon », selon Knap 1837. Le texte de EKG, RA et EG est réparti selon la coupe de « Es sind doch selig alle, die », ce qui fait ajouter deux vers. La forme chantée sur cette dernière mélodie actuelle est plus dynamique et éclatante, et aussi plus solennelle.
Emploi
Ce chant se place très bien après la lecture de l’évangile de la mort du Christ, Jean 19/16-30, le Vendredi saint au matin, lecture puissante, grave. L’évangile étant lu debout, l’assemblée enchaîne directement, debout, la 1ère strophe. Cette manière donne une grande solennité à la lecture et au chant. On peut chanter ajouter à la 1ère strophe une des suivantes, en particulier la 4e ou la 5e. Dans la forme raccourcie retenue par les recueils actuels, les strophes 1 et 4 se suivent.
Il est possible aussi de réserver une des strophes de 2 à 4 pour introduire l’intercession, de préférence la 5e. On peut aussi chanter la 1ère strophe avant la lecture de l’évangile et une des suivantes après. Dans certaines paroisses, on sonne la cloche des morts, (celle des hommes, pas celle des femmes ni celle des enfants) pendant le chant après la lecture. On peut ménager un temps de silence après le chant, avant que l’assemblée s’asseye. Pendant le chant, qui fera graduel, le pasteur monte en chaire.